Sang traces (partie 2)

    Dans ce village, on appelle l'hiver l'été des esprits. Car les lentes colonnes de brume prennent parfois des formes insolites, tandis que le vent murmure des chants mélancoliques évoquant les sons des âmes perdues.

Mais qui s'en souciait ?

Le mal, disait-on, était une veine sur le cœur qui pourrit jusqu'à manipuler tel un pantin celui qui rencontre cette maladie. Une fissure qui ronge notre raison jusqu'à la consumer. Un jour d'hiver, tout changea. Les jours précédents on avait cru connaître un coupable, mais on s'était trompé.

Qui que ce soit, il souhaitait se baigner dans du sang.

Plus de sang.

         Liraï, jeune fille d'un père aimant, sentait l'appréhension se répandre en elle, elle ne dormait plus, ne mangeait plus, s'attendait à chaque tournant que quelqu'un lui saute dessus pour la dévorer vivante et exposer ses entrailles.

Une question la tourmentait.

Quand ? Quand viendrait sa mort ?

Avant la mort de Havel, elle s'attendait à mourir, elle connaissait la date et l'heure de sa fin, s'y était préparée, avait su dire au revoir et se faire à cette idée. Mais maintenant, le tueur ne sévissait plus de la même manière. Toujours la nuit, toujours du sang dans la fontaine, toujours la plus belle fille, mais plus le premier du mois.

Alors, quand ?

Le mystère la brisait.

Elle arpentait les rues, des cernes violettes sous ses yeux, des larmes reflétant ses douleurs, ses peurs et son père se consumant de plus en plus.

Ses rêves se muaient en cauchemars. Le plus souvent, elle marchait dans la brume et soudain, à travers l'humidité, les filles disparues l'appelaient de partout, lui indiquaient la fontaine, où un miroir reflétant son visage baigné de sang l'attendait.

- Viens avec nous, disaient les filles, Tu es belle, viens... Viens.

Devant elle, le miroir se fissura, le sang coula des failles.

Soudain, des mains la saisissaient par ses jambes et des dents invisibles la dévoraient vivante

Chaque fois, elle se réveillait à ce moment, comme si elle savait que si elle allait plus loin dans son rêve, elle n'en reviendrait pas.

          Sur le village, le jour devint une rivière d'or et les nuages chantèrent, la pluie, synonyme de renouveau, tomba généreusement. La vie reprit tandis qu'un nouveau jour commençait. Soudain, une silhouette se dessina dans les montagnes. Au cœur des tempêtes de neige se dessinait un visage étranger. Drapé de révélations et de vie, un homme s'aventura dans le village. Ses traits fin reflétaient l'aura de mystère qui se dégageait de lui. Ses yeux froids se perdaient dans l'ombre et des cheveux d'encre circulaient le long de ses tempes comme des serpents. Ses pas légers résonnaient contre les parois, comme si la nouveauté se démarquait de tout, tant ce village était perdu. Tout le monde se précipita vers l'inconnu, il fut inondé de questions et des regards curieux se posèrent sur lui. Mais l'homme ignora, passa son chemin.

- C'est un démon venu nous hanter !! disaient les villageois.

- Peut-être qu'il manipule nos amis pour les faire devenir meurtriers ? Peut-être attire-t-il nos filles dans la montagne pour les dévorer ?

- Il attire le mal sur notre village !

- Il doit partir ou mourir !

Les insultes, les injures et les prières emplirent l'air, seuls quelques-uns défendaient l'inconnu et le saluaient.

Liraï ne voyait pas de mal en lui mais une forme de chaleur, aussi décida-t-elle de l'accueillir chez elle et son père. D'une voix froide et lasse, il accepta.

Le soir venu, la seule lueur perçant l'obscurité fut celle de la maison de Liraï. Même la Lune semblait attendre l'heure d'une prochaine mort.

- Bienvenu !! acclama le père de Liraï, comment t'appelles-tu, mon ami ?

- Shaé, répondit le nouveau venu. Je viens de Yonliam, dans les terres du sud, plus précisément.

