I am dead

Je me réveille doucement, comme si je sortais d'un rêve enchanté. Ce sentiment s'évade vite lorsque l'odeur immonde de la putréfaction envahit mon nez. Lauren est ici, assise sur une chaise en train d'observer le spectacle que je donne. Shawn est à mes côtés, je le sais mais je ne peux tourner la tête, remplacer l'image que j'ai de lui par un cadavre est impensable. La dernière fois, je l'ai mal vécu ; cette fois-ci, je n'y survivrai pas. Que dis-je ? Me retrouver ici, seule avec le vacarme en haut ne peut que signifier une chose: ma mort.

-Enfin réveillée mon chou, dit-elle de sa voix si apaisante voire gentille en caressant min visage de ses doigts.

C'était de cette voix dont j'étais tombée amoureuse, de cette attitude qui m'a fait chaviré.

-Que s'est-il passé ? Je reconnaisais ne pas avoir été la criminelle que tu aurais voulu que je sois. Ne l'ai-je pas été en tant qu'amante ?

-Ne le prends pas pour toi mais je dois le faire. Je ne peux me permettre de te laisser vivre encore longtemps.

Ses mots me sisaillent délicatement, une douce douleur dans mon âme.

-Pourquoi ?

Je la vois faiblir, se torturer l'esprit devant cette question qui pourtant est si simple. On ne supprime pas quelqu'un comme ça, j'ai au moins le droit de savoir quelle a été mon erreur, une fois de plus.
Elle se lève, fais un tour complet puis se remet face à moi. Elle entrouvre la bouche puis se résigne à prononcer une syllabe.

-Conçois tout ceci comme une libération.

-Pardon ?!, m'écrie-je.

Elle hausse le ton également, me hurlant dessus que je lui dois le respect et qu'elle avait été très tolérante envers moi jusqu'ici. Toute cette histoire me sort par les yeux, l'hypocrisie de mon existence me répugne et surtout l'ironie du sort. J'aime malgré moi Lauren et elle veut...me supprimer. Par conséquent j'aime l'outil de ma mort, tellement injuste quand on sait que Lauren était mon premier amour. Ce premier amour qui est censé être magique puis devient destructeur mais qui gardera toujours une place particulière. Je n'ai aucune vraie comparaison à faire bien que j'ai déjà eu des relations, je me rends compte maintenant que je ne les ai jamais vraiment aimé; pas autant qu'elle. Cette diablesse enchantée m'a tout pris, ma vie jusqu'à ma dignité, il ne lui reste plus que ma vie.
Je ne peux m'empêcher d'espérer qu'elle ne le fera pas, qu'elle changera d'avis puis qu'elle fera tout pour se faire pardonner, qu'on continuera notre vie à feux dans le crime puis qu'un jour où l'autre nos chemins se sépareront. Une larme perle le long de ma joue, mon stock de larme est épuisé ainsi que mes émotions. Je n'arrive plus à cacher tout ce qui devait être caché.

-Il n'y a vraiment plus aucun espoir pour moi ? Je dois mourir ici et maintenant ?

-Ce n'est pas de ma faute.

-Baliverne ! Tu sais ce que je regrette c'est d'avoir été aussi naïve. Mais je pense que tu le savais déjà sinon tu n'aurais même pas pris la peine de me jeter un regard. Tu m'as volé ma vie, ma dignité jusqu'à ma vie ! Tu m'as tué Lauren et rien ne pourra effacé ce sang sur tes mains. J'espère que mon esprit te hantera jusqu'à la fin.

Sin visage se ferme brusquement, j'ai sûrement touché une corde sensible mais j'en ai rien à foutre. Quitte à mourir autant que ce soit telle que je l'aurais voulu.
Elle se rapproche de moi et plonge ses yeux dans les miens. Ses yeux verts me hantent l'âme depuis tellement longtemps que je leur serai à jamais esclave. Un coup de feu retentit et me fait sursauter. Le bruit assourdissant de l'arme ne brise pas l'atmosphère pesante qui règne ici. Des éclats de voix surgissent suite au tir, je crois comprendre qu'il s'agit de la police. À ce moment-là, un peu d'espoir naît en moi. Peut-être qu'ils arriveront à me sauver à temps.

-Ils ne le feront pas, dit-elle en détachant chaque syllabe.

Si j'avais pu, j'aurais pleurer toutes les larmes de mon corps devant cette désillusion. Elle avait raison, j'allais mourir et de sa main. Je demande tout de même si elle peut m'accorder une dernière faveur avant de mourir. C'est contre toute attente qu'elle accepte sans réfléchir avant de me demander laquelle est-ce.

