76. Je me pardonne
•Half good as you de Tom Odell et Alice Merton en média.•
Manon
Je n'arrive pas à détourner ma vue de mon portable. Composer et effacer le numéro de ma mère est ma principale occupation depuis un quart d'heure. Depuis que mon père m'a dit ce qu'elle a fait, je n'ai plus jamais eu de ses nouvelles. Je mords le bout de ma langue et l'appelle. Une première fois sans réponse. Je réessaye deux fois avant qu'elle ne décroche.
― Bonjour ! Tu te souviens que t'as une mère ?
Ça commence bien.
― Comment ça va?
― Bien, mise à part que ma fille me néglige complètement.
― Je n'ai pas eu de temps ces semaines, mentis-je.
Je vais faire les cents pas sur le balcon.
― Parce que tu mens à ta mère maintenant?
― Tu n'es pas un modèle de sincérité non plus.
― Je savais que tu avais quelque chose à me reprocher. Défoules-toi chérie.
Je n'arrive pas à croire le sens de notre première conversation depuis trois semaines.
― Je ne suis pas là pour me disputer avec toi. Je voulais juste t'annoncer qu'il serait possible que je passe te voir dans les jours à venir.
― Je le sais.
Je suis en train de perdre la complicité que j'ai avec ma mère.
― Ok !
― C'est dingue de réaliser que ton p'tit ami est plus transparent avec moi.
Je passe une main sur ma nuque.
― De quoi tu parles?
― Tu le sais mieux que moi. Demande-lui. Je te souhaite un joyeux Noel.
― C'est dans cinq jours !
Son souhait sous-entendait qu'on n'allait pas se reparler avant le vingt-quatre décembre. Elle l'a décidé. J'ai donc accepté.
― Passe une bonne journée maman !
― Toi aussi.
Je raccroche et envoie mon portable valser sur mon lit. Je descends à la cuisine me préparer un smoothie bowl pour me détendre. Ayden parle à ma mère sans que je ne le sache. Je découpe mes fraises en me questionnant sur ce qu'ils peuvent bien se dire. Je me concentre à fond sur les fruits afin d'éviter à mes pensées de divaguer dans tous les sens. Je ne vois pas mon père venir vers moi.
― C'est le grand jour.
Je fronce les sourcils ne voyant pas ou il veut en venir.
― Je vais me lancer.
― Un nouveau business? Tâtonné-je ne voyant pas dans quoi d'autre il pourrait se lancer.
Il rit et prend possession d'une banquette à ma droite. Je dépose mon couteau pour lui accorder toute mon attention.
― Je te parle de mariage ! Souffle-t-il si bas que j'ai failli ne rien entendre.
Mon cœur s'emballe et mes yeux sortent de mes orbites. Je pose mes mains sur mes joues en sautant d'un pied sur l'autre. Je prends siège. C'est la meilleure nouvelle que je pouvais entendre aujourd'hui. Ma joie balaye toute déception qui m'abritait à l'instant.
― Tu lui as demandé sa main? Chuchoté-je malgré mon envie de crier.
Le bonheur qui brille dans ses yeux n'a pas d'égale. Je lui prends les deux mains pour les lui embrasser.
― Non. Je voulais t'en parler avant.
― C'est une bonne nouvelle. Je te souhaite tout le bonheur du monde papa.
― Merci ma chérie.
― Je vais lui demander pendant la Noel.
― Elle sautera de joie. Tu vas combler cette femme papa.
Sous le coup de l'émotion, les larmes m'enflent les paupières et dévalent mes joues. Son regard en dit long sur ses émotions. Je m'apprête à le prendre dans mes bras au moment où Emma fait son entrée en jogging. Elle nous reluque de haut comme si on venait d'une autre planète. On se sépare l'un de l'autre et fait mine de rien. Je reprends ma besogne.
― Vous êtes trop bizarres ! affirme la brune en ouvrant le frigo.
Mon père me fait un clin d'œil puis déserte de la cuisine.
Ayden
La première fois que je l'ai vu, je le trouvais irréel. La réalité m'a frappé en pleine face lorsque je n'entendais plus le son de son rire. Ou que son cœur ne m'embrasait plus avec la flamme de son amour.
Je me penchais pour mettre le bouquet de fleur que je tiens depuis une dizaine de minutes sans m'en rendre compte.
Mes yeux s'emplirent de larmes.
T'étais tout pour moi. Les souvenirs m'ont traqué. La douleur et la culpabilité m'ont réduit en esclave. Je voulais que tu me répondes lorsque je te parlais. Je ne voulais plus tomber amoureux. Nul ne comprenait ce que je surmontais.
Je lève le regard vers le ciel pour laisser écouler mes larmes. En ce moment, j'ai mal. C'est dur d'admettre qu'avoir mal est normal. Que mes pieds qui m'abandonnent me fait un bien fou. Et que le battement irrégulier de mon organe vital est banal.
Je croyais que ma vie était finie après ton départ. Mais j'ai trouvé une petite lumière qui va me guider vers la sortie de ce tourbillon qu'est ma vie. Je ne t'oublierai jamais mon amour. Je t'aime mais je dois avancer dans ma vie. Je n'ai jamais éprouvé ce désir d'avancer jusqu'à ce matin. Personne ne prendra jamais ta place dans mon cœur. Je ne peux pas vivre avec ce poids et ce vide le restant de mes jours.
Un jour, un sage a dit que tant qu'on n'est pas mort, on doit vivre. Je vais réapprendre à vivre et je vivrai avec la meilleure partie de toi, de nous.
Pendant deux ans, j'ai cru que c'était impossible. Impossible que le monde puisse continuer à tourner alors que tu n'étais plus là. Impossible que je puisse retrouver une personne qui me montrerait la route. Impossible que tes yeux ne brille plus sur le monde. Impossible de me laisser une chance d'avancer.
Comme tu l'as dit. On se reverra bientôt petit ange. Pendant ce temps, mon coeur te libère. Envole-toi! Je reviendrai te voir un jour, j'ignore quand mon amour mais je reviendrai.
Le battement de mon cœur ne m'ont jamais fait autant de mal qu'à ce moment où je tourne les talons.
____
Half good as you🤍🤍🤍
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top