5. À Sausalito
·No sleep de Wiz Khalifa en média·
"No driving, no sleeping
Live it up like it's the weekend
When the DJ plays the right song
Gonna drink, gon' party all night long"
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Bonne lecture!
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En deux enjambées, je m’enferme dans ma chambre. Le seul endroit où je me sens en paix ici. J’entends la vibration de mon cellulaire de boulot qui est sur mon lit. Je le saisis et balaye l’écran.
‘‘De : Jaime
Un nouveau stock de voiture arrive demain. Sausalito, ce soir.’’
Je le dépose sur ma commode sans y répondre. Les rayons du soleil traversent les fenêtres de ma chambre me plongeant dans un état de quiétude malgré les conditions bordéliques de la pièce.
J’ai changé de chambre le jour où j’ai altéré. Celle-là me convient et me reflète parfaitement. Plus petite, sombre et chaotique avec des murs de couleur cendreux. A la place de trophée, d’honneur et mérite ou de badge, une vingtaine de tableaux que j’ai peints sont appuyés les uns sur les autres contre le mur, trois cendriers remplis de mégots sur ma table de travail où une quantité monstrueuse de papiers éparpillés sur le plancher. J’ai tout dans ma chambre, un p’tit frigo, un dressing incorporé à ma salle de bain. Je n’ai pas de miroir. Choquant mais faut connaitre plus qu’un fragment de mon histoire pour concevoir.
Épuisé et surtout pressé d’enlever l’odeur de l’enfer sur mes pores, je laisse mon sac au pied de mon lit pour gagner ma douche.
Une dizaine de minutes après je passe dans mon dressing choisir un jean noir troué au niveau de jambes, un basket noir, un T-shirt gris sur lequel j’enfile ma veste en cuir. Je m’ébouriffe les cheveux, me parfume. Le soleil commençant à disparaitre dans le ciel me laisse une idée sur l’heure. J’ose croire que Jaime a informé Louka. Je lui envoie un message pour qu’il sache que je l’attends. Il me répond qu’il se déplace en ce moment.
Mon ami habite à Emeryville qui est à quarante minutes de Potrero Hill. Sausalito se trouve à cinquante minutes d’ici. Ce qui me vaut une heure et demie avant d’arriver à Destination.
Pour tuer les quarante minutes, je tiens une conversation téléphonique ordinaire avec mes potes Adrien, que je n’ai pas vu depuis son départ pour l’université à New York, et Ophélie que je vois deux fois tous les ans. Mis à part Louka et Adrien, Ophélie, l’amie de Sarah, est la seule qui m’a compris. On s’est grandement rapproché depuis l’accident. On s’appelle souvent. Elle me remonte le moral. Une étincelle, cette fille.
Incroyable comme le temps s’écoule quand on passe un bon moment. Je prends le soin de fermer ma chambre à clef. Je dévale les escaliers et quitte la maison en évitant de me faire remarquer par mon père.
C’est l’heure de la fête.
C’est à ce moment de la vie que je me sens libre, que je me sens moi, que je me libère de l’emprise de mon père, de sa fichue villa. La caisse de Louka se gare devant la villa à l’instant. Je sors et m’y glisse dedans.
―Hey ! Ça roule?
―Ça roule. Et toi? Cette première journée dans le passé?
Je me raidis sur le siège.
―Pas trop mal. Mon père a tenté de m’enfoncer mais ça ne marchera pas. Le proviseur m’a à l’œil pour sa plus grande satisfaction.
―Non, raconte !
Le compte-rendu relaté, il se retient de se moquer de moi. Qui aurait cru que je me retrouverais dans une situation aussi délicate un jour. Je subis tous ses traitements pour ma sœur. Pour la revoir un jour, lui demander pardon pour ce que je n’ai pas fait. Je l’ai explosé en miettes. Ça me détruit à petit feu de ne pas disposer les moyens de réparer mes conneries.
―Ne t’en prives pas.
Un discret sourire apparait sur ses lèvres. Je lui tape faiblement sur la tête.
―Non. Je ne peux m’en tenir à chaque fois. Le grand Ayden Taylor qui se fait piéger et maltraiter par son père, ça en devient hilarant. Toi qui aimais jouer les gros rebelles au lycée malgré les notes satisfaisantes, te voilà réduis à suivre les règles, à faire gaffe à chaque fait et geste. Tu vas la jouer gentil garçon le jour, mauvais garçon le soir. Plutôt pas mal !
