80. Nous nous aimons
•Good life de OneRepublic en média.•
Six mois plus tard
Manon
Nous avons passé presque tout le mois de juin collés les uns aux autres. C’était notre souhait à Soan, à Nina et à moi.
Je m’amusais sans Ayden, on échangeait des appels vidéo le soir et on se voyait rarement. Alors que trois minutes nous séparaient. De son côté, il était occupés à garder l’entreprise de son père tout en faisant ce qu’il aime. Il m’a raconté avoir développé un goût pour la lecture, qu’il ne se passe une journée sans qu’il ne lise quelques pages d’un roman. Depuis qu’il a découvert le monde des affaires, il pense de plus en plus à décrocher son Bac pour entrer à l’université. Même s’il avait tenté les épreuves ce juin, il l’aurait raté. Alors, je le soutiens dans sa démarche.
On est à la fin du mois de juillet, le 30 pour être plus précise. Plus on approche la fin de la journée, plus mon cœur se serre. Le moment fatidique arrive. Je sens les battements de mon cœur briser mes côtes un à un. Ça fait un mal de chien pourtant c’est le mieux, pour nous deux. J’en ai mûrement réfléchi et je suis convaincue qu’aucun de nous ne regrettera plus tard. J’appréhende la façon dont il va le prendre mais le plus important est notre bonheur, notre épanouissement personnel ainsi que la réalisation de nos projets respectifs.
Il serait préférable qu’il le prenne bien mais si ce n’est pas le cas, tant pis. J’ai pris ma décision.
Apprêtée, je grimpe dans ma voiture, direction le parc. Je lui ai donné rendez-vous hier soir. Au même moment, il m’a annoncé avoir un truc important à me dire. On ne sait jamais, je ferai mieux de lui laisser la parole en premier.
J’ai fait le trajet en une dizaine de minutes, je me gare en face du parc. Je lui envoie un texto l’informant que je suis arrivée. Il me répond dans la seconde, m’indiquant qu’il est tout près du vendeur de glace.
Je m’oriente avec facilité et retrouve le brun assis avec une crème à la vanille pour lui, et un au chocolat pour moi. L’attention me fait sourire. Je m’exécute pour le rejoindre, il se lève pour me prendre dans ses bras et mon cœur a explosé en mille morceaux. Son odeur naturelle m’ensorcelle. Soudain, mes yeux me piquent. Je m’empresse de masquer mon chagrin et refouler ma remontée de larmes. Je lui fais un grand sourire pour ne pas craquer.
Qu’est-ce-que je l’aime putain?
D’une main, il tient nos deux glaces. De l’autre, il me touche le menton, remonte caresser mes joues pour finir à travers mes cheveux. Ses lèvres s’approchent des miennes, nos nez se caressent un bref instant avant qu’il m’embrasse. Ses lèvres douces captivent les miennes et nos langues dansent au rythme des battements de nos cœurs. Je vais mourir. Mon cerveau a joué cette scènes aux moins une centaine de fois, jamais mon corps.
― Mon amour. Tu vas bien ? Dis-moi que tu es heureuse et comblée?
Il colle son front au mien.
― Bien sûr que je suis heureuse et comblée. Toi aussi? N’est-ce pas?
Il crée de la distance entre nous, comme s’il était rassuré de ma réponse. Il hoche la tête en guise de réponse et me donne ma glace. Je me rends compte que je pourrais revenir sur ma décision si la réponse était négative. C’est bien pour cette raison que je dois m’en tenir.
Il m’invite à glisser ma main dans la sienne puis m’entraine vers un banc. On se contemple, mange nos crèmes puis s’admire. Comme si nos fors intérieurs voulaient prolonger ce moment. Pourtant, il faut bien que l’un de nous se lance. J’entrouvre mes lèvres et me dépasse.
― Je t’ai promis transparence et honnêteté Manon, crois-moi, tu le mérites et bien plus encore. Il attrape ma main. Voilà, j’ai bien réfléchi à qui j’étais avant tout ça, avant que tu débarques dans ma vie comme un ouragan. Il sourit en fixant nos mains toujours liées-. J’ai pensé à qui je veux être et à qui je suis maintenant.
Il prend une pause. Je ne vois pas où il veut en venir cependant je suis rassurée de ne pas être la seule à avoir réfléchi ces derniers temps.
― Je crois que…non. Je suis à une période de ma vie où j’ignore qui je suis vraiment. Tu vois de quoi je parle? Je veux dire que j’ai été perdu pendant si longtemps que j’ai oublié qui est Ayden Côme Taylor. Je dois me retrouver. Et ce travail, je dois le faire seul.
Il hésite un moment. Je crois qu’on est sur la même longueur d’onde, au même chapitre et la même page de notre histoire.
― Célibataire. Il faut que je sache comment est ma relation de moi à moi, savoir si je me supporte, si je peux passer du temps en ma propre compagnie, si je vais aimer ça. Je dois effectuer le voyage à l’intérieur de moi et pour cela, j’ai besoin d’être célibataire. Rien à voir avec mes sentiments pour toi bien que je ne peux te promettre notre réconciliation après.
