~ Jour 3 (partie 4) ~
Inspirer, expirer, inspirer, expirer. Je n'étais pas mauvaise en sport, non, mais je ne faisais pas non plus partie des meilleurs. Alors je devais me concentrer, ne pas lâcher, continuer à courir. Inspirer, expirer. Cela devenait de plus en plus difficile, je n'inhalais que peu d'air. Je devais fournir un effort considérable pour soulever mes jambes à chaque pas, mes bras souffraient encore de l'épreuve d'escalade, ils étaient tétanisés.
Tic tac tic tac...
Après cinq minutes de course intense, le sol devant moi se creusait et ma corde s'enfonçait à l'intérieur. Comme un tunnel. Il était à peine plus large que moi, je me demandais même si j'arriverai à y passer.
Derrière moi, j'entendais, en plus du tic tac incessant, des pas raclant la terre et se
propulsant à une vitesse bien supérieure à la mienne. Une des candidates que j'avais semée m'avait rattrapée sans grande difficulté.
Sans regarder en arrière, je me glissai dans le sous-terrain. Au début, c'était boueux et extrêmement étroit, je rampais vulgairement. Et très vite, un autre souvenir surgit sans que j'eus le temps de l'en empêcher.
Je rampe à même le sol gadoueux pour fuir. Elle me rattrape, hurle que je n'aurais jamais dû faire ça. Sa main sur ma cheville, elle me tire, cogne son poing sur ma joue. Impuissante, je ne peux me défendre.
Je me recroquevillai, suffoquant. Ce parcours était bien trop éprouvant pour moi, il me rappelait tout ce pourquoi j'étais ici et pas chez moi. Même si là-bas, je me sentais encore moins chez moi que dans cet horrible endroit.
Peut-être avais-je la force physique de continuer, mais la force psychologique me manquait. Et, après tout, je ne voulais pas mourir, mais qu'est-ce qui me retenais ? Je n'avais aucun ami, je n'avais aucune valeur aux yeux de mes parents. La décision était difficile à accepter, cependant, cela tombait sous le sens.
Tic tac tic tac...
Ethan ne valait rien. Certes, il y avait Bethy. Mais c'était le Jeu. J'avais fait la promesse de lui rendre service au bon moment. L'était-ce vraiment ? Je ne savais pas. Elle ne semblait pas en difficulté sur cette épreuve. Alors... « Pour Bethy » devint ma nouvelle raison d'avancer.
J'avançai à l'aveugle, suivant l'évolution du souterrain. C'était l'obstacle le plus simple. Si seulement c'en était un.
Enfin, j'aperçus une source de lumière, plus brillante au fur et à mesure que je progressais. Un nouvel espoir naquit en moi, chassant mes peurs et me poussant à accélérer. La température chuta petit à petit. Les parois boueuses étaient gelées, écorchant mes genoux, mes dents se mirent à claquer. Un vent froid, voire glacial, s'engouffrait dans le passage. Si froid que je dus rentrer ma tête pour laisser mes yeux ouverts.
Je sortis de cette crevasse infernale. Le vent était non seulement glacial, mais aussi très violent, et je devais faire attention à ne pas perdre l'équilibre. C'était une chose plutôt importante étant donné l'endroit où je me trouvais : la falaise. Je n'étais pas au sommet, j'étais sur un rebord peu large qui ne faisait même pas la taille de mes pieds.
Tic tac tic tac...
Je ne pouvais pas savoir où était arrivé le Temps, peut être à la clôture. Personne n'avait encore été rattrapé, et même si j'avais du mal à me l'avouer, je souhaitais que cela se termine au plus vite. J'étais une abominable personne.
Devant moi, le vide. A ma droite, le rebord longeait la pierre de la montagne, ma corde posée par-dessus. A ma gauche, un muret. Je n'avais qu'une solution. Il n'y avait aucune autre fille, peut-être étaient-elles au-dessus ou en-dessous de moi, pour que l'on ne se gêne pas.
Je déplaçai lentement mon pied droit, mon corps collé à la roche, le regard concentré sur les mouvements de mes jambes tremblantes. Je m'efforçais de ne pas imaginer ma chute si jamais je faisais un faux mouvement.
Le pied droit déplacé, je glissai le gauche. Des petits cailloux tombaient, je me comparais à eux. Un pauvre caillou susceptible de glisser à n'importe quel moment. Mes vêtements étaient à présent secs grâce - ou à cause - du mistral, je grelotais.
Respirer était aussi devenu un problème : j'étais si terrifiée que je devais de me forcer à inspirer de grandes goulées d'air et expirer de la même façon, au lieu de prendre des respirations saccadées.
Je n'avais pas le vertige, ce qui me procurait vraisemblablement un avantage. Je n'osais imaginer dans quel état je me trouverai si j'avais une telle peur...
Tic tac tic tac...
Je l'entendais à peine tant le vent soufflait violemment. Pied droit, pied gauche, je fonctionnais ainsi. Je ne savais pas quand j'arriverai. Je trébuchai, mon cœur valdingua dans tous les sens, heureusement je me retins de justesse. Pied droit, pied gauche. Enfin, un peu plus loin, le petit rebord s'arrêtait et laissait place à une grande clairière d'herbe, où il n'y avait pas de vent. Comme par magie.
Pied droit. Pied gauche. Tic tac. Je sautai sur l'herbe. Cet obstacle avait été le plus effrayant, mais le moins difficile. Je suivis ma corde, qui tourna derrière la roche et me conduisit... au même endroit que le début de l'épreuve. Devant le cours d'eau avec les rondins. Je me remémorai les paroles d'Ethan : « Le parcours n'a pas de fin. »
[ Je comptais finir ce jour 3 cette partie-ci mais si je le fais, le chapitre devient trop long. Donc je le sépare en deux, cela sera mieux, je pense. Mais du coup, je n'attends pas une semaine pour publier le suivant comme j'ai l'habitude de le faire, je vais tout de suite écrire la suite et comme ça, vous n'aurez pas à attendre pour la fin ! J'espère que cette partie vous a plu, bisous ^o^ ;) ]
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