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•I'll go crazy if I don't go crazy tonight de U2 en média.•
She's a rainbow and she loves the peaceful life
Knows I'll go crazy if I don't go crazy tonight
There's a part of me in chaos that's quiet
And there's a part of you that wants me to riot
Everybody needs to cry or needs to spit
Every sweet-tooth needs just a little hit
Every beauty needs to go out with an idiot
How can you stand next to the truth and not see it?
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Bonne lecture !!!
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Manon
― Tu allais faire quoi là? Me questionne Ayden d’un ton calme.
― Rien. Dans le cas contraire j’ai le droit.
On s’arrête sur le trottoir en face du club. Je promène mes yeux sur son corps et cherche à voir ce qu’il a sur le bras. Je vois un tissus fin lui contourner l’avant-bras. C’est sûrement ce dont me parlait Juju tout à l’heure. Vous savez quand vous ressentez le besoin pressant de pisser, c’est que je ressens en ce moment tant que je désire savoir ce qu’il a.
― Ai-je le droit de te prendre dans mes bras?
Je réagis comme on sort de son sommeil. Je glisse une main dans mes cheveux et me gratte la nuque. On est sur quelle planète là? Il veut me prendre dans ses bras? Et depuis quand il demande la permission pour faire quoi que ce soit? Je plisse légèrement le front alors que le vent nocturne part dans tous les sens avec mes cheveux.
― Pardon?
― Je veux te prendre dans mes bras.
Je ne rêve pas et son timbre de voix est si mélodieux ! J’ai envie de l’enregistrer et l’écouter en boucle. En toute réponse, je lui ouvre mes bras. Il m’entoure de ses bras et je me sens protéger. Il me caresse les cheveux. Je suis au paradis lorsque je sens son nez enfoui dans ma chevelure. Bien que je savoure le moment, je me questionne sur les faits de ses derniers jours. Son parfum me fait voyager et je n’arrête pas de frissonner. Ce n’est pas l’effet du vent. Je m’écarte en l’entendant glousser.
― Qu’est ce qui te fait frissonner Johnson?
― Je ne frissonne pas.
― Alors, c’est simplement mon effet. Ça me plait.
― Tais-toi Ayden.
On reste ainsi un bon moment avant qu’il prenne mon visage dans ses mains. Il fixe mes lèvres le temps d’une seconde. J’avoue que je ne refuserais pas un baiser.
― Je t’ai manqué Mais non?
― C’est ridicule de prononcer mon nom de cette façon.
― Parce que toi oui. Tu… je pensais souvent à toi.
Respire Manon. Il me faut une seconde ou deux pour interpréter les mots d’Ayden. Je ferme les yeux. Il frotte son nez au mien. Mon cœur s’emballe. Maintenant, je suis sûre, je vis en plein rêve et je ne veux pas me réveiller. Jusque-là, j’ignorais le bien que ça pouvait me faire d’être dans ses bras. Ses bras sont tout un univers. Et je m’y perds complètement. Je ne sais pas ce qui l’a poussé à changer mais je remercie cette chose. Son souffle me fouette les lèvres. C’est si doux. L’odeur du Whisky me laisse croire que sa bouche est entrouverte et qu’il va m’embrasser. S’il te plait, fais-le. Comme s’il lisait dans mes pensées, il monte son nez jusqu’à mon glabelle. Il pose ses lèvres sur mon front. Il commence à bouger pour mettre fin à notre étreinte. Pas ça ! Il s’écarte de deux pas de moi. Son regard est toujours admiratif, il humidifie ses lèvres.
― Tes amies en ont pour longtemps?
― Au moins trois heures.
― J’aimerais te montrer quelque chose. Tu viens?
Je hoche la tête. Il me prend par la main et en deux pas, je me trouve devant la portière de sa voiture. Il ouvre la porte et je m’installe. Il fait le tour pour se poser derrière le volant. Une question me brûle les lèvres. Il passe la clef et démarre :
― Pourquoi tu étais absent au lycée?
