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Mon choix a vite été pris. Un message envoyé aux gars leur disant de rappliquer – ils ne seront jamais là avant que Marshall se soit sauvé alors je leur en parlerai de vive voix – et j'essaye de rentrer dans la chambre. Alors que je m'apprête à rentrer le médecin de l'autre fois me repousse dehors sans ménagement, les bips des machines qui s'affolent c'est tout ce que j'entends avant qu'on ne me ferme la porte au nez. Je suis devant la vitre de la chambre, dans le couloir et je vois tout ce mouvement devant moi sans plus entendre un seul bruit. Je ne peux littéralement rien faire si ce n'est les suivre des yeux. Je suis tellement concentré que ce n'est plus que quand ils sont à une dizaine de mètres de moi, qu'ils ont parcouru quasi l'entièreté du couloir que je remarque deux gars de la sécurité – des hoplites évidemment - s'approcher de moi. Ils viennent pour le coup de feu que j'ai tiré. Ils me demandent de les suivre, comme si j'allais le faire franchement ! Alors que la situation devient encore plus tendue ils sortent leurs armes et les pointent sur moi. Exclamation de la part du personnel présent dans le couloir, ils dégagent tous le couloir en une fraction de seconde ne laissant plus que les deux gars de la sécurité et moi. Alors que l'un des deux me dit qu'il n'hésitera pas à se servir de son arme je lui dit qu'il n'a qu'à le faire parce que je ne compte pas bouger de là ou je suis. Alors que son collègue essaye de m'attraper le bras et qu'il me met en joue, j'entends une exclamation venant de derrière eux.
- Oh qu'est ce qu'il se passe ici ? Pourquoi est ce que vous braquez une arme sur mon pote là ?!
- Il refuse d'obtempérer alors qu'il a tiré un coup de feu.
Le regard de mes coéquipiers descend sur ma main dans laquelle je tiens encore mon arme. Je vois à leur mines inquiètes qu'ils ne comprennent pas et qu'ils se demandent si je n'ai pas eu l'idée de retourner mon arme contre moi. Je vois cette interrogation dans leurs regards peinés. Alors que je distingue vaguement un geste de la part de Grenade à l'attention des deux gardes, je remarque à peine que ces derniers reculent alors que Kyle avance vers moi et tend la main vers mon arme, toujours dans ma main le long de mon corps.
- Doucement Sam, tu vas me la donner d'accord ?
Tout en douceur il récupère l'arme et la tend à Jem derrière lui. Les gars de la sécurité se jettent sur moi, me plaquant contre la vitre alors qu'ils me menottent.
- Tu crois vraiment que j'aurais fait ça Kyle ? Regarde dans la chambre avant ! C'était Marshall !
Alors que tous se tournent désormais vers la vitre, il me semble que l'agitation y est un peu retombée mais je n'ai pas le temps d'en distinguer plus que les gardes me poussent vers la sortie. Je me tourne vers mon meilleur ami, alors que les gars de la sécurité m'entrainent de force à leur suite.
- Reste avec elle !
Will se met à marcher à mes côtés bien que les gardes lui disent qu'il ne peut pas nous accompagner, ce à quoi Will rétorque qu'il nous accompagnera s'il le veut et que jusqu'à preuve du contraire c'était lui mon chef et que personne ne lui interdirait d'assister à mon interrogatoire. Quoi ?! Il a bien dit interrogatoire ?! Mais il est hors de question de quitter cet hôpital alors que je ne sais pas ce qui est en train de se passer avec Isabelle. Je commence à m'agiter. Les gardes me menacent de m'injecter un sédatif si je ne me calme pas près vite. Au final nous ne quittons pas l'hôpital mais nous descendons dans une pièce au sous – sol, ils me retirent mes menottes sous le regard glacial de Will après avoir essayé d'argumenter avec lui. Nous sommes donc dans une pièce froide, sans fenêtre ou il y règne une odeur de renfermé et une humidité dérangeante, les murs sont d'une couleur terne ce qui n'arrange rien à la luminosité de la pièce qui est éclairée par des néons fatigués. Alors que je leur explique ce qu'il s'est passé je les vois sceptiques. Ils ont du mal à croire ce que je dis et je commence à m'énerver d'être coincé ici alors que je ne sais pas ce qu'il se passe 6 étages plus haut, là où je devrais être.
