29. Bien, c'est bien.


•Say hello de Neeskens ft David Grumel.•

~~~~~~
Bonne Lecture  !!!

\

/\/\/\/\/\/

Manon

Je lui fais la bise avant de filer en cours d’arts. Je ne sais pas si c’est parce que c’est une branche qui requiert beaucoup d’attention mais le prof ramasse tous les portables avant le début du cours. Mais cela ne me dérange pas. Car c’est ma passion. Et je vise haut dans cette matière. Je m’installe ainsi que douze autres élèves. Je sors mon matériel et me plonge direct dans ces cinquante minutes de consolation.

L’heure se déroule un peu vite à mon avis. La prof, Madame Vigman me complimente pour mes traits qu’elle trouve ‘excellemment fins’. Émue, je ramasse mes affaires pour me rendre en littérature étrangère. Le professeur Riggs sait ce qu’il fait. Grace à lui, je m’intéresse à la littérature pour la première fois de toute ma vie. Avant c’était tout le temps, des lectures ennuyeuses et obligatoires, des leçons à retenir et j’en passe. Là, j’ai l’impression de connaitre Jane Austen alors que c’est bien loin de la réalité. Après le cours d’espagnol qui a été bien ennuyeux, je regagne la cour.

Je sors mon portable pour la première fois depuis la récré. Je reçois un message de Julaïna et une notification m’annonçant que Louka a accepté ma demande d’ami.

^De Julaina

*Tiago*^ Pourquoi tu veux son numéro?

Je lève les yeux au ciel et range mon portable malgré l’envie bouillante d’envoyer un message à Louka.

Évasive, je ne dirige vers ma voiture. Toutes mes cellules crient fatigue. Je déverrouille ma voiture et lance mon sac à dos sur le siège passager. Je m’installe derrière le volant et sens mon portable vibrer.

^De inconnu

J’ai fini par mettre Manon. Alors salut. Je m’appelle Gabin Hugo ((le nom le plus moche de toute la sphère) je te vois bien te moquer de moi). Je suis en terminale SES. J’ai 18 ans, la joie de vivre et la liberté. Je me suis dit qu’on pourrait devenir plus que ce que nous sommes déjà ☺ .^

Je souris. Qu’est-ce qu’il peut être hilare? Je ne sais pas quoi lui répondre en ce moment alors je repose mon portable. Je fixe un point dans le vide un moment puis me résous à démarrer.

Une question tourne en boucle dans mes pensées ‘Ou est Ayden?’

   

―Manon ! crie mon père depuis le premier étage.

Je ferme mes cahiers de notes et me précipite dans la cuisine. Je n’ai pas vu l’heure passer. Depuis que je suis arrivée, je m’occupe l’esprit avec mes devoirs. Je ne voulais penser à rien et comme ils s’entassaient déjà, autant m’y mettre. J’ai plusieurs ‘quiz’ la semaine prochaine. Et un travail d’exposé en commun avec Soan pour Mardi. Je me lave la main dans le levier. Je lève le regard vers la table qui est vide.

― Emma a un petit imprévu avec un ami puis une séance photo nocturne à 21 heures. Elle nous a permis de manger, plaisante-t-il. J’ai apporté le tout sur la table basse dans le salon-. Il vient me toucher une mèche de cheveux. On a tellement de chose à se dire.

― Il est quelle heure-là?

― 19h12. Allez viens.

Il emporte une bouteille de vin et deux verres. Je trépide de joie en voyant un bol de ravioli et de tortellini posé sur la table du salon.

― Je me souviens de quelques recettes. Ce soir, on mange des pates italiennes, tes préférés.

Je lui fais une bise dans sa barbe avant de le remercier. On se pose confortablement sur le sofa. Il allume la télé sur je ne sais quel film. Je nous sers une bonne assiette de pates puis replie mes jambes sous mes cuisses. Je pique un tortellini avec ma fourchette.

― Tu aimes San Francisco? Pas de problème avec le lycée?

― La ville aux couleurs pimpants a conquis mon cœur dès le soir de mon arrivée. Pour le lycée, ça roule pour le moment. C’est quoi le film?

Je porte ma fourchette à ma bouche au moment où il s’affaisse sur les cousins.

