~ Jour 5 (partie 3) ~
Un cri strident résonna. Un cri de douleur profonde et de peur. Puis une voix :
-A l'aide !
Une voix trop familière. Un étau enserra ma poitrine et je bondis en avant, traversant le couloir le plus vite possible. Le manque de lumière rendait la tâche difficile, je me laissais guider par les plaintes qui se faisaient de plus en plus forte au fur et à mesure que j'avançais. Malheureusement, je ne vis pas que le chemin bifurquait à gauche et je tombai lourdement dans l'eau.
J'avais fait un plat, mon bras gauche l'avait bien senti. J'avais lâché mon tee-shirt, le liquide glacé me donna la chair de poule. Peu importait, je n'avais pas le temps de regagner le sol, mon bras me lançait bien trop fort. Alors je continuai dans l'eau, je m'obligeai à le faire, ignorant mes nausées et haut-le-cœur fréquents.
Les cris étaient ici, juste là, si près... Je remontai sur le rebord avec difficulté, me servant le moins possible de mon poignet endolori et retenant des gémissements plaintifs. Un éclat de lumière soudain m'obligea à fermer les yeux. Je les rouvris mais eus immédiatement envie de les refermer. En face de moi se trouvait une plateforme séparée en deux par une cloison, une grille m'y empêchant l'accès. A l'intérieur, d'un côté comme de l'autre, Bethy se débattait avec... une main. Une main hideuse aux longs ongles crochus, tentant d'atteindre le visage de mon amie, déjà lacéré.
Je compris rapidement que c'était un piège. La quelle était mon amie ? La quelle n'était qu'une contrefaçon ?
-Bethy ?
-Abi ?! Sauve-toi !
Leurs voix me répondirent à l'unisson. Elles faisaient toutes deux les mêmes mouvements de chaque côté. La main les griffa simultanément sur leur joue, provoquant un autre hurlement. J'étais dépassée par les évènements. Que pouvais-je faire ? Si je libérai les deux, que se passerai-t-il ? Et d'abord, comment les délivrer ?
La voix, cette voix que je ne connaissais que trop bien me souffla, comme un avertissement, même une menace :
-Fais le bon choix.
Un sentiment de mal-être prit possession de mon corps. Un objet tomba à mes pieds en rebondissant en tintant plusieurs fois : une clé. Je regardai ce petit objet susceptible de sauver mon amie ou de la laisser mourir, puis les cages.
-Bethy... Comment s'est-on rencontrée ?
Elles me répondirent la même chose, exactement en même temps. Je ne pouvais pas déduire qui était la vraie Bethy. Je n'avais aucun moyen ! Les deux Bethy lâchèrent d'un même mouvement le poignet de la main qui se jeta sur elles, détruisant leur visage, ignorant leurs cris de souffrances.
Je sortis de ma léthargie, attrapai la clé et sautai sur la plateforme. Une chance sur deux. De mes mains tremblantes, j'insérai l'outil dans la serrure de la cage de gauche et tournai pour ouvrir, en espérant désespérément être tombée sur la bonne.
Bethy
Je marchais depuis il me semblait déjà au moins deux heures, épuisée, vidée, et pourtant toujours optimiste. J'allais trouver cette fichue sortie, coûte que coûte ! J'allais gagner ce Jeu. Et j'allais venger ma sœur. Elle était morte dans un camp similaire à celui-ci. Elle avait vécu des épreuves difficiles, alors le Camp l'avait forcée à participer. Heureusement qu'elle avait eu la bonne idée de m'informer de toute cette dinguerie.
Quand je l'avais perdue, j'avais été dévastée. Alors j'avais cherché pendant des années un Strange Camp. Et j'y étais enfin. Le Camp m'avait obligée à participer moi aussi, la mort de ma sœur était la raison pour laquelle j'étais ici.
C'était ce qui était arrivé à Abi. Le Camp, en passant par Ethan, s'était servi de ses faiblesses et l'avait provoquée pour qu'elle participe. Cela avait été simple. Pauvre et naïve Abi. Je l'avais sauvée pour la tuer plus tard, à ma place. Ce n'était pas cruel, c'était le Jeu. Pourtant, bien malgré moi, j'avais fini par m'attacher un peu à elle.
Elle n'était pas aussi fragile qu'elle le laissait paraître. Peut-être était-ce une stratégie. Enfin, de toute manière, il n'y avait qu'une seule et unique gagnante, alors pourquoi l'épargner ? Ethan n'allait jamais s'en remettre, il s'était laissé envoûter par la délicate beauté de cette fille à la chevelure blonde et aux yeux verts ainsi que par sa gentillesse débordante. Mais qu'importait, puisque quand il allait m'embrasser, j'allais le faire rejoindre sa douce et tendre petite. C'était ma vengeance.
