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- Il était nouveau dans l'unité, il m'avait bousculé alors que je faisais la file pour le repas. Il n'allait pas s'excuser mais quand il a vu que j'étais une femme il a commencé à faire des révérences dans tous les sens, c'en était ridicule, il se foutait ouvertement de moi. Je le soupçonne d'avoir bu avant de rejoindre l'unité, en même temps il avait changé d'unité le jour même et certains de ses coéquipiers avaient fait le déplacement jusqu'à la base avec lui et je crois qu'ils avaient bien arrosé son départ dans un bar jusque 9-10h du matin. Il a ouvert la bouche en s'excusant en ces termes « excusez-moi soldat Ashdown », le seul problème c'était que j'étais déjà Capitaine. Mais il ne s'est pas arrêté là, il m'a demandé si je savais vraiment me battre ou si j'étais là pour la figuration. J'ai donc reposé mon plateau et je lui ai proposé de vérifier sur le champ si je savais me battre. Il a tenté de me porter un premier coup mais à cause de la boisson il était lent je lui ai attrapé le bras et l'ai fait tomber, alors que je me retournais il s'est relevé, je ne sais d'ailleurs toujours pas comment il a réussi à faire ça. Il a retenté quelque chose, cette fois-ci, il était plus vif et ne me sous-estimais pas. Il a réussi à m'attraper mais je lui ai fait la prise que je t'ai faite l'autre jour et il s'est explosé contre la vitre de la cafeteria qui donnait en plus sur la piste d'athlétisme de la base, autant te dire que tout le monde d'un côté comme de l'autre, l'a vu se crasher contre la vitre et tomber. Une fois qu'il était au sol et que le réfectoire était encore tout silencieux je me suis penchée sur lui et je lui ai dit : « Au fait c'est Capitaine Ashdown, bienvenue à la base Lieutenant Collins ». Et je suis partie. Le lendemain alors qu'il avait dessoulé il est venu me trouver pour me présenter ses excuses alors que je faisais mon entrainement de 15 km en forêt. Je lui ai dit que s'il arrivait à suivre mon rythme alors qu'il avait la gueule de bois il serait pardonné, ce qu'il a fait. Depuis ce jour-là il est venu courir tous les jours avec moi, il n'a pas manqué une seule séance, nous faisions également tous les autres entrainements ensemble, le corps à corps par exemple. Il n'a plus jamais fait de distinction par rapport au fait que j'étais une femme, il me considérait comme son égale. Et quand quelqu'un se permettait une remarque déplacée il me laissait gérer seule, je ne te raconte même pas le nombre qui se sont pris une raclé au corps à corps, d'habitude c'est dans la salle que je réglais ce genre de chose. Mais à la cafeteria c'était un jour spécial, ce n'était pas tant le fait de m'avoir fait des courbettes mais celui du grade. C'était ça ma première rencontre avec Alec, nous avons sympathisé et c'est petit à petit devenu mon meilleur ami et mon second.
Sam me laissa dans mes souvenirs avant de me répondre.
- Je t'ai entendu l'autre jour dans la forêt alors que je montais la garde. Tu l'appelais et tu lui disais de ne pas te laisser. Tu revivais cette soirée dans le bar ?
