54. Pier 50


Cedarwood road de U2 en média.•

"Sleepwalking down the road
And not waking from these dreams
'Cause it's never dead
It's still my head
It was a war zone in my teens"

~~~~~~

Bonne lecture !!!

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Manon

Je me réveille par la chaleur percutante du soleil sur ma peau. Je roule sur le côté et vois un mégot et des cendres de papier brûlé. Je peine à me redresser et je me fais attraper par un mal de tête. Ma main gauche chemine vers ma tête. C’est digne à fondre un métal.

Je ferme les yeux un long moment pour reprendre mes esprits. J'ai envie de m’envoyer en l’air. Je soupire et me lève. C’est tout à fait normal d’avoir cette sensation suite à un rejet. Je le sais d’expérience. Toutes les fois, je me suis retenue. Notamment parce que l’alcool et la nicotine me soutenaient. Là, ils m’ont largué eux aussi.

Je passe ‘S&M’ de Rihanna. J’ai envie de me foutre de tout. Me foutre de ma promesse d'abstinence pour l'année tout comme me foutre de demain. Me foutre de l’école et tout le reste. J’en ai ras le bol de souffrir et faire semblant d’aller bien. Je veux me lâcher rien qu'en l’espace d’une journée.

Je prends deux fois plus de temps pour me préparer. Je porte une robe plus courte qui met mes seins en valeur. J’applique du fond de teint pour masquer les traces du tapis, du rouge à lèvre mauve et de l’anticerne. Je mets mes piercings, les neuf; deux bracelets en plus de celle que Julaïna m'a offerte. Je brosse les cheveux de mes deux temporaux vers l’arrière et dépeignent ceux du milieu. Je porte mon meilleur parfum puis glisse un habit de rechange dans mon sac à dos. L’argent puisé dans le tiroir, je quitte ma chambre avec l’intention d’y revenir que demain matin. Arrivé au rez-de-chaussée, je prends le temps de rendre une petite visite à Simba et Nala. J'ai toujours le cœur qui explose en les voyant. Roméo prend bien soin d’eux.  

Mon père est hors de vue. Je lui enverrai un texto pour l'avertir que je ne suivrai pas les cours aujourd'hui. Je gagne ma voiture à 7h40, je passe la clef et démarre. Quinze minutes plus tard, j’arrive au lycée. L’établissement ne me donne aucune envie d’entrer. J’envoie donc un texto à Gabin.

^À Gabin

Pas ennuyant le cours de Physique. Ça te dit qu’on se lance sur la route?^

^De Gabin

Si t’as une idée tordue en tête pourquoi pas? :) ^

^À Gabin

Des idées follement tordues.^

Il me dit qu’il arrive. Je souris et glisse mon portable dans la poche avant de mon sac à dos. Deux minutes s’écoulent et un mec aux cheveux bouclés se précipite vers ma caisse. Je lui adresse un large sourire. Il m’embrasse sur la joue tandis que moi je lui fais un chaste baiser sur les lèvres. Il hausse les sourcils et me complimente pour mon style du jour. Je souris et on embarque pour la journée la plus folle de ma vie.






Après une demi-heure sur la route à discuter de tout et de rien, Gabin choisit une destination. Un bar à l’extérieur de San Francisco dont la particularité est qu’il fait toujours nuit. Je suis curieuse de voir ça. Je m’arrête pour faire le plein et en profite pour lui passer le volant. Installée confortablement sur le siège passager, j’essaie de joindre mon père sur Whatsapp. Il n’est pas connecté mais je lui laisse un message lui avertissant que je ne me suis pas rendu au lycée. Je le place sur le tableau de bord et entame une conversation sur la musique. On discute passivement jusqu’à qu’il lâche la phrase la plus révoltante de l’histoire de la musique.

― Justin Bieber est mieux que Nirvana et Red Hot Chili Peppers mis ensembles.

J'ai failli avoir un arrêt cardiaque.

Je lui tape sur le revers de la main. Il secoue la main de douleur et se gare sur le rebord de la route. Cette route est bordée d’arbres géante. Aucune être vivant n’est en vue.