― Truc perso.
Il a besoin d’autant de mystères pour vivre? Il passe la radio sur ‘Always remember us This way’ de Lady Gaga. Que j’aime cette chanson. Je me mets à fredonner puis à chanter. Ma voix n’est pas un supplice mais je ne me suis jamais concentré dessus pour l’améliorer. Il sourit en m’écoutant.
― Tu caches quoi d’autres ?
― Je sais reconnaitre une œuvre d’art, je peins.
Il arque un sourcil me confirmant qu’il ne me croit pas une seconde.
― On verra ça tout à l’heure.
Il roule une dizaine de minutes avant de s’arrêter devant un immeuble, NeMa North Tower. Je me laisse guider sans poser de question.
― Je ne t’avais jamais vu avec de piercings avant. Tu devrais en mettre plus souvent.
― Hum ! Qu’est-ce qu’on va voir?
― C’est une surprise.
― Je hais les surprises. Dis-moi.
Il remue la tête.
― Quelles questions te poser pour avoir une vraie réponse ?
― Aucune. Je suis certain que tu ne voudras pas sombrer dans le noir de ma vie.
Il appuie sur un bouton de l’ascenseur et les portes s’ouvrent. On entre dans la case métallique. Je réalise que nous ne nous sommes jamais retrouvés seul à seul dans une pièce. Je m’appuie contre la paroi de la boite alors qu’il tape ‘18’. Il vient se mettre à mes côtés.
― Pourquoi es-tu intervenu tout à l’heure?
― Parce que tu allais trépasser au lieu de jouir. D’ailleurs, ça fait trop longtemps que tu te retiens. Remédies-y.
Mon cœur fait un saut dans ma cage thoracique alors que mes yeux sortent littéralement de mes orbites. Je me sens soudainement nue et mal à l’aise. Je frotte mes mains pour masquer ma gêne. Il prend un malin plaisir à me dévisager avec son sourire en coin. Mon cœur rebondit, je sens un ouragan dans le ventre alors que tout mon corps s’embrase. Je baisse les yeux pour calmer mes pulsions.
― Lâche-toi un peu Manon.
― Comment peux-tu savoir ?
― Je le sais tout simplement parce que tu n’assumes pas que je te fais de l’effet, susurre-t-il dans mes oreilles.
― Me détendre. Je te signale que toi non plus tu ne te détends pas.
― Haha ! Ce matin encore je me trouvais entre les cuisses d’une fille.
― Sex ne veut pas dire qu’on se détend Ayden.
― Définis ‘détendre’ pour moi mademoiselle Johnson.
Il se rapproche un peu plus de moins jusqu’à ressentir son souffle sur ma peau. Les frissons me font fermer mes paupières une dizaine de seconde.
― C’est relâcher son esprit…son stress.
Son bras effleure le mien et son souffle me réchauffe la nuque. J’en ai des papillons par tout mon corps. Et c’est agréable.
― C’est le fait de prendre du bon, faire la fête, et surtout de s’envoyer en l’air.
De son index, il me parcourt tout le bras jusqu’à mon épaule il m’attrape les deux mains de sa main droite. Il use de sa main gauche pour me serrer contre lui. Je peine à respirer. Il me fixe droit dans les yeux comme s’il cherchait des réponses.
Que fais-tu Ayden?
― J’allais te rendre une petite visite en sortant du bar. Je ne sais comment tu t’es retrouvée là mais il était hors de question que je te laisse partir avec lui. Comme il était hors de question que je t’embrasse tout à l’heure alors que tout ton être le réclamait. Pas que l’envie me manque, au contraire. J’apprécie beaucoup ce qu’on a en commun au point que je suis prêt à me sacrifier pour éviter de le bousiller. À mes yeux aucun baiser ne vaut ce truc sans nom qu’on partage. Il m’a fallu 48 heures, 2880 minutes, 172 800 secondes pour comprendre et accepter la réalité.
