37. Apprendre à aimer
•Savoir aimer de Florent Pagny en média.•
''Mais savoir donner
Donner sans reprendre
Ne rien faire qu'apprendre
Apprendre à aimer
Aimer sans attendre
Et aimer à tout prendre
Apprendre à sourire
Rien que pour le geste
Sans vouloir le reste
Et apprendre à vivre
Et s'en aller''
~~~~~~
Bonne lecture !!!
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Ayden
J'examine les deux pages durant une heure. À la fin, je comprends que je serai élève du PDG donc mon père et je serai responsable d'une partie des relations nationales et étrangères. En échange d'une partie de ma liberté. Je ne passerai plus une nuit dehors. Je ne participerai plus à des affaires louches (deal, drogues, vente des voitures, courses...). Et autres restrictions du genre. Il fera venir ma sœur pour mon anniversaire qu'on fêtera le 28 février puisque l'année à venir n'est pas bissextile. Je gagnerai une liasse de 10.000 par semaine. C'est largement plus que ce que je gagne avec Jaime en un mois. Mais c'est dommage de réaliser qu'il faut un contrat pour que mon père me verse de l'argent. Je lis sa signature au bas des pages; puis je pèse le pour et le contre.
Mon père m'a laissé pour-compte durant deux longues années, il m'a brûlé deux tatouages après m'avoir obligé à assister les cours dans un lycée qui aujourd'hui qui ne me correspond plus. Honnêtement, je ne vois pas ce qu'il pourrait me faire de pire. Je prends ma plume et signe sur les deux pages. Ça ne me fait aucun effet contrairement à ce que je pensais. Je saisis donc mon portable et compose le numéro de Jaime.
« ― Allo !
Je vais me poser devant la baie vitrée du salon, le portable entre mon épaule droite et mon oreille, j'essaie d'allumer une clope.
― Comment ça roule avec le business?
Il tousse.
― T'es sérieux? Tu as disparu depuis que je t'ai parlé de la course Ayden.
― Je t'appelle à ce sujet.
Je réussis à mettre le feu à ma cigarette et tire une bouffée que je crache avant de prendre mon portable dans ma main droite.
― Je t'écoute.
Son ton est calme.
― Pourquoi les criquets réclament une course à moto?
― Tu le fais exprès, j'espère.
― Non. Sérieusement? Je ne crois pas cette histoire de sexe que tu me racontes, en plus toutes les filles avec qui je couche sont consentantes.
― Charabia ! Tu sais très bien comment ça se passe dans le milieu.
Je gratte ma barbe un tiers de seconde et effectue deux pas pour coller mon front à la baie vitrée. Je vis un enfer.
― T'as un nom?
Il lâche un long soupir, signe qu'il n'en sait rien. Je parviens à entendre sa déglutition. J'éteins la cigarette sur la baie vitrée et jette le reste à l'autre bout de la pièce.
― Ils m'ont rien dit. Je n'ai pas cherché à savoir. Ils m'ont dit que la course suffira pour te faire pardonner.
Je me tais un long moment.
― Je suis désolé Ayden.
― Et si je leur versais de l'argent?
― Ne penses pas à ça. Ils pourraient te le faire payer sans fin.
― Ils ne me laissent aucune autre option.
― Ils sont généreux à nous laisser un mois.
― Ouais, bien sûr. »
Je raccroche et laisse tomber mon portable au sol, le bruit du fracas retentit dans toute la pièce. Je suis dans la merde. Un grand cri sort tout droit de mes tripes et résonne dans l'appart. Je tire sur mes cheveux avec pression et finis par taper contre la vitre. Je reste sans bouger pour me calmer. Détendu, je retourne dans la chambre. J'arrive à étirer mes lèvres en voyant Manon allongée paisiblement sur le lit. Je vais me tenir en face d'elle. Quel conseil me donnerais-tu si je t'en parlais ?
J'éteins la lampe et me dirige vers le canapé. À force de chercher à savoir qui est cette supposée sœur de Sab, le sommeil fini par m'emporter.
)()(
Je me réveille en pensant encore à cette histoire de sœur de Sab que j'aurais baisée. Et je suis toujours persuadé que c'est un gros canular. Quand l'aurais-je fait? Et si c'était vrai, pourquoi ne pas en venir aux mains? Une grande bagarre ouverte entre deux gangs me paraitrait plus clair.
Faut que je me renseigne.
