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Je lance des petits regards à Sam alors qu'il conduit la voiture pour nous ramener au manoir avant de nous rendre avec l'équipe au complet au Conseil. Encore un tour de manège, je rigolerai presque si la situation n'était pas aussi dramatique. Je ne compte même plus le nombre de jours qui ont passés depuis la dernière apparition du père de Sam et chaque seconde qu'on laisse passer lui laisse le temps de filler très loin de notre portée. Je sais qu'il ne va pas s'arrêter là : il a été très clair. Dans ses rêves de retour dans le passé figure le fait de recomposer sa famille à l'aide de magie noire, s'il ne voit pas la dangerosité de la chose c'est qu'il est vraiment fou, à ce stade ce n'est plus de l'inconscience. Cela me peine vraiment que le dernier membre de famille proche de Sam soit comme cela. Et je sais que mine de rien cela le peine, de penser au père qu'il aurait pu avoir... qu'il a peut-être cru retrouver, qu'il avait l'espoir de revoir. L'obsession de vengeance d'Arthur Shaymore me fait également peur parce que je ne sais pas si je peux la gérer, il est imprévisible et est prêt à tout. Mais le suis-je également ? Suis-je prête à aller jusqu'à le tuer si je l'ai une nouvelle fois devant moi en sachant que quoi qu'il fasse il reste avant tout le père de Sam, le père de mon amour, de mon homme qui a déjà tant souffert ? Je suis perdue entre mon envie d'en finir et celle de préserver Sam, je sais que c'est un grand garçon, un Seal qui plus est, mais je ne veux pas qu'il ait à affronter cette situation. Je me mâchouille la lèvre en réfléchissant, et je continue à lancer des petits regards à Sam comme si cela allait m'aider à prendre une décision.
- Tu me dis ce qui te tracasses avant que tu n'aies plus de lèvre ?
- Ne t'inquiète pas, je réfléchissais c'est tout.
Je sais qu'il sait. Ma réponse n'est pas celle qu'il attendait, il se doute probablement de ce à quoi je suis en train de penser mais il n'insiste pas. Il pose sa main droite sur mon genoux, les yeux toujours fixés sur la route devant nous. Il y trace des petits cercles qui m'aident à me détendre. Je respire lentement et ferme les yeux savourant ce contact apaisant sur ma jambe. J'ouvre les yeux quand Sam arrête la voiture. Il enlève sa main et sort de la voiture et pars en direction du manoir. Je le regarde marcher. Je sais qu'il s'inquiète pour moi, que ce n'est pas facile à gérer et maintenant avec ce qui s'est passé tantôt je sais qu'il cogite encore plus. Il croit sans doute que le problème peut venir de lui. La vérité est que nous sommes aussi têtus l'un que l'autre et que l'on porte chacun le monde sur nos épaules j'ai l'impression. Je sais qu'il y a beaucoup de non-dits entre nous et qu'il va vraiment falloir qu'on parle ensemble. Après le Conseil j'essayerai de voir avec lui si nous pouvons parler, en plus il en aura sûrement besoin. Je descends de la voiture et me dirige à mon tour vers la porte d'entrée.
Je n'aime décidément pas cet endroit, enfin si parce qu'on ne peut pas nier sa beauté mais il me rappelle de mauvais souvenirs. Et quand j'y pense je frissonne et me mets à cogiter. Vais-je savoir surmonter mes traumatismes et reprendre ma place dans mon unité ? Je secoue la tête ce n'est pas le moment de penser à ça et même si les doutes me bouffent en ce moment il y a plus urgent que ça. Je continue d'avancer entourée par l'équipe. Sam me précède et je le vois tendu. Ce moment ne va pas être facile pour lui et je crois que comme moi cette salle ne lui rappelle pas des souvenirs joyeux. Je remarque que des chaises ont été rajoutées autour de la table pour que tout le monde puisse s'assoir. Je sens que la soirée va être longue...
Comme je l'avais prévu on commence encore par un récapitulatif des faits. Non mais sérieusement comme si ces derniers avaient changés ?! Je lève les yeux au ciel avant de les poser sur la personne qui est en face de moi : Michael Shaymore, l'oncle de Sam. Il me sourit, probablement parce qu'il pense la même chose que moi. Je n'ai jamais eu l'occasion de vraiment parler avec lui mais je crois que c'est un type vraiment bien et qu'il est là pour Sam. Finalement il lui reste peut-être encore quelqu'un de sa famille de sang qui est digne de confiance et qui mérite l'amour que Sam peut donner. Quand on en vient au cœur du problème qui a été débattu par le conseil pendant de longs jours c'est comme si la moitié de la salle se réveillait d'un long sommeil et était parfaitement aux aguets.
- Nous avons pris une décision concernant Arthur Shaymore, il faut le retrouver et le capturer vivant, il doit répondre de ses crimes devant le Conseil et nous devons en faire un exemple pour rappeler à tout le monde ce qu'il en coûte de passer outre nos lois quel que soit notre rang. La magie noire est interdite pour tous. On ne peut pas le laisser mettre en œuvre ses plans. Nous avons donc décidé d'envoyer des troupes de volontaires à sa trace.