Je vis toutes les émotions puissance dix mille alors que mon corps peine à les digérer, il colle son front au mien. Nos souffles ne forment qu’un. Nous respirons le même air et partageons notre chaleur corporelle. Mes sensations sont contraires et lutte pour bien articuler les peu de mots que je veux laisser entendre.
― Merci de me dire tout cela.
Je ferme les yeux une seconde avant que le bruit de l’ascenseur nous fasse reculer. Je me retourne et voit un luxueux appartement avec un homme en costard debout au milieu de la pièce. Je sens Ayden se raidir près de moi. Les ressemblances entre ce monsieur et Ayden me font penser qu’ils sont de la même famille.
― Que fais-tu là Jayden? Comment m’as-tu trouvé?
― Tu traines avec la fille de monsieur Johnson maintenant?
Je me crispe. Son paternel me connait; j’ignore si c’est parce que mon père est célèbre ou si c’est lié à une raison particulière. Ça me fait un peu bizarre.
― Viens fiston. On doit parler de choses sérieuses.
Je sens Ayden se forcer à se maintenir de réagir violemment. J’ignore ce qu’il s’est passé entre eux par contre il est clair qu’ils ne s’entendent pas. La tension monte d’un cran et je ne me sens pas à ma place.
― On n’a rien à se dire. Je suis trop occupé de toute façon.
― Avec elle? Je ne pense que c’est le genre de fille que tu penses mériter avoir.
― Non. Je ne la mérite pas. Pas besoin de le répéter.
Je l’observe et l’interroge des yeux. Comment ça ils peuvent affirmer qu’il ne me mérite pas ? Je ne dirai pas le contraire cependant la curiosité me chatouille.
― On est sur la même longueur d’onde. Sinon qu’est qui pourrait te pousser à fréquenter une fille que tu ne vas pas mettre dans ton lit. Sympathie? Non. Affection? Je ne crois pas. Attention? Non plus. Amour? Surement. Oui, elle te plait.
Je ne veux pas me faire d’illusion voilà pourquoi j’ai envie de sauter dans l’ascenseur et me retourner au rez-de-chaussée.
― Qu’est que tu racontes ?
― Tu es mon fils. Je te reconnais quand tu tombes amoureux d’une fille.
Mon cœur s’explose. Je ne refuse d’écouter ces mensonges trop beaux pour être vrais. Ayden ne peut pas m’aimer, c’est impossible. Et admettons que ce soit vrai, il tomberait du jour au lendemain ? C’est inenvisageable. On ne tombe pas amoureux ainsi.
― T’as tout faux.
Mon subconscient le remercie de dire la vérité.
― Comme si tu allais l’admettre à voix haute. J’ai eu Zoé au téléphone, et elle te salue.
Je perçois une touche de joie sur le visage d’Ayden. Qui est Zoé? Pour la rendre heureux rien qu’avec son prénom. Encore une fois, je prends conscience qu’il y a beaucoup de choses que j’ignore sur lui.
― Comment va-t-elle?
― Elle va bien. Viens voir ce que je te propose.
Il se tourne vers moi. Et me demande de l’attendre au salon. Je descends deux marches et m’assoit en face d’une télé. Ayden se place derrière le bar et son père sur une banquette en face de lui. Je n’arrive pas à bien entendre leur conversation, du moins j’arrive à percevoir des expressions comme ‘Reviens à la maison’, ‘Je te promets que ce sera différent cette fois’, ‘Je tiendrai parole cette fois’ , ‘Tu vas la voir à ton anniversaire.’ , ‘Je n’ai pas d’anniversaire l’année prochaine.’ Après une éternité à m’ennuyer monsieur Jayden prend sa veste et l’enfile, signe qu’il va bientôt vider la salle.
― Manon. Je t’invite à diner chez nous ce dimanche, 18h. J’enverrai quelqu’un te chercher. Sois chic, sa mère sera au rendez-vous. Il disparait derrière les portes de l’ascenseur sans me laisser le temps de répondre.
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