La vie d'un chat n'est pas de tout repos! Je sais, ce prélasser toute la journée au soleil, manger, jouer et dormir toute l'année ça parait être la belle vie, mais non! Non, la vie d'un chat est pleine de rebondissements, d'inattendus, de virages. Par exemple, on peut louper une souris, tomber du canapé, aller chez l'abomina-chat ( le vétérinaire pour les humains), et ça, croyez moi, ce n'est rien comparé au coronavirus!! 

Non, je ne l'ai pas attrapé. 

Non, je n'ai pas perdu de proches. 

Non, je ne suis pas en télétravail!

Je vous le dis, le pire, dans cette histoire, c'est le confinement.

Je vais vous raconter tout depuis le début.

Moi c'est Olaf, je suis un de ses chats Européens à poils longs pour lesquels tout le monde craque. J'ai trois ans et je possède 5 humains, ou plutôt, 5 esclaves.

            Tous les jours, ils partent pour faire des choses d'humains, travailler, s'engueuler avec leur patron, et ils me laissent seul à la maison jusqu'à environ minuit, pendant qu'une nounou garde les gosses! Je vous le dis tout de suite, c'est ça la belle vie. Pas de stress, pas d'humains dans les pattes, un bon canapé moelleux, du calme, de la nourriture! Les gosses, Juliette, Yanis, et Jana partent à l'école, et moi, j'ai tout pour moi! Il y a seulement le week-end où tout le monde est là, mais les câlins, les caresses et les grat-grats, je dis pas non! Enfin, si je devais prescrire un humain, je dirais, à consommer avec modération, ni trop, ni pas assez. Mais au début, je ne savais pas ce qui allait me tomber dessus!

             Tout à commencé un soir, toute la famille était installée sur le canapé devant la fenêtre magique. C'était le menu original :  des caresses, des gens qui parlent dans la fenêtre magique, le bonheur!  Mais soudain tout le monde s'est tu dans la maison, il n'y avait plus un bruit. J'ai cherché pourquoi, et j'ai vu un homme dans la fenêtre magique, tout le monde le regardait comme si c'était un dieu.  Moi, je l'ai trouvé plutôt normal, mis  part le fait qu'il avait l'air d'avoir une envie pressante. Il parlait d'une voix grave  comme s'il annonçait la mort de quelqu'un, mais dans son ton, on pressentait une assurance et une mélancolie, mais pourquoi? Je ne cherchai pas à comprendre, qu'est ce qu'un chat pouvait bien faire des  affaires d'humains! Le maître ne s'abaisse pas au rang des esclaves! Alors je me retournai, et m'endormis en tachant de profiter de la vie.

         Le lendemain, je fus réveillé très tôt par une dispute entre Maman et Papa, encore fatigué, j'écoutai leur conversation.

- Non mais tu as vu le nombre de morts par jour? Pas question de partir si c'est pour se prendre une amende!

- Mais on doit partir d'ici! On est en plein cluster! Faisons comme les voisins et allons faire le plein et partons dans une résidence secondaire pour le confinement, on y sera plus tranquille!

- Justement! Tu veux faire quoi? Risquer de choper ce virus et mettre en danger ta famille, ou rester tranquillement à l'abri? 

            Virus? Quel virus? Décidément, tout allait en l'air, dans cette maison!  Après cet homme qui suscitait tant l'intention, un nouveau virus arrivait!! Le midi, à la fenêtre magique, je vis des tas d'humains malades dans des lits d'hôpital, ils avaient l'air près à mourir! Malgré le  fait que je leur sois supérieur, j'éprouvai quand même un pincement au cœur, les humains avaient vraiment l'air de souffrir, cela n'avait rien de drôle. 

          Un mot revenait en boucle : covid-19. Qu'est que cela pouvait bien être? Une marque? Une personne? Peut-être était-ce cet homme qui parlait hier soir? Mais pour un chats, vous l'aurez compris, ce n'était pas le pire.

          Les jours suivants, alors que je m'attendais à passer une nouvelle journée peinard en solitaire, les humains ne partirent pas!!  Ils restèrent chez MOI, dans Ma maison, à envahir MON espace vital! De l'air!! Maman et Papa passaient la journée sur la mini fenêtre magique avec un clavier et les enfants couraient partout! Alors que je tachais de m'endormir sur une chaise dans la seule pièce calme de la maison, Juliette déboula en courant dans le salon en pleurant. 