Will prend la parole face au président Carter.
- Nous pouvons participer.
- Nous n'y voyons aucun inconvénient si vous prenez au moins deux personnes d'une autre unité avec vous. De plus n'oubliez pas que vous pouvez être redéployés, votre mission étant accomplie. Cela arrivera probablement incessamment sous peu.
- Avoir quelqu'un qui ne connait pas notre façon de fonctionner avec nous ne fera que nous ralentir.
- C'est ça ou rien. Nous ne voulons pas qu'un lien familial ou une vendetta personnelle interfère dans la capture, après tout il est aisé d'avoir la gâchette facile.
- Bien. Nous ferons comme vous le voulez. Le capitaine Ashdown peut-elle se joindre à nous ?
- Tant qu'elle n'interfère pas... Vous serez responsables de tous ses actes néanmoins.
Je sers les accoudoirs sous mes mains. Quel connard, surtout n'oublie pas de dire que c'est grâce à moi qu'on connait les plans d'Arthur Shaymore. Et il est bien beau leur plan mais il semble oublier de prendre en compte quelque chose de primordial. Je me permets de prendre la parole, après tout je ne suis pas connue pour ma retenue.
- Et les jeunes qu'il vide de leurs pouvoirs vous compter les chercher ou vous préférez retrouver des cadavres uniquement ?
Bon j'ai probablement été un peu fort sur le choix de mes mots au vu du murmure d'indignation qui s'élève à la suite de mon intervention.
- Mademoiselle sachez que nous ne les avons pas oublié mais il faut être réaliste ; il n'y a presque pas de chance qu'ils soient encore en vie à cette heure-ci.
- Vous ne connaissez donc rien en ce qui concerne la transformation en magistère ?! Il ne peut pas tous les tuer d'un coup en volant leur pouvoir : cela pourrait le tuer de recevoir une trop grande quantité de magie d'un coup.
- Vous semblez bien informée vous au contraire. À se demander si vous n'êtes...
- Je vous arrête tout de suite : honnêtement je n'ai pas pris deux balles dans le bide pour le plaisir et je ne pense pas que tout le monde ici puisse en dire autant...
- Soit vous n'avez qu'à rechercher les jeunes si cela peut vous faire plaisir et vous tenir hors de nos pieds.
Trop aimable franchement. Je ne rajoute rien, cela ne servirait à rien. Tous ces jours à débattre pour arriver à la conclusion qu'il faut retrouver Arthur Shaymore pour le juger, question rapidité et utilité on repassera. Presque deux semaines à perdre un temps précieux et tout ça pour arriver à une solution qui n'en est pas une étant donné qu'il faut encore l'attraper et que rien n'est donc fait. Ils oublient également que l'attraper ne va pas être une mince à faire surtout quand on voit le tour qu'il nous a joué la dernière fois. Le Conseil se termine, les gens se lèvent. Sam est le premier à passer la porte suivit de l'équipe et de la majorité des membres du Conseil, perdue dans mes pensées je n'avais pas directement remarqué qu'il était temps de partir. Je me lève et quand je me retourne le président du Conseil, Mathieu Carter, est face à moi, à peine à quelques centimètres. De sa voix basse il s'adresse à moi.
- Je ne tolèrerai plus une telle attitude au Conseil. Vous n'êtes personne ici.
- Je ne risque pas d'oublier que vous me considérez comme votre inférieure mais je ne me tairai pas pour autant. Si vous n'étiez pas aussi aveugle vous auriez vu les signes plus tôt, surtout vous qui saviez qu'Arthur était en vie.
- Vous devriez vous taire et ce dès maintenant sinon je vous ferai enfermer.
- Vraiment ? Parce que je continuerai à dire la vérité et honnêtement vous avez une dette à mon égard depuis que vous m'avez torturée puis condamnée.
- Votre insolence vous perdra, nous n'avons aucune dette à votre égard. Et si vous vous avisez de...
- Mathieu ça suffit !
Je tourne le regard vers la personne qui vient d'intervenir, il s'agit de Michael. Carter fait un pas en arrière et je remarque l'aura menaçante qui l'entoure et que je n'avais pas perçue jusque maintenant, ses doigts entourés par de petites étincelles argentées, il était en train de perdre le contrôle. Toujours debout la tête relevée je fais face, il me lance un dernier regard avant de partir.
- Je vous remercie.
- Tu ne dois pas et tu peux me tutoyer Isabelle. Par contre ce n'est pas très malin d'énerver Carter de cette façon.
- Je sais bien mais son air condescendant m'insupporte, qu'est-ce qu'on s'en fiche de savoir qui je suis, on a des problèmes plus urgents à régler dans l'immédiat, il aura tout le loisir de me maudire par la suite.
Il me sourit d'accord avec moi mais il ne le dira pas à voix haute, ce que je comprends. Il me raccompagne vers la sortie, me faisant passer devant lui. Quand nous arrivons près de Sam il lui dit de passer une fois chez lui avec moi en me gratifiant d'un sourire. Je ne peux m'en empêcher et je souris en retour.
