Sagement assis, le petit Chaperon Rouge hocha la tête. Et pour sûr qu'il avait besoin d'éclaircissements, et pas qu'un seul.

Ouvrant la bouche pour commencer à interroger sa grand-mère, la vieille femme posa un doigt sur ses lèvres, le faisant loucher sur ce qui l'empêchait de prononcer une parole.

- Jinho, mon coeur, il faut que tu me promette de ne rien dire tout le temps où je vais te raconter l'histoire. Tu me le promets ?

- M-Mais Mère-Grand..

- Pas de "mais" Jinho. Promets-moi simplement.

- Bon, bon, je le promets alors, maugréa le petit jeune homme, visiblement contrarié.

- Très bien.

La vieille femme croisa les mains sur le tablier blanc, enfilé par-dessus une robe noire et très simple. Ayant beau être l'ancienne mairesse du village, également ancienne boulangère de renom dans toute la région, elle n'étalait pas ses possessions comme l'actuel dirigeant, se contentant de vivre dans la simplicité et loin de la perversion du monde.

- Tu ne te souviens probablement pas de ce jour-là, mais tu y étais.

- Quel jour ?

- Ne m'interromps pas, petit chou.

Jinho, penaud, baissa la tête, dans une attitude désolée qui fit sourire la femme qui s'était occupé longtemps de lui.

- Je continue.

Elle prit une profonde inspiration, comme si ce qu'elle allait dire la forçait à se souvenir d'événements désagréables.

- Le jour de la mort de tes parents. Tu étais avec eux dans le bateau, sur le lac, quand.. Quand l'embarcation s'est retournée. C'était un jour d'hiver, comme aujourd'hui.

Elle se tut pendant quelques secondes, la gorge serrée par l'émotion et les yeux brillants de larmes. Le villageois ne savait plus trop quoi faire. Il ne se souvenait pas de ce jour-là, sa mémoire ayant probablement voulu l'effacer.

- C'est.. C'est Yuto qui t'as sauvé. Alors que tu te débattais pour maintenir la tête hors-de-l'eau malgré le froid glacial. Il a hurlé, et j'ai accouru. Je n'avais jamais entendu de cri de Loup avant, et.. Venant d'un petit bonhomme si jeune, quand je vous ai découvert, j'étais surprise. Après ce jour tragique, tu es resté au lit pendant deux semaines entières, sans réagir. Et pendant tout ce temps-là, On avait enterré tes parents, et Hongseok était venu vivre ici. Comme Yuto, qui s'occupait de toi jour et nuit.

- Yuto.. Vivait ici avant ?

Sérieuse, Marika hocha la tête, sans que l'once d'un seul sourire n'éclaire son visage fatigué.

- Durant un long mois, oui. D'ailleurs, tu ne le sais peut-être pas, ou.. Ne l'as-tu pas simplement deviné mais une fois ta mémoire effacée suite aux événements dont tu ne voulais te souvenir, Yuto s'est installé dans la forêt. Attendant de te retrouver.

- Les fraises... Murmura le doux brun, les yeux écarquillés.

Venant de comprendre en partie le pourquoi du comment, Jinho sentit ses yeux s'embuer de larmes. Il ne pouvait qu'imaginer les longues années où l'homme qui faisait battre son coeur l'avait attendu, patiemment, attendant de le retrouver.

- Il a bravé la méchanceté et la cruauté des humains pour toi. Parce qu'il t'aime bien plus que l'entendement.

Les gouttes salées se mirent à couler sur ses joues. Égoïstement, il avait tiré un trait sur la mort de ses parents, et un trait sur ses souvenirs avec le Loup.

Mais désormais, tout était clair et tout lui revenait. Ce jour tragique, l'eau gelée, Hongseok qui lui faisait des gâteaux pour l'aider à se rétablir, son inactivité, le petit Loup lui murmurant à quel point il l'aimait..

- M-mère-Grand.. J'ai.. J'ai fait n'importe quoi. Je lui ai fait du mal.

- Les blessures du coeur se réparent avec le temps. Il ne souffre plus depuis qu'il t'a retrouvé.

Regardant la neige blanche qui avait commencé à fondre dans le grand jardin, par la fenêtre de la chambre du jeune homme qu'était devenu son petit-fils, Marika s'autorisa enfin un sourire.

- Je n'ai jamais vraiment osé lui reparler de toi. Et puis tu sais.. Si tu ne l'as jamais croisé, ni ton frère, c'est tout simplement de ma faute.

- Qu'est ce que tu racontes encore ?! S'indigna Jinho, se levant de son lit les yeux étincelants encore de perles salées.

- Je vous ai empêché de vous retrouver d'une façon simple. Je.. Je testais l'amour qu'il te portait. Je voulais savoir à qui j'allais confier mon petit-fils. C'est un bon garçon, Yuto. Jamais il ne m'a demandé la moindre petite pièce où le moindre petit gâteau. C'est de moi-même que je l'habille et le nourris. Il me demandait toujours si tu allais bien, aussi.

