65. Une journée avec lui...

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Bonne lecture !!!

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Manon

J’ai à peine fermé les paupières que mon horloge olfactive propage une odeur de thé à la citronnelle. C’est la meilleure façon de me réveiller maintenant que le soleil se fait de plus en plus absent. Je quitte mon lit que lorsque l’essence se dissipe complètement. Les paupières pesant plus lourdes que les cuisses, je chemine vers la salle de bain.

J’entends l’orage qui annonce une averse. Maudite pluie !

Je me coule un bain froid pour me réveiller. Les gouttes tombaient du ciel au moment où je m’y introduis. Mes muscles se relâchent petit à petit et mon esprit se vide jusqu’à ce qu’on vienne frapper à ma porte. Je tire sur le rideau et penche la tête sur le côté :

― Entrez !

La porte s’ouvre doucement sur Ayden. Mince !

Mes raisonnements défilent en quatrième vitesse. C’est vrai qu’il m’avait donné un rendez-vous, ce qui est complètement passé en arrière-plan de mes pensées. Ce qui veut dire qu’il est huit heures.

Je perçois le rire coquin du grincheux.

― Manon ! C’est une bonne manière d’accueillir les gens.

― Comment es-tu entré…dans la maison?

Il ouvre la porte en vitre de ma salle de bain et se tient debout contre l’embrassure, un vilain sourire qui me procure des frissons abrite ses magnifiques lèvres.

― Ton père m’a lavé le cerveau.

Je m’enfonce dans la baignoire.

― Ah ! Oui. Il t’a dit quoi?

Le tonnerre raisonne me faisant sursauter. Il se moque littéralement de ma tronche.

― Je t’interdis de te moquer de moi dans ma salle de bain.

― C’est trop hilarant ! Manon a peur de l’orage.

― C’est pas drôle.

Il passe une main sur la nuque et se pince la lèvre. Ses yeux me paralysent. Je me demande bien ce qui se passe dans sa tête.

― Je t’attends dans la chambre.

Je hoche et il part. Au bout de quelques minutes, je m’active à quitter ma baignoire, enroule une serviette autour de ma poitrine pour me rendre dans mon dressing où je choisis un jean et un haut fin et léger. Je me démêle les cheveux et me parfume.

Satisfaite du résultat de la glace, je pointe le bout de mon nez. Ayden, allongé fixant mon plafond, tourne la tête en ma direction. Ses beaux miroirs m’admirant me comblent de bonheur. Je m’empourpre sur place tandis que mes jambes se dérobent sur moi.

― La pluie a gâché et la surprise et la plage.

Son ton laisse passer toute son admiration.

― Ce n’est pas grave, on remettra ça pis je ne suis plus une grande fan de la plage. J’y vais lorsque Juju m’invite seulement, dis-je alors qu’un gout amer me monte à la bouche.

Surpris, il se relève.

Plus… Pourquoi ?

Je n’ai pas envie d’en parler mais je crois qu’il a deviné. J’essaie de mettre un peu d’ordre sur mon lit tandis qu’il ne trouve rien de mieux à faire que me retenir par la taille.

― C’est à cause de ton détatouage ?

Je déglutis et approuve. Il m’attire vers lui ce qui fait que je me trouve entre ses cuisses. La tension devient palpable alors que mes lèvres ne demandent qu’à l’embrasser.

― Tout le monde risque de t’envier Manon !

Sa langue vient humidifier ses lèvres ce qui me fait succomber dans un court baiser intense.

― Encore moins s’ils savent son histoire, prononcé-je d’un ton pessimiste.

― Tout ce qui vient de toi est magnifique. Je suis là pour écouter cette histoire si un jour elle devient trop lourde pour tes faibles épaules.

Je m’éloigne de lui pour refaire mon lit.

― Mes épaules ne sont pas faibles.

― Je sais ! Je reviens dans une minute !