Je jette un regard vers le lit afin de vérifier si Manon dort encore. Elle est bien là. Je baille et marche en direction de la salle de bain où je me brosse les dents et me rince la figure. Manon sommeille à mon retour, ne voulant pas la réveiller, je m'en vais prendre mon portable près de la baie vitrée, là où il a atterri hier soir. Je lui envoie un message :
^À Manon
Je vais nous prendre un déj à l'épicerie du coin.^
J'arrive au rez-de-chaussée et je vous laisse imaginer sur qui je tombe. La journée s'annonce mal. Je roule les yeux et trace mon chemin en espérant qu'elle va me foutre la paix.
― Oh Ayden ! Mon amour, tu m'as manqué? Que faisais-tu tout ce temps?
Je souffle d'énervement et essaie de fuir la conversation. J'accélère le pas. Il ne lui en faut pas beaucoup pour me rattraper. Je lâche un soupir.
― Mon amour ! Pourquoi tu me fuis? Tu ne vois pas que je suis folle de toi, déclare-t-elle en me volant un baiser au coin des lèvres.
Je la repousse légèrement.
― Écoute Clara. Tu ne sais rien de moi. Je suis pressé.
Elle me touche le torse et ça me rebute.
― Non, tu mens. Je suis prête à quitter Liam pour toi Ayden. Tu es nettement supérieure à lui physiquement que moralement.
Que je déteste les filles qui ont ce genre de réflexion. Non parce qu'elle a tort mais je déteste qu'on me compare à quelqu'un.
― Ok! Laisse-moi y aller.
― Je t'accompagne. Entre temps, on pourrait discuter.
Clara n'est clairement pas mon type de fille mais je ne peux l'empêcher de me suivre.
― Comment vas-tu? Pourquoi tu préfères parler à Manon qu'à moi?
Que Dieu me vienne en aide.
― Je vais bien.
Mon ton est aussi sec que le désert du Sahara.
― J'ai compris qu'elle ne t'aimait pas du tout. Elle s'en foutait que tu ne sois pas venu à l'école.
Décidément, cette fille sème la mauvaise graine.
― Ce n'est pas en crachant sur les autres que tu gagneras une place dans mon cœur vu que c'est ce que tu souhaites.
― Donc tu penses que je peux en gagner une ? Je savais que je te plaisais.
Je lève les yeux et me mets en face d'elle.
― Que cherches-tu Clara?
Elle me touche encore le torse en se mordillant la lèvre inférieure. Est-ce qu'elle constate qu'on est en pleine rue là?
― Je te cherche. Tu me plais vraiment Ayden. Je crois qu'il a du bon sous cette carapace.
Cette phrase me fait rire intérieurement. Pourquoi les gens ont cet obsession pour les personnes qui veulent garder leurs vies et leurs passées top secret? Comme s'ils en avaient besoin pour avancer dans leur vie. Si c'est le cas, leurs vies doivent être bien ennuyeuse.
― Et si on poursuivait cette conversation l'an prochain. Je suis pressé.
Comme la chair humaine sa date d'expiration, son visage se décompose et devient un mélange de toutes les émotions négatives. J'étire mes lèvres sans sourire, ce qui a le malheur de lui donner de l'espoir. Je passe à côté d'elle et poursuit ma route.
― On se voit bientôt beau gosse.
Je souffle de soulagement. Heureux de m'être débarrassé d'elle, j'accélère le pas vers l'épicerie où j'achète un Milk shake, un jus d'orange ainsi que des muffins.
Revenu à mon appartement, je retrouve Manon enroulée dans les draps. Je ne veux pas la réveiller mais je dois partir au JF8 puis voir mon père afin d'être libre en fin d'après-midi pour peindre. Le temps me fait la course et il est déjà 9 h 42. Je perds deux minutes à l'observer puis pose mes achats sur le sofa.
Je reviens vers elle et m'assois.
― C'est ma faute si tu es dans cette merde. Je ferai n'importe quoi pour t'en sortir, quoi qu'il en coûte.
Je lui touche les cheveux afin de la réveiller. Elle ouvre les yeux petit à petit et sourit en voyant mon visage. Ramollie par le sommeil, elle peine à s'asseoir. Je lui apporte son milk shake et les muffins. La brune s'arrange les cheveux en fixant son déj.
― Où est le tien?
Du Manon tout crachée. Toujours à penser aux autres. Je lui embrasse la joue.
― Bonjour. Bien dodo ? Dis-je en m'éloignant du lit.
Je tire sur les rideaux et ouvre la porte du balcon laissant entrer un peu d'air matinal dans la pièce.
― Oui, et toi? Il est quelle heure au fait ? demande-t-elle. Sans attendre ma réponse, elle allume son portable-. 9h46. Oh merde! Je dois y aller.
