23. Papa Taylor

Wave of sorrow de U2 en média. •

"Heat haze rising on hell's own hill

To wake up this morning is an act of will

Walk through the night to get here today"

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Bonne lecture !!!

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― Les clefs?

Les premiers mots que j’entends en rentrant dans la maison de mon procréateur. Je me campe sur place et le cherche dans les coins de la pièce. Je le vois assis sur une chaise près de l’escalier fumant un cigare. Mes pieds me guident et sans me laisser le temps de réfléchir. Je glisse ma main gauche dans ma poche arrière et les lui remets. J’évite d’avoir un contact physique avec lui comme on évite la peste aviaire. Je n’aurais pas dû l’emprunter une semaine entière. Je pose un pied sur la première marche et monte la deuxième lorsqu’il tonne :

― Je t’ai fait suivre aujourd’hui, Ayden, avoue le psychopathe.

Je me crispe. Tous mes muscles se contractent pendant que les battements de mon organe vital s’accélèrent. Je ferme les paupières une fraction de seconde pour mieux saisir l’ampleur de la situation. Mon père ignore la vie que je mène, depuis deux ans, en dehors de sa baraque. S’il le découvre, il va me descendre dans les flammes de l’enfer. Sans lui faire face, je risque :

― Tu n’as plus rien à faire maintenant?

― Ne tourne pas le centre de la conversation sur mon travail. J’ai découvert ce que tu fais au lieu d’étudier. On dit qu’il n’y a pas de sot métier mais dealer de la drogue. Franchement, tu pourrais trouver mieux.

Je serre mon poing et au bout d’un quart de seconde, je souffre de mes articulations. Je n’en peux plus de son attitude. Il est envahissant. Il s’en est d’abord pris à ma scolarité, maintenant c’est mon boulot; et demain? Il va s’attaquer à ma religion. Je pince ma lèvre et joue avec mon piercing attendant qu’il termine son monologue pour monter dans ma chambre.

― Tu imagines le scandale si le grand public venait à apprendre que mon fils deal de la came et revend des voitures?

Il se lève d’un bond et m’attrape par le poignet. Il exerce une grande pression au point que je ne ressens plus ma main. Je ferme les yeux pour diminuer ma douleur. Je subis ce porc pour Zoé. La répétition de cette phrase m’aide à supporter ce supplice.

― Pourquoi tu es aussi irresponsable ? Tu cherches à salir notre réputation.

Je ne vais pas lui répondre. Je peux tenir encore une minute.

― J’ai vraiment honte de t’avoir comme fils. Il me suffirait d’avoir un troisième enfant pour t’envoyer à l’autre bout du monde ou personne ne saurait faire de lien entre toi et moi. Je maudis ce 29 février. Pourquoi il a fallu que tu sois comme ça? Souillé de la peau à l’âme. Je veux que cela cesse. Je t’offre le double.

Quel genre de père fait ce genre de déclaration à son fils?

Je contourne ses premières phrases pour m’intéresser à l’essentiel.

― Tu serais prêt à me verser $40 000 tous les mois?

C’est bien loin de ce que je gagne mais pourquoi ne pas l’exploiter tant qu’il m’offre l’opportunité. Peut-être qu’un jour je serai obligé de fuir d’ici en courant. Il me faudra un plan de secours.

― D’accord. Je fais le transfert dès demain. À condition que tu rentres juste après les cours et que tu ne ressors plus.

― Ton argent coûte trop cher. Non merci.

Il sort un truc de sa poche arrière. Il a eu le temps de m’attacher au rebord de l’escalier avant que je ne réalise qu’il s’agit d’une menotte. Mes yeux pendent en réalisant ce qui vient de se produire. Il recule assez loin pour éviter que je puisse le toucher. Mais merde!

― Relâche-moi. Ma voix résonne tel un coup de tonnerre.

Il allume un autre cigare. Il ne manifeste aucune émotion. Je hais avoir ce trait de caractère en commun avec lui. Son sourire diaboliquement fabriqué vient me tenailler les tripes.

Rien n’a changé en presque deux ans. Il se comporte comme un sauvage et me traite comme un chien. Le pire c’est que je ne peux tenir tête. Pour Zoé. Il crache une bouffée qui m’atteint en pleine face. Je me sers de mon autre main pour évacuer la fumée.

― Tu resteras ici. Enfin, jusqu’à ce que tu cèdes.

― Tu me forces ? Pourquoi tu es aussi cruel avec moi?

― Tu ne laisses guère le choix. Le criminel ici c’est toi. Je ne fais que t’apprendre à devenir homme.

