62. Conversation avec mon père
•North Atlantic ocean de True adventures en média.•
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Bonne lecture !!!
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Manon
Je rentre chez moi vers les 17 heures. On s’est accordé deux heures supplémentaires pour tout transformer en chiffre et acheter les premiers éléments de décoration. On veut que ce soit surprenant en tout point. Je garde ma voiture dans le garage et remarque celle de Louka non loin de la fontaine. Qu’est-ce qu’il vient faire ici?
Submergée de doute, je m’aventure vers l’entrée dans l’optique de me projeter directement dans ma chambre. La femme de ménage me rattrape au milieu de l’escalier.
― Un ami vous attend au salon.
Ami?
Je ne pense pas que le mot ‘Ami’ soit le mieux qualifié pour décrire notre relation mais j’acquiesce. Je monte dans ma chambre prendre une douche de quinze minutes avant de le rejoindre dans le salon. Je danse sur un pied ne sachant pas comment me comporter avec l’homme qui m’a éloigné d’Ayden au pire moment. Bien que ce soit le p’tit ami de Julaïna, on ne partage pas une grande amitié.
― Salut !
― Salut ! Réponds-je en un faible murmure.
Je vacille un cours instant.
― Tout va bien?
Je consens.
― Je suis venu m’excuser. J’ai pris conscience que je n’avais pas le droit de t’interdire de revenir à l’hôpital ou de le voir.
Il y a un déclic dans mon cerveau.
― Je ne suis pas sûre que votre…ton ami en soit contre ta décision mais j’accepte tes excuses.
Il se lève et avance de quelques pas.
― Il s’est fâché. Contrairement à ce que tu penses, il m’a reproché mon geste puis a insisté pour que je m’excuse. Je crois même que quelqu’un dans cette pièce lui manque beaucoup.
J'ai failli rire.
― OK! Il récupère ?
― Petit à petit. Il ne sort jamais mais je pense que vous ne tarderez pas à vous revoir.
Mon cœur rate un battement. Imbécile de coeur. Revoir Ayden; bien que j’en meurs d’envie, je ne suis pas prête. J’crains ce moment.
― Je ne pense pas. Mais bon… Merci de prendre la peine de passer.
― Tu ne m’en veux pas ?
Je secoue la tête.
― Bien ! Je pars !
Je le raccompagne jusqu’au bas de l’escalier en silence.
― À plus !
Je remue la tête et retourne à mes occupations. Un poids en moins sur la poitrine. Je souffle et regagne ma chambre. J’échange quelques messages avec les autres organisateurs du gala et Julaïna puis je me mets à peindre le mur de ma chambre pour noyer mes pensées.
Il suffit d’entendre son nom pour que mon cœur se remette à danser comme un idiot. Je déteste cet organe.
Je me déteste.
Je me déteste de ne pas avoir l’emprise sur mes sentiments. De ne pas pouvoir éradiquer mon amour pour lui. De ne pas pouvoir passer à autre chose. De ne pas être assez courageuse.
Je me déteste de ne faire que deux choses au monde. Ouvrir mon cœur et pardonner.
― Manon ! Tu viens dîner ? me propose mon père derrière la porte.
Je dépose ma palette de peinture et descends sans m’accorder le privilège de voir mon travail. Je mange sans rire. Les deux rires fabriqués qui s’échappent mon organisme font grimacer mon père. Il se déplace avec son assiette :
― Je veux entendre de vrais rires aujourd’hui ! Que puis-je faire pour réaliser mon vœu?
La bienveillance de mon père va me faire pleurer un jour.
― Il n’y a rien que tu puisses faire p’pa.
― Si, je peux t’écouter. Après le dîner, rend moi service. Parle-moi à cœur ouvert.
Je secoue la tête ignorant si j’aurai la force.
Ainsi, il me joint sur mon balcon une demi-heure après le repas. Il s’assoit à côté de moi, nous nous occupons à fixer les étoiles et à respirer bruyamment un long moment.
― Louka, son ami, est passé aujourd’hui. À ce qui parait Ayden lui a demandé de s’excuser. J’ai accepté.
― Pas étonnant venant de mon bébé.
Une question s’échappe de mes lèvres :
― Tu connais la raison pour laquelle ma mère m’a envoyé ici?
Il secoue la tête. Un courant d’air glacial m’explore les pores. Je frémis puis me racle la gorge. Il tourne son attention vers moi :
― Je n’ai pas voulu t’en parler. Je ne tenais pas à ce que tu penses que cela compte à mes yeux. Ou pire, que tu crois que ça diminue l’amour que je ressens pour toi. Si je l’avais su à temps. Ses salauds ne s’en seraient pas sorti de cette histoire. Aujourd’hui encore, tu ignores à quel point je souffre en voyant la tristesse dans tes yeux à cause d’Ayden.
Je me mordille la lèvre. Donc il l’a toujours su. J’aurais juré qu’il ignorait tout.
― Cette histoire a failli se répéter ici. C’est lui qui m’a défendu.
― Oh ! Et qu’est-ce que tu ressens à propos de ça?
