48. Ayden est incroyable

Heavy de Linkin Park ft Kiiara en média.•

''I'm holding on
Why is everything so heavy?
Holding on
So much more than I can carry''

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Bonne lecture !!!

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Manon


Marre de fixer mon plafond, je décide de quitter mon lit et me préparer pour la journée. Lou est partie il y a une vingtaine de minutes, pour le boulot. Elle m'a parlé d'une séance photo matinale de mannequins dont elle est la maquilleuse. Depuis je suis restée clouer à mon lit, tête vide et yeux rivés sur le plafond blanc. Mon réveil me dicte qu'il est 6h33. Me rendre l'école est ma prochaine occupation. Je descends me préparer des œufs brouillés pour me remplir l'estomac.

Entretemps, je ne peux me retenir de penser à Ayden, à nos baisers. Je suis une folle à lui déclarer ce que je ressentais pour lui mais que puis-je? Ça m'est tombé dessus. Et lorsqu'il m'a dit qu'il ne voulait plus qu'on s'adresse un seul mot. Je lui ai tout dit de peur de n'avoir plus aucune chance de le lui dire. J'ai toujours reproché à mes anciens camarades de cacher leurs sentiments. Commettre les mêmes fautes ne m'intéressait pas. Je pense que si je savais qu'il s'agissait d'une mise en scène, j'aurais laissé mijoter encore un peu. Ma mère avait l'habitude de me dire qu'en adolescence on fait des folies. On peut aimer quelqu'un aujourd'hui et ne pas pouvoir le blairer le jour suivant; et vice versa. J'espère que pour Ayden ça va durer. Parce que je sais qu'il est perdu dans ses sentiments, je veux lui laisser du temps et surtout ne rien lui demander en retour. Je peux m'en tenir avec ses baisers divins pour le moment.

Le ventre rempli, je remonte dans ma chambre et prends une douche froide en pensant à ce qu'il m'a dit hier soir concernant ces gens qui lui veulent du mal. Il est bienveillant à vouloir me protéger, me garder hors de jeu itou mais je veux être active dans cette histoire. Il ne m'en empêchera pas. Les poussées d'adrénaline font partie de moi. Je compte bien lui montrer que les femmes peuvent se défendre et n'ont pas besoin d'hommes pour les protéger. De plus, hors de question que je manque une occasion d'être Olivia Jones.

J'ai compris que tout est lié : JF8, mon attaque au bar, l'espionnage. Si cet homme s'en est pris à moi et que le patron m'a défendu, ce n'est pas un hasard. Seule, la personne ayant assisté à cette scène du début à la fin peut éclairer ma lanterne. Tiago.

Je sors de la douche, me brosse les cheveux, enfile un habit léger et envoie un message à Ayden lui demandant s'il vient au lycée. En une minute je reviens devant le miroir cinq fois. Pour la première fois, je me préoccupe autant de mon apparence pour l'école. Je balance ma tête en arrière et lâche un soupir. Il va à peine poser les yeux sur moi. La lumière reflétant de mon nouveau portable me déplace du devant de la glace.

^De Ayden

J'y vais pour remettre Liam à sa place :) .^

Cette histoire. Mes poils s'hérissent de crainte que l'histoire se reproduise en moins bonne qualité. Rien qu'en voyant Liam on comprend de suite que c'est un humain pas du tout fréquentable, qui n'a rien à battre de la santé des autres et pire encore, il déteste les femmes. S'il a pu s'attaquer à Nina, une personne formidable qui ne lui a rien fait à part conseiller son amie, il peut me démonter os par os.

Et s'il y a bien une chose à laquelle je ne sais pas faire face c'est ça.

Ma première et seule réaction est de fuir. Je n'essaie même pas de faire face à mes adversaires.

^À Ayden

Merci. Ça me touche beaucoup.^

^De Ayden

Peut-être que ça t'aidera à faire une croix sur ce que je t'ai fait endurer. ☺ ^

^A Ayden

Continue de rêver. ☹ :* ^

Le sourire aux lèvres, je pose mon portable dans le tiroir de la table chevet où je prends mes clefs. Je ferme ma porte et gagne ma voiture devant la fontaine. Je ne suis toujours pas à habituer à cet effet lorsque je m'y installe. Je passe la clef lorsque je remarque une tache de peinture sur la cuticule de mon pouce. J'ai passé la nuit dernière à peindre après être revenue de chez Ayden. La compagnie de Soan m'a inspiré et j'ai pu terminer un tableau grand format. Je crois que je vais avoir beaucoup de ses visites les jours à venir. Hier soir, j'ai peint mes sentiments. Celui-là, je vais le garder pour moi. Ignorant les traces de peinture, je passe la clef.