Ma bouche a à peine le temps de s’ouvrir qu’il disparait derrière la porte. Je souris comme une idiote me demandant si je vis un rêve ou un avant-gout du cauchemar. Je sais que ce bonheur ne va pas durer. C’est ainsi. Le bonheur est un passager du train de ma vie. Il finit toujours par descendre à un moment.

Je termine d’arranger mon lit et m’y allonge attendant Ayden. Il déboule les gouttes de pluies ruisselant sur sa face à ses mains un tableau et un plateau. Je me lève pour lui débarrasser. Son parfum envahit mes poumons. Je dépose le plateau sur mon lit.

― Ton père te dit qu’il sort. Ne roule pas de galipettes à la maison.  

Mes yeux sortent de mes orbites. Ayden pouffe.

― La deuxième phrase est de toi, n’est-ce pas?

Il me fait un clin d’œil. N’étant toujours pas habituée à l’effet qu’il me fait, je vibre sur place. Mes oreilles perçoivent son souffle ce qui me fait réagir.

Je pars et reviens avec une serviette. Sans attendre sa permission, je lui assèche la face.

― L’affection par Manon. Un vrai mystère sur Terre.

Je glousse.

― Évite de me faire me sentir comme une extraterrestre, blagué-je.

Je vais ouvrir la baie vitrée pour aérer la pièce.

― J’espère que ça te plait!

Je me retourne et vois un merveilleux tableau. Deux bergers allemands et des étoiles en arrière-plan. Mes yeux s’enflent de béatitude pendant que mon cœur se dilate dans ma poitrine. C’est la concrétisation de ma satisfaction.

― Nala et Simba version adulte avec Vénus derrière pour que tu te rappelles toujours de cette nuit!

Oh ! Je ne risque pas de l’oublier de sitôt.

― C’est un chef-d’œuvre, balbutié-je, en rougissant d’extase.

Il rigole.

― De quoi tu te moques?

― T’es incapable de cacher la moindre émotion.

― Et tant pis ! Déclaré-je faisant semblant de bouder.

― Tant mieux ! C’est tant mieux ! Accrochons l’art sur l’art ! avance-t-il en se référant à la peinture que j’ai fait sur son mur deux semaines plus tôt.

Je l’aide à accrocher après un peu de bricolage. Nous reculons pour admirer notre œuvre.

― Qui aurait cru que le mélange de Manon et Ayden donnerait un si beau résultat, relate-t-il un sourire en coin. Viens que je te donne manger !

Quel homme !

Je ne me fais pas prier. On s’installe sur le lit, les pieds repliés sous les cuisses, le plateau au milieu. Pancake, fraise, chantilly et thé à la citronnelle attendent d’être absorbés. Il porte le pancake à mes lèvres.

― Que fais-tu cette semaine?

Je hausse les épaules.

― C’est la semaine de la Thanksgiving et tu n’as rien prévu?

Je mâchouille tout en y pensant. J’avale et lui réponds :

― Il va pleuvoir souvent. Je vais sûrement m’enfermer dans mon atelier et peindre.

― Je ne peux pas accepter cela Johnson ! Tu vas vivre un mois en cette semaine.

La déglutition se fait rapidement. C’est une invitation à passer la quasi-totalité de mon temps avec lui?

― Tu prévois quoi?

― Je ne te dirai rien !

Il tire la langue.

Et mon cœur fond à nouveau.  

― Ça te dirait d’aller voir ta mère ?

Je me crispe. Non parce que la proposition me déplait mais je ne m’y attendais pas. D’abord pourquoi il aurait envie d’aller voir ma mère avec moi? Puis je n’ai pas parlé avec cette dernière depuis que mon père m’a éclairé sur certains sujets. Il s’est écoulé une semaine. J’ouvre la bouche afin qu’il m’en donne encore.

― Je ne sais pas trop.

― Elle ne te manque pas ?

Je mâche et m’empresse d’avaler.

― Oui beaucoup mais c’est plus compliqué.

Il ne dit plus rien.

Je finis de manger et sirote mon thé en le regardant.

