Chapitre 15

Aubrey

J'avais raison. Damon dans un costume sur mesure est à se damner. Tout coïncide tellement avec sa silhouette que je pourrais en avoir un orgasme tant c'est satisfaisant. Je n'imagine même pas avec son costume élégant pour ce soir.

Je nous commande une voiture pour aller au travail, et il s'en va immédiatement s'enfermer dans son bureau, moi, je m'installe au mien. Je lui envoie des mails, comme les jours précédents, mais il n'y répond pas et je ne suis même pas sûr qu'il les lise. Sait-il seulement qu'il a une adresse mail professionnelle ? Normalement, oui, je lui ai dit, mais j'ai remarqué que ses capacités d'attention étaient... limitées. Qu'est-ce que je peux bien faire pour conserver son attention suffisamment longtemps sur son travail ?

Le grésillement de mon interphone m'indique que ce n'est pas aujourd'hui que je vais le découvrir. Je me lève pour rejoindre le bureau de Damon. J'ai beau faire bonne figure depuis ce matin, j'ai la tête dans du coton, des courbatures, et je ne l'arrive pas tout à fait à faire passer une nausée persistante. Faire un concours de boisson avec mon patron n'était vraiment pas mon idée la plus brillante. Je ne sais même pas si ça va marcher, si Damon décide de refaire la fête ce weekend, je ne pourrais pas l'en empêcher. Je déteste cette impuissance, ce sentiment que ma vie se dérobe sous mes pieds sans pouvoir ne rien arrêter. Damon pourrait tout démolir, mettre mille cinq cents employés, dont moi, au chômage, démanteler sa société, et quand même retomber sur ses pieds. Mon esprit analytique se heurte au problème qu'il pose. Je ne sais pas comment l'empêcher de commettre l'irréparable.

Damon Specter n'est pas vraiment contrôlable.

Quand cette énième journée de travail improductif s'achève, je suis soulagée et angoissée. Ce soir, nous avons un gala de charité, j'ai travaillé une bonne partie de la journée sur le discours de Damon. J'espère vraiment qu'il ne va pas faire n'importe quoi, ce n'est pas vraiment le genre de fête étudiante auquel il est habitué. J'attrape la robe soigneusement repassée dans son sac noir et vais m'enfermer dans les toilettes du personnel pour me changer après avoir prévenu Damon de se changer avec le costume de soirée livrée le matin même.

À cette heure-ci, il n'y a déjà plus personne dans les locaux. J'enfile la robe noire toute simple avec un col ovale et des manches longues. Elle m'arrive au genou dans un fuseau élégant. Mais cette robe est surtout passe-partout, elle me permettra de me glisser dans l'ombre de Damon et de ne pas avoir l'air d'être une de ces femmes riches qui se feront mousser en dépensant moins d'argent dans la charité que pour leur tenue. Je ne suis pas une invitée, juste une employée fidèle.

Je sors des toilettes et m'examine dans le miroir. Je suis passe-partout, mais un peu trop sobre pour ce genre d'endroit. J'enlève ma pince et mes cheveux blond cascade sur mes épaules.

On dirait des fils d'or, doux comme de la soie, tu es un ange, hein ? Un aaaangeeeeuh.

Le commentaire du Damon bourré et à moitié avachi sur moi, dans le taxie, le nez dans mes cheveux lâché me revient. Je ne lui ai pas menti, il s'est... bien comporté, quoi qu'un brin collant quand je l'ai repoussé il se soit collé contre la portière en boudant et en marmonnant qu'il s'était pris une veste par un ange. Un ange...

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel, puis je rassemble mes cheveux dans un chignon moins strict et laisse quelque mèche encadrer mon visage. J'enfile une paire de boucles d'oreille longues en argent et un collier tout simple. Je rafraîchis un maquillage simple, met des lentilles pour retirer mes lunettes et je retourne à mon bureau.

Damon sort tout juste de son bureau quand j'arrive et il s'arrête en me voyant. Je hausse un sourcil, avisant sa tenue. Le noir profond sur costume tranche avec le blanc vif de la chemise et le rouge de la cravate. Il est très élégant, il est même coiffé.

Il ouvre, puis ferme la bouche et semble réfléchir fort.

— Est-ce que... je peux te faire un compliment ?

Je cille, surprise qu'il ait retenu ce que je lui ai dit ce matin. D'une certaine façon, ça me touche, c'est pour ça que je réponds :

— Non.

Il fait la moue, de toute évidence contrarier et me regarde, avisant ma robe toute simple.

— Tu mérites mieux, marmonne-t-il.

Je prends une inspiration agacée.

— Cette robe est très bien.

Ses yeux bleus percutent le mien, avec cet air arrogant qui me souffle.

— Je parlais à la robe.

Mon expression me trahit, je le sais, ma bouche s'ouvre seule et lui, fier de sa réplique, il file vers l'ascenseur. Petit con. Je le suis, laissant mes talons claquer pour étouffer mon rire malvenu.

Une fois dans la voiture, je lui tends son discours, une simple feuille A4 pliée en quatre.

— Ça va bien se passer, vous aurez juste à monter sur scène, à lire ça, et à filer. Peut-être deux ou trois poignées de main, et le tour est joués.

Damon prend la feuille et la glisse dans son costume sans regarder.

— Ce n'est pas censé être un gala de charité ?

— Si.

— Pourquoi je ne donne pas juste de l'argent ?

Il a l'air nerveux.

— Vous pouvez en donner, mais ce discours, votre grand-père le faisait tous les ans, c'est le moment parfait pour vous mettre en lumière et faire connaître à de potentiel futur client ou investisseur la personne qui reprend la tête de la boîte.

Il s'enfonce dans le siège de la voiture, et je suis presque sûr qu'il blanchit. Mais je ne suis pas certaine de savoir quoi dire pour le rassurer. Je suis secrétaire, pas babysitter, et je pris pour que Damon se tienne bien ce soir.

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Croisez les doigts avec Aubrey, cher lecteur ! Elle va avoir besoin de ça !

Kiss


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