-Je veux que ça soit rapide, sans douleur et que ma mère ait mes cendres ou qu'elle puisse avoir un endroit où se recueillir.

-Ça fait deux faveurs trésors.

Même dans des situations comme ça, elle arrive à m'appeler par des surnoms et le pire, c'est ça fonctionne. Un autre coup de feu retentit avec de nouveaux éclats de voix, ceux qui me rappellent que je suis encore vivante. Jamais plus, je n'aurais l'occasion de finir mes études, construire ma maison, fonder une famille; tout ce que secrètement chacun espère plus ou moins.

Sans que je m'y attende, elle dépose ses lèvres rosées sur les miennes. Cet échange électrique me prouve encore plus que j'avais raison de garder espoir, qu'elle ne pouvait pas ne pas m'aimer ne serait ce qu'un peu. J'ai l'impression, que le temps s'est mis en pause, qu'il nous a permis de sceller nos lèvres une dernière, qu'il m'a permis d'avoir au moins un baiser d'adieu. Un goût légèrement salé émane des ses lèvres, elle pleure. C'est la première fois que je la vois pleurer. Cet haine envers le monde qui nous entoure nous a amené à cette pièce, cette situation. Je crois bien que ce sera l'unique fois où elle pleura devant quelqu'un.

En une fraction de seconde, je décolle mes lèvres de siennes et possituonne mes mains sur mon ventre. La lame vient de transpercer mon ventre à un endroit bien précis. Du sang coule de ma bouche mais je n'ai pas mal, j'ai froid. Le regard vert perlé de larmes de Lauren me fixe, espérant sûrement que cette souffrance ne sera pas au rendez-vous. J'appuie, de mes mains tremblantes, sur ma plaie en essayant de stopper l'hémorragie. C'est peine perdu, mes yeux commencent à fatiguer et je sens déjà m vue disparaître à petit feu. Mes muscles me lâchent et je tombe sur le sol froid. Froid comme la neige de janvier à New-York, ce froid si étincellent qui illumine l'âme, ce souvenir où Lauren était présente.
Elle s'agenouille devant moi et me caresse la tête comme si elle compatissait. J'aurais tellement voulu lui hurler que je ne méritais pas ça, que malgré tout ce destin n'était pas mien. Cette culpabilité d'avoir échoué dans ma vie, cette incapacité à avoir fait quelque chose de ma vie, tout ça me remonte en mémoire. Ces images cinglantes me font penser à ma famille, ma mère que j'aime le plus au monde, mon père avec ses défauts et mes amis si loyaux. L'occasion de leur dire tout ce qu'ils méritent d'entendre vient de s'écraser au sol en même temps que ma dernière larme. Je ne pleure plus, la pluie m'a désormais remplaçait. C'est le seul bruit qu'on entend désormais, plus de cris, plus de coup de feu, plus de murmure juste la pluie.

Je sens ma force me délaisser peu à peu, partir dans les entrailles de la terre en même temps que la pluie ruissellente dans les bas côté. Mes yeux se ferment peu à peu et ma respiration se calme comme si je m'aprêtais à m'endormir, ce qui est vrai en soit, je pars pour un sommeil éternel. Les sons qui animait mon âme encore maintenant s'estompent, je ne les percevrai bientôt plus. Les secondes passent et tous mes sens m'ont quitté, le sol n'est plus aussi froid que dans mon souvenir, j'arrive à peine à imager la sensation d'entendre un son et les images de la réalité de mes rêves ne sont qu'un tas de noir. Je sens ce fameux dernier souffle arrivé. Ce fameux dernier souffle dans toutes les histoires où les émotions sont dégagés au maximum. Je ne dégage pas d'émotions, je n'en ressens pas non plus, mais je ne veux pas que ce dernier souffle soit comme tout ce qu'on voit; je veux au moins mourir en ayant la vision du monde qui m'entoure.

Je rassemble tout le peu de force qu'il me reste et ouvre les yeux, ma vision n'est pas aussi claire qu'en temps normal mais assez pour distinguer une silhouette, celle de Lauren. Cette silhouette est flou mais bien présente, elle se penche et saisit une couleur flouté marron, mes souvenirs reviennent en mémoire, c'est le sac qu'elle a préparé.

Une dernière fois, je ressens la trahison poignante de cette diablesse qui se dirige vers la sortie avec tout ce qu'elle a besoin pour effacer ses souvenirs. En rendant mon dernier souffle, la seule vision du monde que j'ai eu, a été la sublime cruauté du monde me délaissant comme si je n'avais jamais existé, que j'étais déjà morte sans avoir vécue.

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