72. She is back


Ayden


― Ça devient vraiment bizarre ! Ou est-ce que tu m'emmènes ? Geins ma copine à ma droite.

Je roule dans les rues du South Beach en direction du club de boxe d'un vieux pote à moi. Je descends les fenêtres de la voiture pour évacuer la fumée de la cigarette de Manon. C'est la première fois que je la vois fumer et j'admets que cela ne m'est pas du meilleur goût.

― J'ai une petite surprise pour toi. Une surprise qui te sera utile quand je ne serai pas là.

Elle lâche une taffe vers l'extérieur et fronce les sourcils vers moi.

― Comment ça quand tu ne seras pas là?

Elle m'assomme avec cette question dont la réponse n'existe pas.

Heureusement que je viens d'arriver devant Rambo, un bâtiment de vingt étages dont mon pote possède les deux premiers. Je me gare de l'autre côté de la route et descends aussitôt pour balayer sa question. La brunette claque la porte aussitôt.

― C'est quoi ? Je croyais que Rambo est un personnage de fiction.

C'est moi ou Manon a fait du progrès en ce qui a attrait au cinéma?

― Oui, il en est fan. Tu as regardé pas mal de film ces derniers temps, dis-donc.

― Oui. Je connais Brad Pitt maintenant et j'ai même fait un lien entre ta vie et le roi lion.

Un p'tit rire s'échappe de mes lèvres.

― Je suis curieux de voir ça.

Je lui prends par la main pour qu'on traverse la rue.

― Je ne vais pas te le dire maintenant. Restons concentrer sur la surprise.

Je lâche un p'tit rire et pousse la porte en vitre qui nous donne accès à la réception. La déco n'a pas changée en deux ans. Des figurines de grandes figures de Kick-boxing accrochées aux murs sont une source de motivation pour les débutants. La déco principalement faite de rouge change un peu de ce que je vois ces derniers temps. On foule le plancher qui n'abrite pas un grain de poussière jusque vers la réceptionniste. Son visage ne m'est pas inconnu celle-là, enfin je pense. Par contre, je ne me rappelle plus d'où. Je me crispe au moment où elle m'adresse son plus large sourire. Je pige mieux maintenant.

― Le boss n'est pas là?

Elle se lève de sa chaise pour s'approcher de moi comme si elle n'avait pas vu Manon. Je déteste ces spécimens. Elles veulent toujours plus.

― Que puis-je faire pour toi mon beau ? Elle penche la tête vers Manon-, C'est ton nouveau jouet?

Son ton est pitoyable. Je serre mon poing pour ne pas tomber dans son jeu. Manon ne semble pas être du même avis.

― Les pouffiasses inassouvies de ton style j'en ai rencontrées. Arrête de jouer à la maligne et répond à la question.

Je soupire et reste en retrait.

― Les sales caractères avec un aspect sauvage sont son style de femme. Il baise comme un dieu.

Je vais lui faire avaler sa langue à celle-là.

― Tant qu'il ne se confie pas à toi, ne te crois pas spéciale à ses yeux. Tu n'es personne d'autre qu'une pute dont il se rassasiera, je te le dis, poursuit-elle.

Et Bam ! Manon la gifle. Je décide d'intervenir alors que la victime se tient la joue. Au lieu de reculer Manon me vole les clefs et part en courant.

― Tu viens de perdre ton emploi imbécile, craché-je.

Je me rue vers l'extérieur au moment où Manon démarre la voiture. Je jure en frappant du pied. J'arrête un taxi et le demande de suivre la bagnole noire. Elle doit penser n'importe quoi.

Comment j'ai pu oublier qu'elle travaillait encore ici? J'ai merdé sur ce coup.

Je ne peux pas la perdre encore une fois. A ce rythme notre relation ne va pas survivre. Je me gratte le cuir chevelu tout le long du trajet. Et bizarrement elle s'engage sur Twin Peak boulevard. Qu'est-ce qu'elle a en tête? Nous approchons de l'hiver à grand pas et tout ce qu'elle trouve pour se vider la tête est de se projeter dans le brouillard. Deux éternités s'écoulent avant qu'on atteigne le sommet. Elle se gare au penchant de la route et descends sans couverture.

Elle est folle!

Je paie le chauffeur à la hâte et dégage de la caisse. Je saisis son manteau sur la banquette arrière.

― Manon ! Hurlé-je en m'approchant d'elle.

Elle ignore ma voix, allume une clope et va s'asseoir sur l'herbe. J'emporte mon manteau et lui couvre les épaules. Je m'installe à ses côtés.

― Tu ne la crois pas au moins?

Elle tire plusieurs taffes avant de denier tourner son attention vers moi.

― Comment ne pas la croire quand elle a raison? Sinon chouette surprise !

Si je ne baisais pas à droite à gauche je me serais souvenu des petits détails, genre le visage de la meuf. Je me pince la lèvre inférieure; un gout de métal m'envahit la bouche. Il fait un froid glacial si nous tardons dix minutes on va se retrouver avec un rhume qui risque de nous accompagner le long de l'hiver. Je pose une main sur son épaule pour rapprocher nos corps.

