45. J'ai tué Manon
•Hurts like hell de Fleurie en média.•
''How can I say this without breaking?
How can I say this without taking over?
How can I put it down into words?
When it's almost too much for my soul alone''
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Bonne lecture !!!
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Ayden
Il se fait aisément tard. Les rayons orangers du soleil me laissent croire qu’il est dix-huit heures. Louka choisit de partir un peu plus tard dans la nuit pour remplir son rôle dans le plan tordu qu’il a mis sur pied. Le doute me consume encore mais je décide de lui faire confiance.
Quelqu’un venant toquer à la porte interrompt notre discussion. Je vais ouvrir.
― Ta mère a un inconvénient, elle ne peut pas venir, m’annonce mon père encore en costume.
On ne peut pas dire qu’elle me manque ou que je suis déçu.
― Il en arrive à tout le monde. (Il arque un sourcil.) Des inconvénients, me rattrapé-je.
Il jette un coup d’œil à l’intérieur et Louka en profite pour le saluer. Mon géniteur se contente de lui sourire avant de recentrer son attention sur ma personne.
― Ok ! J’envoie chercher Manon dans une minute. Tu devrais te préparer.
― J’arrive dans un instant.
J’attends qu’il s’éloigne pour fermer la porte.
― Tu ne le trouves pas pâle, un peu ailleurs et plus maigre.
Je soupire de lassitude. Louka remarque toujours le lion là où il n’y est pas. C’est pas comme si Jayden serait malade.
― Je ne vois rien. Tout le monde sait qu’il perdu quelques kilos suite à l’accident.
― Je me fais des idées sûrement. Va te préparer, je ne bouge pas d’ici.
Je pars dans la salle de bain où je me rince le visage et les mains. Deux jours s’est écoulés depuis que je n’ai pas fumé. La tentation se pointe mais je le pourchasse ne voulant pas bombarder Manon du relent de nicotine car Lola l’aurait mal vu. Je me change en chemise noir manche retroussé et un jeans bleu neuf. Je me parfume, m’ébouriffe les cheveux à en devenir irrésistible. J’ôte mes piercings et enfile quatre bagues en argent sur l’index et l'annulaire de chaque main.
Je reviens dans la chambre et trouve Louka allongé sur le lit en train de regarder un film sur mon ordi.
― On se revoit dans une heure, dis-je en quittant la pièce.
Il se lève du lit pour se mettre en face de ma personne.
― Évite de lui briser les os du cœur.
Je lève les yeux au plafond et me retiens de soupirer.
― Le cœur n'a pas d'os Louka... Soupiré-je finalement.
Il glousse et me pousse à l'extérieur de la chambre.
Je descends au rez de chaussée. La gaité des voix qui proviennent du salon me font croire que Manon est arrivée. Je m’avance d’un pas trainant. Elle rit avec mon Jayden. Je ne pensais pas capable d’aimer ce spectacle. Je m’arrête un moment un sourire en coin.
― Ayden, te voilà, se ravit mon géniteur.
Manon me lance un bref regard tandis que son sourire s’agrandit petit à petit. Elle porte une robe rouge ample qui met ses seins en valeur. Je marche vers elle et lui embrasse la joue.
― T’es ravissante, chuchoté-je près de son oreille tandis que son parfum m’enivre.
― J’entends tout, commente Jayden en se dirigeant vers la salle à manger.
Le rire sans éclat de Manon me prouve qu’elle est heureuse ici et en ce moment. C’est la première bonne chose qui s’est produite dans cette maison depuis le 24 juillet. Je pousse la chaise pour qu’elle s’y mette. Je m’installe en face d’elle et nous commençons le repas dans un esprit serein que nul ne peut nuire. Mon père raconte quelques anecdotes de mon enfance que j’aurais préférées oublier. Je suis surpris de voir qu’il s’en souvient encore. Le rire de Manon me guéri le cœur petit à petit. Je la déshabille du regard tout le long du dîner. Elle ne se laisse pas gêner. Pendant quarante minutes, j’ai eu la sensation de retrouver mon père et que tout est normal.
― Tu savais qu’il a regardé Le roi lion une cinquantaine de fois dans une année? Il ne se lasse jamais de ce film. J’ai fini par l’emmener à Disneyland à ses dix ans.
Quel honte.
Je n’ai rien pour ma défense et Manon se moque délibérément de moi. Je n’aurais jamais révélé ça à qui que ce soit. Je me remplis la bouche de risotto pour éviter de me laisser contaminer par le rire de Manon. On termine le dîner dans une joie de vivre qui avait disparue, il y a longtemps.
― C’était délicieux ! Merci monsieur Taylor.
― Pour toi, je suis Jayden. Tu m’as apporté des éclats de rire. Cela me manquait.
