17. "I HOPE"
•Bread alone de Lorne en média. •
"These faces don't look the same
It's a risk I'm taking
But he who risks nothing has nothing"
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Bonne lecture !!!
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Il garde les yeux fixés au sol alors qu’il sent pertinemment que je l’observe. Je devrais commencer par la question qui me grille le cerveau depuis mon réveil mais le voir ainsi m’amoindrit le cœur. Ses mèches en broussaille lui tombent sur le front, le troublant tatouage sur son cou me donne des frissons. Ses épaules me paraissent plus larges et tendus. Je vais sûrement le regretter mais je lui demande :
― Quelque chose ne va pas. Voudrais-tu m’en parler?
Il lève ses globes oculaires impénétrables vers moi. Que j’aimerais y voir quelque chose. Que j’aimerais pouvoir lui venir en aide. Fais-moi un signe. Entrouvre ta porte d’un millimètre afin que j’aie l’espoir qu’il y a encore quelque chose à sauver. S’il te plait.
Il daigne lever la tête et cloue son regard sur le mur en face. Il pince son piercing à plusieurs reprises et frotte son bracelet. Je crois qu’il ne l’enlève jamais.
― Rien ne va mais je ne veux pas t’en parler.
Oh! Ok ! Cool! La honte de ma vie mais ça va.
Pourtant, je suis toujours là à espérer qu’il va changer d’avis ou dire un truc sympa pour masquer sa phrase mais rien n’y sort. C’est Ayden après tout? J’espérais quoi? Qu’il devient agréable et s’ouvre à moi? Je suis idiote.
Je lève les yeux et inspire un bon coup avant de poser les questions qui tournent en boucle dans ma tête depuis ce matin.
― C’est toi qui m’a fait mon pansement hier soir?
― Oui. Tu étais tombée dans les vapes en pleine rue. Malgré que je m’en fous que tu vives ou pas, je ne pouvais pas te laisser sur l’asphalte.
Il s’en fout que je vive ou non. Cette phrase est la définition exacte de l’inhumanité.
― Tu ne t’attends pas à ce que je te dise merci ?
― Non. Je sais que la politesse n’est pas de ton genre. T’as des dossiers importants sur ton Cloud ?
Ce mec m’horripile à passer du coq à l’âne. Il pourrait simplement me demander comment je vais. Ou un ''désolé pour ce qui t’es arrivée'' ne serait pas de refus.
Je souffle.
― Non. Je n’en ai pas.
Ses incisives viennent pincer son piercing. Je balance en arrière et détourne le regard.
― Pourquoi pas? Faudrait qu’on te mette à jour Mais non.
― J’ai mes raisons. Je m’appelle Manon, pas 'Mais non'.
Ma vue se perd sur ses tatouages sombres et affreux qui lui couvrent la totalité du bras. Pourquoi quelqu’un aurait besoin de se salir autant la peau? J’aimerais qu’il me raconte l’histoire de chacun d’eux. La seule chose que j’estime attirant chez lui est son piercing.
― Quelle différence ça fait Panon ? Ton prénom est négatif.
Panon ? Et puis quoi encore? Sinon et Canon arrivent bientôt? Il n’a aucun respect pour le prénom des gens cet imbécile. Le pire est que je n’arrive pas à lui dire de rester loin de moi. J’écarte les commissures :
― Je ne vais pas me mettre en colère si c’est ce que tu vises.
Ce n’est pas exactement ce que je voulais formuler. Il me fixe la poitrine.
― Tu m’as vu nue hier soir. J’espère pour toi que tu n’as pas jouer aux imbéciles.
Il ose enfin m’observer et son regard me froisse avec cette once de sincérité. Enfin, ses yeux ont laissé apparaître quelque chose. Et rien que pour cela, je suis prête à lui accorder le bénéfice du doute. Il prend tout son temps pour détailler et déshabiller mon corps visuellement. Je ne bronche pas.
― Non. Je ne suis pas un porc quand même Manon. Je sais que je n’en ai pas l’air mais je me pose des limites. Je ne suis pas malade au point d’abuser de toi. Du calme.
― Je suis ravie de le savoir.
Mes yeux s’égarent à nouveau sur sa peau qui me laisse imaginer à quel point sa vie est noire. Elle porte ses souffrances à la vue de tous. Je laisse mon index lui frôler le bras. C’est la première fois que je tente de le toucher.
