Jour 10 (partie 4)
- Bien joué.
Je sursautai à l'entente de l'étrange voix qui parvenait toujours à me paralyser. Que voulait-elle dire ? Était-ce là mon arrivée dans l'au-delà ? Une forme d'ironie pour m'accueillir ?
Je me sentis comme aspirée dans un tunnel, j'étais toujours debout pourtant la sensation que j'avais de tomber était plus forte. Un mal de crâne féroce me frappa. Les picotements que j'avais ressentis auparavant revinrent à la charge et un trop plein d'émotions me bouscula, c'était un ouragan incontrôlable dans lequel se mêlaient la peine, la rage, le dégoût... C'était à ça qu'elle ressemblait, la mort ? Un flot d'émotions négatives qui jouaient avec nous ?
Mes larmes creusaient de plus en plus mes joues, pourtant je n'étais pas triste d'en être arrivée là. C'était ce qu'il y avait de mieux. Une image de mort-vivant apparut vaguement dans mon esprit, un peu trouble, pas suffisamment précise pour que je m'en inquiète. C'était comme ça, je l'avais décidé. Puis le visage d'Ethan s'imprima devant mes yeux, je sentis presque sa chaleur, son odeur et sa tristesse invisible me contaminer. Alors il venait me hanter jusqu'à ma mort ? En fait, peut-être était-ce moi qui le hantais...
Ma tête embrouillée sembla se réveiller. J'avais les pieds sur terre, je respirais. Et les pupilles sombres d'Ethan étaient en face de moi, réellement en face de moi. Son souffle entourait mon monde, ses paumes de main chauffant mes joues me maintenaient debout. Je ne pouvais pas parler ; j'avais la gorge sèche, la bouche pâteuse et me sentais nauséeuse. Je me dégageai des mains d'Ethan et percutai le sol, c'était la panique pour moi. Mes larmes restaient cachées, c'était frustrant. Puis il y eut ces mots, ces mots qui, au lieu de m'envoler dans un ciel joyeux, m'enfoncèrent six pieds sous terre :
- Abi, tu as gagné.
D'en bas, j'observais Ethan et ses boucles rebelles.
- Je ne voulais pas... articulai-je faiblement.
Des tremblements secouèrent mon corps et mes doigts s'accrochèrent aux cailloux le plus fort possible.
- Je ne voulais pas ! affirmai-je plus haut.
Tout le monde devait savoir.
- Dis-moi que je suis morte... suppliai-je.
Il s'accroupit et captura mon menton entre son pouce et son index, m'obligeant à affronter ses deux prunelles aussi sombres que la mort. Nous nous défions, encore et toujours, il y avait dans ses yeux cette étincelle de celui qui avait tout vu, une étincelle brillante de courage mais éteinte d'émotions.
- T'es toujours en vie Abi.
Et je ne comprenais pas comment ni pourquoi.
- Tu l'as déjà rencontrée ?
- Qui ça ?
-La Mort.
C'était stupide comme question, mais il y avait tant de mystères et d'anormalité ici qu'elle sembla naturelle. Le visage d'Ethan se ferma et il se releva, fixant un point invisible et lointain.
- Non.
Je m'agrandis à mon tour et agrippai son t-shirt rageusement, me voulant menaçante.
- Pourquoi je ne suis pas morte ? demandai-je d'une voix tremblante de colère et de sanglots refoulés.
Ethan ne me regardait toujours pas, il semblait être parti hors du temps, revivre un moment passé depuis trop longtemps. Quand il me répondit, son ton était cassant :
- Tu ne t'es pas tuée Abi. C'est aussi simple que ça.
Je le poussai avec hargne, grognant comme une bête enragée, il fut à peine ébranlé par mon geste. "C'est aussi simple que ça". Je n'aimais pas cette évidence avec laquelle la phrase était tombée. Il n'y avait rien de simple ici, le chant de mon cœur en était la preuve. Je partis en direction du réfectoire, laissant Ethan seul.
En entrant, je claquai la porte derrière moi. Il y avait des tables et des chaises, et au fond, des étagères. Sinon, c'était vide, ça ne ressemblait pas à un endroit où l'on se réunissait pour manger, ça ne reflétait rien de vivant, un peu comme moi. J'avançai d'un pas déterminé vers les étagères. J'en pris une et donnai toute ma force pour la faire tomber. Je bouillais, le métal claqua sur le carrelage quand je hurlai. J'enchaînai avec celle d'à côté, accrochant mes mains aussi fort que possible au métal froid. Comme la première, j'envoyai valser celle-ci. J'étais en vie alors que je ne voulais plus. A présent la réalité du Jeu me rattrapait. J'avais soigneusement protégé mon âme, mais le parapluie finit toujours par se refermer.
Je restai debout à contempler les dégâts. Ils me semblaient minimalistes, pas assez représentatifs.
- Mais qu'est-ce qui t'a pris ?!
Je levai les yeux vers Ethan. Il avait les muscles tendus, sa posture droite et assurée me rappela celle des loups. Ses yeux parcoururent la salle avant de tomber sur moi. Son regard m'électrisa, j'en oubliai qu'il avait posé une question. Il fondit droit sur moi, prêt à me dévorer. Mon cœur vrombit, je fis deux pas en arrière par réflexe avant de m'arrêter soudainement et venir l'affronter aussi. Nous nous croisâmes au milieu de la salle, une table nous séparait. Nous nous testions, yeux dans les yeux, respirations haletantes. Je ne savais comment interpréter cette scène, nous nous haïssions, mais nous ne pouvions résister à ce magnétisme entre nous. Tout au moins pour mon cas.
J'emjambai l'obstacle en une fraction de secondes, nos pieds frappèrent le bois de la table en même temps. Elle trembla un peu sans que nous y portions attention. Nos souffles s'entremêlaient déjà, ce n'était qu'un avant-goût.
- J'ai mal, Abi. Pardonne-moi.
Je ne compris pas le sens de ses paroles, je n'en eus pas le temps car à peine ses lèvres avaient-elles déballé cela qu'il réduit ce qui restait d'espace entre nous pour engloutir les miennes. Sa mains gauche caressa la peau nue entre mon haut et mon pantalon, une douce chaleur se répandit dans mon ventre. J'aggripai ses boucles foncées à l'arrière de son crâne alors que notre baiser montait en puissance. Son autre main se planta sur mes fesses, je tressaillis tout en poussant un soupir d'aise. Je sentis ses lèvres se fendre en un sourire malicieux contre les miennes, que je fis disparaître en lui mordillant la lèvre inférieure ; il grogna.
Je savais que ce plaisirs serait de courte durée. Alors j'en profitais. J'en avais affreusement besoin. J'avais l'impression que ce baiser m'ouvrait des portes, qu'ensuite, Ethan me révèlerait ses secrets.
Et puis, quelle fierté de gagner cette fameuse récompense...
Ethan
Garder la tête froide.
[ Coucou ! La chapitre est enfin là. Je n'en suis pas totalement satisfaite, mais je n'ai pas assez de recul pour me corriger, alors je le ferai plus tard pour le rendre meilleur, j'espère.
Et vous, qu'en avez-vous pensé ?
Il me reste au moins un chapitre à écrire. Mais j'hésite encore sur plusieurs points, alors c'est probable que j'en écrive deux. Dans tous les cas, ce n'est pas fini, l'heure des révélations a sonné !
Bisous !!
Insta : z_ecris ]
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