― Tu n’as jamais écouté Come as you are ou Under the bridge, alors tais-toi.

― Ces musiques anciennes qui cassent l’oreille. C’est inadmissible.

QUOI? Je vais le trucider dans ma voiture.

― Bravo, tu viens de tuer tout envie de coucher avec toi.

J’ai à peine de terminer ma phrase que les lèvres de Gabin joignent les miennes. Elles sont douces et pulpeuses. Je glisse une main à travers ses boucles. Son parfum me fait voyager. Ce n’est pas mal. Pas mal du tout. Il m’attire vers lui et je l’enjambe. Je coupe le baiser pour lui enlever son T-Shirt. Je l’envoie sur le siège arrière. Il sourit et se hisse pour prendre mes lèvres. Ses mains effleurent mon corps, de mes cuisses à mes seins, je sens une vague de chaleur s’emparer de moi. Son corps bouge doucement au-dessous du mien et son érection me caresse le clitoris à travers ma culotte.  

― T’es incroyable Manon, murmure-t-il en me mordant la lèvre.

Il m’enlève la robe qui rejoint son T-Shirt. Il glisse une main dans mon intimité. Je crispe avant de lâcher un p’tit gémissement. Cette sensation m’avait manqué. Je veux me donner tout entier aujourd’hui et jouir comme une malade.

Je lui caresse le torse et le bas du ventre jusqu’à son pantalon. Ma main gauche se plonge dans la chaleur de son caleçon et sort son membre durci. Ma main n’arrive pas à le contourner. Surprise, j’écarquille les yeux. Gabin pouffe en voyant ma réaction.

― Il ne te fera pas de mal, plaisante –t-il.

C’est le plus gros que j’ai vu de toute ma vie.

― Attends-moi là, tigresse.

Il me prend par la taille et me pose sur le siège passager. Il tire un préservatif de son sac à dos et habille son organe. Je me pince la lèvre inférieure de désir. Je n’arrive pas à croire que je vais prendre ce truc en moi. Le bouclé penche le dossier en arrière, se pose en califourchon sur moi et m’enlève ma culotte. Il m’embrasse les seins, le cou. Toutes mes hormones sont en chaleur. Mes mains baladent sur tout son corps. Il m’embrasse, un long baiser au bout duquel, il s’introduit lentement en moi. De la sueur perle sur son front, son torse se colle à mes seins pendant que ses doigts entrelacent les miens.


)()(

On a jonglé entre trois bars, où verre après verre, je devenais de plus en plus folle. Je ne sais pas comment on a atterri dans ce motel à Santa Cruz où je vomis tout ce que j’ai avalé de la journée. Ma tête pèse une tonne et ma vue triple tout objet et même Gabin. Je réussis à sentir ses doigts effleurer la peau de ma taille. Je vacille et me courbe pour vider mon estomac. Je me rince la face et me regarde dans le miroir.

― Ça fait un quart d’heure. T’es sûre de pouvoir tenir le coup?

Je secoue la tête puis me libère de son emprise. Je retourne à la chambre car j’entends mon portable sonner. Il m’est impossible de capter la provenance du son. Je m’allonge sur le dos et tire sur mes cheveux. Maudit maux de tête. Je me lamente puis ferme les yeux. Le silence me jette dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin, Gabin est la première chose que je vois. Il est allongé à côté de moi sur la lisière du matelas, les mains touchant le sol. Je souris et me dirige dans la salle de bain en titubant. J’ai le cerveau à l’envers faut que j’avale un cachet. Je réalise que je suis en petite culotte au moment où je m’apprête à quitter la chambre. Je soupire et attrape mon jeans que j’enfile avant de venir faire un bisou à Gabin. Il suffit que je pose un pied dehors pour réaliser que je suis loin de San Francisco. Je zigzague quelques secondes le temps que j’arrive à bien me tenir. Vue l’ambiance qui règne, je parie qu’on est en ville.

Je repère ma voiture sur le parking en face. J’ignore s’il est recommandé de conduire dans ma condition, je sais seulement que je dois conduire pour trouver un truc contre ce mal de crâne. Si j’arrive à passer la clef, je pourrai tenir vingt minutes.

