40. Home with mom
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Bonne lecture !!!
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Ayden
Je continue de manger mon pain pendant que Lola s’approche un peu.
― À quoi tu penses... sous le soleil?
Je me retourne face à elle. Elle fronce les sourcils, un peu déçue de voir ce que je suis devenu. Je n’en suis pas fier mais la vie ne m’a pas laissé le choix.
― Je n’ai pas senti le soleil.
Elle secoue la tête de chagrin et lâche ses bras de désespoir le long de son corps, son regard est plein de compassion. Elle finit par revenir dans la chambre où je la suis.
― Il s’est passé beaucoup de choses en mon absence?
Je m’appuie contre l’embrassure de la porte qui mène au balcon, une main sur la nuque. Embarrassé à l’idée de lui raconter ma vie, je m’aventure sur un autre sujet.
― Comment il t’a convaincu de revenir?
― En me disant que t’es au plus mal et que t’as grave besoin de moi. Tu sais que tu es mon faible. Je n’ai pas pu refuser.
Lola a toujours rempli les fonctions d’une mère dans ma vie. Je me sentais plus proche d’elle que de ma mère biologique comme si c’est son lait qui m’avait nourri durant mes premiers mois. Je ne l’ai jamais appelé par son prénom contrairement à ma mère. Je sais que je peux compter sur elle, quoi qu’il en soit. Elle est ma mère, celle que j’ai choisie. Nonolito est mon frère, je l’aime autant que Zoé et Louka.
― Depuis quand? Qu’as-tu fait en ces deux ans? Qu’est devenu Nonolito? Dis-m’en tout.
Elle contourne mon lit et prends les paquets de cadeau. Il me donne le bleu.
― C’est pour toi. J’ai été libraire. En deux ans, j’ai lu plus de livres que je n’aurais cru pouvoir en lire. Nonolito est à l’université de San Diego, quatrième année de médecine.
On peut dire qu’il s’est sort bien.
― Médecine. C’est le top. Il a quelqu’un dans sa vie maintenant?
― Pas que je sache.
Nonolito et moi, on vivait ensemble à une époque. On mangeait, dormait, allait à l’école ensemble. On se racontait tout. Disons que durant son adolescence son physique n’a pas joué en sa faveur. Il avait un corps mince et des taches de rousseur sur tout le dos, un peu sur le front. Il était un mec posé dans son coin et cela ne lui a pas laissé sa chance auprès des filles. Il a connu que deux filles, entre treize et quinze ans, entre dix-sept et dix-huit. Parfois il ne se sentait pas à sa place à nos côtés même si on faisait de notre mieux pour lui mettre à l’aise.
J’ai perdu contact avec lui suite à l’accident. Pas qu’il s’en ait tiré, mais je jugeais mieux de le garder hors de ma nouvelle vie.
― Tu pourrais me refiler son contact.
― Bien sûr. Passe-moi ton portable. Ouvre ton cadeau en attendant.
Il me prend mon portable et tape le numéro sur le clavier avant de l’abandonner sur le lit. J’ouvre mon cadeau : des livres, sept livres au total. Je fronce les sourcils. Je n’ai jamais aimé lire et elle le sait.
― Merci mais…
― Tu ne lis pas. Je sais. Un début à chaque chose. Commences par lire les titres et tu m’en diras celui qui te tente le plus. Ce ne sont que des fictions.
― The notebook de Nicholas Sparks, La servante écarlate de Margaret Atwood, Les chiens de Baskerville d’Arthur Conan Doyle, L’outsider de Stephen King, Seigneur des anneaux 1, 2,3 de J.R.R. Tolkien. Ils paraissent bien, merci de penser à moi.
Je les range dans un tiroir de ma commode vu que je n’ai pas d’étagère.
― Celui-là est pour Louka. Il m’a invité à son anniversaire, comme je ne serai pas là, tu lui donnera en mains de ma part. Elle me touche les cheveux-. Tu as grandi. T’es un grand garçon maintenant et beau. Je n’ai pas vu le temps passé, mon fils.
Le fait qu’elle m’appelle encore 'mon fils' comme au bon vieux temps me réchauffe de l’intérieur. Un sourire nait sur mon visage et je lui embrasse le creux de sa main en une dizaine de petits bisous. Ce sont les mains qui m’ont bercée toute mon enfance.
― Dis-moi, mon père n’a rien à voir avec nous. Il ne va pas polluer notre relation.
― Je suis là pour toi mon bébé. Il n’interfèrera pas entre nous. J’aimerais tant que rien de cela ne se soit produit. Je ne sais pas ce que je donnerais pour que tu redeviennes comme avant un bébé, que je prenne soin de toi du matin au soir.
― Et si je devenais un vrai bébé durant un jour.
Elle glousse et hausse un sourcil.
― C’est quoi le délire ?
―Tu me considères comme un bébé pendant 24 heures. Tu me réveilles le matin, me coule un bain et me lave. Tu m’habilles et me donnes à manger. Tout le tralala, articulé-je doucement.
Lola ferme les yeux comme pour imaginer une journée.