Nous sommes de retour à la propriété quand Jem et Kyle proposent à Sam de venir avec eux courir dans la forêt changés en loup. Brandon décide de se joindre à eux pour se dégourdir les pattes comme il dit, je le connais il veut juste un peu frimer avec sa panthère. Sam n'hésite plus longtemps, il a besoin d'évacuer, chose que je comprends très bien, je lui fais signe d'y aller. Ne reste donc plus que Will et moi au manoir. Je vais me changer avant de descendre pour rejoindre la pièce avec le sac de frappe. Je commence à frapper dedans, gentiment au début puis je me lâche, les paroles de Carter me restent en travers de la gorge et je me mets à réfléchir, bizarre on a pas entendu les Marshall ce coup-ci, c'est plutôt rare d'ailleurs.
Je ne vois pas Will rentrer dans la pièce avant qu'il ne se poste derrière le sac de frappe pour le retenir. Il ne me parle pas et me fait signe de continuer, je ne me retiens pas. Je m'arrête alors que je commence à avoir un peu de mal et être essoufflée.
- Pas mal.
- Tu rigoles ou quoi ? C'est nul, je manque de précision et je suis déjà fatiguée.
- Arrête d'en vouloir trop, tu as été blessée et ce que tu arrives déjà à faire est impressionnant. Tu ne peux pas aller plus vite que ton corps.
J'hoche la tête, il a raison mais je déteste être dans cet état, entre deux, entre la militaire surentrainée que j'étais et la blessée. Entre l'iatros et la fille qui a perdu ses pouvoirs. Je n'ai jamais considéré qu'ils me définissaient mais cela fait quand même bizarre et comme un petit manque mais celui-là je sais gérer, ce que je ne sais pas gérer c'est de ne peut être plus être une militaire, c'est ce qui me définit. Je ne peux pas ne plus l'être.
- Au fait je ne t'ai jamais remercié pour l'uniforme l'autre jour.
- C'est naturel t'inquiète.
- D'ailleurs je me demande comment tu te l'es procuré...
- Ah ça c'est secret, je ne te le dirai pas...
Il me tend une gourde dont je me saisis et je bois avant que nous reprenions, cette fois-ci Will a des gants et j'essaye de lui porter des coups. Je suis sûre qu'il m'aide un peu parce que j'arrive à la toucher pas mal de fois ce qui ne serait certainement pas le cas s'il était à fond. Je ne sais pas si ça m'agace qu'il soit gentil comme ça en essayant de me redonner confiance ou si je l'en remercie. Je serre les dents et au bout de quelques minutes je n'y tiens plus et lui fait la remarque, hors de question d'être dorlotée, je suis dans l'état dans lequel je suis mais ce n'est pas une raison pour se ramollir. Je m'arrête de frapper.
- Bon on fait ça vraiment ou on le fait pas. Je ne veux pas de demi-mesures.
- Je l'aurais fait avec n'importe lequel de mes gars s'il avait été blessé comme toi.
- Eh bien laisse tomber, je ne suis pas un de tes gars. Bon évite quand même le ventre quand tu frapperas mais sinon pas de pommade !
- Bien chef !
Nous reprenons notre combat et je le touche presque plus. Je suis presque tout le temps en position de défense, c'est clair que ça n'a rien à voir avec ce que l'on faisait il y a cinq minutes. Il me met un coup puissant dans l'épaule. Je souffle. Mon téléphone sonne et je lui fait signe que je vais répondre. Avant que je ne décroche il dit que ça suffit pour aujourd'hui et commence à ranger les affaires alors que j'attrape le téléphone et le décroche.
- Capitaine Isabelle Ashdown ?
- Oui ?
- Ici le Colonel Withelaw.
- Mes respects mon colonel.
Will lève la tête dans ma direction je lui fais signe que ça va.
- Ravis de vous entendre capitaine, j'ai su pour votre blessure.
Je grince des dents.
- Je vous téléphone pour vous annoncer que vous allez être redéployée dans 7 semaines, le temps pour vous de finir votre rééducation.
- Mais je n'avais pas été suspendue et dégradée ?
- Ce problème a été réglé quand nous avons appris qu'il s'agissait d'un malentendu.
- Ouais un malentendu...
Je l'entends rire à l'autre bout du téléphone.
- Toujours votre franc parlé capitaine.
- Mes excuses monsieur. Puis je vous demander...
- 6 mois. Je vous souhaite un bon retour dans la première brigade de la première division d'infanterie. Bon retour à la Big Red One capitaine. Je vous retrouve à Fort Riley au Kansas dans 7 semaines. No Mission Too Difficult, No sacrifice Too Great...
Je lui réponds en complétant notre devise.
- Duty First.
Je raccroche le téléphone et continue à le fixer... Comment je vais annoncer à Sam que dans moins de deux mois je pars pour une période minimum de 6 mois ?
***
Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?
L'utilité du Conseil est une nouvelle fois éblouissante...🙄
Izzy va t'elle dire à Sam pour son déploiement ou va t'elle le garder pour elle? 🤔🤫
Parce que lire donne le sourire.
Izzy
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