Liraï était à la fois heureuse et effrayée de l'enthousiasme de son père, en une fraction de seconde, à la vue de Shaé, son sourire avait refait surface.

Mais pourquoi ?

Comment était-ce possible ?

Du rire aux larmes, du vide à la vie, il était sorti de l'ombre en un battement de cil.

N'avait-il plus peur de la mort de sa fille ?

Si, bien sûr, il était sûrement brisé de l'intérieur, implosant lentement mais masquant sa douleur par des sourires de façade.

Mais pour la première fois depuis des années, il semblait serein, heureux.

         Le soir se déroula en présentations et il sembla à Liraï que la présence de Shaé dans cette maison rendait plus confiant son père, dégageait malgré son attitude froide une aura qui éloignait les mauvaises ondes, même les ombres tremblaient à sa venue. Shaé était un voyageur nomade, il parcourait Axilia en quête d'une meilleure vie. Il cherchait un abri pour l'hiver et repartirait sitôt le printemps revenu. Le soir se termina en rires et en salutations, pendant cet instant la peur et l'anxiété étaient restée dehors, à regarder par la fenêtre. Le nouveau venu, d'un caractère plutôt calme, plu beaucoup à Liraï et son père. Il ne cherchait ni le mal, ni le bien, juste la paix. Ses sourires alliaient le mystère et la sagesse, ses yeux semblaient avoir vécu des siècles, bien que celui qui les portait semblât très jeune.

Cette nuit-là, Liraï dormit.

Le lendemain s'annonçait pourtant bien plus sombre.

        Le matin, à peine les rayons du soleil eurent-ils caressé les paupières de la jeune fille qu'elle sentit qu'une main caressait son bras. Sa chaleur douce et apaisante ne l'alarma pas. Bien au contraire, la jeune fille se sentit en sécurité, elle ne se rendait pas compte que cette main ne la caressait pas seulement en rêve.

Elle était bien là.

Venue pour elle.

-Tu es belle, chuchota une voix douce.

La jeune fille cessa de respirer, son cœur battait à tout rompre.

Cette voix.

Liraï la connaissait.

Elle leva la tête en sursautant, ses entrailles serrées. Son regard paniqué parcourut sa chambre, s'attardant dans les moindres recoins. Personne !

- Un rêve se répéta-t-elle en respirant profondément, rien qu'un rêve.

Mais au fond, elle n'y croyait pas elle-même.

Le contact de la main s'était effacé, mais elle en était certaine, quelqu'un était venu cette nuit. Quelqu'un qu'elle connaissait, mais impossible de mettre un visage sur cette voix.

En se levant, elle sentit un poids sur ses jambes, une douleur lui grignotait la chair, cet insecte qui grimpe sur son corps et le ronge jusqu'à l'os. Cet acide qui emplit votre bouche d'une salive amère et comprime vos organes jusqu'à l'étouffement. Elle devait sortir de cette pièce, le voulait, la poignée de bois l'accueillait. Soudain, de la lumière perça dans l'entrebâillement.

La porte s'ouvrit dans un grincement et Shaé entra. Brusquement, la tension s'apaisa.

- Bonjour, déclara-t-il, est ce que ça va ?

- Bonjour Shaé, oui ne t'en fais pas !

- Tant mieux.

La chaleur ressentie la veille emplit la pièce, le jeune homme s'assit près de Liraï, un sourire rassérénant aux lèvres. Leurs yeux se croisèrent et quelque chose traversa son regard. Ce n'était pas de l'amour, mais plutôt de la peine, de la tristesse à son égard. Lorsque Shaé détourna le regard, Liraï sentit un vide en elle, un trou creusé dans son esprit où résonnaient des voix de mort.

- Tu as fait un cauchemar ?

- Comment le sais-tu ?

- Je sais beaucoup de choses.

Il posa sa main sur celle de Liraï, celle-ci tressaillit. Si douce, si chaude, il lui semblait toucher du ciel.