- C'est exact, j'étais tellement impuissante, mes pouvoirs n'auraient pas pu le sauver, certaines blessures ne peuvent pas se soigner avec. C'était un soir de février nous avions été au bar ensemble, entre meilleur ami seulement. Notre dernière mission était un succès et nous avions décidé de la fêter pendant nos deux jours de congés. Ni une ni deux il m'a trainé avec lui pour boire. Nous avons beaucoup discuté et il m'avait avoué être sur une mission solo. Je pensais qu'il avait trop bu et qu'il plaisantait ou bien qu'il parlait du style « mission pour trouver la femme parfaite ». Je ne l'avais pas vraiment pris au sérieux. Nous sommes sortis du bar à 2h du matin bien passées. Il ne marchait pas spécialement droit et je dois dire que j'avais également bu un verre ou deux de trop. J'ai entendu une détonation, j'ai d'abord cru halluciner et je me suis retournée pour lui demander s'il l'avait aussi entendu. Il avait sa main sur la gorge et saignait, il s'est écroulé et j'ai essayé de la rattraper tant bien que mal. J'étais lucide en moins de deux secondes, j'avais complètement dessoûlé. J'ai essayé de faire pression sur la plaie alors qu'il perdait conscience, je lui ai crié dessus pour qu'il reste éveillé, il a rouvert les yeux et m'a regardé. Je me souviens de ses yeux qui m'imploraient de faire quoi que ce soit qui puisse le sauver : j'ai essayé d'utiliser ma magie mais rien n'y a fait, j'ai appelé une ambulance et donné mon matricule. Il sombrait de nouveau et je lui ai de nouveau crié dessus.
Je revis la scène, mes yeux sont dans le vide. Je sens l'odeur de l'alcool qui sort du bar juste derrière nous, je sens l'odeur de la poudre provoquée par le tir, mais je ne vois que lui au sol.
- Lieutenant Alexander Collins ! Reste éveillé, Alec! Alec s'il te plait ne me fais pas ça ! Ne me lâche pas ! Tien le coup !
- Merci Izzy.
- Arrête ne fais pas ça je te l'interdit !
- Merci d'avoir veillé sur moi Izzy, rappelle-toi que tu n'es pas seule.
- Ne me laisse pas alors ! Alec reste éveillé l'ambulance arrive.
- Je t'aime ma meilleure amie, ma coéquipière.
Je sens les larmes couler alors que je raconte toute la scène à Sam.
- C'étaient ses dernières paroles, il est mort dans mes bras, j'ai essayé de le réanimer mais rien n'y a fait il était parti. Quand l'ambulance est arrivée et qu'ils l'ont déclaré mort je me suis accrochée à lui comme si ça pouvait le ramener, comme si je savais que si je le lâchais un petite partie de moi mourrait aussi avec lui. Ça ne pouvait pas être possible, j'ai hurlé quand ils me l'ont pris des bras.
J'essuie mes larmes et prends mon souffle avant de reprendre.
- La base avait été informée qu'un militaire s'était fait tiré dessus aux abords de celle-ci, ils sont venus une dizaine de minutes après mon coup de fil à ce qu'il parait. Je dis ça parce que je n'étais plus là. Quand on m'a enlevé Alec des bras je n'avais plus qu'une idée en tête : retrouver celui qui lui avait fait ça et me venger, je suis partie dans la direction d'où venait le coup de feu. J'ai couru à m'exploser les poumons mais je m'en foutais tout ce que je sentais c'était cette douleur à la poitrine. J'ai retrouvé le type qui avait tiré alors qu'il sortait du bâtiment. C'était presque un pro je sais pas où il a été trouvé ni qui exactement l'a embauché pour tuer Alec, je dis presque parce que le coup était précis mais il a trop attendu afin d'être sûr qu'Alec soit mort avant de partir que ça m'a permis de l'attraper alors qu'il allait s'enfuir. Je l'ai tabassé, mes poings étaient en sang je n'ai même pas entendu les militaires arriver, ils ont dû être deux à m'attraper par les bras pour que j'arrête de le boxer et encore j'ai quand même réussi à lui chotter dans le ventre et me libérer pour continuer à le passer à tabac. Ils m'ont vite reprise et emmenée à l'écart. Deux autres militaires ont ramassé le tireur couvert de sang et mal en point. J'étais toujours hors de moi et je me débattais. Le lieutenant général Withelaw m'a attrapé par le bras pour me calmer et m'a dit