― On regarde ‘The notebook’ paru en 2002. C’est un magnifique film romantique inspiré du roman de Nicholas Sparks. Tu connais ?

― Oui, j’en ai entendu parler. Mais je n’ai jamais vu le film.

― Je me demande comment tu peux être aussi pauvre en cinématographie?

J’avale le petit délice.

― C’est toi qui a cuisiné ? T’es sur de n’avoir reçu aucune aide?

― Aie ! Ça fait mal, dit-il en touchant son cœur.

Je sais qu’il peut les cuisiner aussi bon qu’un spécialiste dans le domaine, seulement j’ai cru qu’il avait oublié avec les soixante mois. Petite, il me les préparait. Il arrivait même qu’on cuisine ensemble et qu’on finisse par tout manger avant qu’ils n’arrivent dans notre assiette. Je me souviendrai toujours de ces bons vieux moments car il est improbable qu’on les revive. À une époque de ma vie, il était si présent que je le considérais plus comme un ami qu’un père. Une touche de nostalgie se pointe quand je pense à notre première fête foraine.  Je lui tenais la main dur comme fer lorsque la montagne russe montait et descendait. C’étaient les seules soirées durant lesquelles je pouvais m’engouffrer de sucre, en passant de la crème glacée au barba papa.

― Pourquoi es-tu parti? Pourquoi n’es-tu jamais revenu? Pourquoi choisir la ville la plus loin de Charlestown? Pourquoi tu ne nous aidais pas financièrement?  

C’est sorti tout seul. Son visage se dé compose. Ses doigts laissent tomber sa fourchette. Le regret se lit clairement sur son visage. Je préfère me tourner vers mon plat et manger que de l’observer dans cet état.

― Je ne sais pas ce que t’as raconté ta mère mais il fallait que je parte. Charlestown ne me convenait plus. J’avais des rêves à réaliser. De grands rêves. Et Los Angeles était la meilleure option. J’ai pensé à revenir plus d’une fois mais je ne savais pas comment faire. Débarquer du jour au lendemain et m’autoproclamer père d’une ravissante jeune fille alors que j’ai été absent durant cinq ans.

Tout ce que j’ai pris pour vrai durant cinq ans se sont effacés le temps d’une seconde. Sa sincérité me fout une gifle monumentale.  

― Tu les as réalisé tes rêves?

Ma voix est à peine audible.  

― En grande partie oui. Je vous ai envoyé de l’argent mais ta mère n’acceptait jamais rien de moi. Même pas pour toi. Elle ne t’en a pas parlé, j’en suis certain.

Après son départ, ma mère et moi évitions d’évoquer son nom en conversation. Il était devenu l’une des cordes sensibles. Je n’ai jamais demandé à ma mère la raison qui l’a poussé à partir et je n’ai pas cherché à savoir ce qu’il est devenu.

― Tu pouvais m’en parler.

― On s’est parlé seulement deux fois en ces cinq ans. Et ta mère en plus de m’interdire de te donner quoi que ce soit, surveillait nos appels.

― Et tu ne prends jamais de vacances dans ton travail?

― D’abord est ce que tu savais précisément ce que je faisais les six premiers mois?

Je secoue la tête. Comment pouvais-je le savoir? J’étais si blessée que je n’en ai pas ouvert le sujet avec ma mère. En ce moment, cela m’importe peu.

― L’histoire est bien trop longue pour que je me permette de rentrer dans les détails mais tu dois savoir que j’étais un sans-abri et vivais avec cent dollars par semaine. J’ai bossé comme un malade, j’ai dormi une heure par jour pour mettre sur pied une société de production et de distribution cinématographique. Je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel et j’étais affamé. Aujourd’hui que tout s’est stabilisé, mon histoire inspire des milliers de gens. Mon travail ne me permet pas de vacances mais j’allais revenir à la maison. Je te jure que j’allais revenir ma puce, avoue-t-il une quinte de chagrin dans le ton.

Je glisse ma main dans la sienne. Je suis ravi qu’il se soit confié à moi.

― Est-ce que tu m’en veux?

Je lâche une grande expiration et lui ouvre mon cœur avec la plus grande honnêteté.

― Pendant longtemps oui. Je ne comprenais pas pourquoi mon meilleur ami m’avait abandonné sans même un mot d’adieu. Je renifle-. Je pensais que tu ne m’aimais plus ou que t’avais marre de moi. Maintenant ce n’est plus le cas.