- MAMAAANNN! Yanis veut pas me prêter ses jouets!!

Yanis surgit derrière elle.

- NAAANN!!! C'est à moi!!

Puis, Maman arriva enfin pour calmer ces deux petits monstres.

- Enfin! Cria-t-elle, vous ne pouvez pas nous laisser travailler tranquillement? Dans vos chambres! J'ai du travail moi!

- Mais Mamaaann! Se lamenta Yanis, elle m'a pris mon dinosaure!

- C'est pas vrai, rétorqua Juliette en croisant les bras, c'est toi, qui veut pas me le prêter!

- Stop! Hurla Maman, j'en ai assez de vos caprices!! Dans vos chambres!

Puis, comme si cela ne suffisait pas, Papa arriva d'un pas furibond et commença, lui aussi à crier.

- C'est pas un peu fini! On vous dit qu'on travaille, alors laissez nous tranquilles, pour une fois!!

            Juliette éclata en sanglot sous les cris de son père tandis que Maman rappelait Yanis  à l'ordre. Quant à moi, je me levai de la chaise pour aller m'installer dans un endroit plus serein. Et voila comment une maison calme se transforme en foire aux engueulades!! La seule qui n'avait pas crié restait Jana. La pauvre petite dormait paisiblement dans sa chambre rose. A pas légers, je la rejoignis dans sa chambre. Son visage détendu et sa respiration paisible chassaient les mauvaises ondes. En bas, les cris devenaient plus lointain. C'est incroyable comment le sommeil d'un enfant peut changer l'ambiance! Dans son lit paisible et silencieux, son ours en peluche serré contre elle, elle voguait dans le pays des rêves. Je sautai sur son matelas moelleux et doux pour me blottir contre l'enfant. Sa chaleur m'envahit et une douce odeur m'enveloppa. Je pus enfin m'endormir en paix. Brusquement, la main de la petite bougea pour se poser sur mon ventre. Après quelques caresses, je me laissai tirer par le sommeil.

- Mon chat que j'aime... Murmura Jana.

Enfin, la vie reprenait. Je ronronnai de plaisir. Chaleur, calme, sommeil, les rêves nous emportèrent au loin. 

Le lendemain, Jana ria au éclats dans la maison et me tirait la queue en me courant après.

Je cavalai dans la maison en quête d'un abri, au secours! Mais, tous trop occupés à travailler et à crier, ils ne firent pas attention à moi. 

              Dans la fenêtre magique, des gens faisaient des pyramides de bonbons, chantaient dans leurs toilettes ou encore dansaient sur leurs lit. C'est là que je compris, tout le monde vivait le même calvaire que moi!! C'est pour ça que Papa et Maman parlaient de confinement et de maladie. A cause d'un virus, on est tous coincés chez-soi! Quelle horreur!! Tous les jours pendant combien de temps? Pas toute la vie? Qui avait instauré cette règle? Amenez-le moi, et il va comprendre sa douleur! Non mais sans blague! Infliger ça à tout les chats du monde! Il y en a qui se gênent pas!

Enfin bref, la vie continuait dans une boite, coincée dans une famille qui passe son temps à crier.

Génial...

Quant à moi, est ce que je pouvait sortir? Est ce que je risquais d'attraper ce virus? Les chats  dans tout ça?

               Tout avait commencé par cet homme bizarre, Covid-19, je ne l'oublierais jamais celui-là! Et ma patte à couper que c'était à cause de lui qu'on se retrouvait confinés! Heureusement, je pouvais encore, en tant que chat, aller dehors, et narguer mes humains! Mouhahaha!! Mais quand même, ça devenait pénibles, ce stress permanent et ma vie de pachas me manquait

Enfin, on s'y fait, finalement à ce confinement... Si on peut dire ça...

                J'ai trouvé un coin tranquille à l'abri du bruit, le placard de Papa!! Dedans, il y a ses vêtements, ses affaires de vélo et ses vieilles chaussettes sales!! A part l'odeur (un mélange de fromage trop vieux et de transpiration), c'est le calme absolu! Il faut avoir le bon timing et sortir avant le soir pour ne pas se faire avoir!! Du coup, tout les soirs, Papa râle parce que ses affaires sont pleines de poils et toutes aplaties, mais comme je suis pas dans son placard il ne peut rien me dire! Super plan, hein?

Un jour, alors que je me réveillais à peine de ma sieste, un miaulement affolé surgis de dehors :

- Miaau secours! Mia! Au secours!

A suivre...