Quand je me réveillai, j'étais seule. Je ne pus empêcher un terrible sentiment de déception s'immiscer en moi. A quoi m'attendais-je ? Il avait fait ça pour m'affaiblir, jouer avec moi, rien de plus. Mais je n'allais pas le laisser m'écraser comme un vulgaire insecte, j'allais me battre jusqu'au bout.

A côté de mon matelas, j'avais déposé la perle, symbolique d'une diabolique victoire. Et en-dessous, un bout de papier, qui ne se trouvait pas là la veille.

RDV montagne 13h.

Pas même un bonjour. Il était onze heures, j'avais le temps de me préparer. En sortant, je ne vis Ethan nulle part. Après ma toilette, j'enfilai un jean ainsi qu'un pull bien chaud. Le vent soufflait violemment et la cime des arbres se balançait rageusement. Malgré cela, la peur qui engourdissait mon esprit ne s'envola pas.

En allant ranger mes affaires dans ma tente, je croisai Bethy, qui m'accompagna. Nous passâmes ensuite le reste du temps ensemble, nous nous rendîmes dans un café, dans lequel nous discutâmes. Bethy était une fille charmante et pleine d'humour, intelligente et très vive d'esprit. Je me demandais pourquoi elle participait au Jeu, elle ne ressemblait en rien à ces filles qui étaient prêtes à tout pour un simple baiser. Cependant, je n'osais pas lui poser la question, de peur de gâcher ce moment léger durant lequel je pus être une fille de dix-sept ans comme les autres

Je lui racontai ma vie dans les grandes lignes, omettant le fait que mes parents me détestaient, et elle fit de même. Bethy parlait énormément, passant du coq à l'âne, j'avais parfois du mal à la suivre. Elle parlait tellement que quand nous partîmes, je fus surprise de constater qu'il ne nous restait qu'un quart d'heure pour arriver au point de rendez-vous fixé. Pendant notre route, je l'interrogeai :

-Tu sais qui a perdu hier ?

Elle se gratta la nuque et détourna le regard.

-Oui... C'était une fille qui s'appelait Mélanie. Je ne sais pas si tu vois qui c'est, une grande brune aux yeux clairs.

Je ne me souvins pas avoir fait attention à elle, mais Bethy semblait la connaître, elle paraissait affectée.

-Elle était gentille, tu sais. Pas comme Ambre. C'est le Camp, c'est pour ça qu'on est là.

Cela faisait deux fois que l'on me disait cela. « C'est le Camp ». Qu'est-ce que cela signifiait ?

-C'est qui, Ambre ?

-Celle qui t'a proposé de participer.

C'était la blonde aux yeux bleus, que je trouvais d'ailleurs insupportable. J'avais encore des questions à poser, quand je constatai que nous étions déjà au pied de la montagne. Elle était immense, certains endroits n'étaient recouverts que de plantes, d'autres étaient plus rocheux. Elle était pentue, angoissante, intimidante.

Ethan était là, toutes les filles se tenaient en face. Quand nous arrivâmes, il me jeta un regard qui confirmait mes craintes : je n'étais qu'une cible facile. Je repérai Ambre qui chuchotait – ou plutôt, faisait mine de – à une autre fille :

-Il m'a dit que j'étais sa préférée et qu'il voulait que je gagne à tout prix !

Mon cœur manqua un battement. C'était stupide. Je n'étais pas jalouse, je n'avais aucune raison de l'être. Je jetai un coup d'œil à Ethan, qui m'ignorait royalement. Je me sentis pitoyable.

-Troisième épreuve, dit-il d'un ton las. C'est un simple parcours, il faut bien vous reposer...

Ses propos sonnaient faux, j'avais d'autant plus peur de ce qui nous attendait.

-Vous devez trouver une crevasse dans la montagne, qui vous mènera de l'autre côté. Là, vous devrez suivre une corde. C'est tout. Et bien évidemment, il est interdit de tricher en passant à côté d'un obstacle, c'est inutile. L'épreuve se termine lorsque l'une d'entre vous est rattrapée par le temps.

Que voulait-il dire ? Y avait-il un chronomètre et donc un temps limité ?

-Et quand on a fini le parcours, on gagne ? risquai-je.

Il me regarda enfin, ses yeux noirs transpercèrent les miens et il déclara d'une voix glaciale :

-Le parcours n'a pas de fin.

Je détournai le regard tandis qu'il me fixait toujours. Une autre fille intervint :

-On doit escalader la montagne ?

Il lui répondit, ses prunelles toujours sur moi :

-Tu verras.

Il se redressa et annonça enfin :

-Bon Jeu.

[ Alors c'est vrai, normalement, je prévoyais de faire une épreuve par chapitre. Mais celle que je suis en train d'écrire en ce moment est beaucoup trop longue, et je ne peux pas la raccourcir, sinon, elle perdrait tout son intérêt, croyez-moi. Alors je découpe ce jour 3 en plusieurs partie. J'essaie donc de l'écrire rapidement pour que vous n'ayez pas trop à patienter, mais vous verrez, je vous réserve des surprises ! Aller, je retourne écrire, j'espère quand même que ce chapitre vous aura plu :-* ]