- J'ai... Quelque chose à te dire, poursuivit-il

- Oui ?

- Mecki a... demandé ta main.

- Pardon ?

Elle peinait à croire une telle déclaration, tombée entre eux, brisant l'air, comme un poids mort.

- Il est allé voir ton père hier.

Le regard fuyant, elle tourna la tête, comme pour chasser cette idée, l'oublier et la proclamer rêvée, juste rêvée. Cependant, c'était bien réel. Elle ne savait pas quoi en penser.

- Parle-moi de ton cauchemar. murmura Shaé, que se passe-t-il dedans ?

- Je... je suis dans la brume et les filles disparues me parlent.

Elle se sentit un peu bête, ses joues se peignirent de pourpre tandis qu'un sourire timide se dessinait sur ses lèvres.

- Et ensuite ?

- Ensuite, suivit-elle, il y a un miroir qui se fissure et du sang qui coule. Les filles m'appellent et...

- Et ?

- Et je me réveille.

- Ne me mens pas.

Devait-elle lui parler de la voix ?

Rien que d'y penser, elle ressentait la caresse et le murmure. Rien que d'y penser, elle frissonna d'effroi.

- Je ne mens pas, dit-elle finalement.

Etonnamment, il se contenta d'acquiescer d'un hochement de tête, les yeux brillant d'une lueur mystérieuse. Il savait bien qu'elle mentait, mais ne souhaitait pas insister.

- Tu sais, Liraï, tu pourras toujours compter sur moi, tout me dire.

- Pourquoi tu es si gentil ? On se connaît à peine !

En guise de réponse, il se contenta de lui confier une lettre, une odeur d'ancienneté enfuma la pièce.

Drôle de manière de faire connaissance ! Elle ne savait presque rien de lui, et il se comportait comme s'il la connaissait depuis toujours !

- Tu ne dois ouvrir cette lettre que lorsque le moment sera venu, ordonna-t-il, uniquement à ce moment et pas avant.

- Quand viendra ce moment ?

- Tu le sauras, c'est tout.

Il parlait d'une voix étrange, à la fois brisée et passionnée. Ses yeux laissèrent tomber une larme qui roula sur sa joue pour s'écraser sur le papier. Un silence pesant s'installa. Il semblait figé, le temps lui-même rendait un hommage. Mais à quoi ? Qu'y avait-il dans cette lettre ? Lirai brûlait d'envie de savoir pourquoi Shaé pleurait. Elle voulait ouvrir la lettre et la lire, chasser les larmes de son ami, le comprendre. Son visage toujours impassible, seules les larmes trahissaient son chagrin, son silence devenait effrayant.

- Je te le promets, intima-t-elle finalement.

- Merci.

A ces mots, Shaé se leva d'un bond et se dirigea vers la porte. A la dernière seconde, il se tourna vers Liraï.

- Officiellement, tu es fiancée à Mecki, il t'attend près de la fontaine.

Puis, il laissa la jeune femme seule avec ses doutes et sa lettre, perdue dans l'océan de ses pensées.

                                                                                       ***

          La lettre, les fiançailles. Ces nouvelles furent les principales préoccupations de sa journée. Plus tard, alors que Shaé s'était volatilisé, elle retrouva Mecki dans le village. Elle sentait la lettre taper sa jambe dans sa poche alors qu'elle rejoignait son fiancé. D'un côté, elle avait hâte que le moment de l'ouvrir arrive, d'un autre, elle pensait bien que ce serait dans une situation périlleuse qu'elle devrait l'ouvrir. Elle n'avait aucune envie de risquer sa vie. Le regard perdu, Mecki fixait la fontaine de la place. Des traces de sang séché veinaient le marbre blanc, lui donnant un aspect sanglant et abandonné. Véritable puits sans fond, l'eau était dite maudite et plus personne n'osait s'abreuver à cette fontaine. Liraï rejoignit Mecki au bord de la fontaine.

- Alors, tu as demandé ma main.

