My personal prison
Je déglutis rapidement. Elle me fait signe de la suivre. Nous passons dans le couloir, puis elle ouvre un placard. Celui-ci dissimule une trappe qui descend je ne sais où. Il n'y a que dans les films que l'on voit ce genre de choses. Peu importe, le fait est qu'elle veut que nous tous y rentrons sans plus tarder. Ce n'est pas que j'ai peur du noir ou que je suis claustrophobe mais je n'aime pas les araignées. Et c'est réciproque !
-Tu comptes attendre la journée ?, s'impatiente Lauren.
Je voulais répliquer mais son regard m'a fait vite changer d'avis. Elle se rapproche de moi, pose une main sur mon épaule et de son autre main, dirige les escaliers. Je la regarde sincèrement et prie pour qu'elle ne m'oblige pas. Je vois d'ici les toiles d'araignées et ces monstres se frotter les pâtes en attendant que je rentre.
-Il mène à l'appartement d'en dessous ?, demande -Je.
-Non. C'est une petite pièce qui a pour seul cette trappe. Bien sûr de là on entend parfaitement les conversations de l'étage... Mais pas de la pièce.
J'avale difficilement ma salive et m'aventure dans cette effroyable endroit. Les planches de bois grincent sous mes pas, renforçant l'ambiance déjà lugubre. Je me tourne face aux autres. Les yeux de Lauren sont la dernière chose que je perçois avant d'être plongée dans l'obscurité. Je remonte en trombe et frappe de toutes mes forces sur la trappe et hurle. Les larmes menacent de couler. Mes poings s'écorchent au bois de la trappe. Je sens le sang légèrement couler le long de mes avant bras.
Je sors mon téléphone et m'éclaire avec. Heureusement ou malheureusement pour moi, un interrupteur est présent. Je ferme les yeux et appuie dessus. La lumière s'infiltre à travers mes paupières. À vrai dire j'ai peur, peur de ce qu'il y a. J'ouvre finalement les yeux et manque de vomir sous cette vue horrible. Du sang, de la chair, tout un tas d'humain mort déchiqueté. Le carnage et la frayeur à l'êtat pur. Je tombe à genou et pose une main sur ma bouche pour m'éviter de crier.
-Calme toi Camila, s'il te plaît, me murmure-je à moi-même.
Je souffle un bon coup puis me relève. Mes yeux balayent la pièce. Plus le temps passe, plus je m'habitue au lieu... En tout cas j'essaie. Une table avec une chaise son disposées au coin du mur. Le sang séchée sur les meubles donnent une couleur spéciale au bois. Mes doigts glissent sur les petits morceaux de bois qui peuvent s'enfoncer dans ma peau. Je la saisis et m'assois en face du mur. J'ai l'impression d'être punie comme quand j'étais petite.
J'ouvre le tiroir à ma gauche et c'est sans grande surprise que je vois des instruments de tortures, notamment une sci sauteuse et une trépaneuse. Rien que d'imaginer ce que l'on a pu faire avec ses outils me donne mal au cœur. Je les repose rapidement et tente d'ouvrir l'autre tiroir à ma droite. Elle est fermée. Ma curiosité est plus forte que tout et puisque je ne sais pas combien de temps je vais rester ici...
Je fouille un peu partout à la recherche d'un pied de biche ou de quelque chose pour ouvrir ce tiroir. Un tourne vis jonché le sol près d'un moitié de cadavre. Je me bouche le nez, ferme les yeux et envoie la main pour le récupérer.
-Voyons voir ce qu'il contient.
Des papiers. Je suis un peu déçue... Je m'attendais à une clé. Malgré tout, je sors le paquet et me mets à le lire. Je vais en avoir pour plusieurs jours avec celui-là.
Les jours passent et je ne suis toujours pas sorti de là. J'entends le vacarne infernal des propriétaires de l'appartement de mon étage. Parfois je frappe contre le mur dans l'espoir qu'ils se taisent. Je ne suis pas remontée vers la sortie depuis. Ça ne sert strictement à rien puisque je ne l'ai pas entendu venir. Quand au dossier, il s'agit tout simplement de toutes les informations personnelles des gens qu'elle a tué. Et vu la masse de dossiers, ces corps avec moi ne sont qu'une infime partie. La faim s'est emparée de moi. Heureusement que des conserves étaient dissimulées sous les corps. Sinon je les aurais probablement rejoins.