Un tourbillon noir.
Un énorme serpent contourne son bras en trois tours. Pourquoi trois tours?
13 octobre/29 février/6 juin/24 juillet. Que signifient ses dates?
A, une simple lettre qui peut traduire un million de choses.
Une grosse rose couvre le dos de sa main.
Je descends plus bas vers ses doigts mais il m’attrape le poignet. Je n’ose pas le regarder. Je fixe la fleur sur le dos de sa main et les lettres H-O-P-E sur ces quatre doigts. La lettre « I » est gravé sur son pouce. « I HOPE ». Il espère. Il exerce une pression sur ma chair qui m’oblige à plonger mes yeux dans ses trous noirs. Je ferme aussitôt mes paupières. Ma peau se clive pendant que le feu envahit tout mon corps.
― Tu cherches quoi ? Regarde-moi Manon.
Il commence à me faire mal par sa mainmise. Je suffoque et relève la tête. L’odeur de tabac m’envahit les narines et me donne envie de fumer une clope. Je balbutie quelques mots qui n’ont aucun sens.
― Réponds-moi clairement.
Les larmes me montent aux yeux sous l’effet de la pression. Ses trous noirs sont bien ancrés dans mes iris cette fois. Son visage s’endurcit. Je n’imaginais pas qu’un geste aussi banal pourrait éveiller le démon qui sommeille en lui. Il fronce les sourcils, je m’empresse d’ajouter :
― Rien. Je suis désolée. Lâche-moi, tu me fais mal.
Il desserre son emprise sans me lâcher pour autant. Il est un vrai diable torturé et vulnérable.
― Ce n’est pas parce que tu as de très jolis tétons que tu peux tenter de déchiffrer mes tatouages. Ne t’aventure pas sur ce chemin.
Quoi ? Il ne sous-entendrait pas avoir admiré mes tétons toute la nuit?
― Tu n’as pas osé me…
― Les toucher ? Non. Il faudrait que ta tronche soit jolie aussi pour que cela arrive. Tu es laide Manon. Affreusement laide.
Espèce de diable.
Le gifler me tente mais ça ne lui prouverait qu’une chose : que son jugement m’abime. Je mentirais si je disais que ses paroles n’ont aucun impact sur moi. Alors, je lutte pour ne rien montrer. Je ne vais pas lui donner le privilège de me voir souffrir. Il n’en vaut pas la peine.
La beauté est relative.
― Bonne journée, articulé-je, une boule coincée au fond de la gorge.
J’essaie de me libérer de sa main, en vain.
― Je n’ai pas fini. J’ai vu ta marque de détatouage. Je voudrais savoir ce qu’il y avait à la place? Et pourquoi l’avoir enlever?
JE RÊVE OU QUOI ? QUEL CULOT !
C’en est trop. Mon autre main perd contrôle et la seconde d’après un bruit de ballon qui éclate retentit. Il se caresse la joue, un sourire coquin en coin. N’empêche que je me sens nue face à lui, en cet instant. Je m’en doutais qu’il l’avait vu mais loin de moi l’idée qu’il vienne me questionner avec autant d’arrogance. J’en souffre de ce fichu tatouage. Le pire c’est que l’enlever m’a fait plus de mal que de bien. Il n’a aucune idée de ce que je surmonte au quotidien. Une insulte par-ci par-là, sans problème, je peux supporter. Mais qu’il approche ainsi à un sujet aussi sensible et délicat, c’est dépassé.
― J’ignore ce qui cloche chez toi. Faudrait te faire soigner mais en attendant je ne te permets pas de parler de mon corps ainsi. Est-ce clair ?
Il passe sa langue sur ses lèvres.
― Quelle sauvage ! Tu ne m’as pas répondu. Il y avait quoi à la place?
Je suis en plein cauchemar. Soit il n’est pas humain, soit il le fait exprès.
― Déjà que tu m’as blessée sur le plan physique maintenant, tu t’attaques à mon mental.
― Chut. Pour ta coupure, c’était un accident. Je ne m’attaque à rien du tout. Il y avait quoi sur ta nuque?
Ce mec est un enfer ambulant.
― Ça concerne l’ordre de la vie privée, craché-je avec dédain.
