44. Like a Baby

Cleanin out my closet de Eminem en média.•

''I'm sorry momma!
I never meant to hurt you!
I never meant to make you cry, but tonight
I'm cleaning out my closet (one more time)
I said I'm sorry momma!
I never meant to hurt you!
I never meant to make you cry, but tonight
I'm cleaning out my closet''

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Bonne lecture !!!

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Ayden



―Ayden ! Réveille-toi, dit Lola tout en me secouant.

J’ouvre les yeux en bourdonnant des mots incompréhensibles. Ses yeux étouffés d’affection sont les premières choses que je vois. Je me courbe pour me mettre debout et enfiler mes pantoufles. Je m’étire et me frotte les paupières pour chasser la fatigue.

― Il est tôt m’man, lamenté-je.

Elle penche la tête vers le réveil qui indique 7h21. Je tentais de me rallonger quand elle tire sur mes bras, m’ébouriffe les cheveux pour me réveiller. Et cela marche puisque je déteste qu’on dérange mes cheveux.

― Viens.

Je pousse un gémissement. Elle m’embarque dans sa salle de bain où la baignoire est remplie d’eau. Je laisse tomber mes bras d’épuisement. Ses bras croisés me font comprendre qu’elle ne supportera pas que je paresse. Je me soustrais à ôter ma chemise pyjama, puis mon pantalon et mon caleçon. Mon corps est à nu devant Lola qui détaille mes tatouages un à un.

― Je ne peux pas croire que tu puisses faire autant de tatouages en l’espace de deux ans.

Je ne bronche pas. Ma peau est à moitié couvert de tatouages la plupart ayant une signification et d’autres juste pour me mutiler. Je m’avance et m’enfonce dans le liquide tiède. Ça fait du bien d’être à nouveau un enfant. Je souris et me mets à jouer avec la mousse et en déposer sur mes joues et le bout de mon nez. C’est le rire amusant de Lola qui me fait prendre conscience ma stupide distraction. Je me stoppe net et l’observe.

― Non continue. T’es grave mignon. J’aime te voir ainsi Ayden.

Je gonfle les mâchoires et me secoue la tête pour faire éclabousser les mousses partout dans la pièce. Elle attrape une chaise et près de la baignoire prête à s’élancer dans une conversation.

― Tu as bien dormi hier soir? demande-t-elle en attrapant une fleur de bain.

Elle commence à frotter mon torse, le regard voilé.

― Comme un bébé.

― Ton père voulait t’appeler une psy. Je lui ai dit qu’aujourd’hui t’es un bébé. Les bébés ne suivent pas de psy. Non ?  

Je roule les yeux. Cet homme ne sait qu’imposer ce qu’il veut. Pourquoi ne pas m’en avoir parlé avant de prendre une quelconque initiative.

― C’est exact. Merci.

― Ce n’est pas bien mais je l’ai fait juste pour que tu saches qu’il va en appeler un. Tu dois en parler à quelqu’un. Cette crise est grave.

Je tourne les globes oculaires sous mes paupières. Les larmes chaudes me montent aux yeux, je n’en ai jamais parlé à personne. Pas même Louka. C’est une partie de ma vie que je préfère oublier pourtant chaque respiration me rappelle qu’elle ne peut plus. À chaque fois que je marche, je suis obligé de me souvenir qu’elle n’est plus.

― Je ne veux pas de psy m’man. Je préfère me livrer à toi.

Mes larmes échouent dans mon bain pendant que les yeux remplis d’amour de ma mère m’hypnotisent. Elle cesse de me frotter le torse et abandonne la fleur de bain. Elle glisse ses doigts à travers mes cheveux.

― Les choses ne fonctionnent pas de cette façon Ayden. Il te faut une professionnelle et moi je ne saurais t’aider en ce sens ou te conseiller… Tu dois accepter le psychologue quand tu en ressens le besoin. Je sais que ce ne sera pas facile au début mais le résultat s’en ressortira. Crois-moi, formule-t-elle d’une voix apaisée qui me détend les muscles.

― Mais c’est grâce à toi si je suis en vie. C’est toi qui m’as élevé et tu as réussi. Personne ne guidera mieux que toi. Je ne veux parler qu’à toi.

― Oui mais il faut le psy aussi.

― Non !

― Non? C’est quoi ce bébé? Glousse-t-elle.

Elle finit de me laver dans un silence paisible. Elle monte dans ma chambre prendre mes vêtements et m’habille avec autant d’affection que lorsque j’étais enfant. Elle hume le parfum de mes habits.

― Tu sens bon, sourit-elle. Je lui fais une bise sur le front. Ça te dit de m’accompagner au super marché. Ton père va appeler quelqu’un pour arranger ta chambre, le personnel arrive sous peu.

J’écarquille les yeux songeant au papier de Tiago. Je dois le récupérer avant qu’il s’égare parmi les déchets.