À l’aide du GPS, je sais que je me trouve à Cedar St, qu’il y a une pharmacie et un Starbucks pas loin d’ici. Je passe Cedar Wood road d’U2 pour empêcher à mon cerveau de divaguer entre mille et une pensées inutiles.

J’achète un cachet d’ibuprofène après avoir supplié le pharmacien et passe au Starbucks où je me prends notre déjeuner. Lorsque je reviens, Gabin se trouvait sous la douche.

― Je nous ai acheté donuts et frappuccino au Starbucks en guise de petit déj. J’espère que ça te remplira le ventre.

Je ne perçois plus l’eau du robinet. Je lève le regard vers le bouclé super sexy. Il m’expose un large sourire.

― Merci. T’as prévu quoi pour aujourd’hui?

― Je n’y pas pensé. Et toi? On devrait rentrer non?

Il s’avance en ma direction. Je croque mon donuts en le dévorant des yeux. La commissure de ses lèvres s’étire en un sourire parfait qui me fait croire que mon cœur a fait le mauvais choix. Il aurait dû le choisir lui au lieu de l’autre débile là.

Pas une seule fois, il ne m’a dit ou m’a fait un geste déplacé. Il n’a pas posé de question non plus. Je sais qu’il comprend ce qui se passe.

― J’ai eu ton amie au téléphone hier soir. Elle était excitée à t’annoncer une bonne nouvelle. Je pense que tu devrais l’écouter.

― Ok. Je lui parlerai à mon retour à SF.

On déjeune autour d’une conversation ordinaire. Après qu’on ait pris nos douches, Gabin propose qu’on aille faire un tour dans la ville. Il a cité au moins cinq lieux dont on doit visiter quand on vient à Santa Cruz. Je lui ai simplement répondu qu’on va faire tout ce qu’il veut.

Et on a fini par faire tout ce qu’il voulait.

En fin de soirée, on se partage une pizza et quelques anecdotes loufoques de notre enfance. J’ai connu quelques fragments de la vie de Soan à travers les p’tites histoires de Gabin. Je cogite un peu et embrasse Gabin. Au même moment mon cœur se serre en pensant à Ayden. J’ai un mauvais pressentiment. Je tente de le chasser par les baisers de mon ami. Il m’attire contre lui tandis que mes doigts détachent sa chemise. Ses bras me soulèvent pour nous jeter sur le lit. Je glisse mes mains dans le bas de son dos et tente de me libérer de ma robe. Il s’arrête et me fixe dans les yeux :

― Manon. Je…Le vibreur de ton portable…Tu ne réponds pas ? Je lui donne un dernier baiser et tend mon bras sur la table de chevet.

Numéro masqué.

Je me raidis sous le regard interrogateur de Gabin, je me lève et vais vers la fenêtre. Je tire sur les stores et décroche. Une voix masquée me glace le sang :

― Je sais que t’es à deux heures d’ici mais on vient de laisser l’amour de ta vie pour mort à Pier 50.

Bip.

J’ai du resserrer mes doigts autour du métal pour éviter qu’il ne s’écrase au sol. Mon cœur bat la chamade. Tétanisée, une larme roule sur ma joue alors qu'une vague de frisson me parcourt le corps.

― Manon ! Manon ! Qui était-ce ? T’es devenue pâle. Qu’est-ce qui ne va pas?

Je sursaute et regarde un peu partout dans la chambre. Est-ce que je viens vraiment de recevoir cet appel?

― Manon ! Qui t’as appelé?

Je récupère mon sac à dos à la hâte. J’y balance tous mes accessoires en moins de deux et saisis mes clefs. Gabin m’arrête :

― Où vas-tu? Je ne te laisserai pas y aller dans cet état.

Il prend son sac à dos et me rejoint. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée qu’on aille chercher Ayden ensemble mais je n’ai pas le cerveau à réfléchir, encore moins l’énergie à lui tenir tête. Il prend le volant. Je lui dis de se diriger à Pier 50...

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