Chapitre 7

Jinho ouvrit les yeux, réveillé par un bruit de bouilloire qui siffle. Le mangeur de fraises frotta ses yeux, ses joues le brûlaient, il se sentait étrangement mal à l'aise, ayant comme un nœud à son estomac de petit glouton.

Son rêve, car c'en était un, l'avait chamboulé. Pourquoi, comment ? Des questions plein la tête, les yeux rivés sur la petite table devant lui, il suivit du regard la tasse de thé délicatement posée devant lui.

- Bien dormi ? Il fait plus chaud chez moi que dans les bois quand même..

La voix moqueuse et suave de Yuto le ramena à la réalité, et désormais bien éveillé, le petit brun se redressa sur les coussins où il était auparavant allongé, frottant ses yeux.

- C'est pour moi ? Questionna t'il d'une voix timide en montrant la tasse de thé.

- C'est sûrement pas pour le pape, Jinho. T'es rigolo toi !

Dans un grand éclat de rire, le Loup passa sa main dans les mèches du plus petit, remettant habilement en place les petits épis rebelles dû à sa sieste. Gonflant ses joues, le laissant faire en se retenant de fuir la queue entre les pattes, le plus vieux attrapa la tasse de thé chaude qui le narguait, posant ses lèvres sur les bords.

Bercé par la grande main de son ami, Jinho sirota la boisson aux herbes en fermant ses yeux, ressassant sans relâche son étrange rêve, cherchant pourquoi son inconscient avait ainsi déraillé.

••••••••••

- Il a des vues sur toi. Je veux dire par là, ce n'est pas qu'il t'aime mais qu'il veut jouer avec toi. Juste te baiser et te garder comme vide-couilles, une simple possession.

Les yeux de Jinho s'emplirent de petites larmes. Comment osait-il dire des choses horribles sans même connaître la personne envers qui il proférait de telles accusations.

Ce qui lui déchirait le plus le cœur n'était pas le fait qu'il était en partie d'accord sur certaines idées du plus jeune, mais plus le fait qu'il exprime ainsi ce qu'il pouvait devenir et ce qui lui faisait peur : n'être qu'un jouet sexuel.

- C'est mon meilleur ami... Sanglota le plus petit, enfouissant son visage dans ses mains pour y cacher ses pleurs.

Le relatif silence de la Forêt enneigée autour d'eux était ponctué par les petits hoquets de Jinho, qui était en train de se recroqueviller sur lui-même. Le cœur lentement atteint par le désespoir de son ami, et en partie car c'était de sa faute s'il était dans un tel état, le grand jeune homme l'attrapa dans ses bras et le berça contre son torse en lui murmurant des paroles de réconfort.

- Oui.. Oui, je sais.. Doucement, ça va aller.. Je suis là, arrête de pleurer. J'aime pas te voir comme ça.. Calme-toi Chaton..

Bon, certes, il regrettait un peu d'avoir été aussi franc, mais au moins, son petit protégé semblait avoir compris quelle type de pourriture était le Chasseur blond.

Notamment une pourriture qui comme tous les Chasseurs avant lui, allait le traquer au moindre incident au village ou ses alentours. Mais lui, n'allait pas se faire avoir comme ses parents. Il était malin, puis si jamais quelque chose lui arrivait, cela signifiait prendre le risque que Jinho finisse entre ses sales pattes, et c'était hors-de question !

- Tu veux venir te réchauffer chez moi ?

La question était sortie presque sans qu'il y réfléchisse, le faisant rougir lentement de son audace. Et la réponse qu'il obtenu le fit presque bondir et se rouler dans la neige comme un louveteau.

- Avec plaisir Yuto. Je ne suis jamais encore allé chez toi, alors que ça fait un mois jour pour jour que toi et moi on se connaît.

" Je te connais depuis toujours Jinho", aurait voulu répondre le jeune Loup, se remémorant de leurs jeux et repas étant enfants. Mais si Jinho avait oublié, ou ne voulait pas s'en souvenir, il n'allait pas insister après tout. Chacun avait ses raisons de ne pas se souvenir d'événements, ou de les oublier volontairement.

- Super. Je te préviens, ça n'a rien d'exceptionnel comme.. Hm, "maison" ?

- J'm'en fiche, j'veux aller chez toiiiiiiiiiii, geignit le châtain, les yeux encore rouges et bouffis, en levant son visage vers lui, serrant sa veste entre ses deux petites mains.

Et voilà comment Yuto, pauvre homme faible de sa condition, avait failli fondre une nouvelle fois devant son ami. Plus il passait du temps en sa compagnie, plus il se sentait empêtré dans une dépendance et une attirance forte qu'il développait bien malgré lui.

Ayant marché avec un Jinho très enfantin, pendu à son bras, dans un calme étonnant, ils étaient arrivés après une dizaine de minutes devant une maisonnette au milieu des arbres, en bois et à l'air bien douillette.