Il ferme les yeux, avale une grande goulée d’air qu’il rejette lentement. Il commence à me fixer dans les yeux.
― Saches que tu es et que tu resteras la femme la plus importante de ma vie, celle qui m’a sorti de mes ténèbres. Tu es précieuse à mes yeux, beaucoup trop pour être malhonnête avec toi.
Je lui caresse le dos de la main avec mon pouce pour le réconforter et lui faire comprendre que je ne lui en veux pas. Je venais lui parler notre rupture, moi aussi. L’idée qu’aucun de nous ne souffrira de cette décision m’apaise.
― Je t’aime Manon. N’aie aucun doute là-dessus, s’il te plait. Le problème est que je doute que notre amour et notre relation soient sains. Tu es apparue dans ma vie et depuis, tout va mieux. Tu m’as sauvé. D’un autre côté, je ne peux m’empêcher de me demander si ce n’est pas le fait que tu sois en quelques sortes mon sauveur qui ait fait que j’ai tombé pour toi. Je veux dire que…
― Nous devons nous séparer, terminé-je.
Ses yeux s’illuminent sous une
remontée de larmes. Il hoche la tête pour approuver. Sa main fait pression sur la mienne.
― Nous devons être autre chose qu’un gars torturé et une meuf avec le syndrôme du sauveur.
Nous explosons de rire alors que des larmes échouent sur nos visages. L’un pour l’autre, nous les essuyons.
― Quand on y pense, notre relation a mal débuté. Je me rappelle t’avoir foutu la honte devant toute la cafète. C’était malsain et j’ai été con. Je te demande pardon. Pardonne-moi Manon.
― J’ai failli oublier, articulé-je entre de p’tits rires. Bien sûr que je te pardonne. Tu es mon grand amour, je ne pourrai jamais oublier tous les sentiments par lesquels tu m’as fait passer. Je ne t’en ai jamais voulu, je te le jure.
Il me rapproche de son corps, et nous restons un long moment assis, là, l’un contre l’autre, nos mains liées, ma tête sur son épaule, sans qu’on échange un seul mot. Mon cœur est éparpillé en mille morceaux. Je sais que le sien aussi. Aussi fort que sont nos sentiments, aussi inoubliable est ce moment.
Plus de baisers, plus de cadeaux, de caresses. Nous ne passerons plus Noël ensemble. Nous n’aurons plus de paroles qui nous feront souffrir, plus d’appels vidéos le soir, plus de fous rires, plus de mots tendres. Plus de Body painting. Plus de tournée dans San Francisco, plus de jalousie. Plus de nuits à connaitre chacun le corps de l’autre. Plus jamais il ne me courra après. Plus jamais il ne me défendra devant tous. Plus jamais il ne surprendra par une visite ou avec ses tableaux aussi authentiques qu’uniques. Plus jamais nous ne partagerons une glace. Plus jamais nous prendrons une décision qui nous fera du mal.
― Tu auras toujours une place spéciale dans mon cœur Ayden Côme Taylor.
― Personne n’occupera jamais celle que tu as dans le mien.
On se tait quelques secondes. J’en profite pour faire mon adieu à notre première fois, à notre histoire d’amour.
― Là est la beauté de l’amour : dans l’éphémère. L’éphémère nous marque à jamais par sa puissance, son impact. Tu es mon âme sœur, je n’ai pas à t’avoir toute ma vie pour t’aimer à l'infini, Manon Johnson.
― Heureusement que les mots ne suffiront jamais pour exprimer
l’amour.
Nous avons besoin de prendre pause de nous.
On replonge dans le silence apaisant. Je veux me rappeler de ce moment quand j’aurai quatre-vingt ans. Le poids qui me pesait à complètement disparu. Un sentiment de paix s’empare de moi.
Il s’écarte de moi, prend mon visage entre ses mains.
― Manon, je veux te revoir un jour. Je refuse que ça soit un adieu.
Je ne sais quoi répondre à cela.
Suite à une dizaine de minutes, je me résous à me lever, le laissant sur le banc. Je garderai ses tableaux. D'une certaine façon, il sera toujours là et je serai la seule à le voir.
Fin
🤍
Un grand remerciement à toi lecteur, à toi lectrice qui a lu cette histoire jusqu'au dernier mot.
Anciens et nouveaux lecteurs, j'espère que le moment de lecture fut agréable.
Je l'ai écrit avec tout mon amour et j'ai mis tout mon coeur dans chacun des personnages.
Je suis reconnaissante d'avoir des personnes réelles qui lisent, qui votent, qui commentent, qui me partagent leurs ressentis et avis pour m'aider à m'améliorer.
Comme Ayden et Manon qui se séparent. Nous aussi nous nous séparons, peut-être pour mieux nous retrouver plus tard. Nous garderons cette histoire en commun et de cette façon, nous serons toujours ensemble.
Merci de cette expérience.
N'oubliez pas d'écouter votre coeur.
♡♡♡
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