― Manon, tu sais qu'elle a tort. Allons-nous en d'ici.

― Ne suis-je pas une fille de plus sur la liste ?

Je ferme les yeux un quart de seconde. Elle n'est pas en train de me faire ça.

― Parce que tu crois que je leur cours toutes après? Ou je me fais passer un savon par leurs pères? Ou lutte contre mes démons toutes les secondes juste pour être assez bon? Si tu crois être une fille parmi tant d'autre, c'est que t'as rien pigé !

Des plis se creusent sur son front en tuant sa cigarette dans le sol.

― Je ne crois pas que je pourrai supporter une autre humiliation de ce genre. Parce qu'on sait tous les deux que cela va se reproduire encore et
encore.

Je ne sais quoi dire. Alors je me tais.

― Contrecarrer toutes tes anciennes conquêtes sera un fardeau à porter le temps que je serai avec toi.

― Tu ne serais pas en train de me reprocher mon ancienne vie là?

― Non !

― Tu me juges alors?

― Non ! Je parle. J'expose mes sentiments vis-à-vis de la situation. Ce n'est pas facile pour Ayden apparemment !

― Personne n'a prétendu le contraire.

Je crois que la colère qui monte en moi va monter la température des lieux. Quelques touristes passant par-là, nous dévisagent comme si on venait d'une autre planète.

― Tu n'as rien dit.

― Je me souviens plus du nom de cette fille. Je ne vois pas pourquoi on se donne tant de mal pour une vieille histoire vide de valeur. Rentrons!

Elle me fixe avec dédain.

― Je m'excuse pour mon parcours sexuel vu que c'est ce que tu attends de moi.

Elle plonge ses iris dans les miens sans piper mot. Je ne peux pas la perdre. Je suis déterminé à me battre pour mes sentiments et notre relation.

― Cependant, je ne compte pas assez pour que tu t'ouvres à moi?

Je suis fatigué de cette discussion qui va se terminer sur un cul de sac.

― Manon ! Elle sursaute- Tu sais très bien ce que ça représente pour moi. Je ne suis pas disposé à en parler.

Elle me redonne le manteau et se lève. Je la suis. Je m'installe derrière le volant alors qu'une boule gigantesque me pèse le cœur. Je déteste me disputer avec elle. Malgré moi, je passe la clef dans le contact et dévale la pente. Son front collé à la fenêtre, elle ne dit mot.

)()(

― Tu vas m'en vouloir toute la journée? Demandé-je en freinant devant la fontaine.

Elle délaisse la voiture. Je l'imite et la suis jusque dans la cuisine ou elle daigne enfin me répondre :

― Je suis censée sauter de joie alors que les anciens plans culs de mon mec me rappellent à quel point je ne vaux pas plus qu'elle.

Je souris. Elle fronce les sourcils clairement agacé par ma réaction.

― Rentre ton sourire Ayden.

― T'as dit mon mec?

― Je voulais dire...

Je l'embrasse avant qu'elle ne puisse terminer sa phrase qui ne m'intéresse guère. Elle répond à mon baiser et nos langues se taquinent. Je la plaque contre le mur et la soulève pour qu'elle entoure ma taille de ses jambes. Une main fraie un chemin le long de ma colonne vertébrale pendant que l'autre se glisse dans mes cheveux. Elle frémit de désir ce qui me fait rompre le baiser.

― Tu me rends fou, emporte mon souffle.

Au même moment la vibration de mon portable nuit à nos ébats. Je le sors sans libérer Manon pour autant. Je fixe l'écran. Un appel de mon père. Je décroche un peu agacé.

― Je n'ai pas oublié pour ce soir !

― Zoé est là !

― Hein !

Une onomatopée qui transmet l'amalgame de l'étendue de l'euphorie, de l'ébahissement et de l'extase qui m'asservissent en entendant ses trois mots. Mon cœur se distend d'affection.

― Ta sœur est à la maison.

Je supplante Manon qui m'admire comme l'incarnation la huitième merveille du monde.

― J'arrive tout de suite !

Il raccroche. Mon cœur trépide de bonheur. C'est la dernière nouvelle que j'attendais de la part de mon géniteur. Et surtout la meilleure.

― Je ne t'avais jamais vu aussi heureux. C'est quoi la bonne nouvelle?

― Ma sœur est revenue. Manon ! Zoé est enfin avec moi.

J'ai cru que j'allais pleurer de joie lorsque je prends ma brunette dans mes bras pour faire un tour sur moi. Elle partage mon bonheur, son rire me comble. Je la repose au sol.

― Je passe te chercher à 17h comme prévu mon amour. Sois prête !

Mes lèvres s'unissent avec les siennes quelques secondes avant de courir vers l'extérieur en direction de la voiture. Mon cœur bat la chamade tout le long du trajet où j'appréhende notre retrouvaille pour la millionième fois depuis notre séparation. J'ai trop hâte de découvrir la femme qu'elle est devenue et lui demander pardon. C'est la première fois que nous nous parlerons.

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