- C'est ici, marmonna le Loup avec gêne, ses oreilles se mettant à frétiller sur sa tête.

Le Petit Chaperon Rouge sourit, avançant dans la neige crissant sous ses pas.

- C'est silencieux, et introuvable. Plutôt mystérieux comme choix de lieu d'habitation.

Il se baissa, trifouillant quelque chose entre ses mains. Yuto fronça ses sourcils en un V parfait, essayant de distinguer ce que son tout petit et mignon Chaton faisait.

Sans qu'il ne le voit venir, il se ramassa une grosse quantité de neige froide dans le visage, poussant un jappement suraiguë. Le rire de Jinho tinta doucement dans l'air, avant qu'il ne se jette à plat ventre dans la neige bien blanche pour esquiver la boule glacée que le Loup lança en guise de vengeance.

- Raté ! Apprends à viser la bestiole à puces !

Vexé, Yuto rugit avant de se jeter sur le plus âgé qui tentait de se relever en roulant une énorme masse de neige.

- Y-yaaaaah !

- Je t'ai eu petit bouffeur de fraises ~

L'aîné se mit à rougir devant la proximité de leurs deux corps : il était en effet coincé sur la neige par son ami, qui avait ses deux mains plaquées au sol près de sa tête et qui le dévisageait d'un air gourmand.

Cette situation pour le moins gênante à son goût lui rappela leur rencontre, quand il avait léché ses doigts. Non, il n'avait définitivement pas pu oublier ce moment si gênant mais agréable de son existence. Et si cette vilaine langue voulait à nouveau parcourir sa peau..

Jinho frissonna violemment, tirant Yuto de sa béate contemplation.

- Oh, mince, désolé, tu dois avoir froid. Excuuuuuuse-moi, je ne voulais pas !

- C'est.. Rien du tout, articula difficilement le plus vieux en détournant le regard, s'appuyant sur ses coudes pour se relever au moins en position assise.

Évitant désespérément son regard, le Chaperon Rouge le poussa avant de se lever, lâchant de suite un petit éternuement adorable et qui fit grogner son ami. Le grand jeune homme à la chevelure noire le tira par le bras, après s'être relevé, et sans piper mot, il le conduisit jusqu'à la porte de la maisonnette en bois, dont il déverrouilla rapidement la porte.

Les faisant entrer dans l'habitacle, le Loup vit les yeux arrondis par la surprise de son tout petit mais très précieux ami se fermer.

- C'est très chaleureux.. Yuto...

- Merci Chaton, maintenant passe-moi ta cape et tes bottes, je vais les faire sécher, exigea d'un ton sans appel le cadet en ôtant sa veste noire.

Obéissant car ne souhaitant pas vraiment subir ses foudres, Jinho tira sur la ficelle de sa cape, cette dernière tombant à ses pieds dans un froissement de vêtement. S'étant penché pour la ramasser, il ne remarqua pas les prunelles luisantes de désir du plus grand, dont le regard était fixé sur ses petites fesses rondes et délicieusement alléchantes pour le prédateur qu'il demeurait.

- Tiens, je suis désolé de te déranger Yuto, vraiment, bafouilla doucement l'aîné en lui tendant le vêtement rouge, gentiment et élégamment plié.

L'interpellé sortit de sa contemplation, et secouant la tête, se saisissant délicatement du vêtement : il savait à quel point il était précieux pour son Chaton, et l'accrochant à une poutre, il alluma rapidement un feu dans la cheminée pour réchauffer son ami, qui tournait en rond, observant et analysant la maison du Loup.

- Tu peux t'asseoir si tu le veux, rien ne risque de te manger ici.

"A part moi", pensa t'il amèrement.

Visiblement rassuré, les épaules de Jinho se détendirent, une douce chaleur commençait à se répandre dans la pièce, et cela lui donnait vraiment envie de somnoler. La maison était tellement bien située, au calme, c'était en quelque sorte reposant, même pour un être aussi énergique que lui.

C'est donc prenant place sur un amas de coussins que le petit brun observa son hôte s'activer, les paupières de plus en plus lourdes, et qu'il finit inévitablement par s'endormir en terres inconnues.

••••••••••

Et voilà donc ce qu'il s'était passé, ce qui en soit était d'ailleurs assez gênant pour le villageois. Parce que cet étrange rêve, sorte de fantasme, était né de par les événements, il n'y avait aucun doutes possibles.

La tasse désormais froide et vite entre les mains, Jinho leva un regard gêné et timide vers son cadet. Il ne savait plus quoi dire : certes il était bien chez lui, avec sa présence qui l'entourait dans une étreinte follement réconfortante, mais le malaise persistait. A cause de lui, comme souvent, comme toujours même.

- T'as toujours les cheveux aussi doux..