Les semaines passent ou plutôt des mois. Je ne sais pas, tout s'embrouille. Je meurs de faim, seulement au sens propre. Cette irrésistible envie d'avoir un petit quelque chose, de sentir la saveur de la nourriture. J'en rêve, chaque nuit. J'ai arrêté de bouger depuis que la faim a commencé à me jouer des tours. Désormais, je fais parti intégrante du paysage, je connais chaque dossier par cœur. Je suis capable de les réciter en dormant. Parfois, je parle avec elles, enfin celles qui sont avec moi. Par exemple, Joe ricane depuis tout à l'heure parce que je n'arrive plus à parler pour lui dire de se taire. Samantha reste silencieuse, en même temps, elle n'a plus de mâchoire.
Des pas résonnent. Mais ils ne proviennent pas de mon étage. Lauren serait-elle revenue ? J'espère ! Je vais pouvoir m'occuper personnellement de son cas. J'entends des fragments de discussion, mais je n'arrive pas à entendre à cause de Joe...
-Ferme la un peu ! J'écoute, dis-je rageusement.
-Ohoh, je savais pas qu'il te restait autant de force.
Je m'imagine en train de lui faire un ce fameux geste. C'est bien elle, elle discute avec une autre femme. Des rires et des talons envahissent la pièce. L'exaspération commence à me prendre.
-Mais elle n'est pas enfermée. C'est elle qui ne veut pas sortir, dit-elle entre deux éclat de rire.
Dites-moi que ce n'est pas ce que je pense. Je rassemble les dernières forces et me traîne jusqu'aux escaliers.
-J'suis sûr tu aurais gagné la course contre la tortue, se moque Joe.
Samantha se met à pousser un cru qui nous fait tout les deux sursauter. Joe se plaint ouvertement qu'il voudrait lui aussi sortir. Personnellement, je ne compte pas trimballer un cadavre avec moi. Je me glisse entre les marches très difficilement. Arrivé à la dernière, je donne un violent coup qui ouvre la trappe. L'air frais s'engouffre dans mes poumons. Cette sensation m'avait manqué. Des applaudissements surgissent suite à ma sortie. Lorsque j'aperçois Lauren en compagnie de cette femme, une rage immense m'envahis. Mes jambes ne semblent plus connaître l'apesanteur, mon ventre ne semble plus connaître la famine. Mon cerveau ne se focalise plus que sur une chose. Je me relève, marche dangereusement vers elles.
-À ben on dirait que t'as enfin décidé de montrer le bout de ton sale nez, jacasse cette poufiasse hautaine.
-Oui, je voulais te présenter mon meilleur ami, dis-je en lui montrant mon plus beau sourire.
Elle fait les yeux rond et pousse un léger cri lorsqu'elle sent un objet sur son coup. Elle vient juste de réaliser que je lui ai planté mon tourne vis dans l'artère. Lauren ne bronche pas, elle observe. À peine quelques instants après, elle s'écroule du manque d'air et de l'hémoragie interne.
Le sang coule lentement de son cou et s'étale au sol. Son corps sans vie reflète le désespoir. Mon désespoir. Mais qu'est ce que j'ai fait ? Je me tourne vers Lauren, la détaille intensément puis la fixe dans le blanc des yeux.
-Qu'est ce que tu m'as fait ?, lui hurle-je les larmes aux yeux.
Je manque d'air à mon tour. Lauren ne montre aucun signe d'émotions, je suis perdues dans ce que je viens de faire. Je porte ma main à ma bouche tout en évitant de hurler à mort. Je me sens pas bien. Mon dos se cognent contre la table et je glisse doucement jusqu'au sol. Le corps se trouve juste à côté de moi. Mes membres tremblent, ma vue est floue, je ne sais plus quoi penser. J'ai envie de vomir mes tripes simplement je n'ai rien dans le ventre.
J'ai du sang sur les mains. Une âme hantée chez moi. Comment peut-on prendre du plaisir à faire ça ?!
-Et ce n'est que le débit d'une longue liste, sourit fièrement Lauren.
Elle dépose une assiette sur la table puis me regarde.
-Je suppose que tu as faim après être restée tout ce temps en bas.
-Comme su j'avais eu le choix, réplique -Je.
-Tu as toujours le choix avec moi.
-Est-ce que j'ai le choix que tu me laisses tranquille ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top