- Si vous continuer comme cela nous serons obligé d'appeler le Conseil !
- Eh bien appeler les, j'ai deux ou trois choses à leur dire ! En attendant je me casse d'ici, si vous me chercher je serais quelques étages plus haut.
Le peu de déférence que je leur accorde semble les énerver mais je m'en moque, je n'utilise jamais mon statut mais c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase déjà bien rempli. Alors je me lève et je les toise, je m'adresse à eux de manière glaciale.
- N'oubliez pas à qui vous parlez, je pourrai vous mettre en pièce avec ou sans mes pouvoirs en moins de temps qu'il me faut pour le dire.
Je sors de ce trou à rat et me dirige en grandes enjambés, Will sur les talons, vers l'ascenseur. Ascenseur qui n'arrive pas évidemment, je pars sur le côté et emprunte les escaliers que je grimpe deux à deux, ça ira plus vite comme ça. Alors que je suis devant la porte de la chambre qui est ouverte je vois Kyle parler avec le médecin. Me rappelant que ce dernier m'a jeté dehors sans ménagement tantôt j'ai très envie de l'étrangler alors qu'il passe à côté de moi pour sortir de la pièce. Et c'est à ce moment que je remarque que le bruit des machines est beaucoup moins important dans la pièce qu'auparavant. Je me retourne vers elle, elle n'est plus intubée.
- Ils disent qu'elle peut respirer par elle-même.
- Est-ce qu'elle est réveillée ?
- Non Sam, le fait qu'elle ne soit plus intubée ne veut pas dire qu'elle soit sortie du coma, je suis vraiment désolé.
J'envoie mon poing – qui s'était presque remis du miroir – dans une des colonnes, tous mes amis sursautent. La seule chose qu'on entend est un craquement. Ma main a pris cher je le sens alors que j'essaye de déplier les doigts, je me rends compte que je l'ai probablement cassée avec la violence du coup, le mur en porte lui aussi la trace. Personne ne dit rien, Chaton revient avec ce putain de médecin, je lève les yeux quand il me dit de le suivre pour qu'il puisse me soigner. Alors que je passe devant Chaton ce dernier s'excuse me disant que c'était le premier qu'il a trouvé et visiblement le seul de disponible. C'est à contre cœur que je suis ce type dans une chambre vide à l'autre bout du couloir. Il me demande de m'assoir sur le lit pendant qu'il va chercher du matériel. Alors qu'il commence à me soigner nous n'échangeons pas un mot. Il utilise sa magie pour réduire la fracture. Il me conseille néanmoins de la garder bandée pendant quelques jours. Tandis qu'il s'active à me faire le bandage il commence à me parler.
- Je suis désolé. Je ne pensais pas que vous étiez proche d'Izzy. Ça me fait de la peine de la savoir dans cet état et de ne rien pouvoir faire. J'ai vu que je vous avais mal jugé, vous êtes là presque non-stop à la veiller. Vous savez je l'ai connu alors que nous étions très jeunes.
J'hausse un sourcil.
- Je vous en prie ne faites pas cette tête... ce n'est pas comme si on nous autorisait à nous mélanger... je suis sûr que vous ne connaissez pas tant d'iatros que ça, en plus étant donné que vous faites presque partie de la royauté... Elle a toujours été pleine de vie, gentille et attentive aux autres, elle m'aidait alors que j'avais des difficultés en cours. C'est d'ailleurs elle qui m'a donné la passion de la médecine, elle était vraiment douée et m'a montré comment soigner des écorchures et ce genre de chose, je précise que nous avions 10 ans. Malheureusement cela s'est su que nous pratiquions dans le dos de tout le monde et après que votre père l'aie eu punie sévèrement – elle a toujours nié que quelqu'un d'autre pratiquait avec elle – elle a laissé tomber alors qu'elle était vraiment douée. Nous nous sommes vu moins souvent mais en grandissant j'ai toujours espéré qu'elle me remarque d'une autre façon mais elle ne l'a jamais fait. Après il y a eu la mort de son père, l'exécution de son frère et on ne l'a plus jamais revue. On entendait parfois certains hoplites parler d'elle à cause de sa carrière militaire mais c'est tout ce que nous savions, nous autres iatros, et cela nous plaisait bien de savoir qu'elle les énervait.
