28. Plus rien ne comptait
ELEVEN :
—Ne t'inquiète pas, Eleven. Tu ne risques rien. Tu le sais, pas vrai ? lui demanda Brenner, essayant de la rassurer.
Mais quand il constata qu'El était toujours paniquée, il posa sa main sur celle de El. À son contact, El sursauta et se détacha de son emprise. Elle ne pouvait plus sentir son contact. Elle n'y arrivait plus. À chaque fois que cet homme la touchait, elle revoyait toutes ces années de malheur passées à ses côtés.
Elle aurait pu le tuer, là, tout de suite, grâce à ses pouvoirs. C'était même ce qu'elle désirait au plus profond de son être. Mais il avait été très clair là dessus : Si elle le tuait, ses hommes avaient pour mission d'aller faire de même à Mike et tous les autres prisonniers. Alors El restait là, osant à peine le regarder dans les yeux, à lui obéir toute la journée.
—Je n'y arriverais pas, répondit-t-elle en sanglotant.
—Patron, il faut peut-être qu'on trouve un autre moyen pour la convaincre ? demanda un employé.
—Non. On ne change rien. Je sais ce que j'ai à faire, répondit Brenner en levant la main pour lui dire de se taire.
Il s'approcha d'El et lui murmura à l'oreille :
—Écoute, Eleven. C'est important que tu retrouves 718, ou Twelve, comme vous l'appellez. Elle court peut-être un grave danger, expliqua-t-il.
—Cherchez-là vous même. Elle ne risque plus rien, Hopper, Joyce et Murray sont partit la chercher, répondit-elle d'un ton sec.
—Tu sais très bien que tu es la seule possédant des pouvoirs ici. Conclusion, tu es la seule qui puisse la retrouver.
—Non. Je n'y arriverais pas. J'ai peur, répondit-elle en baissant la tête.
—Qu'est-ce qui te ferais changer d'avis ? murmura-t-il à l'oreille d'Eleven.
Les yeux d'Eleven remontèrent jusqu'à croiser ceux de Brenner.
LUCAS :
—Ne reste plus qu'à savoir quand mettre notre plan à exécution, pensa Nancy.
Mike soupira et posa sa tête contre le mur. Il était assis par terre, les jambes tendus, et le dos de travers. Ça faisait une heure qu'ils avaient débattus sur le plan parfait. Mike n'avait pas dit un mot depuis une heure. Ses pensées étaient entièrement tournées vers El. Il se demandait sans arrêt ce qui lui arrivait en ce moment, et, comment il pourrait s'y prendre pour la sortir des griffes de Martin Brenner.
—Dès qu'on en a l'occasion, on se tire ! proposa Lucas.
—Ouais, sauf qu'on en aura pas l'occasion, soupira Max.
—Bien-sûr que si, on l'aura. Je leur donne moins de 24 heures pour qu'ils reviennent, ne serait-ce que pour vérifier si on est toujours vivant, pensa Dustin.
—Ouais, mais effectivement, dans 24 heures, on sera déjà tous mort, rechigna Erica.
—Je te signale que c'est ta faute si on est coincés ici, remarqua Lucas.
—Ma faute ? Pardon ? demanda Erica en foudroyant son frère du regard.
—Tous ce qu'on te demandait, c'était de guetter cette putain de porte ! Et toi, même ça, tu n'as pas réussi ! Tu ne sais vraiment rien faire, s'énerva Lucas.
—C'est toi qui me dis ça alors que tu n'es même pas capable de regarder ta petite copine dans les yeux et de lui faire un câlin ? lâcha Erica.
Lucas fit la grimace, ainsi que Max.
—Quel rapport avec Max ? demanda-t-il, alors qu'il s'était calmé.
—Oh oh, ça sent pas bon... avoua Dustin.
—Quel rapport avec Max ? demanda Lucas une deuxième fois, s'avançant vers sa sœur, ayant tout à coup des envies de meurtres.
Max s'interposa devant lui, l'empêchant d'avancer vers Erica.
—Lucas, ne t'énerves pas, c'est rien... dit Max en tentant de le calmer.
—Non, c'est pas rien. Notre relation ne la regarde pas. Encore moins si c'est pour critiquer ! dit-il en tentant de s'approcher de sa sœur.
Heureusement, Max l'en empêcha en se jettant sur lui, enveloppant tous son corps de ses bras pour le retenir. Lucas s'arrêta enfin, voyant la détermination de Max. Max le lâcha et soupira.
—Si, ça la regarde. Enfin, je dis juste que c'est moi qui ai décidé de la mettre au courant.