― Je te rejoins dans deux minutes dans le hall.

Elle opine du chef. Je me rue dans ma chambre. Je remarque le papier blanc dans la poche avant de mon boulon en cuir noir. Je m’en empare :

« Un truc ne tourne pas rond. Je ne sais pas de quoi il s’agit. Je te tiens au courant. Ne m’appelle pas. Tes deux portables sont sur écoute ainsi que celui de Louka et de Manon. »

Hein ? Je relis le mot une dizaine de fois pour m’assurer de ne pas avoir sauté un mot ou d’avoir bien saisi le sens. Il ne sait pas ce qui cloche au JF8. Ce n’est pas non plus un endroit où tout est transparent. Ce fut le but depuis sa construction, et on ne s’attend pas à ce que ce soit le cas aujourd’hui. Ce qui m’alarme le plus est que le portable de Manon soit piraté. Pourquoi ils s’acharnent sur elle? Ces maudits criquets. Je prends mon ordi afin de savoir combien j’ai sur ma carte bancaire. Vingt mille. Ok. Bien joué Jayden.

Maintenant Louka doit savoir. Des dizaines de questions me trottant dans le cerveau, je pianote sur mon clavier. Je lui donne rendez-vous dans une demi-heure et retrouve maman en bas, sur le seuil de la porte.

― On y va ? Lui demandé-je.

Elle acquiesce de la tête et me suit jusque dans ma voiture. Je n’ai pas aperçu mon père mais, je présume qu’il est présent au vue de sa voiture. Par instinct, je jette un coup d’œil vers la fenêtre de sa chambre. Les rideaux sont tirés, j’en conclus qu’il est sorti de son lit. Je déverrouille les portières de ma Lamborghini et nous nous y installons. Mon portable vibre, c’est Louka qui me répond pour me demander où est-ce qu’on se rencontre.

― Je t’emprunte ton portable? Lui demandé-je. Je compose le numéro de Louka et lui envoie un message pour l’avertir que je me rends au Target d’Emeryville-. On se rend à Emeryville, annoncé-je à Lola.

― Je m’en doutais, rit elle.

Le moteur en marche, j’active le GPS et met du Eminem à fond. On discute tout le long du trajet. Je me gare et avertis Louka avant d’accompagner Lola à l’intérieur. Il me dit qu’il est tout prêt. Je reviens à l’extérieur et en effet, il apparait dans mon champ de vision. Je lui demande son portable que je mets dans la boite à gant de la voiture. Il m’interroge du regard. Je lui fais signe de se taire, il joue le jeu. On passe la porte d’ouverture du magasin et je propose à Lola de partager la tâche. De plus ça me permet de rester loin de nos pièges.

― C’est quoi cette simagrée ? S’irrite Louka une fois Lola partie.

Je lui transmets le mot de Tiago tout en marchant vers le rayon boisson avec ma roulette. Il le lit, le front plissé, il ajoute :

― Quoi? Qui ferait une chose pareille? Et pourquoi?

― Excellentes questions. Tu connais quelqu’un qui saurait vérifier cela?

Il prend un instant de réflexion. Je jette une quantité de jus dans le panier en attendant sa réponse. Je regarde ma liste tout en avançant.

― Oui. Jack peut le faire. C’est un gars fiable. On peut y aller en sortant d’ici.

Je suis soulagé d’entendre cela.

― Ok ! Je dépose maman chez nous ensuite on repart.

Il sourit et m’aide à prendre les bouteilles.  

― Tu l’appelles encore maman?

― Oui, c’est pour ça que Nonolito est notre frère.

)()(

Il s’est écoulé pas moins de deux heures avant qu’on arrive sur le pas de la porte de Jack. C’est un appart dans North Beach où le vent est violent à la fin de l’été. Il nous laisse attendre deux minutes avant d’ouvrir. Mes yeux ont le temps de visualiser l’état de son quartier. Calme, le graffiti est partout mais ceci apporte de la couleur. C’est laid pour les gens de mon quartier mais j’aime bien.

― Hey ! Désolé les bouges. (Je grimace.) Je sortais de la douche lorsque vous avez sonné. Il nous fait une accolade puis nous invite à entrer.

On a grandi avec Jack mais on ne le comptait pas dans notre petit groupe d’ami. C’était le genre de personne avec qui tu passes six ans au lycée sans vraiment que tu prêtes attention à sa vie. Pourtant, on ne se détestait pas. Seulement que chacun vivait dans son monde.

Il ouvre la première porte à droite. Son appartement est bordélique. Des vêtements trainent partout dans son salon, les vaisselles empilent dans la cuisine et je n’ose même pas regarder le plancher. Il nous invite à entrer dans une petite pièce sombre où se planque quatre ordinateurs côte à côte. Leurs écrans allumés sont les seuls objets que mes yeux distinguent. Il tire sur une chaise dans un coin. Une clique et je lis « Essayons d’entretenir une conversation futile. » sur l’écran.