Je reste sans voix, c'est une autre facette d'elle que je découvre et que je ne connaissais absolument pas.
- Est-ce qu'il y a une chance pour...
- J'aimerai vous répondre que oui, s'il y a bien une personne qui pourrait ressortir de ça c'est elle, mais je n'y crois pas pour être honnête. Si la décision me revenait j'envisagerais de la laisser partir en paix.
Le silence retombe.
- Voilà j'ai fini. Je passerai la voir quand j'aurais fini mes consultations.
Il s'en va et me laisse seul. Je regagne une nouvelle fois cette chambre, sa chambre. Je déteste considérer cette pièce comme sa chambre. Je m'arrête à la tête du lit et je caresse ses cheveux. Je ramène la chaise auprès du lit et reprends la même position que les jours qui ont précédés, je continue à passer ma main dans ses beaux cheveux. Si ça continue comme ça je vais finir par fusionner avec cette chaise et ne plus jamais savoir changer de position. Au bout de quelques heures alors que les gars étaient repartis dans mon manoir de famille, je les entends passer la porte bien que dos à celle-ci a toujours espérer un miracle. Ils sont tous là, j'entends le store qu'on ferme en même temps que la porte. Je sais qu'ils sont les uns à côté des autres et je sais que la discussion qui s'annonce ne va vraiment pas me plaire.
- Il faut qu'on parle.
- J'avais cru comprendre.
Je me retourne vers eux et en particulier vers Will qui a pris la parole.
- Il va falloir prendre une décision, dans 5 jours on peut être rappelés sur le terrain, on est une unité SEAL Sam et ils ne peuvent pas se permettre de nous laisser poireauter ici à attendre quelque chose qui n'arrivera probablement jamais. Cette mission a déjà duré beaucoup plus que prévu, le commandement ne peut pas se permettre de se priver d'une unité aussi longtemps.
J'enrage. Je me lève d'un bond et m'approche de Will.
- Non mais tu entends ce que tu dis ?!
- Écoute on a été plus que patient avec toi je trouve, on t'a laissé le temps on a essayé de ne pas te brusquer mais tu ne sembles pas comprendre les enjeux.
- Pas comprendre les enjeux ?!
Voyant que ça tourne au vinaigre Kyle décide de s'en mêler alors que Chaton a quant à lui l'air de vouloir s'enfoncer sous terre et d'être n'importe où sauf ici.
- Sam, écoute...
- Non.
- Ça suffit maintenant ! Tu ne parles presque plus, tu préfères tout casser plutôt que de parler, tu menaces tout le monde, même nous, tu ne manges plus, tu es en train de te foutre en l'air.
- Et alors qu'est-ce que ça peut te foutre ?!
- Je sais que c'était l'amour de ta vie Sam mais tu es en train de faire exactement ce qu'elle ne voulait pas que tu fasses. Je lui ai fait une promesse et je...
- Une promesse ! Parlons en des promesses et de ses histoires de famille vous n'avez pas arrêté de dire qu'elle faisait partie de la famille et vous voulez la laissez tomber maintenant !
- Arrête ça tout de suite ! On ne la laisse pas tomber Sam, on essaye de faire ce qui nous parait bien et je t'assure qu'on éprouve aucune joie là-dedans. Il faut que tu ouvres les yeux, elle ne reviendra pas. Et moi tout ce que je peux faire c'est de ne pas te laisser sombrer. Il faut que tu voies la vérité en face.