C'en était trop pour le petit brun. Ouvrant la porte à la volée, il quitta son ancienne chambre et dévala les escaliers quatre à quatre, appelant son ami.

- YUTO ! YUTO !

- Hmm ?

Surgissant de la cuisine, un verre qu'il essuyait avec un torchon à la main, il écarquilla les yeux en voyant à quel point Jinho semblait bouleversé.

- Eh.. Chaton.. Qu'est-ce qu'il se passe.. Pourquoi tes beaux yeux sont tout rouges ?

Le plus âgé se jeta sur le corps du noiraud, frottant sa joue à son torse, respirant son parfum de sous-bois et de fraisiers en fleurs.

- Les.. Les fraises.. C'était pour moi ? Et.. Et tout ce que tu as fait avant.. Me redonner goût à la vie, tenter de me faire sourire aussi ?

Les yeux du Loup s'attendrirent. Il posa ce qui l'empêchait de maintenir son ange brun contre sa poitrine et l'enlaça amoureusement, déposant un baiser sur son front.

- Tout était pour toi. Parce que les fraises, c'était la seule chose qui pouvait te faire sourire et te faire rappeler de mon existence. Je t'aime Jinho. Je t'aime comme un malade, tu m'a manqué, idiot de Chaton !

Le plus petit éclata de rire, rougissant comme une tomate à sa fougueuse déclaration. Toussotant, il lui répondit avec une certaine gêne, et presque inaudiblement.

- Je t'aime aussi.. Grand chien mouillé..

- Pardon ?

- Eeeeeeh ! Repose moi à terre !

Jinho se mit à rire en gesticulant, se débattant pour retrouver le plat du sol sous ses pieds. Mais au vu de la situation, cela allait être dur de ravoir les pieds sur terre.

Avec son poids plume combiné à la force de Yuto, le villageois, littéralement hissé sur l'épaule du noiraud, ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre passivement.

Il glapit, ne sentant pas la fessée arriver. Ses fesses rebondirent délicieusement après que la main de Yuto les aies heurtées sèchement, alors que plus intimidé que jamais, le brun semblait se ratatiner sur lui-même.

- M-mais t'es complètement fou !

- Oui.~ Fou de toi, de tes fesses, de ta voix. Et surtout de quand tu t'énerves après moi et que tu as cet air sévère si sexy.. Ça me donne envie de t'embrasser jusqu'à ce que t'es lèvres te brûlent.

- Espèce d'idiot de chien mouillé.. Marmonna Jinho, n'osant même pas imaginer les souffrances délicieusement délectables que le grand jeune homme faisait miroiter dans son esprit.

En parlant de baisers, celui de chez le Loup lui revint en mémoire. Ça avait été désespéré et infiniment doux. Il en voulait encore beaucoup d'autres comme cela.

Finalement reposé à terre, il leva des grands yeux brillants vers son ami, tendant ses lèvres vers lui en fermant ses yeux. Il ne s'attendait sûrement pas à ce que Yuto pose son index sur ses lèvres, ce qui lui fit rouvrir ses prunelles, une moue furieuse déformant son visage adorable.

- Je veux mon baiser..

- Plus tard mon ange. Je veux que tu t'en souvienne, de notre premier vrai baiser.

- Mais je ne vais pas oublier quelque chose comme-

Son ventre émit un gargouillis assez violent. Yuto ne put s'empêcher de glousser, des larmes de rire aux coins des yeux. Tordu de rire, il tapota la tête du plus vieux, sans cesser de rire.

- Je finis de faire la cuisine. Va t'installer mon Chaton. T'as vraiment faim à ce que j'entends héhé~

Jinho renifla de dédain, heurté de plein fouet dans sa fierté. Posant sa petite main sur son estomac, il le réprimanda mentalement, les sourcils froncés et la bouche en cul de poule.

"Définitivement, je vais finir par ne plus résister moi", soupira intérieurement le Loup gris en tortillant ses doigts nerveusement.

Jinho lui lança un dernier regard outré avant d'aller s'asseoir à la grande table de bois massif du salon, se balançant négligemment sur sa chaise en observant la décoration que Yuto avait faite sur la table.

Marika ne tarda pas à le rejoindre, un sourire illuminant son visage marqué par l'âge. Jouant avec un bout de sa serviette, elle coula quelques regards en coin à son petit-fils.

- Je vous ai entendu. Vous êtes vraiment mignons tous les deux..~

Le villageois à la chevelure brune se crispa, un sourire nerveux faisant irruption sur ses lèvres.

- Tu nous espionne ?

- Jamais je ne ferai ça voyons, fufufu~

- Mère-Grand ! S'indigna le jeune homme, les sourcils froncés en un "v" parfait.