La jeune fille se met à bouger sous sa couette puis se tient debout. Elle pousse un cri en remarquant qu'elle n'a plus de jeans.
― Où est mon jeans? Pourquoi tu me l'as enlevé? Ne me dis pas que tu m'as maté le cul hier soir? Elle se cache le visage ce qui me fait rire-. Quel honte!
Elle se frappe le front en s'asseyant semblant de s'évanouir de pudeur tandis que je suis là à me marrer. Cette fille me fait tellement de bien que parfois j'oublie ce qui m'est arrivé. Je voudrais lui dire à quel point je suis heureux en sa compagnie. Peu de gens peuvent comprendre le bien que ça fait pour une personne de ma condition.
― Calme-toi miss. Je ne t'ai pas maté. Ton jeans est sur la chaise.
Je lui pointe la chaise à côté de la table de nuit. Elle se lève et l'attrape. Mes yeux vagabondent sur ses jambes, ses cuisses et sa culotte.
― Arrêtes de me dévorer avec tes gros yeux noirs. Où est la salle de bain?
Je lui pointe la porte en face du lit. Elle s'y oriente alors que je fixe ses fesses. Je m'empresse de détourner le regard quand une dizaine de pensées malsaines me montrent à la tête. Elle disparait derrière la porte. Au moment où l'eau commence à couler, j'entends la vibration de son portable. Je m'écarte des rideaux et marche vers ce dernier.
Gabin.
Gabin! J'ai l'impression qu'ils sont plus qu'amis. Tant pis si cela déplait à Manon, je décroche. Je fais un pas vers le balcon.
― Manon, nom d'une pipe.
― Elle voulait te faire une pipe? Lui questionné-je le sourire en coin.
Je n'entends rien pendant quelques secondes.
― Non. Ça fait dix minutes que je suis planté devant chez elle.
― J'ai l'impression que tu auras tout le temps de pousser. Dis-je en faisant référence à un arbre.
Je raccroche alors que le pauvre allait me demander qui je suis et certainement où se trouve Manon. L'imaginant devant la baraque de monsieur Johnson le front luisant sous le soleil du petit matin me donne envie de garder Manon toute la journée. Je lâche un petit rire en revenant dans la chambre.
Manon sort de la salle de bain, le temps que j'engloutisse deux muffins. Ses cheveux sont mouillés avec une serviette autour du cou. Elle se rassoit et porte un délice à sa bouche tout en me reluquant. Curieux, je lève les sourcils.
― Merci pour le milk shake. Comment tu sais que je le prends le matin?
― Inoubliable quand on sait que tu m'en as servi le matin de ta rentrée scolaire. C'était très généreux.
Elle glousse avant d'avaler deux gorgées de son Milk. De l'eau lui coule sur le visage alors je m'approche et l'assèche avec sa serviette. Elle bat l'œil et pose son lait puis m'accorde toute son attention. Ses yeux marron sont bloqués dans les miens. On dit souvent que les yeux sont le miroir de l'âme. Ça voudrait dire que Manon me désire. Hier soir, c'était compréhensible et pardonnable sans compter que je l'avais bien cherché mais là, j'ai du mal à piger. Je tourne mon regard ailleurs. Elle se lève aussitôt et m'agrippe la main.
― Arrêtes de fuir, putain.
― On dit les gros mots maintenant?
― Ayden, je suis sérieuse. Laisse-moi au moins une chance de t'aider. Tu n'as pas à surmonter tout ça tout seul.
― Tu ne sais rien.
― Bien sûr que je sais. Je te l'ai dit hier soir, je sais pour l'accident. Je sais pour Sarah. Je sais que tu en as souffert et que ça continue de te démonter. Je n'ai aucune prétention à t'aider à l'oublier ni à la remplacer encore moins à t'obliger à être avec moi. Je t'apprécie beaucoup Ayden. Je ne te veux que du bien. Est-ce cela que tu veux aussi?
Elle me touche le visage de sa main gauche, le contact est doux et chaleureux. Je ferme les yeux une seconde. Je hoche la tête et ça suffit pour qu'elle me prenne dans ses bras. Je la sers fort contre mon corps. Je me sens bien mais si vulnérable. Je croyais que personne ne pourrait m'aider. Mais elle est apparue comme le clair de lune et je compte bien suivre les conseils de Louka et laisser me montrer le chemin. Le chemin du bonheur. Me sentir joyeux quelques fragments d'heures est un truc de dingue. Que je puisse l'être le reste de ma vie sera un paradis.
― Tu es ma meilleure drogue Manon.
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