Elle avait dit ça comme un constat, sans reproches. A vrai dire, elle ignorait comment réagir à la demande. Devait-elle en vouloir à Mecki ? Après tout, il avait perdu son frère. Elle ne ressentait pour lui que de l'amitié, mais pas de haine, elle n'y parvenait pas. Elle resta assise à écouter la réponse, incertaine de ce qu'elle devait penser.

- Je veux pouvoir te protéger de l'assassin. répondit Mecki, tu es la plus belle à présent, et je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. J'ai perdu ma mère et ma sœur, je veux vous offrir la sécurité et le bonheur éternels.

Son regard resta perdu dans l'air, suspendu à un fil.

- Moi non plus je ne veux pas mourir. dit finalement Liraï. Enfin, je veux dire, avant, je savais la date de ma mort. Et maintenant, j'ignore tout. C'est tellement...

- Oppressant ? coupa Mecki, tourné vers elle, il avait l'air changé.

Autrefois, son regard rêveur s'envolait d'un bleu léger. Aujourd'hui, son regard était dur et assuré, comme celui d'un homme trop mature, trop autoritaire et trop sûr de lui. Il la fixait dans les yeux avec une envie presque animale, une pulsion de désir pur. Comme s'il pouvait la dévorer en un regard, la faire sienne, ce qui la figea.

Il a changé.

- Oui... murmura-elle en baissant le regard.

- Ne t'en fais pas, poursuivit Mecki, si on part d'ici, tu ne craindras plus rien, tu me suivras et tu m'aimeras. Nous serons ensemble pour toujours.

Il avait dit cela sur un ton sec, presque menaçant, chargé de sous-entendus.

- Quoi ?

C'était donc ce qu'il voulait ? La forcer à quitter le village, son père, sa maison ? Comment osait-il vouloir la forcer à partir ? Il ne se souciait même pas de son avis.

Il voulait une belle petite femme soumise et docile.

Je ne suis pas un animal de compagnie.

Elle sentait la colère brûler, prête à exploser.

Lentement, il posa sa main tremblante sur les joues chaudes de Liraï, elle eut envie de la lui couper.

Il se rapprochait des lèvres de la jeune fille, mais celle-ci le repoussa frénétiquement.

- Liraï, fais attention ! Si tu ne m'obéis pas tu ne seras pas protégée !

- Je n'ai pas besoin que tu me protèges, laisse-moi !

À ces mots, elle s'éloigna en courant, comment osait-il la prétendre faible ? Comment osait-il la soumettre ainsi ? Jamais elle ne serait sa femme docile, jamais elle ne l'aimerait. Une autre idée lui était venue à l'esprit lorsqu'il l'avait fixé. Et si c'était lui ? Et s'il avait enlevé et tué les filles ? Ce regard. Il voulait toutes les plus belles filles, pour lui et lui seul. Mais pourquoi ? Comment en être sûr ?

La jeune femme courait à en perdre le souffle à travers le village, seul le désir de semer le regard de Mecki l'animait. Soudain, un homme se dressa devant elle.

- Shaé ? cria-t-elle en apercevant son ami, qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Chut, lui intima-t-il en regardant par-dessus son épaule, personne ne doit nous voir.

À ces mots, il saisit fermement le bras de Liraï et la tira vers les rues abandonnées du village. Là où personne ne mettait jamais les pieds.

Celle-ci, un mauvais pressentiment en tête, le suivit, malgré la tension qui montait entre eux. De toute façon, elle doutait d'avoir son mot à dire. L'attitude de Shaé l'inquiétait de plus en plus, tout comme celle de Mecki. Chaque pas lui serrait un peu plus l'estomac, chaque bruit la faisait sursauter. Shaé, lui, continuait d'avancer, le visage fermé.

