8. Oh! Pardon...
·Autumn leaves d'Ed Sheeran en média.·
"Another day another life
Passes by just like mine
It's not complicated
Another mind
Another soul
Another body to grow old
It's not complicated
Do you ever wonder if the stars shine out for you?"
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Bonne lecture !
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Une chaleur constante sur mes pieds ouvre mes paupières. Je m’assois et me frotte les yeux ne réalisant pas que je commence une nouvelle journée. Une autre journée qui exige plus d’effort que la veille.
Résignée, je quitte mon lit. J’effectue ma routine matinale de lycéenne. Suite à une douche froide, je me brosse les cheveux humides, choisis des vêtements ternes et extra-larges que j’enfile pour la millième fois. Je ne veux surtout pas me faire remarquer. Les ennuis, j’en ai vécu pour une vie toute entière.
En cherchant, j’ai trouvé des fournitures scolaires dans un tiroir. Je les mets dans un sac à dos et me précipite au rez-de-chaussée. J’ignore l’heure qu’il est. Il pourrait être 7 heures tout comme 9 heures. Je m’active ne tenant à pas donner mauvaise impression en mon premier jour de classe.
Je passe à la cuisine où mon père déjeune avec Emma. Ils cessent de rigoler en me voyant.
―Bonjour. Ne faites pas attention à moi. Je me sers un Milk shake en guise de petit déjeuner sous les regards interrogateurs des adultes-. Au revoir, lancé-je en courant hors de la pièce.
―Manon ! Laisses-moi le temps de te remettre les clefs de ta voiture au moins.
Je ne crois pas mes oreilles. Il se rue vers moi pour me les donner en mains propres.
Quoi?
―Mais…mais…je…
Il lève son index pour m’inciter à me taire. Je n’en ai pas vraiment besoin.
―Une Porsche. Bonne chance mon trésor.
Je vais m’évanouir. Une caisse de luxe! Je lui fais la bise puis pousse la porte. La Porsche est la première chose qui apparait dans mon champ de vision. Bleu marine à vitres teintées. Comme je l’aurais choisie.
Je plane dans le confort des sièges. L’odeur de la nouveauté m’enivre. Je ferme les yeux quelques secondes pour m’enfoncer dans le coussin. Ça fait quelque chose. Je démarre et active le GPS. Je suis la route indiquée par ce dernier et accède à un lycée de riche. Je déteste ce genre d’école. Je roule les yeux un peu perturbée par le choix de mon père. Je vais fournir encore plus d’effort que des vêtements extra-larges pour me fondre dans la masse. Il parait même que je dois changer de style vestimentaire.
Je me gare et descend de ma voiture. Les gosses de riches défilent en direction de la porte d’entrée. Des gens superficiels, les uns plus chics que les autres. Ma tenue fait tache dans ce milieu. Moi qui voulais me dissimuler dans le décor.
J’estime que c’est le bon moment pour déguster mon milk shake. Je porte le chalumeau à mes lèvres et m’aventure vers mon école. C’est à ce moment que mon portable me manque. J’aurais occupé mes oreilles avec la bonne musique des années 80.
J’arrête un gars quelconque pour lui demander où se situe le secrétariat. Il m’a paru gentil. Espérons que ce ne soit pas juste une façade et qu’il en soit de même pour toute la communauté.
Je m’oriente dans la direction indiquée.
―Bonjour ! Dis-je à la secrétaire.
―Tu es nouvelle, toi. C’est quoi ton nom?
―Manon. Manon Johnson. Je m'appelle.
Elle sourit et cherche sur son ordi pendant que mon lait frappé occupe ma bouche. Il m’en reste plus que ce que mon estomac ne pourra contenir. Elle imprime une feuille qu’elle me donne. Je la survole des yeux et la plie pour le mettre dans mon sac.
―Tu ne participes à aucune activité?
―Comme un cours d’art ?
―Oui. Deux fois par semaines. Le premier s’est tenu hier et le prochain ce jeudi.
J’accepte avec plaisir. L’art est toute ma vie. Je n’imagine pas mon quotidien sans le pinceau.