― Qu’est-ce que vous faites de votre vie les gars? Demande-t-il.

Il nous invite à nous installer sur des fauteuils à roulettes. Relaxés, on joue le jeu. Pendant que je commence à débattre sur ma vie imaginaire, il nous serre une boisson rafraichissante. Il nous prend nos portables et commence à travailler. Je ne vois que chinois dans ce qu’il fait mais deux minutes plus tard, il termine et Louka n’a pas eu le temps de briefer sa vie. Je suis surpris par la rapidité de son boulot. Il nous entraine dans la pièce d’à-côté.  

― Qui vous grille ainsi? En tout cas, il est futé. Il surveille vos SMS, appels, contacts, mails, votre galerie. Disons qu’il a une copie de vos téléphones. Le pire c’est qu’il a réussi vous niquer votre dictaphone. En gros, c’est comme la puce. Si vous parlez à moins de dix mètres, il vous écoute. Même si le portable est éteint ou dans un endroit fermé comme une boite ou une voiture.   

Putain !

― Ok, dis-je pour maitriser ma fureur. Louka remarquant la pointe de colère dans ma voix prend les devants :

― Merci mec. On gère.

Il lui donne quelques billets qui satisfont Jack. On part récupérer nos balances. On les met dans la poche de nos jeans essayant de nous retenir de parler. Je n’arrive pas à le croire. Depuis quand est ce qu’on vit ainsi? Comment Tiago a pu le savoir? Est-ce que Manon doit le savoir? Elle est certainement en danger. Je serai imprudent de ne pas lui en parler. J’ai une puce sur moi. Je m’attendais plus à une balle qu’à cette lâcheté.

Je tape du pied dans la gente de la voiture de Louka. Je m’y installe avec une rage explosive. Louka se contrôle mieux que moi. Lorsqu’il démarre, la musique d’Eminem m’aide à chasser une partie de ma colère. Je suis une proie. J’ignore depuis quand et qui me pourchasse. Une chose est sûre, cette personne est appauvrie de bonnes intentions.

Et toutes les réponses se trouvent au JF8.

Absorbé par les questions, je ne réalise pas quand on arrive chez moi. Louka claque les doigts dans mon champ de vision pour me ramener dans la réalité. Je pose pied sur le sol et claque la portière. On abandonne nos portables dans la voiture et on rentre dans la maison direction ma chambre grise. Je ne tiens pas à ce que Louka sache que j’ai détruit mon logement. À destination, Louka déverse sa rage sur ma lampe de chevet puis étire ses cheveux. Il se déplace avec une vivacité troublante.

― On nous prend pour des moutons ? Je dois savoir qui me joue ce sale coup de traite. Son regard me dictera s’il mérite de vivre ou non. Il est possible que ce manège ait duré un an Ayden. Il nous espionne, contrôle notre vie en douce. Je te jure que Jaime en ait pour quelque chose. Tiago ne nous a pas menti. S’ils préparent un coup contre nous, on doit le savoir et leur faire la surprise de leurs saloperies de vies.

― J’embarque. À l’aide de Tiago, on saura l’essentiel. Il nous faut un plan.

― J’ai quelques idées. Tu dois avertir Manon. Je devine que tu vas devoir lui raconter une partie de l’histoire. Tu comptes toujours casser avec elle?

Mon cœur se serre et devient une putain de boule destructeur qui m’écrase les poumons. J’ai envie d’être avec elle, de partager ma vie si elle était parfaite avec elle aussi mais, je ne peux pas.

― Je n’ai pas le choix.

Louka s’arrête pour m’observer.  

― C’est là que tu te trompes. Ces chiens autant qu’ils sont ne méritent pas le moindre sacrifice. Putain. En deux ans, tu n’as jamais rencontré une fille comme Manon. Je t’interdis de la lâcher à cause de ces ordures.

Les mots de Louka me piquent le nez ce qui provoque une montée de larmes.

― Tu crois que je me réjouis de ne plus pouvoir lui parler? Tu crois que j’en ai marre d’elle? Ou que je rêve de me débarrasser d’elle? Que ça ne me fait rien de l’abandonner? Putain ! Je n’ai pas le droit de la mettre en danger. Notre ennemi est une vipère à plusieurs têtes. Elle n’a pas besoin de courir ce risque avec moi Louka. Je ne la connaissais pas encore lorsque je multipliais les gaffes. Elle n’a pas besoin de moi. Personne n’a besoin de ça. Ma voix s’étouffe à la fin.

Louka me reluque comme si je venais d’une autre galaxie. Je déteste ça.

― Quoi?

― Quelque chose à changer dans ta façon de parler d’elle, sourit-il.

― Et bien au lieu de contrôler des futilités, tu ferais mieux d'élaborer un plan.

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