Il s’esclaffe. Au moins, il sait rire. Un rire eurythmique que j’entends pour la première fois et qui arrive à baisser le degré de colère qui bouillonne en moi. Dans un autre contexte, je me laisserais aimer cette facette.
― Quelle classe! Je finirai par savoir de toute façon. Tu sais bien que j’obtiens tout, tout ce que je veux.
Il laisse tomber ses mains vers ses cuisses.
― Amuse toi bien !
― J’adore ce genre de pique ! On se revoit à la récré.
Il me chuchote ses mots avant de filer vers l’escalier. Je préfère attendre qu’Inaya revienne. Je me pose sur le banc, les pieds dans l’air, je fixe un point sur la céramique.
Je viens de vivre une tornade émotionnelle.
Mes pensées divaguent entre Ayden et ce qui s’est passé hier soir. Je ne cache pas qu’une pointe de jalousie stupide s’est manifestée en moi lorsqu’il est parti avec cette fille. Je ne savais que très bien ce qu’ils sont allés faire alors que je l’attendais comme une imbécile. Il est venu un instant où je me suis sentie si petite et insignifiante que j’ai eu l’impression d’entrer dans ma bouteille de bière. J’aurais dû partir. Au moins, je n’aurais pas à porter ce veston sous ce soleil. Il m’avait obligé à le joindre là-bas pour me traiter de cette manière juste parce que ça lui procure un plaisir malsain.
Il me trouve si ennuyeuse qu’il est parti coucher avec une ‘simple connaissance’.
Ayden est labyrinthique et pour trouver la bonne route qui perce son mystère, on doit submerger dans son monde.
Je suis folle à penser ainsi. Il ne m’apportera rien de bon. Je n’en doute pas une seconde. Mais il m’intrigue. Je n’ai jamais connu une personne aussi énigmatique que lui. Ayden n’est qu’une concentration de tout ce que je déteste chez l’espèce humaine. Hautain, froid, égocentrique, maniaque du contrôle, sadique, grossier, cruel, idiot. Quoi de plus pour vouloir m’éloigner de lui? Mais il a fallu que ses tatouages et ses yeux noirs s’y mêlent.
Je n’ai eu que deux tatouages durant toute mon existence. Un que j’ai dû enlever et l’autre que je trouve moche. Heureusement qu’il se trouve au bas de ma nuque. Difficile que quelqu’un puisse le voir sans que je ne le veuille.
Je ferme les paupières et me répète « Effacez » plusieurs fois pour éliminer Ayden de mon mental.
― La la la la ! Chantonne une voix que je reconnais. Merci Manon ! Inaya me saute au cou. Il m’a fallu une seconde pour comprendre ce qui se passe. Je la serre dans mes bras.
Maintenant, ma journée de classe peut commencer.
― Dis-moi tout.
― Le directeur a fait venir madame Ernest. Il a entendu ma version et la sienne. Heureusement qu’elle n’a pas menti. Cela signifie qu’elle tient à son poste et ne me veut pas du mal. Monsieur Rouen lui a fait comprendre que le lycée a de la place pour tout le monde, que mes cheveux ne sont pas assez extravagants pour ‘déranger’.
― Je suis soulagée que ce problème n’ait pas demandé plus d’effort. Personne n’a le droit de te priver de toi, de tes racines et tes origines. Si t’es née avec ces cheveux c’est que tu peux vivre avec. Quand on essaie de guider ta conduite ou te changer directement, tiens tête. Ne te laisse pas marcher dessus.
Elle me sourit. Le cœur léger, on monte les escaliers bras dessus, bras dessous. Je l’accompagne jusqu’à sa classe tout en discutant. J’attends qu’elle rentre avant de m’en aller. Je suis fière de nous. Moi qui croyait que ce genre de conflits ridicules avaient disparus en 2020. J’ai eu faux sur toute la ligne. Quoi qu’il en soit, je serai toujours prête à tendre la main à une personne en marge ou qu’on essaie de mettre en marge de la société.
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Hello ! Comment ça va? (Je suis éclatée au sol.) Comment a été la rentrée de votre côté?
J'espère que ce chapitre vous a plu.
J'ai inscrit TBBBS à un concours. Je souhaite qu'elle aille loin. Quand j'aurai les résultats, je vous dirai.
Je mets mon compte instagram ici (allana_ma____) si vous avez un compte, passe le moi pour que j'aille jeter un coup d'oeil.
Kiss kiss. 😘❤
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