― Une grande gratitude ! Je lui en serai éternellement reconnaissante de t’avoir épargné la honte ! Balbutié-je en faisant référence à sa grande carrière.
― Jamais je n’aurai honte de toi mon nounours, il me serre la main pour appuyer sa phrase.
J’inspire profondément.
― On fait tous des erreurs. Des erreurs qui nous construisent en quelques sortes. N’aies pas honte d’elles car elles te rendront plus forte. Tu t’en sortiras toujours, crois-moi. Tout fini par bien aller… y compris ce chagrin qui te compresse le cœur.
Je l’observe avec une profonde affection. Mon âme mange ses mots afin que mon corps puisse respirer et s’en souvenir à tout jamais.
― Merci papa.
Je m’approche pour lui embrasser le front et je fixe les étoiles de nouveau.
― Pourquoi tu n’es jamais revenu me voir? Je t’en voulais beaucoup, tu le sais.
― Pour que Manon porte quelqu’un sur le cœur, il doit commettre une gaffe impardonnable, plaisante-il. Je suis revenu, deux fois. Ta mère m’empêchait de te voir. Je t’ai envoyé de l’argent et des cadeaux à chaque anniversaire. Les présents partaient en fumée, pour l’argent je n’en sais rien. Pour la petite info : tu me manquais tous les jours.
Je manque de m’étrangler avec ma salive. Je me gratte le cou. Maman n’a pas pu me mentir à ce point.
― Je ne savais rien !
Qu’a-t-elle fait de l’argent?
― Je l’ai toujours su. Que puis-je faire pour que tu recommences à sourire?
Je penche ma tête en sa direction. Mon père lit la réponse dans mes yeux.
― Ouf ! Tu n’es pas le genre de personne qu’une journée de fête remonte le moral. J’ai envisagé le yacht, la vue depuis l’air sur San Francisco, l’équitation, même à faire venir ta mère ou te payer un ticket pour que tu ailles la voir. Je me suis dit qu’elle te manque et que tu camoufles ta douleur sous tes sentiments pour Ayden.
Touchée, je ne sais quoi dire. D’abord, je me sens comme un poids à le fatiguer avec mon humeur puis je m’en veux de ne pas arriver à le combler de joie.
― Ne t’inquiète pas pour moi papa.
― Comment oses-tu me demander ne pas remplir mon rôle de père et de meilleur ami? Plaisante-t-il.
― Comment as-tu su qu’Emma est ce qu’il te faut? Est-ce qu’elle ne t’as jamais repoussé? Est-ce qu’elle n’a jamais commis d’erreur? Elle ne t’a jamais déçu? Est-ce que tu n’as jamais failli la perdre? Tu n’as jamais souffert dans cette relation? Est-ce... Ma voix finit par s’éteindre.
Mon père se dresse et m’observe tandis que je me perds à travers les points lumineux au dessus de nos têtes.
― Aucun amour ne vit sans souffrance. Et l’amour parfait est doté d’une perfection qui n’est autre que son imperfection. Mon cœur l’avait choisi, tout simplement, je n’avais pas mon mot à dire. On a eu des hauts et des bas qu’on a résolu avec notre complicité, notre communication et notre confiance. Il faut apprendre à voir au-dessus de la faute commise Manon et pardonner quand on le peut. Elle veut des enfants, qu’on se marie. C’est la problématique de premier rang de notre couple depuis une année.
Je souris. Un vrai sourire. Est-ce qu’il se rend compte qu’il est en train de se confier à moi ?
― Waouh ! Tu souris pour de vrai!
Ses yeux ont des paillettes comme un enfant devant son jouet préféré.
― Pourquoi tu ne l’épouses pas ?
― On n’est pas ici pour parler de moi jeune fille.
Je me tiens droit pour poursuivre la conversation.
― Épouse là et donne-moi des frères et sœurs.
Ses pupilles dilatent de bonheur.
― Tu n’es pas sérieuse Manon?
Dès mon arrivée, j’ai senti un vide en Emma. J’ai toujours pressenti que cela avait un infirme rapport aux enfants mais je ne l’avais jamais évoqué car cela n’appartient pas à la liste des choses qui me concernent.
― Je pensais que tu m’en voulais d’avoir quitté ta mère et que tu me haïrais à mort si je me marierais avec une autre femme et encore plus si je faisais des enfants avec elle. Quelque part, je me suis retenu pour toi. D’autre part, j’ai peur de répéter mes erreurs…enfin les erreurs que j’ai commises dans ton éducation.
Je glousse.
― T’en as commise? Vraiment? Je ne m’en rappelle pas. Tu peux me rafraichir la mémoire s’il te plait? Badiné-je. Tu es un père formidable en tout point Gabriel Johnson. Il n’y a pas mieux que toi dans le métier de père. Tu seras merveilleux pour les enfants avec Emma.
Il n’a pas à se priver de quoi que ce soit par ma faute. Je l’entoure de mes bras.
― Merci ma puce !
― T’es sûr qu’il n’y a rien d’autre dont tu t’abstiens à cause de moi?
― Je vais y réfléchir.
Nous rions à plein cœur.
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