            Bientôt, la nuit recouvrit les montagnes et les ombres scrutèrent les deux intrus d'un œil suspicieux. Ou plutôt l'intruse, car si Liraï sentait ses mains trembler au rythme de son appréhension, Shaé, lui, semblait être une tout autre personne. Il marchait à poings fermés. Son visage semblait s'être effacé, éclairé par des ombres et le regard froid, comme gommé par la nuit. Seuls ses yeux luisaient tels deux cristaux de verre. Drapé de noir et de rouge, les mains gantées, il menait une marche lugubre avec Liraï. Dans ses mains flottait un flacon de verre vide, laissant un léger tintement résonner dans le froid. La jeune fille était terrorisée tant par la nuit que par Shaé. Les bâtiments de briques se dressaient sur eux, les jugeant et les écrasant de leurs ombres. Liraï avançait malgré tout, tirée par une main lui broyant le poignet. Sa voix, comme coupée, se voyait étouffée à la moindre tentative de parole.

        Cette fois, elle ne pensa de Mecki que d'un homme brisé et endurcit. Mais le doute se faufilait de partout. Elle allait mourir, et par la main de Shaé, comme pour les autres filles. Impossible de partir, impossible de crier, figée et muette, elle se laissa entrainer, priant pour s'être trompée. Cela continua ainsi jusqu'à un escalier menant vers les entrailles de la terre.

- Avance, ordonna Shaé sèchement, d'une voix que Liraï ne reconnut pas.

Elle lui jeta un regard interrogateur, pas de réaction. Le Yonliamien la scrutait d'un air sombre, à croire qu'il tentait de comprendre le fonctionnement de son esprit. Elle aurait dû rester avec Mecki, il avait raison, elle était faible.

Je n'ai pas besoin de protection, avait-elle dit.

C'était le moment de le prouver.

Vivre ou mourir, le choix est simple.

Prise d'un élan de colère, Liraï se retourna et se débattit furieusement, tenta d'arracher la main de Shaé, de la faire lâcher prise. Des larmes coulaient, des cris se perdaient dans les rues sombres. Elle ruait, frappait, griffait. Prise de violentes convulsions, les larmes embuèrent sa vue. Elle sentit ses jambes la lâcher. A terre, comme un petit animal blessé, elle pleura jusqu'à en perdre ses larmes, les joues en feu.

Je ne veux pas mourir !

Le ventre serré et les yeux brulants, elle ne vit pas le couteau se plaquer contre sa gorge, sa lame froide tracer un fin filet de liquide écarlate. Une main la releva violemment. La douleur lui saisit le cœur.

- Pitié, parvint-elle enfin à prononcer.

- Je n'ai pas besoin de pitié, quand je peux avoir ce que je veux. répondit son agresseur d'un ton glacial, remuant le couteau dans la plaie. Littéralement.

Arrachant à nouveau des larmes des yeux de Liraï. Il y a à peine une heure, il avait été rassurant, solidaire et amical avec elle. Aujourd'hui, il lui faisait subir douleur et sûrement mort au bout du chemin. Avait-il agi ainsi avec les autres filles ? Les avait-il charmées ainsi, se faisant passer pour un étranger en quête d'un monde meilleur ? Les avait-il brisées de la même manière ? Liraï n'était qu'une proie parmi tant d'autres, elle ne valait surement pas plus que de la viande pour lui. Cela achevait de la détruire.

         Liraï s'engouffra dans l'escalier, redoutant le lieu où il la mènerait. Ses pleurs étouffés par la terreur, elle se laissa guider sans se débattre à travers le couloir tapissé d'ombres. Ignorant l'humidité lui englobant les cheveux et la morsure du couteau dans sa chair, Liraï avança, seule la lueur d'une torche lui permettait de ne pas trébucher.

Je ne veux pas...

Elle repensa à ce que Shaé lui avait fait promettre.

Ne l'ouvre que quand viendra le moment

Comment le saurais-je ?

Tu le sauras, c'est tout

Les mains tremblantes, elle saisit la lettre.

La lumière dansa sur le papier, l'appela à la lire.

Elle ne résista pas.

En s'apercevant que Shaé ne réagissait pas, elle commença sa lecture, peinant pour ne pas se laisser écraser sous le poids de ce qu'elle impliquait. 

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