de le regarder dans les yeux. J'ai essayé d'échapper à son emprise dans un premier temps et puis j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Le type qui a tiré a été soigné à la base avant d'être interrogé. Le lendemain de la mort d'Alec je suis allé chez lui et j'ai cherché, j'ai vite trouvé le dossier de l'affaire sur laquelle il bossait et ça m'a rendue encore plus folle de rage de ne pas l'avoir trouvé alors qu'il était encore en vie. Je voulais aller interroger le coupable mais après ce que je lui avais fait ce jour-là on ne me laissait pas l'approcher, on m'autorisait à peine l'accès à la pièce d'observation derrière le miroir sans teint. Trois jours après sa mort je me suis rendue chez ses parents, normalement ce sont des soldats d'une base à côté qui se chargent de ça mais j'avais réussi à convaincre mon lieutenant général de me laisser le faire, Alec aurait voulu que ce soit moi qui le fasse. On me laissa cet « honneur » si je peux m'exprimer ainsi, ça arrangeait tous ceux qui me voulaient hors de leurs pieds alors évidemment personne n'a émit d'objection. Ça faisait quatre mois que le gars était interrogé et qu'il n'avait rien dit sur celui qui l'avait embauché quand j'ai eu mon avertissement. Je ne manquais jamais un seul interrogatoire, j'avais été écartée de mission jusqu'à nouvel ordre et j'étais restée attachée à la base ce qui n'était pas pour me déplaire, je pouvais travailler sur l'affaire sur laquelle Alec bossait et je ne savais pas si j'aurais eu la force d'aller au combat sans lui. Un jour le tireur demanda comment j'allais après la perte de mon équipier. J'ai surgi dans la pièce d'interrogatoire, le soldat qui l'interrogeait avait trop peur de faire quoi que ce soit contre moi et se contenta de crier dans le couloir qu'on aille chercher le major général. J'ai pris la tête de cet enfoiré et je l'ai claquée contre la table devant lui. Après ça je l'ai menacé de ma magie pour qu'il me dise ce qu'il savait sur son patron avant que je le transforme en tas de cendre. Le major général est arrivé, il m'a dit que des sanctions seraient prises contre moi sans que je sache lesquelles. Le lieutenant général Withelaw était désolé pour moi mais ne put rien y faire. Il se trouve que j'avais posé une demande de permission une semaine plus tôt, il me l'accorda et me dit de revenir calmée, le fait est que je n'y suis pas retournée, le tireur m'avait dit ce que je voulais savoir et ça m'a mené sur ce bateau, où j'ai réussi à monter une semaine avant que vous ne débarquiez, où j'ai appris qu'Alec avait été au Mexique pour se renseigner.
Je n'avais même pas remarqué que Sam s'était arrêté sur le côté de la route. Je pleurais toujours. C'était la première fois que je racontai l'histoire en entier, que j'évoquai les derniers mots d'Alec je ne les avais même pas retranscrit dans mon rapport. Sam sortir de la jeep et en fit le tour, il ouvrit la portière et me prit dans ses bras. Il me dit descendre de la jeep pour marcher et me calmer. Il me serra dans ses bras et m'embrassa sur le front. Il me dit qu'il était désolé, tellement désolé qu'Alec ne s'en soit pas sorti.
- Je donnerai tout pour retourner en arrière et le sauver.
- Je sais bien.
- Si seulement on était sorti par derrière ou qu'il n'avait pas été touché à la gorge j'aurais pu faire quelque chose, je n'aurais pas du lui dire oui pour aller dans ce bar, cette soirée lui a couté la vie.
- Ne dis pas ça, tu n'aurais rien pu faire.
Comme il ne pouvait rien dire de plus il se contenta de me serrer dans ses bras.
***
Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?
Le moins qu'on puisse dire c'est que j'ai mis le temps mais j'espère que la suite vous plaira autant qu'a moi et que vous serez suspendu aux missions d'Izzy de Sam, Kyle et de toute l'équipe.
J'en profite pour une petite dédicace spéciale à 238louve235 ainsi qu'a mysterieuseAB qui m ont donné envie de poster la suite de mon histoire.
Parce que lire donne le sourire.
Izzy
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