20. Ne compte pas sur moi
•Bruises de Lewis Capaldi en média. •
"I’ve been holding on to hope
That you’ll come back when you can find some peace
'Cause every word that I’ve heard spoken
Since you left feels like a hollow street"
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Bonne lecture !!!
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DERNIER AVERTISSEMENT.
Dernier avertissement sur quoi en fait? Sur MA Manon?
― C’est quoi ça?
Il explose de rire et avale une énième gorgée. Le quarantenaire ferme les paupières et expire bruyamment.
― Pitié, ne me dis pas que tu ne sais plus reconnaitre une lettre de menace.
Je lâche un soupir et prends sur moi pour ne pas exploser.
― Merde ! Qui menace qui ? Qui menace quoi ? Jaime dans quoi tu t’es fourré?
― Les criquets menacent toi et ta petite copine que tu ne veux pas baiser. Ils menacent vos vies.
Ma petite copine que je ne veux pas baiser? Quoi? Dites-moi que je suis en plein cauchemar.
― Ey ! Réveille-toi. Je tire sur son bras,- Je ne suis pas né ce matin putain. Manon n’est pas ma petite copine. J’ignorais qu’on surveillait la vie sentimentale des gens maintenant. Et j’ai l’air d’un gros con, n’est ce pas? Balance Jaime.
C’est de la lâcheté. Passer par un pion faible pour déclarer la guerre à un homme est de la pure pusillanimité.
― Alors elle s’appelle Manon ? Jolie prénom. Je ne sais pas plus que toi.
Oh que si ! Et il va tout me dire. Jaime se penche un peu en arrière jusqu’à enfoncer son dos dans les coussins et joint ses mains.
― En gros, il s’en prenne à elle parce qu’elle est ma petite amie? Je suis mort de rire.
― Ce ne serait pas la première fois que tu détruis une personne que tu fréquentes.
J’ai failli exploser de rire. C’est une blague, j’espère. Il me faut une seconde pour piger que le boss est sérieux. Je m’appuie contre son bureau et croise les bras.
― Attends ! À quoi tu fais référence ?
Qu’il puisse faire allusion à ma vie antérieure me parait si saugrenu et méchamment déplacé que je préfère ne pas y penser.
― Ils veulent une course de moto Ayden. Dans un mois. Je vais appeler des gars de Los Angeles. Vous allez courir contre leur meilleurs bikers.
Un frisson me parcourt tout le corps. Mes poils se dressent au moment où mon cœur explose dans ma poitrine. J’ai peur. Pour la première fois depuis la mort de Sarah, je suis réellement terrifié. Mon vessie se contracte avec une intensité que je pourrais me pisser dessus.
― Non. Je ne le ferai pas.
Je me dirige vers le coin les bouteilles ont atterries un instant plutôt. Je défais mon zip et sors Mitraillette pour me décompresser.
― Que fais-tu petit malpropre?
Comme s’il ne voyait pas que je pisse. Je le toise et continue d’uriner.
― Tu n’as aucun respect pour mon bureau.
Je vide mon vessie. Ça fait du bien ! Je range mon précieux et reviens vers lui.
― Je ne le ferai pas Jaime. Ne compte pas sur moi.
Il avale deux gorgées qui terminent sa bouteille. Il le roule au sol puis s’affale dans les coussins. Il me pointe de son index alors que sa main tremble.
― Tu n’as pas le choix. C’est ta vie, la vie de Manon, la mienne et celle de toute mon organisation qui est en jeu. Bats-toi avec tes démons et remporte la victoire. Je m’en fous de savoir à quel point c’est dur. C’est clair?
Je fais un demi-tour sur moi et fixe la fenêtre à ma gauche. Je pose mes mains sur ma taille alors que chaque cellule de mon être trémule.
Je ne peux pas conduire une moto.