- Mais quoi ? Je n'ai rien fait.. Mes oreilles trainent contre mon gré.

- Tss..

Jinho se prit une tape sur la cuisse qui lui fit lâcher un cri indigné.

- Vieille folle va !

- Fufufu, je sais. Respecte tes aînés petit idiot.

L'instant d'après, le brun se prit une pichenette en plein milieu du front, sans qu'il ne l'ait vue arriver.

- Le repas est servi !

Yuto déposa un grand fraisier au milieu de la table, puis de la crème fouettée et un Smoothie à la fraise pour son amoureux.

Émerveillé par les mets parfumés de son fruit préféré, les orbes chocolatées du plus vieux se mirent à briller. De son côté, Marika hocha la tête avec satisfaction avant d'applaudir.

- Ça ressemble à quelque chose pour une fois. L'amour te donne des ailes mon petit~

Le grand Loup sembla se recroqueviller sur lui, gêné qu'on le complimente ainsi. Les joues légèrement roses, il finit par tirer une chaise et s'asseoir dessus, lançant des petits regards intimidés aux personnes assises face à lui.

Sans attendre de permission, le Chaton se servit une généreuse part de gâteaux et fraises, et sirota un tiers de son Smoothie d'une traite.

- MAIS..! C'EST DÉLICIEUX !

- Je confirme. Approuva la vieille femme en tablier, souriant gentiment à son protégé.

Fier de lui, Yuto se redressa, se tenant bien droit sur sa chaise en observant l'homme de sa vie déguster sa cuisine. Oui, il était content. Et il lui ferait des fraises tous les jours, c'était décidé.

••••••••••

Rentré chez lui, dans le grand manoir familial situé au milieu de la rue où habitait tous les riches du village, Hui avait par mégarde croisé son père, l'intimidant et apathique maire de Woody Glover.

- Père.. Le salua t'il en baissant la tête.

Il fut accueilli par une claque qui retentit dans tout le grand hall de l'imposante et luxueuse bâtisse.

- Où était-tu Fils ?! Je te rappelle ton devoir, petit incapable de branleur ! Devenir le meilleur pisteur, le meilleur tueur de cette région et éradiquer tous les monstres qui terrorisent notre village pour qu'enfin tous m'élisent unanimement en temps que chef !

La gorge nouée, le blond se crispa, serrant ses poings. La morsure de la gifle de Hongseok n'était rien à côté de celle qu'il venait de recevoir. Hongseok.. Il aurait voulu rester avec lui, au plus profond de lui.

- Désolé.. Je.. Je ne le referai plus Père.

Un sourire sadique, presque effrayant aux lèvres, le géniteur du Chasseur posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

- Ne me dis pas que tu commence à être humain ? Tu es une machine de guerre, Hui. Pense à ce que ces monstres ont fait à ta mère. Ils l'ont égorgée, défigurée et abandonnée lâchement, les entrailles à l'air à la vue de tous.

Hui sentit les larmes affluer à ses yeux à cet horrible souvenir. Mais il les chassa très vite : si il pleurait, son père allait le battre.

Satisfait de son effet et de son fils, le maire frotta son dos dans un geste qui aurait pu paraître sympathique si il n'était pas une menace déguisée.

- Va t'entrainer Fils. Tu iras ensuite rassembler une équipe constituée des meilleurs Chasseurs pour faire une battue.

- J'y vais Père.

- Et ne va plus jamais chez ces deux pauvres enfants dont les parents sont morts tragiquement. Ajouta l'homme, un sourire méchant aux lèvres.

Le Chasseur blond avait déjà compris depuis longtemps les manigances de son père. Les parents de Jinho et Hongseok n'étaient pas décédés "naturellement". Tout avait été maquillé avec soin par ce manipulateur qu'il haïssait.

Il ne voulait pas les perdre non plus. Alors, n'osant s'opposer à son père haïssable, il rajusta sa veste en cuir sur son dos et se dirigea vers la salle d'entraînement où il dormait même parfois, de peur de se faire battre.

Si seulement quelqu'un pouvait l'aider.

NDA

Enfin le chapitre 11 des révélations.

Il peut sembler inintéressant mais j'avais besoin de donner une certaine profondeur et un passé à mes personnages. Un peu d'humanité à celui que vous détestez tous aussi x)

Je souhaite un anniversaire trop trop trop godkxpskx à mes bébés Hongseok et Jinho, qui ont eu 24 et 26 en Corée, le 17 Avril ;3

J'ai aussi sorti une autre fanfiction avec des chapitres plus courts et plus "moderne" : Apocalypsomanie.
Je ne fais pas du tout de la pub x)

Le bac arrive. J'essaierais de faire des chapitres en avance, MAIS ils seront plus courts. FIGHTING LULU !

Et bientôt les 800 vues OMO ! Merci !