Jinho haussa ses sourcils en rougissant quelque peu à sa remarque. Pourquoi devait-il se sentir aussi gêné pour une remarque si anodine pourtant ? Reposant sa tasse vide sur la petite table devant lui, il se leva pour aller chercher sa cape, les jambes cotonneuses.

- Je.. Et bien, euh.. Merci. Ma cape doit être sèche, je ne vais pas t'importuner plus longtemps..

Ne faisant pas plus que ça attention à où il marchait car il était actuellement bien perturbé, il se prit les pieds dans l'épais tapis et s'étala de tout son long, se retrouvant à plat ventre sur le tissu.

- J'en ai marre, rouspéta t'il en relevant la tête, s'appuyant sur ses paumes pour se relever.

Deux grandes mains vinrent se poser sur sa taille et le soulever sans aucun mal, pour le remettre debout, mais le petit brun ne put s'empêcher de contester en essayant de faire lâcher prise à Yuto. Sa peau le brûlait là où il l'avait touché, même si c'était à travers son pull en laine.

- C'est un signe que tu soies tombé. Du style "reste ici où il t'arrivera bien pire", ricana le jeune homme en époussetant les genoux et les mains de son ami.

- Je ne pense p-

Jinho se coupa en plein milieu de sa phrase, ses yeux figés sur les lèvres bien trop attractives de son cadet. Elles étaient bien trop près !

- A-aaah.. Gémit-t'il en rosissant, tentant de s'éloigner, baisser sa tête, enfin, faire quelque chose pour ne plus avoir à souffrir de cette envie de les toucher, les caresser voir même les goûter.

Une main se posa au creux de ses reins, et il abaissa ses prunelles chocolat vers cette soudaine pression qui parcourait désormais sa hanche gauche, avant qu'une autre ne s'exerce sur sa hanche droite. La voix grave et plus rauque qu'à l'accoutumée de son ami le tira de ses interrogations sur cette caresse plus qu'amicale.

- Jinho.. S'il te plaît, reste.

Muet de surprise face à sa demande, le concerné plongea un regard incompréhensif dans l'abysse ténébreuse qu'étaient les prunelles sombres du Loup. Et ce qu'il y vit le fit passer par toutes sortes d'émotions différentes : Yuto le regardait comme s'il était un de ces objets précieux qu'il ne faut pas abîmer, il le faisait se sentir important, et une pointe de désir achevait de rendre Jinho complètement accro.

- Yuto.. Je.. Je pense que je devrai vraiment y aller..

- Non. Moi je pense que tu devrais vraiment rester Chaton.

Sa voix était devenue rauque, légèrement haletante, et ses lèvres semblaient s'être rapprochées. Pour sa sécurité et son bien-être mental, il devenait impératif au villageois de se défaire de cette emprise. Mais entendre ce petit surnom que lui avait donné Yuto.. Il frissonnait chaque fois que sa voix grave le prononçait, faisant rouler sur sa langue rose chacune des lettres dans des sonorités affriolantes.

- Comme tu as de beaux yeux, murmura finalement le brun, ne pouvant plus résister à son cœur qui battait la chamade en cet instant précis.

- C'est pour mieux me souvenir de quel ange j'ai sous les yeux, répondit le Loup d'une voix douce, soulevant le menton du plus vieux du bout des doigts.

- Et puis, tu as de si grandes mains, continua Jinho en rosissant quelque peu, de plus en plus.

Dans un doux mouvement, Yuto posa ses lèvres sur celles du plus âgé, comblant les petits centimètres qui les séparaient jusqu'alors des sentiments bien trop importants l'un pour l'autre dans le cœur de chacun.

Ce fut une révélation pour notre petit brun, qui mouvant délicieusement ses lippes roses à celles de son ami, sentit des papillons voler dans son ventre. Mais lorsque le jeune Loup passa ses mains sous son pull, caressant ses hanches de manière plus suggestives, il le repoussa en rougissant, plaquant sa main sur ses lèvres, les yeux écarquillés.

Sous le regard ahuri et déçu de Yuto, Jinho attrapa sa cape à la volée en sortant de la petite maison. Il avait embrassé son ami, il l'avait désiré, et cela lui avait fait peur. Parce qu'il commençait à comprendre seulement que ce qu'il ressentait à son égard n'était pas de la simple amitié, ni même une quelconque relation fraternelle.

Il ne devait plus le revoir, pour son bien, et pour la sécurité de tous. Hui était déjà un problème, et il ne voulait en créer à personne. Surtout qu'il ne se doutait pas en cet instant même que ce dernier l'avait suivi.

NDA

Pour certaines raisons, le CHAPITRE est avancé à Jeudi soir pour cette SEMAINE.
Enfin, ça ne peut que vous réjouir non ?

Pas grand chose à dire, mais le CHAPITRE est bien plus long X)

Excusez moi ._.
Bientôt un autre personnage plus développé ?

A vendredi prochain, et merci encore pour le SOUTIEN et l'intérêt que vous portez à cette fiction.

COEUR

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