Je repassais mon plan dans ma tête quand soudain, quelque chose atterrit sur mon visage, l'entaillant de toutes parts. Je criai, retirai la chose que j'examinai. C'était une main putréfiée avec des ongles aussi longs et tranchants que des poignards. Je la tenais devant moi tandis qu'elle poussait avec une force incroyable. Mon visage épouvanté était à sa portée, je luttais tant bien que mal alors que mes bras tremblaient d'épuisement. Je n'avais pas peur, j'avais confiance en mes capacités et moi.
Je me trouvais à présent dans une cage, apparue comme par enchantement. J'entendis une voix hurler :
-A l'aide !
Une voix semblable à la mienne, juste à côté. Quelques minutes plus tard, Abi arriva, alors que mon duel s'intensifiait. Je lui ordonnai de se sauver, car je savais que cela l'inciterait à m'aider. Je me débattais avec la main. Elle ne perdait aucune force, moi, si. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front, mes muscles tendus étaient au bord de l'explosion. Jamais je ne m'étais sentie aussi mal depuis la mort de ma sœur, car je sentais la force me quitter. Et je savais que ma vie reposait à présent sur les épaules d'une autre personne que moi.
Abi me demanda comment nous nous étions rencontrées. Je pensai que cela n'était pas le moment de demander cela, qu'est-ce qu'elle était cruche, celle-là ! Pourtant, je répondis à sa question. Mais ce n'était pas moi qui en avais décidé. Que se passait-il ? Je voulus ordonner à Abi de se dépêcher, seulement, aucun son ne sortit de ma bouche. Inexplicablement, j'avais perdu tout contrôle.
Sans que je ne puisse rien faire, la main sauta sur mon visage, me griffant de partout, un amas de douleur me brûla. Je hurlai, sans même reconnaître ma propre voix. Je devais venger ma sœur ! Je n'acceptai pas la défaite. Même quand je sentis mon sang couler abondamment, quand mon souffle s'éteignit et que mes paupières roulèrent.
Abi
J'ouvris la porte au moment même où les cris cessèrent. Je me précipitai à l'intérieur. Une détonation retentit dans la cellule d'à côté. J'imaginais que la fausse Bethy venait de disparaître, parce que je venais de sauver la vraie. Du moins, je l'espérais.
La main qui attaquait auparavant mon amie restait sur son visage, inerte. Je courus vers elle et enlevai le membre mou avec une délicatesse peureuse. J'ouvris la bouche sans qu'aucun son n'en sorte alors que des larmes jaillirent. Je tombai à genoux, aussi triste que je ne l'avais jamais était. Pas elle. C'était impossible.
Je pris son visage dans mes mains tremblantes.
-A demain.
Ce que je ne voulais admettre venait d'être confirmé, et quelque chose en moi se brisa en mille morceaux. Son sang coulait partout, son visage était méconnaissable, il n'y avait plus rien d'humain. Je ne pouvais en définir les différentes parties, et son sang eut vite fait de recouvrir l'entièreté de mes mains.
Accablée de chagrin, j'enlaçai son corps de mes deux bras et pleurai en silence. Je voulus hurler, dénoncer cette infamie au monde entier. Mais je ne fis que verser des larmes sur mon amie. Qui allait à présent me donner la force de continuer ? Sa mort était injuste. Comme toutes les autres.
Elle allait devenir un zombie, qui attaquerait les prochaines candidates. Bethy, prisonnière du jeu qui l'avait tuée. Je n'avais même pas tenu ma promesse. J'étais incapable de sauver les gens autour de moi.
Soudain, le tunnel s'ouvrit sur le haut, laissant la lumière naturelle s'infiltrer, nous enveloppant dans un voile chaud et rassurant. J'espérais que c'était un signe, la fin d'un mauvais rêve. Hélas, il n'en était rien.
Des mains me saisirent les épaules et me forcèrent à reculer.
-NON ! hurlai-je.
Les bras m'entourèrent la taille et me soulevèrent. Je donnais des coups de pieds dans le vide, gigotais dans tous les sens. Mais je n'avais pas assez de force. Impuissante, je voyais le cadavre de mon amie s'éloigner, tandis que l'on me ramenait à la surface.
-Abi, calme-toi. Ça ne sert à rien.
Bethy était morte, partie à tout jamais, alors qu'elle ne méritait cela en aucun cas, et cet être inhumain qu'était Ethan voulait que je me calme ? N'avait-il donc toujours pas compris quels étaient mes sentiments à son égard ?
-Lâche-moi tout de suite ou je promets que je te tue sur le champ.
Je dus réussir à mettre assez d'émotion dans ma voix car l'instant d'après, je fus libre, et je m'enfuis.
[ Je vous préviens tout de suite, ce jour 5 n'est pas terminé ( ben oui, si il n'y a aucun dialogue fort Abi/Ethan, c'est nul ;) ) ! J'espère que l'histoire sur Bethy vous a plu et la façon avec laquelle je l'ai amenée :) Rdv partie 4 ! ]
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