J'arrive au lycée au même moment que Soan. Il vient me faire un câlin et j'en profite pour lui faire une grosse bise. On garde une conversation futile jusqu'à nos casiers respectifs. Mes yeux cherchent Ayden en vain. Une déception bête m'habite. Qu'est-ce que j'espère au juste ? J'étais la fille sur qui il passait ses nerfs, ensuite la fille qu'il ignorait, puis la fille qu'il enlaçait, maintenant je suis la fille qui est amoureuse de lui à sa perte. En cet instant précis, je suis une fille folle. Je sors un lot de trois livres que j'aurai besoin pour la journée. À peine que je me tourne, ils s'éparpillent au sol. Liam.

― Oups! Désolé. Tu vas bientôt perdre ta main, connasse.

Ceci ne peut pas être un mec.

― On ne s'en prend pas à une fille quand elle se défend Liam Détritus, atteste Gabin en se baissant pour ramasser mes documents.

Je ne pipe mot.

― Quand on possède des dossiers sales sur demoiselle, elle perd ses moyens. Où est ta langue sale pute? Tonne-t-il.

Autant vous dire qu'on a l'attention du grand public.

Je ne crois pas ce qui m'arrive. 'Nouvelle vie dans une grande ville' mon cul, ouais. Sur ce point, il n'existe aucune différence entre une grande ville comme San Francisco et une petite ville comme Charlestown. Les gros connards sont partout. Je perds contrôle de mon corps. Mon cœur tambourine, mes mains deviennent froides et tremblantes alors que mon front commence à suer.

― Cette nana est une grosse pute qui a osé me gifler, avance Logan qui vient de sortir de la foule. Elle a baisé tous les mecs de sa classe alors qu'elle avait un copain.

Je veux crier mais rien ne sort. La colère, la rage et la tristesse me brûlent les neurones. Je ferme les yeux et baisse la tête. Sans que je ne puisse les arrêter, mes larmes s'évacuent.

― Naal ? N'est-ce pas? Cette fille que vous voyez ici à balancer des nudes d'elle à tout son lycée, élèves majeurs ou mineurs, profs, secrétaire, directeur, tous y passaient.

Je n'ai plus la force de me tenir debout ici, mes jambes refusent de suivre mon cerveau pour l'instant.

― Suite de quoi son copain l'a frappée et quittée. Mais ce n'est pas tout, c'est une suicidaire.

C'est l'enfer, ils sont les démons. Son rire me donne la force de déchirer la foule et de courir. Ces immatures lancent des insultes qui boostent ces démons humanisés à me descendre encore plus bas. Les larmes montantes me troublent la vue. Je les essuie une fois qu'elles se mettent à couler. Ils tirent sur mes cheveux, mes vêtements, mes bras. Je me sens comme un vulgaire objet encore une fois. Arrivant à peine à respirer, je continue de me battre. Je n'entends que des bourdonnements. Je mène un combat contre tous jusqu'à ce qu'un gros idiot me pousse. Je tombe en pleurs et perds toute l'énergie d'avancer. Je reste au sol, parée pour replonger dans les abysses de la douleur. Je m'apprêtais à dire bienvenu à la mutilation lorsqu'un crissement se fait entendre. Une voix mi- robotique mi- masculine souffle pour réclamer le silence.

― Désolé de ne pas vous saluer. Votre attitude en ce moment n'en est pas digne. Il suffit de quelques mots d'un abruti qui s'ennuie dans sa vie pour que vous écrasiez une personne. Sans savoir ce qu'elle a enduré. Vous n'êtes que des crétins qui croient tout ce qu'on raconte et avec ce comportement vous n'irez pas bien loin. On a tous une prison en nous. Et je sais que chacun de vous, qui, en ce moment, malmène Manon, a subi pareil de la part de Logan, Liam et Léo. Vous savez autant que moi à quel point ce peut être des bobards, vous les critiquez sans cesse d'être des abrutis de première classe. Bizarrement, dès qu'ils vous offrent l'opportunité de vous comporter comme eux, vous sautez sur l'occasion. LLL ne sont pas des exemples. Vous les admirez pour leurs popularités et leurs physiques mais en retrait de ça, ils n'ont rien. Aucune valeur humaine, aucun respect pour la vie et le bien d'autrui, trouducune permission de traiter une personne ainsi. Homme n'est pas synonyme d'abus. En moins de deux semaines, ils nous prouvent qu'ils ont un problème avec les filles. Je ne sais pas ce qu'ils ont vécu par le passé mais rien ne justifie cela. Combien d'entre vous ont vécu un enfer à cause d'eux? Combien ont été humiliés, souillés, réduits à cause d'eux? Combien ont perdu leurs amis, leurs sœurs, leurs frères par leurs simples volontés? Combien d'entre vous ont pensé ou tenté la mort par leur faute ? Combien d'entre vous ne se sentent plus à vos place dans vos propres corps parce que des salauds comme eux l'ont décidé? Et surtout combien d'entre vous se referment et marchent la tête baissée parce qu'ils l'ont voulu ainsi? Ils n'ont pas à guider votre vie. Je ne veux plus que vous ayez peur de vivre à fond à cause de ces imbéciles. Vous n'avez qu'une vie. Si un mec a envie de baiser toutes les meufs d'une classe, il le fait et on l'admire. Une fille devrait pouvoir aussi. Si vous avez envie de vous saouler un soir et de vous envoyer en l'air avec un inconnu. Faites-le. Réalisez vos plus grandes folies tant que ça ne vous rendent pas moins bons que la veille. Les gens qui inventent les ragots attendent qu'ils se passent un truc dans votre vie pour parler. Allez donnez-les de la matière. Dix ans plus tard, ils se rendront compte qu'ils n'ont pas vécu leur vie alors que vous êtes au sommet du bonheur. Même si Manon a, à un moment donné de sa vie, couché avec une classe de mec, cela ne vous donne aucun droit de la juger ou de la réduire qu'à ça. Les gens sont plus que leurs erreurs. Et les rageurs ne doivent pas détruire les gens magnifiques. Et Manon est magnifique. Je vous jure qu'on en a besoin dans cet enfer. Oui l'école est un enfer et mon opinion ne date pas d'hier et ne changera pas demain. Répétez après moi. Non au harcèlement.