Son élocution autant acerbe que véridique m’hérisse les poils. J’ai en horreur ma vie. En plus de me soustraire à satisfaire les mille et une volontés de mon père, je dois rentrer dans le moule de la scolarité. Ne plus être moi pour plaire et obéir aux règles. Je suis aux supplices dans cet endroit. J’ai trop hâte d’être à la fin.
Il a raison sur tout. Louka demeure la personne qui me connait autant que moi. Il reste l’une des rares merveilles que j’ai su garder dans ma vie.
On tient une conversation banale, lui, racontant ses dernières conquêtes et moi, ce que je prévois pour le futur.
Il accélère sur le Golden Gate bridge. Enfant, j’avais peur de le traverser. À haute altitude, je me sentais m’éloigner du sol. En grandissant, j’ai passé au-dessus de ma peur.
―Je ne suis pas gentil. Je ne le serai pas puisque c’est exactement ce que mon père attend de moi. Je préfère rester seul. Il s’agit de ma nouvelle politique de survie. Je ne donne pas envie de s’approcher de moi.
―Les filles de secondes n’étaient pas mal. Tu m’en diras.
Je ne réplique pas.
À quelques kilomètres du pont, il s’aventure dans le paradis. Un petit quartier de Sausalito, loin de tout et calme en apparence ou se trouve la plus grosse, la plus belle boite de nuit de tout San Francisco. Louka décélère. Pas un humain ne traine le long des trottoirs. Toutes les portes des maisons sont fermées. Quelques feuilles d’arbres survolent dans l’air. Le silence est apaisant. Les rues ou se trouvent les boites de nuit sont d’ordinaire les plus bruyantes mais celle-là est différente. Jaime, mon patron, en est le propriétaire. Il a transmis un trait de sa personnalité à sa boite : La discrétion. Il ne cherche pas à se faire remarquer ce qui fait de lui le plus remarquable. Il attire les clients de partout dans tout Californie. J’ai toujours admiré sa manière de faire fortune. Dans l’ombre et intelligemment. Il s’appuie sur les attentes de la clientèle pour maximiser ses bénéfices. Cette technique fonctionne de tonnerre.
Louka se gare à l’autre bout de la rue devant le club. On descend de la voiture. En quelques pas, on atteint la porte d’entrée. Je passe ma carte dans le combinée. La porte s’ouvre et nous y accédons. Le patio est bombée de gens ce qui nous complique la circulation. Je suis Louka au pas. On traverse la foule et accède à la porte qui conduit à l’intérieur. Je montre ma carte au gars de la porte qui l’examine de près avant de me libérer le passage.
Jaime a pensé aux affaires en construisant son discothèque. Pour protéger le business, il a cogité à une pièce sourde et une allée sécurisée qui y débouche directement. Par conséquent, je parviens à l’atrium sans avoir à franchir une autre foule, Louka me suivant. L’atrium est la pièce la plus sophistiquée de la baraque. C’est là où se pose Jaime en compagnie de quelques filles. Un lustre de cristal éclaire la pièce à multiples couleurs.
―Voilà le maitre du JF8. Déclare-t-il à mon égard en riant à gorge déployé.
JF8 en fonction de son nom complet Jaime Fage, sa huitième boite dans Californie. Je prends siège sur le sofa juste en face de lui pendant que Louka prend un verre sur la table basse avant de se poser à un mètre de moi. Jaime m’envoie deux filles et trois à Louka, restant seul du coup. Elle commence à me toucher le torse, les bras, les cuisses. Celle à ma droite m’embrasse la joue avant d’introduire sa main sous mon T-Shirt. Je sens une décharge me parcourir tout le corps, de la tête aux pieds. Jaime claque ses mains.
―Parlons affaire ! J’ai une trentaine de voiture à liquider. J’ai cru comprendre que tu reprenais les cours. Bonne chance dans cette folie. Samedi, arrivera une vingtaine de Lamborghini. Débarrasse-toi vite de ce stock. Il m’envoie les clefs des containers avant de disparaitre derrière la porte.
Quelques minutes plus tard, sous l’effet des mains des jeunes demoiselles, je ressens le besoin pressant de monter dans une chambre où satisfais mes besoins primaires tout en déchargeant ma rage, ma colère, ma frustration sur elles.
Une ou deux heures plus tard, je descends au bar où je me sers un verre bien serré. Mon regard perdu dans mon verre, je ne pense à rien, je ne ressens rien. Je viens de baiser ces filles là-haut. Je n’éprouve rien en moi qui indique que j’ai eu plusieurs rapports sexuels à l’instant. L’image de Sarah repasse dans mon imagination. Ce n’est pas vrai. Je me frappe le front avant d’absorber mon verre d’un coup.
