Chapitre 10

Damon

Je fais des petits cercles sur mon fauteuil en regardant le plafond. Aubrey à fait la pire chose possible en m'agitant sa règle sur le flirte sous le nez. J'aime flirter, c'est une seconde nature chez moi, mais j'aime encore plus désobéir aux règles et Aubrey... c'est la tentation ultime, c'est un peu comme si j'étais face à la meilleure règle du monde, celle à laquelle il faut absolument que je désobéisse. C'est ainsi, je suis exclave de ma nature !

Je ricane de ma bêtise en propulsant mon fauteuil avec vers jambes pour faire encore un tour. Mon regard se pose sur le tiroir bloqué du bureau. Je me demande ce qu'il y a dedans, je devrais demander à mon grand-père. Ou à Aubrey, elle a l'air de tout savoir sur tout.

Au bout de dix minutes, je me fais chier. Cette pièce trop grande, trop lumineuse, trop... sérieuse, me fout des angoisses. Au bout d'un moment virevousser sur ma chaise me donne la nausée, et il n'y a vraiment rien de fun à faire ici. Je demanderais à ajouter un billard, tiens, ça m'occuperait. Mais en attendant, je ne vois pas pourquoi je m'emmerderais ici alors que dans la pièce d'à côté, j'ai ma nouvelle distraction préférée.

Je sors de mon bureau et me dirige immédiatement sur le bureau d'Aubrey qui lève la tête en haussant un sourcil, l'air mi-ennuyé, mi-interrogatrice.

— Aubrey, j'ai besoin de vous.

Elle attrape sa tablette et penche la tête sur le côté.

— Que puis-je faire pour vous, monsieur ?

Hum, elle est tellement professionnelle, pourquoi ça me donne autant envie de la rendre folle ?

— Je m'ennuie, racontez-moi une blague.

Je la vois distinctement serrer la mâchoire pour s'empêcher de m'envoyer me faire foutre. Professionnelle, Aubrey, professionnelle, on ne renvoie pas son patron parce qu'il se comporte comme un petit con. Je m'amuse déjà beaucoup plus. C'est elle qui voulait être pro, moi je n'ai jamais dit que je le serais.

— Damon, je ne suis pas là pour vous distraire, retournez dans votre bureau.

— Vous n'êtes pas drôle, donnez-moi au moins quelque chose à faire.

Et sans la moindre hésitation, elle prend un dossier sur son bureau et me le temps, avec un fin sourire qu'elle n'arrive pas à masquer, et qui prouve qu'elle est très contente d'elle. Oh... mais en fait c'était son plan depuis le début ? Attendre que je m'ennuie assez pour me filer du travail... putain elle est forte.

— Je vous déteste, je grommelle en prenant le dossier parce que je me fais vraiment, vraiment chier.

Elle me sourit, absolument pas touchée par ma déclaration.

— C'est plusieurs affiches d'une même publicité, vous devez choisir celle avec les couleurs les plus marquantes, vous verrez vous avez des échantillons de couleur, amusez-vous bien.

Et elle cesse déjà de me regarder pour se concentrer sur son si fascinant ordinateur. Mais elle m'a intrigué, des couleurs, des affiches, ça à l'air plus marrant que les dossiers qu'elle m'avait refilé l'autre jour.

Je cède donc et retourne derrière mon bureau sauf qu'en fait, c'est beaucoup moins facile que ça en à l'air. J'ai à peine ouvert le dossier que je le referme et ressors de mon bureau.

— Je ne comprends pas.

Aubrey jette un discret coup d'œil à sa montre avant de me regarder.

— Vous n'avez même pas essayé.

— Si, j'ai ouvert le dossier.

OK, j'abuse, je le sais, et elle aussi, mais hé, ça devait être un bête choix de couleur comment j'étais censé deviner qu'elles se ressembleraient toute ?

— Essayer plus longtemps, me remballe-t-elle.

Je grommelle en retournant dans mon bureau et rouvre ce dossier. Pff, toutes les couleurs sont les mêmes, comment je suis censé choisir la bonne ? La publicité est pour un parfum, une espèce de flacon rose soutenue, entourer de... rose... avec du rose un peu partout, des lignes roses et des formes... roses.

Alors, d'accord, des roses nuancés, mais c'est juste du rose ? Comment je suis censé départager ces roses ? Une part de moi veut en choisir un au hasard, l'autre se souvient de ma tentative de bluff et renonce.

Après avoir attendu dix minutes, je me lève et retourne embêter Aubrey.

— C'est les mêmes couleurs, j'annonce en asseyant une fesse sur son bureau. Elle m'assassine du regard puis se lève.

— Dans votre bureau, ordonne-t-elle en faisant claquer ses talons jusque dans mon bureau.

Tellement sexy.

Je la suis et ferme la porte derrière moi, elle contourne mon bureau et me fait un signe de la main.

— Vous voyez ce petit appareil ?

Je regarde le téléphone noir sans fils accroché au bureau, je l'avais effectivement déjà remarqué, mais sérieux qui a encore des fixes ? Les portables sont tellement plus pratiques.

— Oui ? réponds-je tout de même.

— Si vous appuyez sur ce bouton et parlez, je vous entends depuis mon bureau, explique-t-elle avec un petit air l'air de dire « vous suivez ou c'est trop compliqué ? ».

Sa condescendance m'agace.

— Et donc ?

— Si vous le décrochez, votre interlocuteur n'entendra pas ma réponse et vous m'appelez automatiquement. Donc arrêtez de sortir de votre bureau à tous vas. Vous êtes observée, Damon. C'est moi qui dois me déplacer dans votre bureau, pas l'inverse.

— Entendu.