― Ma mère ne m’a jamais aimé. Je veux dire elle ne m’a pas fait de mal à proprement parler mais elle n’a pas manifesté de signe d’affection à mon égard. Elle est toujours neutre et notre relation inexistante. Je n’ai jamais compris pourquoi. Comme si elle m’en voulait pour quelque chose que je n’avais pas fait.

Je dépose lentement mon mug dans le plateau pour que mes mains puissent lui caresser les siennes. Le fait qu’Ayden se confie est un événement de la plus haute importance pour moi.

― Et vous n’avez jamais abordé le sujet?

― Non. À quoi bon? Elle me méprise. Je m’en fous d’elle. Chacun fait sa vie.

Cette petite fente qu’il m’ouvre sur son âme m’attriste à comprendre à quel point il a souffert durant son enfance. J’ai un pincement au cœur en essayant d’imaginer le petit garçon innocent et sensible qu’il était.

― Elle doit sûrement avoir ses raisons. On ne comprend pas toujours la réaction des gens mais cela ne veut pas dire que tu ne comptes pas pour elle.

Les yeux du brun s’assombrissent, il baisse la tête observant nos mains jointes. Je ne l’ai jamais vu touché par une émotion. Cela me brise le cœur de le voir ainsi, je m’avance un peu près de lui.

― Tu vois le bien partout malheureusement tout le monde n’a pas ton âme. Changeons de sujet. Faisons quelque chose le temps que la pluie cesse, affirme-t-il en nous débarrassant du plateau. Je l’admire gesticuler-. Ça ne te dérange que j’enlève mon T-shirt?

Je hausse un sourcil.

― Il est mouillé. Ne te fais pas d’idée. Je tiens encore à ma vie.

― Est-ce que le grand Ayden Côme Taylor aurait peur de mon ange de père?

Je me redresse et m’approche de lui.

― Je te rappelle que ton père m’a lavé le cerveau. Les anges peuvent se montrer cruels.

Je souris et mes mains se permettent de toucher sa peau. Ses muscles se contractent, ses frissonnements me font vibrer. La  froideur de son corps me captive. Ses tatouages me font les mêmes effets. Cette fois, je risque :

― Ce poignard sur ta colonne vertébrale ?

― Je ne veux pas en parler pour le moment. Ça risque de tout gâcher Manon.  

Je me mords la langue. Mes doigts trainent sur ses cicatrices. Il se raidit.

― Elles te fascinent n’est-ce pas? demande-t-il en me faisant face.

Je balance en arrière, troublée par la percussion de son regard.

― Je voudrais entendre leurs histoires.

Il lâche un p’tit rire à me faire fondre.

― Je crois qu’on n’est pas prêt à nous ouvrir sur ses sujets. Donnons-nous du temps.

Je consens. Il a tout à fait raison.

Nous passons la matinée à dessiner sur les mêmes supports tout en rigolant. À chaque fois, le dessin est incroyable. Lorsque la pluie laisse souffler, nous sortons voir les chiens qui courraient par ci, par là dans la cours. Ayden se laisse aller aux éclats de rire toutes les fois qu’ils lui sautent dessus pour lui lécher la face. Et le spectacle me comble de bonheur.

Après une demi-heure, couverts de boue, nous retournons nous nettoyer à la salle de bain de ma chambre. Je lui ouvre la porte pour lui accorder la priorité mais il tire sur mon bras et me plaque contre le mur. Une vague de chaleur m’entoure la hanche et me brûle jusqu’au cerveau. Il m’embrasse comme si c’était notre dernier baiser et je savoure l’instant comme si c’est le premier d’une longue liste.

― Nous avons de la boue partout !

C’est synonyme de ‘arrêtons-nous là.’

― Ok !

Je me déplace vers le lavabo, ouvre pour me rincer les bras, le visage puis les cheveux. Et soudainement de la mousse coule. Il n’a pas osé me verser du shampooing dans les cheveux.

― Ayden !

Je l’entends ricaner.

― Dépêche-toi ! m’ordonne-t-il tout en riant.