Dans une euphorie, nous nous levons de table. Mon père nous conduit dans le hall d’entrée. Comme si j’allais accompagner Manon chez elle.
― Je vais dire au chauffeur de t’amener chez toi.
― Je vais la retenir une seconde, déclaré-je.
Il hausse les sourcils et finit par sourire. Il est moche.
― Je vous laisse, commente-t-il en s’éloignant.
Les yeux de Manon me balancent une dizaine de questions. Je lui tiens par la taille et le conduit vers l’étage supérieur.
― Tu as ton portable? Murmuré-je.
Confuse, elle me répond d’un hochement de tête. Je l’emmène dans ma chambre colorée et garde la porte ouverte. J’allume les ampoules, et tout est en ordre. Je saisis le portable de Manon que je jette sur le lit. Je suis ravie qu’elle soit silencieuse jusque-là. Mon cœur tambourinant, je soupire et commence :
― Nous rapprocher était une erreur. J’ai compris que je ne pouvais rien t’apporter de bon. Au lieu de perdre ton temps avec moi, j’ai jugé mieux de ne plus t’adresser la parole.
Mon ton est dur. Plus dur que je ne l’aurais voulu. J’en souffre, merde. Je la vois battre des lèvres sans prononcer la moindre parole. Je continue :
― Je suis désolé de te faire croire que tu comptais pour moi. Tu ne peux pas me sauver. Pendant un instant j’ai cru que tu pouvais.
― Mais…
Je glisse mes mains dans mes poches. J’ai envie de lui enlever cette robe et la prendre dans tous les coins de la pièce mais le connard qui sommeille en moi lui raconte toutes sortes de bobards en pensant agir pour son bien. Je me mords le bout de ma langue.
―Tu ne peux pas. Je ne le mérite pas.
― N’ajoute plus un mot, sanglote-t-elle.
― Ne perds pas ton temps avec moi. À partir d’aujourd’hui ne m’adresse plus la parole. C’est fini. Je suis condamné. Tu ne le vois pas. Ce dîner qui n’est autre qu’une mascarade n’aurait jamais dû avoir lieu. Tout autant que notre baiser et… notre rencontre.
Elle se tourne d’un bond, elle place ses deux mains sur sa nuque et lève la tête vers le plafond. Les larmes dévalent jusqu’à son cou, puis ses seins. Je déteste ce que je vois.
― Non non non. Tu ne peux pas me faire ça.
Je commence à ne plus me supporter.
― Tu vas poursuivre ta vie comme si rien ne s’était produit. Oublie-moi.
Mon ton est sec. Pour la première fois depuis que je connais Manon, ses yeux me renvoient autant de peine.
― T’es un gros lâche Ayden. T’as peur de vivre, de tes sentiments. T’as peur que quelqu’un arrive à faire battre ton cœur. Au moindre signe d’espoir, tu prends la fuite.
― C’est ce qu’il faut. Je suis toxique pour toi. Je te ferai beaucoup de mal Manon. C’est ce que tu veux?
Elle pleure en silence et je fais un pas vers elle avec l’intention de la prendre dans mes bras.
― Ce n’est pas à toi de décider ce qui est bien pour moi. Ayden, t’es la meilleure chose qui me soit arrivé cette année.
Une autre putain de larme s’échappe de son œil gauche. Je m’en veux de la faire pleurer. C’est plus dur que je ne l’aurais imaginé.
― Va-t’en.
― Quoi?
― Laisse-moi seul avec moi-même, Manon. S’il te plait.
Je lui tourne le dos n’ayant plus le courage de la regarder en face. Qu’est ce qui m’arrive? Il m’était facile de la torturer en la fixant dans les yeux avant. Depuis ce putain de baiser, je perds les pédales.
― Je t’aime Ayden.
Hein ?
Je tombe de haut et mon cœur s’écrase sur la mosaïque. Mon pouls s’accélère et mes paupières battent plus vite. Je sens un souffle de vie pénétrer mes poumons et chaque cellule me constituant. Je ne mérite pas de son amour. Tout mon corps est tétanisé et pour une fois j’ai envie d’avoir un miroir en face de moi juste pour voir l’effet de ses paroles sur mon visage. Une vague de frisson chaleureuse me parcourt tout le corps. Je n’ai pas la force de me tourner.
Cette fille magnifique m’aime.
― Je n’ai pas cherché à t’aimer. Ça m’est tombé dessus comme tombe un dôme et je n’ai eu aucune issue. Et je voulais que tu le saches avant que je parte, renifle-t-elle.
Le fait qu’elle m’aime me brise le cœur sachant que je ne pourrai jamais lui offrir ne serait-ce que le dixième de ce qu’elle mérite.
Je l’entends partir. Je me retourne lentement et projette ma vue en direction de la porte. Je passe mes mains à travers mes cheveux et soupire. Je la cherche dans toute la pièce mais elle n’est plus là.
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