Je lui fais signe de repartir ce qu'elle fait, puis j'attends trente secondes et j'appuie sur le bouton.

— Aubrey dans mon bureau.

Vingt secondes plus tard, elle est là.

— Oui ?

— Non c'était juste pour voir si ça marchait, retournez à vos tâches.

Si ce comportement l'a agacé, elle n'en laisse rien paraître et repart. Je compte jusqu'à soixante puis je recommence.

— Aubrey, venez dans mon bureau.

Et elle vient. Ouah. Je ne sais pas quoi penser de ce bouton magique qui fait venir Aubrey dans mon bureau, chaque fois que j'ai un truc à lui demander. Ma grand-mère aurait râlé en disant qu'un gentleman ne force pas une lady à se déplacer s'il a un truc à lui dire, il y va lui-même. En même temps, c'est elle qui m'a dit de ne pas me déplacer jusqu'à son bureau.

— Oui, Monsieur Specter ?

Je tique, monsieur Specter c'est mon grand-père, je n'aime pas ce titre, on dirait qu'il est mort.

— Damon.

Elle cède sans protester, peut être qu'elle aussi trouve ça bizarre.

— Que puis-je pour vous, Damon.

J'aime mon nom dans sa bouche.

— J'ai oublié.

Elle cille, et je sais que ça l'énerve, mais une fois de plus, elle repart dans un mot. Hum. Quel self contrôle, plus d'une m'aurait déjà mis une claque. Cette fois-ci j'attends cinq minutes avant de la rappeler.

— Damon, commence-t-elle.

Je sens dans sa voix à travers le téléphone qu'elle commence à s'impatienter. Quand même ! J'ai failli croire qu'elle était vraiment robotique.

— Que voulez-vous ?

Ah, cette fois, elle ne va pas se déplacer, très bien.

— Votre avis sur mon choix pour les couleurs de la campagne de pub pour parfum.

Elle émet un petit soupire étouffée et raccroche avant d'apparaître dans mon bureau. Elle ne toque pas, j'ai remarqué.

— Vous ne toquez pas avant d'entrer.

— C'est vous qui me faites demander, rétorque-t-elle.

— Je veux que vous toquiez même quand je vous demande, sortez et recommencez.

Pendant une seconde, j'ai vraiment l'impression qu'elle va m'assassiner. Puis elle ferme les yeux une seconde, sort, toque, je l'invite à entrer et là revoilà. Pas drôle.

— Votre choix ?

— C'est la même couleur, Aubrey vous vous en rendez bien compte ?

Aubrey s'avance jusqu'au bureau pour jauger les nuances de rose.

— Elles sont très différentes, là c'est un rose poudré, là un rose saumon, là un rose pastel et là c'est un rose pêche.

Je la dévisage, persuadée qu'elle bluff, mais elle est très sérieuse, une main sur mon bureau et penchée près de mon épaule pour me désigner les différentes nuances.

— Pour moi c'est la même couleur.

Elle me lance un regard moqueur.

— Je me doute, c'est pour ça que je vous demande de choisir.

— Parce que je ne peux pas faire le bon choix ? Je m'indigne.

— Parce que vous devez vous entraîner à saisir les nuances des couleurs.

— OK, mais je choisis laquelle alors ?

Elle hausse les épaules en se redressant.

— Celle que vous préférez !

— Mais si ce n'est pas la bonne ?

Cette fois-ci, elle me dévisage plus franchement.

— Comment ça, pas la bonne.

Je hausse les épaules en me sentant comme un enfant lors d'une évaluation, avec sa maîtresse qui essaie de lui faire dire la bonne réponse sans la lui donner. C'est désagréable.

— Bah ouais, imagine, je choisis la mauvaise couleur et ça fait foiré la campagne de pub, parce que les personnes qui achète le produit n'aiment pas le rose... rose.

Aubrey s'appuie contre mon bureau sans s'y asseoir vraiment, et croise les bras.

— D'accord, ça fait foirer la campagne de pub si tu choisis la mauvaise couleur, et après ?

Je hausse les épaules, en sentant des bouffées d'angoisse me saisir. Et après ?

— Après je fais couler la boîte de mon grand-père, je le déçois et je finis à la rue.

Je n'arrive pas à croire que je viens de dire ça. Mais au lieu d'éclater de rire, Aubrey replace les échantillons de couleur devant moi dans un ordre précis connu d'elle seule en se penchant.

— Non. Après, tu analyses pourquoi ton choix de couleur a fait foirer la campagne de pub, et tu recommences. Ce n'est pas grave de se tromper, c'est comme ça qu'on apprend.

Je déglutis, avec le sentiment que soudain, tout devient trop intime et personnel. Je préférais quand elle prenait un air exaspéré.

— Je choisis laquelle alors ?

Elle se redresse en faisant un petit signe de la tête, les lèvres pincées, l'air de dire « je ne t'aiderais pas, à toi de choisir. »

— Damon, ce n'est pas un examen, il n'y a pas de mauvaise réponse.

Je m'adosse à mon fauteuil en soupirant avant d'en pointer un au hasard. Aubrey le prend.

— Rose pêche. Ma préférée, approuve-t-elle.

Puis elle range les échantillons et s'éloigne, mais avant de sortir elle se tourne en me souriant, d'un air encourageant, et ça me fait stupidement plaisir.

— Vous voyez, ce n'était pas insurmontable.

Et elle a raison. Le monde ne s'est pas effondré. Pas encore, y'a encore une possibilité que mon choix fasse foirer la campagne de pub. J'aurais dû choisir le rose poudré. Je rappelle Aubrey.

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Un chapitre un peu plus long que d'habitude ! Mais qui le justifiais par le nombre d'information ! J'espère qu'il vous a plus !

Kiss


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