Il m’a fallu au moins deux minutes pour enlever toute la mousse. Je lève à peine la tête qu’une serviette vient me sécher les cheveux. Je le laisse faire.

Je l’aide à rincer ses cheveux avant de disparaitre dans le dressing où je me déshabille. J’enroule une serviette autour de ma poitrine et me dirige vers mon atelier où je l’attends patiemment. Je l’entends circuler dans la chambre.

― Manon faut qu’…

Il apparait sans T-Shirt et reste bouche bée.

― Que? L’incité-je à continuer.

Ses pupilles s’enflamment de désir.

― T’es sûre de toi?

― Il est toujours possible que je n’arrive pas te blairer demain, rigolé-je.

Il fait deux pas en conservant son sérieux.

― Si c’est le cas, peut-être que tu regretteras.

Je sais qu’il s’assure que je sois totalement sûre de moi.

― Ça ne risque pas d’arriver.

― Hum ! Ça va prendre du temps. Il saisit le bidon d’alcool et en verse dans un récipient pour y mettre les pinceaux-, T’as de la peinture pour le corps?

― Dans le troisième tiroir !

Il sourit et va le sortir. Deux minutes après, il étale tout son matériel sur la table de support en silence. Il est tendu !

― Tu sais que ça implique que je t’aide à te laver ensuite.

Je hoche. Il se déplace, je présume qu’il est allé se nettoyer les mains. Je ne bouge pas d’un millimètre, les mains pendant le long de mon corps, j’appréhende les minutes à venir. Je lève la vue lorsque le brun se pointe. Il s’approche de moi, l’air détendu et me saisit la main gauche. Il me traine plus près des outils. Une vague de frisson me parcourt l’échine au moment où les poils mi- souple mi- raide rentent en contact avec mes orteils.

― J’excuse ta pédicure ! Rigole-t-il.

Il monte le pinceau jusqu’à mes genoux et à aucun moment il a regardé vers mon intimité. Cela me surprend un minimum mais c’est Ayden.

Il couvre mes deux jambes de noirs ce qui éveille un peu ma curiosité mais je préfère me taire. Il en verse encore sur la palette et continu de monter. Je suis gêner au moment où il peint mon pubis même s’il préfère fixer mes yeux, je reste très tendue.

― Détends-toi Manon !

Il me donne un bref baiser qui relâche mes muscles. Je me courbe en avant voulant que ses lèvres dominent les miennes encore plus longtemps. Les yeux clos, il lâche un p’tit rire.

Il change de couleurs et de pinceaux un millier de fois, attrape le tube de peinture aquarelle brillant mais je ne pige toujours pas ce qu’il a derrière la tête. J’ignore totalement ce qu’il fait dans mon dos mais j’adore les rares fois où il fait usage de ses doigts.

― Le prochain body painting… Je voudrais que tu utilises que tes mains.

Il ricane.

― Parce qu’il y aura un prochain ?

― J’en veux une multitude si c’est avec tes mains.  

Je le sens sourire.

― Tu n’es pas curieuse de savoir ce que je peins?

― Oui.

― Pourquoi tu n’as pas demandé?

― Je ne voulais pas nuire ton esprit créatif.

― Hum ! Je termine l’infini sur ton corps mon amour.

Mon cœur vient de faire un looping sous mon poumon gauche.

Bien sûr qu’il est doué avec les mots. Mais il a dit 'mon amour'. C'est la preuve que tout peut arriver. Je m'abtiens de parler. Il continue de parcourir mon corps avec son pinceau et de donner naissance à des points blancs, mauves, jaunes. Les étoiles.

Mes sens s’éveillent au niveau de mes seins ou il applique avec une précision troublante.

― Faut bien une place pour Vénus !

Commentaire qui me pousse à baisser les yeux vers ma poitrine.

Son pinceau accélère ma respiration au parcours de mon visage.

― Ce moment restera graver à jamais dans ma mémoire.

Je me racle la gorge.

― Moi aussi.

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