11. Bad surprise awaken bad memories


·I see fire d'Ed Sheeran en média.·

"Desolation comes upon the sky

Now I see fire, inside the mountain

I see fire, burning the trees

And I see fire, hollowing souls

And I see fire, blood in the breeze

And I hope that you'll remember me"

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Bonne lecture !!!

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Je passe un coup de fil à Jaime pour lui dire que je suis sur place. Je me hasarde au milieu des containers. Suivant ses indications, je parviens devant trois caisses métalliques estampées de ses initiales. Doutant bien que trois compartiments puissent contenir trente voitures, je prends mes clefs dans la petite poche de mon sac et déverrouille le cadenas. Je pousse les portes qui laissent voir une rangée de voiture de luxe. Sentant mon portable vibrer dans ma poche, je le sors et lis le message.

^De Jaime

Il y a une surprise au fond d’un des containers. J’espère que ça va te plaire. Sinon, de la came arrive demain selon mon fournisseur. Tenderloin, Sausalito et Downtown ont faim.☺^

Je ne prends pas le temps de lui répondre. L’appareil rangé, je m’avance vers le fond en comptant les voitures. Celui-ci en recèle quatre. J’identifie mes potentiels clients selon les modèles. Les moins chères seront distribuées dans les bas quartiers.

Je referme la porte et ouvre celle du second. Des yeux, je compte quatre voitures et aucune surprise. Il en est de même pour le troisième. Un total de douze voitures, on est bien loin de la trentaine dont m’avait parlé Jaime et c’était évident. Je saisis mon portable pour lui informer.

^À Jaime

Il en manque 18. C’est normal? ^

Attendant sa réponse, je guette les alentours espérant tomber sur d’autres conteneurs à son nom. Je traine quelques mètres plus loin avant que mon portable ne vibre :

^De Jaime

Ils arrivent sur un autre bateau ce samedi. Je l’ignorais jusqu’à ce matin. Bon boulot ! ^

Je reviens à mon occupation et m’avance jusqu’au fond, supposant que ma ‘surprise’ s’y trouve. En effet, j’ai raison. Une belle moto identique à celle que je conduisais à la nuit du 24 juillet. Les flashs de cette tragédie me traversent l’esprit un cours instant. Je sens un pincement au cœur qui s’évapore sous forme de migraine. Une vague de chagrin s’écrasant dans mon tréfonds me tétanise. Figé, je n’arrive qu’à détourner le regard. Le battement de mes paupières sprinte comme si cela pouvait me rasséréner.

Inspire … Expire.

Je balance une minute et réussis à disposer un pied avant l’autre pour quitter ce fichu container.

J’expire un bon coup et ferme la caisse métallique et mets les clefs dans mon sac à dos.

Est-ce une coïncidence que Jaime m’ait offert le même objet qui a détruit ma vie?

Je prends un taxi pour Castro à quelques mètres. Je penche mon crâne en avant convaincu que ça apaisera mon mal de tête frontal et m’inonde de réflexions le long du trajet.

Dans ce genre de boulot, le boss offre rarement de cadeau à un ‘employé’, à moins que celui-ci soit tout en haut de la chaine. Je suis un simple distributeur. Mon but est simplement de gagner un peu de sous pour répondre aux besoins que mes parents ont oubliés. Je ne vise pas le sommet dans le business de Jaime. Ce fait semble lui échapper. Faut que je lui rafraichisse la mémoire ce soir.

Je n’aurais jamais le courage de conduire ces machins qui m’ont détruit la vie. Je préfère encore circuler à pied.

Castro, appelé Eureka Valley, est un quartier coloré et vivant de San Francisco où je me débarrasse rapidement des voitures de Jaime. Ce qui me touche particulièrement dans ce district est le trottoir LGBT. Contrairement au reste du monde qui peint les traits en blancs, eux ils l’ont fait en six couleurs. Il en est de même pour leurs murs. Le drapeau LGBT flotte à l’entrée et partout à Castro. On ne compte pas Castro dans les plus riches quartiers de San Francisco mais la diversité y domine. Des bars au grand musée LGBT, on y retrouve un peu de tout et surtout d’acheteurs fidèles. Je connais plusieurs d’entre eux depuis deux ans et on garde une bonne relation de fournisseurs à acheteurs. La population est dense par ici ce qui est favorable pour les affaires.

―Arrêtez-vous à Alvarado Street.

Deux minutes plus tard, je pose mes pieds sur le bitume. La chaleur de Castro m’accueille. Je pose une main au-dessus de mon front pour mieux m’orienter vers le coin où se pose habituellement Rafael, mon acheteur numéro 1. Il ne me prendra pas moins d’une dizaine.

Je chemine vers une allée où les murs sont graffités avec de la mauvaise herbe en leur pied et le sol en sable fin. Je repère Rafael assis dos nu, sur une vieille bagnole délabrée, fumant sa clope. Il m’adresse un large sourire.

―Y a du nouveau dans la maison. Je croyais que tu ne viendrais jamais.

On se fait une accolade chaleureuse. Il me propose une cigarette que je ne refuse pas puis me pose à côté de lui.

―Je t’en prendrai une vingtaine. Cinq de luxe et quinze autres modèles. Dis-moi que tu as une Impala. Il y a gosse qui veut acheter une mais à petit prix. Tu vois?