Et ils répétaient tous en claquant les mains.

― Non à l'intimidation.

NON À L'INTIMIDATION.

― Non à ces spécimens.

NON À CES SPÉCIMENS.

Je fixe le sol tandis qu'un autre crissement signe la fin de ce merveilleux discours. Je ne savais pas qu'Ayden était pourvu d'autant de bonté dans l'âme et qu'il pouvait les faire ressortir par un geste aussi élogieux, aussi philippique. Je me détends au fur et à mesure que je regagne ma respiration normale. N'ayant pas l'énergie de me tenir debout, je reste au sol. Fixant le point perdu dans la fente de la céramique. D'un reflet visuel, je compte huit pieds en face de moi. La cloche retentit et la foule se disperse mais ils ne bouge pas d'un millimètre. Quelques secondes passent avant qu'une personne de sexe masculin avance et s'abaisse mon niveau.

― Lèves toi Manon. Donne leur tort, je reconnais la voix de Gabin.

Il m'attrape par le bras et avec l'aide de Soan, il m'aide à me lever. Je me dresse en face de Nina qui m'adresse un sourire d'espoir avec mon sac à dos et un visage inconnu.

― Je voulais m'excuser de t'avoir poussé tout à l'heure.

― Mets tes excuses dans ton anus. Ça t'évitera de produire de la merde.

― Oh mon Dieu Soan! Je tente de le calmer tandis que Gabin lui met son poing en plein la face-. S'il vous plait les gars. J'accepte tes excuses mais n'agis pas par violence à l'avenir, rétorqué-je. Il baisse la tête de honte avant de s'éloigner.

― T'as une sagesse que je n'aurai jamais Manon, crache Gabin en désertant.

Nina et Soan me couvrent de câlin. En une seconde, j'ai pu oublier que je vivais l'enfer. Je me laisse emporter par leur tendresse.

― Il fallait un discours aussi frissonnant depuis des lustres. Tu sais qui t'as défendu? Questionne Soan ébahi.

Je hausse les épaules.

― Si ce n'est pas de l'amour ! À ta place, je le chercherais et l'épouserais, rigole Nina.

― Ouais, tu dois compter pour lui à un point qu'on ne peut estimer.

Je secoue la tête accablée. Je ne me sens plus capable de suivre les cours aujourd'hui. Je le fais savoir à mes amis qui m'accompagnent chercher un billet au secrétariat. Il n'en faut pas beaucoup pour dissuader la secrétaire. Parvenus à ma voiture, Nina me prend dans ses bras et recule.

― Prend bien soin de toi.

― Je te rendrai une petite visite après les cours, ajoute mon ami en m'enlaçant.

― Merci. Je ne sais pas comment je me sentirais sans vous. Retournes-y, les cours débutent sous peu-. On pouffe. Ils tournent le dos lorsque je m'installe dans la voiture.

En conclusion, j'ai quitté mon lit et conduit vingt minutes juste pour subir une humiliation.

Je ne vais pas me plaindre, ç'aurait été pire si Ayden n'avait pas tenu parole. Une qualité de plus sur son profil. Je passe la clef et quitte le parking pressée d'être chez moi. Je laisse jouer 'Bad moon rising' et fredonne le long du trajet. Je ne pense qu'à mon tableau de sentiment. Je vais le baptiser TAC pour Taylor Ayden Côme. Je repasse la musique environ une dizaine de fois avant de débarquer chez moi.

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