Mes journées deviennent répétitives. J'arrive, je surveille des patients dans l'aile Nord, soit à l'autre bout de l'entrée. De plus, ils sont quasiment normaux, ce sont ceux en rétablissement. Plusieurs fois j'avais essayé de voir Lauren ou même Shawn mais ça n'a été possible pour aucun des deux. Il ne voulait pas me parler et je ne pouvais pas demander à la fautive. Mr Sherman passait souvent en courant d'air.

Il ne me reste plus que deux semaines et on ne peut pas dire que j'ai appris grand chose, je ne serais même pas dire quelle pharmacie le livre alors que c'est la base même de la psychiatrie : soigner avec des médicaments. En réalité, je suis en parallèle les cours de ceux qui ont pris psychanalyste grâce à un ami. On s'échange nos cours.

Comme à mon habitude, je fais des vas et viens entre les différentes salles mais cette fois-ci, un gardien m'interpelle. Il me tend une lettre et m'indique qu'il viendrait chercher la réponse d'ici deux heures. Je m'empresse de la lire et constate qu'elle provient de Lauren, quand on parle du loup.

Je vous épargne son charabia, mais en gros elle espère toujours que je vais l'aider à sortir d'ici. Je ne vois pas trop l'intérêt de lui répondre puisque c'est par l'intermédiaire d'un gardien et qu'il peut très bien la lire. De plus, je ne compte pas l'aider. Mais l'idée de l'avoir encore un peu près de moi me dissuadé de laisser tomber. Après tout, je peux toujours bluffer. Après avoir bien brosser dans le sens du poil, je la donne au gardien qui s'en va sans se retourner. Aucun doute, aucune suspicion, à croire c'est habituel ici.

La fin de la journée approche, il ne me reste que trois minutes avant que le changement de garde ne se fasse. À toute vitesse, je me glisse dans les vestiaires destiné aux gardiennes. Je repère la prochaine à surveiller et, par derrière, je l'assomme. J'enfile par la suite son vêtement et la dissimule dans son placard. Ça fera l'affaire le temps de dix minutes. C'est la tête baissée que je me rends dans les camisoles.

Arrivée devant la porte, J'inspire un grand coup avant d'ouvrir là petite fenêtre qui nous permet de communiquer. Je la vois, non assise mais allongée, au sol. Elle semble dormir ou réfléchir, tout ce qui a de plus anormal. Mais venant d'elle, cela devient normal. Je toussote légèrement afin de lui faire remarquer ma présence. Un de ses yeux s'ouvre, avant que son visage s'illumine d'un large sourire effrayant. Elle se colle à la petite fenêtre en dandinant ses belles courbes.

-Je t'ai manqué ?, demande Lauren sensuellement.

-Je suis obligée de répondre ?, souffle-je.

-Peut importe. Comment as-tu fait pour venir ?, questionne t-elle curieuse.

-Peu importe, dis-je sur le même ton.

Son visage s'assombrit, ses yeux verts émeraudes virent au kaki froid. Un petit rictus se dissimule derrière mon visage impassible. Elle recule d'un pas avant d'inspirer à fond et de s'embarquer fans une longue tirade.

-Mais que c'est drôle, j'aurais presque ris, se moque t-elle. Plus sérieusement, je pense que tu as du potentiel et quel dommage de le gâcher ici. Tu sais contrairement à ce que c'est blaireaux font croire, j'ai toujours été ainsi. Mais je n'étais pas assez intelligente pour le montrer au grand jour.

-Parce que maintenant tu l'es ?, ironise-je.

-Attention, attention, tu joues avec le feu ma petite Camila. Je ne pensais réellement pas que tu faisais parti des "dures à cuir", dit-elle avec des guillemets.

-Mais que sais-tu de moi ?, la provoque-je.

-Très bien. Camila Cabello, étudiante en psychiatrie et psychanalyse grâce à Mike, est issu de l'immigration. Souvent torturée par son imagination débordante et son envi d'analyser, elle se tourne autour d'elle même. Aimant les filles depuis son plus jeune âge, personne ne le sait. Ah, j'allais oublié. ! Elle aime également jouer avec le feu et cela a coûté la vie sa meilleure amie ou petite amie.

Je... Je ne sais pas quoi dire. Comment à t-elle fait ? Elle ne peut avoir aucun contact avec l'extérieur... Enfin pas assez pour ce genre d'informations. Si ? De toute façon ça ne fait rien. Quel sache autant de choses sur moi qu'elle le souhaite mais jamais elle pourra le comprendre. Personne ne le peut. Et tant mieux ! Je la regarde longuement, elle danse en chantant une musique de Coldplay. Je dois avouer que sa voix est magnifique. Je me prends à l'accompagner. La chanson terminée, elle colle des yeux à l'ouverture et me balance que je pourrais mieux faire.

-Abuse pas non plus, je suis pas chanteuse.

-Je suis sûre que tu le peux. De toute façon même si tu le voulais, c'est mort tu es prisonnière de ton destin.

-Quel destin ? Travailler avoir une famille ? Voyager ? Apprendre ? C'est être prisonnier ?

-Prisonnière de tes pulsions.

-Oui mais ce que les autres psychiatres n'ont pas réussi à te faire comprendre est que tout le monde voudrait assouvir ses pulsions mais la différence entre toi et moi est que justement je le fais pas. C'est ça qui te rend faible, être psychopathe n'est pas une libération mais un pathétique choix de facilité, crache-je avant de refermer tout et de partir chez moi sans le changer ni délivrer l'autre belle au bois dormant.

Chez moi, une vague de rage m'envahis. J'envoie tout valser, je casse mes vitres, mes bases tout. Le bruit infernal des verres brisés résonne dans ma tête. J'ai mal, je m'agenouille devant un point indécis et réfléchis. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que je n'ai pas postulé ici uniquement car c'est un bon hôpital. Inconsciemment, quelque chose m'a attiré ici, ou devrais-je dire quelqu'un. Inconsciemment, je me suis livré à elle comme un livre ouvert. À l'avenir, je serais plus attentive à mes fais et gestes comme si la patiente, c'était moi.

Une fois, en cours, un de nos professeurs nous avait passé un dégénéré entrain d'expliquer da folie. Une phrase m'a interpellé :" Je suis plus intelligent que vous tous ne serait dans votre vie." Ce qu'il n'a pas compris c'est que son intelligence ne sert que pour une fonction tandis que nous est multitâche. De nous deux qui est vraiment le plus intelligent ? J'ai le regret de t'informer que je suis plus intelligente que toi. Et Lauren ne va pas tarder à le savoir pour vous tous.