―Non, on n’en a pas pour le moment. Mais un nouveau stock arrive ce week-end. Je te tiens au courant.

―D’accord. Je veux les voitures dès demain et je te donnerai l’argent ce vendredi.

On planifie la vente un quart d’heure avant que je ne m’échappe.

Rafael m’a glissé cinq milles dollars en guise d’avance de deux cent cinquante par voiture. C’est peu dirait n’importe quel individu ne pratiquant pas ce business. Mais deux cent cinquante c’est pas mal pour me retenir dans son camp.

En plaçant la liasse dans mon sac, j’aperçois le portable de Manon. Casser l’écran de ce truc a apporté ses résultats. Au final, ça valait le coup même s’il revient à moi de payer la réparation. Le plus proche réparateur est à vingt minutes de marche et ils ne tarderont pas à fermer leur porte.

Je me dépêche de traverser tout Castro à pied. Lorsque j’arrive devant la petite entreprise, mon front perle de sueur. Je me demande pourquoi je sacrifie autant d’effort pour une fille aussi désagréable que Manon. Peut-être parce que le fait qu’elle me tient tête nait en moi un sentiment de défi. De plus, ça m’annonce une tache plus rude que je me l’imaginais hier soir au JF8. Au final, j’aime sa façon de se comporter avec moi. Tant qu’au fond, elle n’est pas aussi glaciale qu’elle le prétend.

Je pousse les portes du magasin. Un homme m’accueille. Je lui fais un topo en lui donnant le portable. La caisse est un bon appui pour mon corps épuisé. Le quarantenaire le transmet à un jeune homme qui s’éloigne derrière un mur. Mes jambes me font mal le temps qu’il revient.

―Le téléphone est irréparable.

―Quoi? Il doit y avoir une erreur.

Il compte me faire un exposé sur l’état du truc mais je l'arrête d’un geste de la main. Pas le temps, ni l’envie d’écouter un blablabla qui ne me servira qu'à vider mon portefeuille.

Je plante mon front dans le creux de ma main et frotte mon cuir chevelu avec de mes doigts. Manon va vraiment me haïr maintenant.

―On vous propose d’acheter un nouveau sur le lequel on vous transfèrera vos anciennes données.

Pas mal comme idée. Cependant comment ils comptent s’y prendre si le machin ne fonctionne pas? Je garde l’interrogation pour moi. Je n’ai pas l’argent pour m’acheter un portable. J’utilise le même smartphone depuis deux ans. À moins que…

―Combien me coutera le service au total.

―739 dollars.

Je me pince l’intérieur de la joue. Mon p’tit caprice coute cher.

―J’y repasserai.

J’emporte le portable avec moi. Je souhaite qu’une agence agréée me redonne de l’espoir.

Dans le boulot de Jaime, je ne gagne pas trois mille dollars en liquidant une trentaine de voitures. Mes dépenses sont prévues à l’avance et ma liste est trop longue pour ajouter ‘Achat d’un nouveau smartphone à sept cents trente-neuf balles.’ C’est triste de dire que je dois ramer autant pour satisfaire mes besoins quand mon père peut gagner jusqu’à dix millions en une semaine. Je dois faire des choses ignominieuses pour remplir le p’tit frigo de ma chambre et ne jamais manquer de clopes.

Manon va exploser si je lui avoue tout. A mon rythme, elle aura son téléphone qu’à la fin de l’année scolaire.

J’arrête un taxi qui me dépose à Potrero Hill une dizaine de minutes plus tard. Le soleil a disparu dans le ciel. Je déverrouille mon cellulaire pour me faire une idée sur l’heure. 18h 55.

Je reçois une tonne de messages d’un coup. Je les survole. Tous viennent de filles qui m’attendent au JF8. Il parait que l’heure de s’enjailler à sonner.

Je rentre me changer puis repars en direction de Sausalito.

Louka ne peut pas venir donc j’ai dû choper une des voitures de sport de mon père à son insu. Je n’ai plus un sous à claquer dans le Uber qui plus est sur un trajet d’une heure ou plus. Je pari qu’il ne remarquera même pas l’absence de cette dernière. Conduire m’avait manqué.

J’ai dû balancer ma dernière caisse pour payer une dette, il y a deux ou trois semaines. Depuis je me déplace à pied ou en taxi. C’est la première fois que je pose le p’tit doigt sur un bien de mon père depuis l’accident. Ça fait bizarre et je risque tout. Néanmoins, je n’ai pas un large choix.

L’endroit est toujours aussi encombré et la musique assourdissante. À l’intérieur, je me fais vite remarquer par les filles. Je ne me rappelle pas de leurs noms mais leurs corps sont de vraies bombes. Elles s’emparent de moi me guidant vers un canapé dans un coin. Je me retrouve au milieu de quatre fêtardes de la vingtaine qui adorent repousser les limites.

―Tu parais extenué Ayden.

―C’est évident que personne ne prend soin de lui comme il faut.

Un serveur nous apporte deux bouteilles de téquila. Il dit quelque chose mais la musique me rend sourd. J’ai dû m’approcher de lui.

―C’est la maison qui offre.

Génial. On va se régaler. Je me laisse aller par la bonne musique, l’alcool et le plaisir. J’ai oublié Manon et notre rendez-vous. Je suis ravi que ce ne soit pas le cas pour elle. Car un gars vient me couper mon vingtième baiser.






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