Ma voix se casse. Il s’empresse de m’enlacer. Le crane contre son torse, je reprends mon état normal.  Il m’embrasse les cheveux à plusieurs; ce qu’il faisait tout le temps avant.

― Euh…est ce que je peux te rejoindre dans ton travail?

On s’écarte l’un de l’autre, il s’accorde un instant de réflexion en regardant vers la télévision. Ses yeux me fait ressentir tout son amour et je sens déjà que la réponse sera négative. Ses lèvres s’étirent.

― Pourquoi pas quand tu auras terminé le lycée?  

― Ok !

Il glousse puis pique deux fois dans le bol. On se remplit l’estomac tout en visualisant le film. Je ne comprends rien pour l’instant mais j’adore le petit couple. Mon père me donne le nom de chacun des acteurs que j’oublie la seconde d’après. Je crois qu’il le soupçonne avec son regard sournois qui laisse transparaitre beaucoup plus qu’il ne l’aurait voulu.  

― Je trouve que les gens qui passent aussi bien à la télé devraient se mettre en couple pour de bon.

Il explose de rire mais ne commente pas.

― J’ai failli oublier. Tu as peint ?

Je lui souris et secoue la tête. Il se frappe la face de désolation.

― Je veux tous les voir. D’accord? Et si je peux t’aider, ce sera un grand plaisir.

Son soutien et son désir d’implication me réchauffent le cœur. Je lui fais la bise. Cependant, il n’a rien qu’il puisse faire pour le moment.

On termine le repas au moins une demi-heure avant que se termine le film. J’ai failli verser une petite larme face à tant d’amour. Leur amour est fort, vrai et puissant. Ils se sont perdu puis se sont retrouvé. Un vrai rêve en comparaison à ce que j’ai vécu.

J’aide mon père à débarrasser la table et à faire la vaisselle.

― Tu crois qu’un tel amour existe?

Je lui demande pour discuter. J’aimerais bien avoir son avis sur le sujet. Curieuse je suis de vouloir savoir s’il a vécu une histoire à peu près similaire.

― Bien sûr. Pourquoi il n’existerait pas ? On est là à faire n’importe quoi et à chercher l’amour n’importe comment. Et c’est là le piège. On ne cherche pas l’amour. C’est lui qui vient à moi. Il nous tombe dessus et ravage tout durant son passage tel un ouragan. L’amour fait mal Manon. Très mal. Parfois plus mal que le deuil.

J’avais constaté mais la peine dans son timbre vocale éveille un tas de questions dans mon esprit. J’ignore si c’est le bon moment de lui exposer une question alors je tente quelque chose de plus léger.

― Je n’ai jamais connu l’amour et toi?

Il badine et met de la mousse sur le bout du nez. Mon père ne voudrait pas jouer à ce jeu avec moi. Je lui lance un œil qui le lui fait comprendre.

― Mademoiselle Johnson, vous êtes jeune. Attendez votre tour. Pour ma part, j’ai connu l’amour trois fois du haut de mes quarante-neuf ans.

J’arque un sourcil. Il rit de ma confusion.

― Tous les histoires d’amour laissent croire qu’on doit trouver ‘le bon’ ou qu’on a tous une ‘âme sœur’. C’est la plus grosse arnaque que j’ai vu et le pire ça marche à chaque fois. Je n’ai rien contre le rêve qu’ils vendent mais il faut dépeindre la réalité tout autant.  

Il range les assiettes et s’appuie contre l’ilot central, perdu dans ses réflexions. Je sèche mes mains avec la serviette de bord et me met dans la même position.

―Oui, comme toi qui es attirée par le fils de monsieur Taylor. Ça peut arriver que tu ne mettes jamais le grappin dessus.

Il me taquine avec le torchon tout en rigolant. Mes yeux pendent alors que je ne me prive pas de partager sa bonne humeur.

― Nan mais quel père utilise ce genre de vocabulaire pour parler à sa fille?

Il croise ses jambes et continue de répandre sa joie.

― Il n’existe pas deux pères comme moi Manon. C’est vexant, je pensais que tu le savais.

Je lève les mains en l’air. Je n’en peux plus de lui. Je remonte faire mes devoirs sans piper mot.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top