― Je serais ravie.
Je souris et lui lâche la main. Elle va vers le lit et me tend mon Flat White.
Je le prends et bois une gorgée, un goût sucré latté envahit ma bouche.
― On peut le faire demain, je serai libre toute la journée. Et je veux te parler de quelques choses.
L’écarquillement de ses yeux me fait rire. Des rides apparaissent quand elle sourit. Elle s’affaisse sur le lit et me fixe.
― Je croyais que ce moment n’allait jamais venir.
Je me joins à elle. Qu’est-ce que je donnerais pour lui avouer le poids qui pèse sur ma conscience? Mes mains posent le mug sur le plateau et mon regard se perd au loin alors que mon cerveau se tue à la tâche pour trouver un début à ce que je veux dire.
― Il y a une fille qui m’aide à aller mieux. Quand je suis avec elle, tout me parait plus clair. Il n’y a plus de démons ou de cauchemars. Elle ressemble un peu à Sarah et rien que pour ça je lui ai pourri l’existence durant trois jours. Mais sous les conseils de Louka, je décide de me comporter bien avec elle. Il pense que je l’aime, Jayden également. Moi, je ne sais pas, je suis perdu. Je n’arrive pas à poser un nom sur mes sentiments.
― Si tu savais ce que tu ressens et que c’est de l’amour, tu accepterais de lui ouvrir ton cœur ? Elle me questionne une lueur de malicieuse dans les yeux.
Lui ouvrir mon cœur? Si seulement, elle savait que je n’en ai plus un, elle ne me poserait pas la question.
― C’est une question à piège? Je ne sais pas. Je n’ai pas de papillons dans le ventre ni un cœur qui tambourine etc… Si tu te trouvais dans une situation dangereuse où tu devrais ne plus lui parler pour son bien, tu lui dirais les raisons qui nous séparent ou pas ?
J’ai vraiment besoin d’un élément de réponse. Les Criquets ne me laissent pas le choix avec leur stupide course à la con. Je dois accepter. Je dois éloigner Manon de moi, pour son bien.
― Ayden, ne me dis pas… Quand je suis partie, tu m’as promis que les bêtises étaient terminées. Dans quoi tu t’es fourré d’abord?
Je ne peux pas mentir à Lola. Alors, je baisse la tête pour lui répondre.
― Une course de rue, rien de grave. Allez, réponds-moi.
Je mens à nous deux.
― Et je suis la plus grosse imbécile sur Terre.
Je me demande si c’était une bonne idée de lui en avoir parlé. C’est qu’une question d’habitude. Avant, je lui disais tout. Et voilà que sur un coup de tête, je lui balance pour la course. Bien sûr qu’elle va vouloir en savoir plus et me protéger par la suite quitte à en parler à mon père. Je passe une main furtive sur ma face. Le Flat White devient amère dans ma bouche. Je souffle pour mieux respirer.
― Dis-moi. Je suis soulagée de voir que rien n’a changé entre nous.
Cette phrase me rassure un peu.
― J’ai dû faire des boulots pour subvenir à mes besoins, avec des gens pas fréquentables parfois… Ils veulent s’en prendre à Manon, la fille avec qui je me sens bien, si je refuse la course. Donc je dois casser tout contact avec elle. Mais est-ce la meilleure initiative ?
Ma maman prend un temps de réflexion. Son front se plisse et se déplisse. Des rides apparaissent quand elle se pince l’intérieur de la joue. Ses yeux deviennent des fentes tandis qu’elle traine une main sur mon épaule.
― Manon est un beau prénom. À ta place, j’examinerai son comportement. Si je vois qu’elle est assez mature pour comprendre et accepter la réalité. Je lui dirai sinon vaut mieux garder ça pour toi. On n’est jamais trop prudent.
Je me plonge dans mes réflexions. Manon est sensible et altruiste. Si je lui dis tout, elle voudra forcément m’aider d’une manière ou d’une autre sauf si ça implique de me laisser seul. Elle est du genre à être là pour les autres. Je l’ai pigé hier soir quand elle m’a permis de l’enlacer.
― Elle est mature mais elle ne voudra pas m’abandonner. J’ai ma réponse. Merci m’man.
― Je remercie l’univers que tu t’attaches enfin à quelqu’un. Dis-moi tout sur elle.
Je m’élance dans la description de Manon, ce que j’aime en elle en passant par ce qu’elle fait dans la vie. Je ne manque pas de lui dire que mon père l’a invité à diner demain. Elle a sursauté de joie et se promet de concocter le meilleur risotto de tous les temps. Elle me taquine sur le truc du papillon dans le ventre. Elle me jure que parfois ce n’est pas présent au début que ça vient, que n’est pas la stricte définition de l’amour. J’ai droit à un cours sur le pardon, puis sur l’amour et sur le fait de se laisser une chance. Il est vrai que Manon a réussi à atteindre mon cœur mais c’est impossible entre nous. Je ne suis pas prêt pour me livrer à une personne. Après tout s’aimer c’est aussi rester loin l’un de l’autre pour se protéger. Non?
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