—La mettre au courant de quoi ? demanda Lucas.
—Elle veut te plaquer comme une vieille chaussette, rétorqua Erica.
À ces mots, Lucas sentit une étrange douleur à son cœur. Il sentit sa gorge se nouée et des larmes demander l'autorisation de couler. Mais Lucas refusa et ravala ses larmes.
—Non, Lucas, je peux t'expliquer, s'empressa de répondre Max.
—Pourquoi tu veux me plaquer ?
—Je ne veux pas te plaquer ! C'est seulement que...
—Que quoi ? la coupa Lucas.
—C'est juste que j'ai l'impression que tu t'en fiches de moi, rétorqua Max d'une voix triste.
—Max, dis moi la vérité. Pourquoi ?
Max soupira et baissa la tête, cherchant ses mots. Dans la salle, tous les autres étaient restés bouche-bée, observant attentivement la scène, sans pour autant intervenir. Max ouvrit la bouche pour parler, mais la porte s'ouvrit soudainement, laissant place à Brenner et un autre homme qu'ils ne connaissaient pas.
—Où est Mike ? demanda Brenner immédiatement.
Mike sortit tout à coup de ses rêveries et se leva, en trombe.
—Quoi ? demanda-t-il, inquiet.
—Une urgence avec Eleven, viens, ordonna Brenner en s'écartant de la porte pour le laisser passer.
Mike regarda autour de lui, ne sachant pas quoi faire. Puis, après quelques secondes de réflexion, il finit enfin par sortir de la pièce, laissant Brenner refermer la porte derrière lui.
—C'est maintenant ou jamais, déclara Max.
—Hein ? demanda Nancy.
—Si on veut se tirer d'ici, c'est maintenant. Dès que Mike reviens, on se tire. En plus de ça, on a un avantage, puisqu'il aura vu El. Il sera où elle est, expliqua Max.
—Non, on ne peut pas prendre ce risque. Notre plan n'est pas encore au point et je ne voudrais pas prendre le risque qu'on se plante et que Brenner soit encore plus vigilant à notre sujet, contra Jonathan.
—Max a raison. C'est peut-être bien la seule occasion qui s'offrira à nous, pensa Will.
—Non, on ne bouge pas. On ne perd pas notre vie à cause d'un plan qui a mal tourné, ordonna Jonathan en haussant légèrement le ton.
—C'est vrai. Des occasions, il y en a toujours, mais une vie, on en a qu'une, le défendit Nancy.
—Ouais, et je crois que vous avez oublié un petit détail, avoua Dustin.
—Le quel ? demanda Max.
—La jambe de El. Ça risquerai de nous retarder et de tout faire foirer, rappela Dustin.
—Alors qu'est-ce qu'on fait ? On se casse d'ici ou pas ? demanda Lucas.
Tous les regards se tournèrent vers Nancy et Jonathan. C'était à eux de décider. C'était les plus grands et les plus matures. En conclusion, c'était à eux qu'il fallait demander conseil quand tout était flou. Nancy regarda Jonathan d'un air interrogateur et Jonathan hocha la tête, pour dire qu'il ne savait pas.
MIKE :
Mike suivait les pas de Brenner à travers les couloirs. Il ne cessait de se demander quelle genre d'urgence pouvait-il se passer.
—Pourquoi vous avez besoin de moi ? demanda Mike froidement, alors que son regard ne décrochait pas de ses pieds contre le sol.
—Soit patient, mon garçon, tu verras, répondit simplement Brenner en continuant à marcher.
—Quelle genre d'urgence est-ce ? continua-t-il de demander, ses yeux toujours rivés vers le sol.
—Pourquoi t'inquiètes-tu ? Tu ne me croirais quand même pas capable de lui faire du mal ? s'étonna Brenner.
Les yeux de Mike se relevèrent subitement vers Brenner, d'un regard foudroyant. Mike avait osé affronter le regard si froid et si vide de ce monstre.
—Vous n'avez cessé de lui faire du mal. Chaque secondes qu'elle a passée à vos côtés était une dose de souffrance de plus. Toutes vos expériences, tous ce que vous faites d'elle, c'est de la souffrance. Mais vous êtes si froid, si monstrueux et si vide d'amour que vous n'êtes même pas capable d'aimer votre propre fille. Vous aimez ses pouvoirs et ses capacités psychiques, mais elle, ce n'est qu'un objet pour vous. Un jouet qui vous permet de faire fortune, lâcha Mike froidement.
—Tu as beaucoup de courage, Michael. Mais sais-tu au moins tous ce que je pourrais gagner si je la gardai près de moi ?