― Tel père, tel fils comme dit le proverbe.

Je crois que je vais regretter mes mots. Mais que puis-je? Véridiques, ils sont sortis d’eux-mêmes. Il s’approche d’un pas menaçant vers moi, son sourire démoniaque me glace le sang. Il me retient l’autre main. Tout en me fixant dans les yeux, il enfonce son cigare dans ma chair. J’essaie de tenir mais au bout de deux secondes ce n’est plus possible.

― Aiiiiieee ! Merde! Hurlé-je.

Il enlève le supplice. Des larmes pompèrent sous mes paupières. Je sens mon cœur battre dans la paume de ma main. J’entends les battements. Une violente colère s’empare de tout mon être, au moment de le dégager de moi, il me rattrape. Une atroce souffrance s’approprie de moi. Il m’est devenu impossible de respirer par le nez, je me sers donc de ma bouche. Soudainement, une boule me monte dans la gorge puis redescend compresser mon estomac.

― Tu as brisé ma famille. Et tout ce que j’ai construit. Tu as mis ma fille adorée dans une chaise roulante sur laquelle il lui est impossible de se relever. Tu as tué la fille de monsieur Darwin. Je n’imagine pas ce qu’ils ont vécu. Et toi, tu es là à t’amuser tous les soirs, coucher avec n’importe qui et ne plus rien faire de ta vie. Tu t’en fous de la douleur que tu infliges aux autres. Tu t’en fous des conséquences de tes actes et paroles. Tu sais le pire, dès le départ tes intentions étaient mauvaises. Tu m’as pris ma fille Ayden. Faut que tu ressentes au moins le millième de ce que j’ai ressenti.

Des larmes acidulées me consume chaque millimètre de ma peau. Ces larmes me font plus mal que ma brûlure, que ses actes. Elles me font autant mal que celles de la nuit du 24 juillet. Il a raison.

Je laisse tomber ma tête en avant.

Je veux mourir. JE VEUX MOURIR.

Il enfonce son cigare dans ma peau encore une fois. J’expose toute ma douleur dans un hurlement mais il reste sourd. Il répète son acte encore. Au bout de quelques minutes, ma voix se casse. Au même titre que mes yeux, mes narines pleurent. Je refoule mes larmes et ma cruelle souffrance à l’intérieur. Je sens mon cœur se décoller et tomber en chute libre.

Je vais mourir, enfin.

Je n’arriverai pas à passer au-dessus cette fois-ci. D’abord mes cotes, puis mon dos et maintenant mon bras.

Mes sens sont assez éveillés pour sentir qu’il a bousillé mes tatouages qui complètent ceux de Sarah.

― Arrête. Ça suffit.

Inébranlé, il pose le bout allumé sur la peau de mon poignet.

Sur l’attrape rêve.

Son visage reste ferme, dure et impassible de toute émotion. Je cherche en vain une once de pitié. Mes yeux se noient sur une rivière. J’ai envie de lui cracher que sa fille se remplirait de dégout si elle voyait son père. Mais cela ne ferait qu’envenimer les choses.

― Ahhhhhhh!

Mon cœur pompe du feu et tout mon corps craquelle.

― J’accepte de t’obéir, balbutié-je avant que ma tête ne tombe en avant.

― Très bien ! dit-il en souriant malicieusement.

Il écrase son cigare sous son pied et sors un mouchoir avec lequel il m’essuie les joues. Je le hais. L’envie de le dévorer tout cru traverse tous mes pores.

Un jour, je te recracherai toute cette colère et haine dont tu me nourris Jayden. Je te le promets.

―Tu vois. On n’avait pas besoin de franchir de si grandes limites. Je commence à croire que tu aimes le supplice.

Si je t’ai cédé c’est uniquement pour éviter à cette putain de veine d’éclater. Je n’en pouvais plus. La mort commençait à séduire mon cœur. Et c’est horrible…

Que quelqu’un vient me sauver de la cruauté de mon père…

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Avant de vous dire bonsoir,  je tiens à m'excuser.  Désolée.  Désolée pour Ayden. Désolée de vous fendre le coeur.

Bonsoir mes amours, j'espère que vous ne détestez pas Jayden. Si?

La productivité est au rendez-vous ce weekend à mon plus grand bonheur.

N'hésitez pas à faire part de vos avis et à mettre une petite étoile si l'histoire vous plait.

Prenez soin de vous. Avancez vers la réalisation de vos rêves et donnez de l'amour autour de vous.

Kiss!

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