À ce moment, mes paupières se mettent à battre de plus en plus vite et ma vue se brouillent. Comment je suis sensé me battre contre mes démons? Jusqu’à présent, ils ont eu le plein pouvoir sur moi. Je ne suis pas assez fort pour leur faire face. Et si je participe à cette course, ils vont me démonter tant sur le plan compétitif que sur le plan moral. Mes jambes deviennent molles et mes genoux fléchissent. Je m’empresse de m’asseoir sur la chaise la plus proche. Je plonge ma tête dans le creux de mes mains. Et si je ne participe pas, ces salopards qui n’ont aucune limite vont tous nous démonter.
Mon cœur se serre et se déchaine tandis que mes tripes se dilatent. Je hais cette sensation. Je tire sur mes cheveux pour me sentir mieux.
― Donne-moi la vraie raison. Je relève la tête peu à peu.
Je sens une vague de chaleur me grimper des pieds au crane. Je suis effrayé par ce qu’il s’apprête à me révéler.
― J’attendais cette question. Rien. Je n’ai rien fait. Mais apparemment pas toi.
Il m’envoie une autre boule de papier que je déplie.
PERSONNE NE TOUCHE À LA FILLE DU GRAND PATRON.
― Mais… mais… Je n’ai touché à personne. Enfin, je n’ai pas touché sa fille.
Son grognement me fait comprendre que je parle dans le vide.
― Ils disent que tu as baisé la fille de Sab. Qu’est-ce que j’en sais moi, je ne surveille pas dans quoi tu mets ton engin.
Mes poumons ont du mal à absorber l’air. Mes doigts font pression sur mes cheveux jusqu’à avoir mal aux racines.
― Que des bobards. Si j’avais baisé sa fille, il demanderait un combat mortel pas une course de moto. Ça ne tient pas.
― Qu’est-ce que j’en sais? Il fait ce qu’il veut. Si la course de moto l’amuse, il le réclame. Je te croirais sur parole si seulement tu connaissais sa fille.
Je relâche mes cheveux réalisant qu’il marque un point.
― Quand bien même, je n’ai rien fait avec elle.
Jaime essaie de se lever en titubant. Il traine du pied jusqu’à un tiroir de son bureau. Je le suis du regard. Sa main ressort une clef de moto et une petite liasse.
― Tes 12 000 pour le mois. Tu as fait du bon boulot. Il n’y aura rien pour toi, ce mois.
Je range mon dû dans la poche intérieur de mon blouson.
― Rien pour moi ce mois? Mais, j’en ai besoin.
― Je sais ok ! Je peux t’emprunter si tu veux.
Je ne peux pas me permettre le luxe d’une nouvelle dette.
― Non. Je dois distribuer.
J’ai des problèmes d’argent. Je dois cinq mille à Louka, mille au bar de JF8. C’est la moitié de ma paye parti en coup de vent. Comment je fais pour survivre? J’ai des besoins qui attendent d’être résolus comme m’acheter une voiture, un nouveau smartphone, de nouveaux vêtements et chaussures, terminer mon tatouage de "Simba*" sur l’omoplate gauche et l’horloge sur le biceps droit sans compter mes autres idées de tatouages. Je dois boire, acheter des clopes, des tubes de peintures, de la toile. Je pensais à teindre mes cheveux en blond. Je ne dois pas oublier le portable de Manon. La liste me grille le cerveau.
Je ne pourrai jamais tout faire. Je suis au fond du gouffre. Littéralement. Je ne m’en sortirai peut-être jamais. Je me mords la lèvre inférieure à en saigner. Je n’ai plus aucun espoir.
― Et voici la clef. Je t’ai acheté une moto pour que tu te prépares. Ils veulent juste une course. Donne-la leur que je me débarrasse de ces vermines.
Je le regarde avec dédain puis me lève. J’abandonne le papier froissé et la clef sur le bureau et m’en vais. Je l’entends jurer mais je ne l’accorde pas une seconde de plus. Je regagne ma voiture, enfin celle de mon géniteur, pour revenir à Potrero Hill. Une spirale de pensées me torture le long du trajet. Je ne sais pas comment je suis arrivée mais je suis presque sûr de me trouver devant la maison de Manon à 20h02.
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