Je monte à l’étage voir ce qu’il y a tant qu’on n’a pas encore sonné. Des casiers récents sont plaqués sur les murs. Leur couleur indigo se marie parfaitement avec la blancheur pure des briques. D’énormes baies vitrées galandages offrent une vue incroyable sur l’extérieur. Je m’avance encore et remarque un terrain de basket celui-ci étant au rez-de-chaussée. Cet étage est moins encombré. Je me dirige vers le casier qu’on m’a attribué. T408. J’arrache l’étiquette et introduit la clef dans le cadenas pour y laisse les livres de cours de l’après-midi, flemme de les trainer sur le dos toute la matinée. Je ferme et reviens vers l’escalier.
À la seconde de la sonnerie, un garçon rentre en moi. J’ai versé tout mon milk shake sur son T-Shirt noir. Mince !
―Oh ! Pardon. Je m’excuse vraiment. Je me baisse pour ramasser le récipient. Je me lève et remarque que c’est le même gars d’hier soir. Mon cœur loupe un battement. Son visage ne transmet aucune émotion, ses yeux aussi sombres qu’une nuit de tempête me font frissonner. Ses piercings le rendent une once plus sexy que la veille. Ses bras rayés par l’encre de tatouage heurtent mon esprit. La noirceur le domine. Pourtant, une partie de moi veut savoir ce qui se cache derrière. Je détourne l’attention voyant qu’il hausse un sourcil.
Une question me tourmente. Que fait-il ici? Il n’est tout de même pas au lycée à son âge. Si.
Une chose est certaine. Je viens de rentrer en collision avec une âme torturée. Une âme que je dois aider.
AYDEN
L’étonnement est la seule expression qui domine son visage lorsqu’elle réalise que je suis le gars à qui elle a fui hier soir. Je rigole intérieurement malgré mes vêtements souillés par son lait. Si elle pouvait voir sa tronche en ce moment.
Hier soir, une minute après son départ, j’ai remarqué son portable sur le bar et je l’ai pris. Je voulais le lui rendre mais elle était déjà partie avec son amie. J’ai décidé de le garder pour la prochaine fois que je la verrai. Plus tard dans la nuit, j’ai reçu un appel de sa mère. Voulant m’amuser, je me suis présenté comme son petit copain. On a entretenu une conversation de cinq minutes qui va énerver Manon quand elle le saura.
C’est sa mère qui, sans le vouloir, m’a donné les premières informations de base la concernant. Je sais qu’elle s’appelle Manon Johnson, fille de monsieur Johnson, le plus riche entrepreneur de Francisco. La brunette est née le 31 décembre, elle va fêter ses 19 ans dans trois mois. Ses parents se sont séparés et sa mère vit à Charlestown. Elle adore l’art mais ne connait rien du cinéma. Pourtant son père détient une société de production et de distribution cinématographique. Allez comprendre. Maintenant, je sais qu’on a un point en commun. La peinture. Elle m’a mis en garde par la suite. Ne pas toucher un seul cheveu de Manon. Madame Sandra veut aussi me rencontrer. Elle m’a paru vexer que sa fille ne lui a pas parlé de notre « relation amoureuse ».
J’ai fait exprès de lui rentrer dedans afin de la provoquer et avoir de l’avance sur elle. Je compte garder mon T-Shirt toute la journée si ça augmente mes chances de l’agacer.
―Comme ça, on boit de l’alcool la nuit et du lait le lendemain, l’enquiquiné-je.
Elle lâche un soupir. La sonnerie retentit et les bons élèves gagnent la cours. On ne tarde pas à se retrouver seuls à l’étage. Elle en parait embarrasser.
―Je m’excuse pour tes habits.
C’est le même regard que me lançais Sarah après une petite gaffe. Un regard qui me fait beaucoup de mal. Je bascule en arrière.
―Ce n’est pas grave Manon.
Quoi? Que viens-je de dire? Bien sûr que c’est gravissime. Mais son regard philanthropique me déstabilise. Personne n’a eu un tel impact sur moi. Pourquoi elle? Je me ronge l’intérieur de la joue, dérangé. Manon fronce les sourcils, troublée.
―Comment tu connais mon nom? Elle lève la main. Tu sais quoi, je préfère ne pas savoir. Selon le barman, tu as pris mon portable hier soir. Je ne sais pas si je dois te remercier ou…
―Non, pas de remerciement. Je vais le garder.
Je suis sérieux dans mes déclarations. Hier soir, je me suis promis que le jour qu’on se reverra, Manon se retrouvera coincer entre un mur et moi. Je compte bien tenir parole.
Je me réjouis intérieurement. J’ai enfin une âme pour me tenir compagnie dans cet enfer.