- MAIS JE LA VOIS CETTE PUTAIN DE VÉRITÉ ! La vie m'a tout pris, ma mère, mon petit frère qui n'a jamais fêté son 11 ème anniversaire, l'amour de ma vie une première fois. Je réussi à me reconstruire malgré tout ça et je me retrouve à devoir la pourchasser pour la livrer à une mort certaine et alors que je crois avoir retrouvé un peu de bonheur on me le prend, tout ça parce qu'elle est trop têtue pour faire ce qu'on lui dit ! On lui donnerait le Bon Dieu sans confession et alors que je crois que la roue a tourné et que finalement une seconde chance m'est accordée, tout bascule de nouveau : mon père que je croyais mort est comme ressuscité par magie et tire deux balles sur elle ! Tu n'imagines pas à quel point j'ai eu peur à quel point je me suis senti paralysé, mon propre père me prenant la dernière chose qu'il me reste. Je m'en veux de pas être arrivé plus tôt, de ne pas avoir su faire quelque chose de plus ! Tu sais ce qu'elle m'a dit, avant que vous arriviez ? Elle m'a dit qu'elle m'aimait ! Elle m'a aussi dit de fermer les yeux, mais maintenant quand je les ferme la seule chose que je vois c'est elle, les yeux se fermant, sa main qui tombe et tout ce putain de sang qui coule !
Personne ne dit mot. Une sensation de vide me prend au niveau de la poitrine, comme si un trou s'y était formé. Les larmes coulent sur mon visage.
- Alors maintenant que tu sais ça tu sais que prendre cette décision c'est définitif, ça veut dire la perdre, ne plus jamais la revoir, ça veut dire accepter et je NE PEUX PAS l'accepter, comment veux-tu que je l'accepte ? Ça veut dire que j'ai échoué, que je n'ai pas pu la protéger. Ça veut dire qu'elle est morte par ma faute, c'est une chose que je ne pourrai pas surmonter, plus cette fois...
- Sam...
- Non laissez-moi, s'il vous plaît.
Ils me font toujours face, par contre Jem n'est plus là, je le vois passer devant la vitre accompagné du médecin. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, ils passent la porte et je me retourne pour pas qu'il ne voit mes larmes, je les essuie et me donne une contenance. Je pivote et les vois près d'Izzy dont des larmes coulent de ses yeux. L'espoir doit se lire sur mon visage mais le médecin secoue négativement la tête, je l'entends à peine nous dire que ça peut arriver que les personnes dans le coma pleurent. Ce sentiment de vide refait surface encore plus fort ; je ne sais pas ce qui est le pire, espérer et se voir retirer l'espoir ou ce que je m'apprête à faire. Je me tourne vers mon équipe une fois le médecin sorti.
- J'aimerai être seul avec elle... une dernière fois.
Ils ont compris, je vois à leurs mines défaites que j'ai été injuste avec eux en leur disant qu'ils n'en avaient rien à faire, mais je verrai ça plus tard. Tous sortent les uns après les autres, avant de me laisser seul ils me demandent s'ils peuvent eux-mêmes faire leur adieux. Alors que tous sont sortis, ayant donné un dernier baiser sur le front d'Izzy, chacun me pose la main sur l'épaule. Alors qu'il ne reste pour que Kyle j'entends ce qu'il lui dit.
- Je vais tenir ma promesse, je serais là pour lui. Je veillerai sur lui et ce n'est pas parce que j'ai peur que tu viennes me botter les fesses si je ne le fait pas. Je te le rendrai quand il sera très vieux mais ne t'inquiète pas il sera probablement toujours aussi beau gosse.
Ses paroles me feraient sourire si la fin était différente. Après avoir embrassé son front mon meilleur ami arrive devant moi et j'y lis toute la peine dans son regard. Une dernière fois je prends ce fauteuil, une dernière fois je m'assois dessus et une toute dernière fois j'écoute son cœur battre.
***
Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?
Prêt.e.s à dire adieu à Izzy?❤😥😭
Cette fin de chapitre m'a brisé le cœur en la relisant, ok j avoue j ai pleuré 😅😥 Et vous?
Parce que lire donne généralement le sourire mais peut également nous faire pleurer
Izzy
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