—Je m'en fiche de vos récompenses, ce que je veux, c'est que vous lâchiez El une bonne fois pour toute, et si vous refusez, je vous tuerai, déclara Mike froidement, laissant transparaître de la haine à travers ses yeux.
—Alors vas-y, tue-moi, qu'est-ce que tu attends ? demanda Brenner, le défiant du regard.
Mike hésita un instant, puis ses yeux se déplacèrent sur l'arme qu'un scientifique qui marchait avec eux avait dans la main. Il n'avait qu'une seule chose à faire : saisir cette arme et tuer Brenner avec. Seulement ça. Et ça ne durerait que quelques secondes. Mais les pensées de Mike passèrent en boucle sa première rencontre avec El. Une nuit pluvieuse où lui et ses amis étaient tombé sur elle alors qu'ils cherchaient Will. Dans sa tête, Mike se souvint tout à coup de la tête confuse et si mignonne de El quand ils l'avaient éblouis avec leur lampe torche. Il se souvint également de leur premier baiser, dans le Middle school. Puis il se souvint d'elle, projetant Mike contre un bureau, et se mettre à crier pour ensuite se volatiliser avec le démogorgon. Il se souvint de toute les larmes qu'il avait versé pendant 353 jours, avant de la retrouvé. Il se souvint également de tous leur moment passé dans la chambre de El, embrassant tendrement ses lèvres. Puis il se souvint de l'avoir vu partir dans l'Illinois, et de la sensation qu'il avait eu de la perdre une deuxième fois. Il se souvint de leur retrouvailles tendus, mais si belle à la fois. Il se souvint également d'avoir retiré le T-shirt de El et de n'avoir jamais désiré autant personne. Puis, enfin, il se souvint de l'image qu'il n'arriverait jamais à effacé de sa mémoire. Les larmes et les cris de El, exprimant une souffrance énorme, et de sa jambe, malade d'une maladie inconnue. Et cette fois, il était hors de question qu'il la perde une troisième fois. Il allait se batte pour elle, même si il devait y laisser sa peau.
Ses yeux revenèrent tous droit dans ceux de Brenner.
—Je l'aurais déjà fait si je pouvais. Mais je ne peux pas, pas encore, confia-t-il.
—Pourquoi ça ?
—Je ne peux pas vous tuer avant que vous n'ayez guérit El, dit-il.
Brenner ricana d'un rire froid, et un gigantesque sourire malicieux se dessina sur son visage.
—C'est donc ça, tu es au courant pour ma toute nouvelle expérience, se réjouit Brenner.
—Votre quoi ?
—Cette chose qui se propage dans le corps de El, elle se propage aussi dans celui de celle que vous appelez Twelve, expliqua Brenner.
—Et qu'est-ce qui va se passer ? demanda Mike, alors qu'il sentit une colère énorme envahir tout son corps.
—Je suis désolé, petit, je ne peux pas t'en dire plus.
Ça y'est. C'en était de trop. Mike avait bien essayé de retenir sa colère et sa haine, mais c'était trop. Il se mit à courir jusqu'à Brenner et sans qu'il ne contrôle plus rien, son poing arriva à la vitesse de l'éclair dans le nez de Brenner. L'autre scientifique qui les suivait depuis le début saissisa Mike et l'empêcha de continuer.
—Lâchez-moi ! Je vais le tuer ! s'exclama Mike, essayant tant bien que mal de se débattre.
Brenner passa sa main sur son nez et observa celle-ci, qui était maintenant pleine de sang. Ses yeux foudroyèrent Mike puis il se mit à rire.
—Assez. Laissez-le, de toute manière, on y est, ordonna Brenner au scientifique.
Le scientifique ne discuta pas et lâcha Mike.
—Ramenez-le une fois que ce sera bon, ordonna Brenner.
Le scientifique hocha la tête. Mike commença à suivre Brenner pour terminer ce qu'il avait commencé, mais le garde le stoppa et désigna une porte en face d'eux. Mike s'arrêta et compris que c'était ici qu'était El. Il s'avança lentement de la porte qui avait une petite vitre pas plus grande qu'une bouteille d'eau. Mike observa à travers la vitre pour y voir sa petite amie, car il avait compris qu'il ne le laisserait pas entrer.
—El ? Tu es là ? demanda Mike précipitamment.
À présent, plus question de pense à Brenner. Seul le moment présent comptait. Il allait la revoir. Même si c'était seulement pour quelques minutes, il allait la revoir. Maintenant, plus rien ne comptait sauf El.
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