•Je suis en vie de Grégory Lemarchal en média.•

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Bonne lecture !!!

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Ayden

Plus tard dans la soirée, après mon bain, je me pose sur le lit de Lola. Je l'observe appliquer une crème sur son visage devant son petit miroir.

― Tu penses quoi de Manon ?

― Elle sème la joie. C’est une bienfaitrice. Et le top, elle s’en fait vraiment pour toi. Tu ne trouveras jamais meilleure...je pense.

Je me tourne vers elle.

― Lola, je ne parlais pas en ce sens.

― Et pourquoi pas? Elle ne te plait pas ?

― Oui, beaucoup. Le problème c’est que je suis bloqué. Elle a fait voler les papillons dans mon ventre. Je croyais que cela suffirait. Je veux l’aimer mais je n’y arrive toujours pas. Je ne veux pas la faire croire en quelque chose qui n’existe pas ou lui donner de faux espoirs. Je suis condamné m’man.

Elle pose son miroir sur la commode et s’avance lentement vers moi. Les yeux voilés, le front creusé par des sillons, elle pose une main consolatrice sur mon bras.

― Probablement parce que tu ne t’es pas pardonné. Pardonner, pour aimer à nouveau. Tu t’en veux encore pour la mort de Sarah.

Je prends un instant de réflexion. Elle n’a pas tort, Sarah vit encore avec moi, en moi et je me sentirais coupable si j’aimais Manon. C’est pour cette raison que je me sens bloqué.

― Crois-tu qu’on peut tomber amoureuse en une semaine? Manon m’a dit qu’elle m’aimait. Je la crois d’instinct. Cependant, je veux savoir comment on tombe amoureux?

Je m’assois et replie mes jambes contre mon torse.

― On tombe amoureuse en une seconde Ayden. Certains trouveront cela trop brusque mais qu’est-ce qu’on s’en fiche! Manon est une fille bien, elle ne te mentirait pas à ce sujet. Il n’existe pas de réponse à la deuxième question. L’amour nous tombe dessus, point. On n’a pas à chercher plus loin.

Elle contourne le lit et se glisse sous la couette. Une main affective se pose sur mon genou. Je lui embrasse le dos de la main.

― Comment me pardonner ? Comment on se pardonne la mort d’un proche?

Elle étire les lèvres sans sourire puis s’accorde un moment de réflexion.  

― Il y a des questions là-dedans, rigole-t-elle en se référant à ma tête. J’aime ça. Avant tu ne faisais pas attention à ta situation. Tu es en train de me prouver que tu veux reprendre ta vie en main pour de bon. Je devine le nom de la personne qui te pousse.

Elle me prend la main, joue avec un instant en essayant de trouver les mots. Je me perds dans ses gestes. Je me sens protéger de mes démons.

― Les scientifiques qui n’ont perdu personne durant leurs existences te décriront cinq ou sept phases pour vivre le deuil. Je ne suis pas psy mais je crois que j’ai assez jeté de premières pelles pour te dire que chaque personne vit son deuil à sa façon avec ses émotions. Laisse parler tes émotions Ayden, comprends les et sois gentil avec toi-même. Je te jure que tu te sentiras mieux par la suite. (Elle prend un instant de silence.) Je m’en veux tellement pour mon absence. En te voyant aussi maussade, je me culpabilise de ne pas avoir été là.

― Ce n’était pas de ta faute. Mon père a voulu que cela se passe ainsi.

Elle lâche une profonde expiration.

― Quand je pense que tu étais seul face à ce truc énorme. Louka était là mais je vous connais, entre mec, vous ne parlez pas de ça. Maintenant, je suis là, tu n’es plus seul fiston.

Elle pose un bisou sur mes doigts.  

Laisse parler tes émotions Ayden, comprends les et sois gentil avec toi-même. Je te jure que tu te sentiras mieux par la suite.

― J’ai trop d’émotions en même temps.

― Je l’ai compris, dit-elle en se référant à hier soir. Colère, culpabilité, regret, confusion, douleur, tristesse, tu ressens tout en même temps. Tu te refermes et avec le temps, ils te rongent et se fondent en toi comme si t’étais né avec. Pour extérioriser, tu te fais tatouer ou casse tout sur ton passage. Ce que je comprends totalement, c’est devenu ton langage. Cependant, cela ne doit pas rester ainsi. Il te faut une personne à qui te confier quand tu te sens ainsi ou bien tenir un cahier pour commencer. Tu verras si tu les communiques, tu pourras dormir la nuit. En tout cas, c’est ainsi que j’ai contré la perte de mon premier mari. S’il y a des promesses que tu peux encore tenir ou des projets que tu peux monter c’est un excellent moyen. Son absence t’aidera à réaliser qu’elle n’est plus là. Rassembler ses objets dans une boite quand tu te sens prêt, n’est pas une mauvaise idée. Ça ne veut pas dire que tu as arrêté de l’aimer; tout simplement que tu avances dans la vie. Tant que tu n’es pas mort, tu dois vivre mon fils. Il n’y a que lorsque tu arrêtes de te culpabiliser que tu feras le premier pas vers le pardon. Tu dois accepter qu’elle n’est plus de ce monde. Tu dois comprendre que l’amour et certains souvenirs ne mourront jamais.

J’assimile ses mots comme on assimile un plat après le jeûne. Je n’ai aucune envie de pousser mon entourage à supporter un mec déplorable le reste de leurs vies.

― Je te promets d’essayer. Pour toi, Zoé, Nonolito, Louka, Adrien, Ophélie et Manon. Pour moi aussi.

Elle m’ébouriffe les cheveux. Je tente de m’éloigner tout en la priant d’arrêter.

― C’est ainsi que je veux t’entendre parler. Avec espoir. Tu ne dois pas lâcher dans les jours les plus difficiles. Aie foie, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.

― Merci m’man.

Elle me fait la bise et me souhaite une bonne nuit. Pour une fois depuis longtemps, je m’endors en pensant à demain...