Je l’ai aimé puis je l’ai tué.
Avant, l’alcool me brulait l’estomac jusqu’aux intestins, puis ça m’a réchauffé mais aujourd’hui elle n’a plus aucun effet sur moi. L’alcool ne représente que de l’eau pour mon organisme.
―Je me suis trop marrer. Merci Julaïna.
Deux filles en décolletés déboulent à un pied de moi. Elles rigolent. Le rire de l’une d’elle me rappelle fraichement celui de Sarah. Elle est brune, les cheveux courts, les yeux d’un marron étincelant. Je ne sais pas si c’est dû aux effets lumineux de la pièce néanmoins, je les trouve resplendissante. Elle porte un haut transparent qui laisse voir ces tétons. Et un jean court qui ne recouvre pas le quart de ses cuisses. La dénommée Julaina, brune aux cheveux crépus, porte les même vêtements. Sauf que son haut n’est pas transparent.
Elles se posent sur deux banquettes voisines et commandent deux bières. La fille en transparent me parait ouverte et sympa. Pourquoi je me mets à penser du bien d’elle? Je la vois à peine.
Pourquoi elle me rappelle tant Sarah? Peut-être parce que je pensais à elle une seconde plutôt. Je demande à Tiago, le barman, de me remplir le verre avec la même boisson. Les filles entretiennent une conversation qui me chatouille les oreilles.
―J’ai laissé tomber Ira. Il ne vaut pas mes efforts. Tu te rends comptes qu’il m’a trompé deux fois?
―C’est un minable ce mec. Et tous les mecs d’ailleurs. Je ne les utilise qu’à une chose. Satisfaire mes besoins sexuels. Mais cette année, j’ai décidé de ralentir le rythme. Avec ce nouveau lycée, cette nouvelle ville, pas besoins de me faire remarquer.
Elles boivent en même temps. Je ne les quitte pas du regard. Pourtant elles ne me remarquent pas. Deux choses sont sures. La première : elles ne sont pas n’importe qui. Pour accéder à la boite de Jaime. Il faut deux trucs, l’oseille et du cran. La deuxième : Il m’est impératif de savoir qui elles sont.
―Je n’arrive toujours pas à croire que Naal t’ait fait ce sale coup. Ils sont tous pareils ces mecs, que des abrutis, crache Julaïna avec beaucoup de dédain.
Elle parait profondément déçue par la gente masculine. Le bon moment pour intervenir :
―Pourquoi autant de haine? Évident que vous n’aviez connu que deux hommes dans votre vie.
Elles se tournent aussitôt dans ma direction. Les sourcils froncés, elles me dévisagent.
―Je paris que tu es pareil qu’eux à ta façon de t’introduire dans la conversation des autres.
Cette Julaïna, je l’enverrai direct à Louka. Il saura quoi faire avec. Je pourrai les faire toutes les deux mais c’est contre mes principes. Je ne mange jamais dans deux prairies voisines. Je ne désunis pas les amies. Elles ont de la chance que je me pose des limites, parfois.
―Vous ne pouvez pas en être certaine. Je parie que vous n’aviez jamais eu de bons mecs qui en vaillent le coup dans vos vies. Moi, c’est Ayden.
―Et bien ! Ayden. On connait cette stratégie. 99% des hommes l’utilisent pour s’introduire dans la vie d’une femme, me méprise la brune qui me rappelle Sarah.
―Quel sale caractère!
―Tu n’as encore rien vu, applaudit son amie en payant leurs bières.
Elles descendent de leurs banquettes et tournent le dos. Je les laisse filer.
Un jour, je la retrouverai. Ce jour, elle se retrouvera coincer entre un mur et moi. Elle pourra à peine respirer. Je la ferai souffrir comme j’ai souffert de l’absence de Sarah. Jusqu’à lui enlever tout ce qu’elle a en commun avec l’amour de ma vie.
Chance ! Non loin de moi se trouve l’IPhone de l’une d’elle…
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Hello ! Comment allez vous?
J'espère que ce chapitre vous a plu.
Une rencontre mouvementée. Ça avanve. Enfin, j'ai rattrapé le retard ;)
Dorénavant, je publierai au fur et à mesure. Je ne serai pas lente. Ce sera mieux ainsi.
À bientôt ! Prenez soin de vous. Kiss mes nounours 💋
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