―Tu n’as pas le droit. Rends le moi.
Pour la faire saliver, je le sors de la poche intérieure de mon blouson en cuir. Je la laisse admirer le bout de métal avant de le remettre à sa place.
―Non chérie. Tu m’as souillé avec ton truc. Tu t’imagines la honte que je vais subir en me baladant dans le lycée. Tu ne pensais tout de même pas te tirer aussi facilement ?
Je sais que mes yeux ne renvoient que la terreur en ce moment. Elle plisse le front. Apeurée, elle recule.
―Écoute, je ne veux pas avoir de problèmes. Rends-moi mon portable qu’on en termine.
―Terminer? Tu devrais conjuguer commencer. On vient à peine de se rencontrer.
Elle semble reprendre son calme petit à petit.
Le ton de sa voix me remémore tant de fragments de ma vie antérieure. De beaux fragments.
Je ne peux pas m’éloigner d’un trésor pareil malgré que mon but est de lui enlever cette partie d’elle-même.
―Ayden, c’est ça? Demande-t-elle. J’approuve -, Je regrette pour ton T-Shirt. Je tiens particulièrement à mon…
―Ayden et Manon, vous devez descendre.
Je reconnaitrai la voix du proviseur parmi mille. Il est derrière moi donc en face de Manon. Cette dernière me toise avant d’obéir à la volonté de monsieur Roue. J’entends ses pas dans l’escalier. Elle doit être agacée, la p’tite brune. J’inspire profondément avant de me tourner vers lui. Il plisse le front en voyant l’état de mon T-Shirt.
―Je ne veux pas de votre pitié.
―Non. Viens avec moi. On va arranger ça.
Je me montre moins réticent que d’habitude. Même si j’ai reproché Manon, je ne tiens pas à passer une journée entière dans ces habits. Je suis Monsieur Roue jusqu’à la femme de ménage du lycée. Une quinquagénaire dont le badge me remémore le nom, Mrs. Freer. Mrs. Freer travaille ici depuis l’année de ma rentrée en 6th Grade. A l’époque, elle était plus jeune. Ses cheveux blancs et ses rides ont remporté victoire. Ils n’empêchent pas à M. Freer de rayonner dans sa robe de service. Le proviseur lui demande de passer mes vêtements dans la machine à laver. Elle m’entraine dans la pièce où ils sont planqués. Un huit mètre carré équipé pour la lessive. Ils ont pensé à tout en construisant ce putain d’enfer.
Je retire mon veston, glisse le portable de Manon dans mon sac à dos avant de donner mon T-shirt «People are poison ». Un miracle que le proviseur ne m’en ait pas assommé de réprimandes. Les tenues à locutions dérangeantes ou haineuses sont prohibées.
Je me retrouve torse nu et m’assure que mon collier, enfin celui que j’ai emprunté à Sarah, est autour de mon cou et m’appuis contre un meuble. Je croise les bras et fixe le sol.
Manon ne va pas s’en tirer ainsi. Le proviseur ne sera pas toujours là pour la sauver. Maintenant je veux avoir des problèmes vu qu’elle cherche à en éviter. Cette fille éveille en moi, folie et exaltation, des sensations que je pensais morts en moi. Hier, je ne voulais pas troublée l’esprit de l’établissement. Aujourd’hui je suis prêt à faire un scandale juste pour l’énerver.
J’ai des lubies.
Je me frotte le front de mon index.
―Voici tes vêtements.
Elle me les donne et quitte la pièce. Je les enfile vite fait et sors de buanderie. Je grimpe les escaliers en sortant l’horaire de mon sac à dos. J’ai un cours de physique et de géographie avant la récré. Je soupire. Je vais m’ennuyer. A moins que… Je remarque les cheveux courts de Manon assise au milieu de la classe. Elle me fixe quelques secondes, surement surprise de me voir. Propre.
Elle revient à son cahier alors que je traverse la salle sur les regards dévorateurs des filles. Je lui pique sa plume au moment où je passe à côté d’elle. J’ai la joie de l’entendre jurer.
Je gagne une chaise au fond de la salle. Le prof ne tarde pas à se pointer. Il commence son cours. Je sais que la physique est primordiale pour mon avenir, enfin celui que mon père a choisi. Mais je m’en fous. Je sors mon cahier de dessin et ma trousse de crayon. J’ai une soudaine inspiration.
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