Etoile du soir (partie 4)

Aussi vite que tu peux.

Cours

        Malgré la faiblesse de ses jambes gelée, elle obéit à son instinct, et courut. Sa respiration faiblissait ses pieds menaçaient de la lâcher, mais elle continua. Elle n'osait pas tourner la tête, trop effrayée par ce qu'elle pourrait y trouver. Elle entendait des pas dans la neige derrière elle, accompagnés de grognement sinistre. Elle ignorait si elle voulait savoir ce dont il s'agissait. Une chose était sûre cependant. Quelque chose la poursuivait. Des larmes le long de ses joues froides, elle traversait la forêt, ignorant vers où elle se dirigeait. Elle repensait au marché de Noël, à la ville, en une fraction de seconde, elle était passée de l'univers merveilleux des fêtes de Noël à une forêt qui souhaitait ardemment la dévorer. Tout ça parce qu'elle avait cru cet homme. Pourquoi n'était-elle pas restée avec Akhela ? 

Pourquoi avait-elle écoutée Nadya ? 

Toutes ces rencontres, tous ces lieux. Elle n'était pas prête à les affronté.

Cours

         Soudain, quelque chose agrippa le manteau de laine. Lysa refusait de s'arrêter, si elle faiblissait, elle mourrait. Un cri s'arracha de sa gorge, brisée par l'effroi, sa voix traça un sillage de mort, seule âme vivante et innocente de cette forêt. Le manteau se déchira, détruisant du même coup l'insouciance de la jeune fille. Des années hors du vrai monde, sa vie avait été bercée de rêves et d'toiles. Elle ne s'était pas préparée à l'atrocité de l'extérieur. Mais quelque chose l'attendait, et quoi que ce soit, elle savait qu'elle devait à tout prix le trouver. Alors qu'elle continuait sa course effrénée entre les monstres d'écorce, une maison en bois apparue devant elle. Lysa n'hésita pas et se précipita vers elle. La porte étant fermée, elle tambourina dessus, hurlant et implorant la pitié.

- Ouvrez –moi !! Je vous en prie, ouvrez-moi !!

Rien...

Le silence s'était abattu sur la forêt, même les grognements et les bruissements s'étaient volatilisés. Avait-elle réussi à distancer ses poursuivants ? Elle frappa une nouvelle fois à la porte, la sueur se mêlant à ses larmes.

Cette forêt est hantée

Ouvrez – moi.

       Enfin, la porte s'ouvrit dans un grincement. Une femme au regard dur comme la pierre et aux cheveux crépus, elle déchiffra la jeune fille de ses yeux perçants.

- Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu fais ici ! Hurla –t-elle.

       Avant que Lysa ait le temps de répondre, les grognements reprirent de plus belle, de plus en plus proches. La femme, sans jeter un regard à la forêt, tira Lysa dans la maison et claque violemment la porte. Raide comme un i, et des éclairs dans les yeux, elle se tourna vers Lysa.

- Qui es – tu ?

- Je...je m'appelle Lysa.

La femme indiqua un fauteuil miteux à Lysa et lui fit signe de savoir. Trop intimidée pour répliquer, la petite fille se laissa tomber dans le velours bordeaux.

- Maintenant, tu vas me dire ce que tu fais ici, seule et perdue ! Ordonna-t-elle d'une voix sèche. Je veux tout savoir et ne t'avises pas de mentir.

- Mais je...

- Exécution !!

       Les yeux baissés, Lysa raconta tout dans les moindres détails. De l'attaque des pains d'épices, l'attitude étrange de Nadya, sa crise d'angoisse sur la route, sa rencontre avec Akhela, le marché, la course poursuite dans la forêt, jusqu'à la maison. Elle n'omit aucuns détails. Du moins, elle l'espérait. La vague impression qu'elle oubliait quelque chose la tourmentait, mais elle n'en fit pas part. La femme l'écouta sans l'interrompre, d'un air indéchiffrable. Lorsque Lysa eu terminé, elle lui adressa enfin la parole.

- Tu es une gamine naïve, stupide et inconsciente.

- Merci c'est gentil.

- Tu es sortie pour chercher quelque chose qui n'existe peut-être pas, en faisant confiance à la première vieille dame venue ! Tu risques ta vie dans une crise d'angoisse et tu te lies d'amitié avec une femme qui prêtant avoir vue des miracles !! Et en plus, tu fais confiance à un homme excentrique et bizarre et tu te laisses mener à la mort dans une forêt tout sauf rassurante !! Tu avances celon ton instinct et tu affirmes que ton « étoile » te guide ! Je dois continuer ?

      Lysa baissa les yeux, rouge de honte, elle n'aurait jamais dû s'aventurer dehors sur un coup de tête et elle avait tendance à ne pas réfléchir avant d'agir. Elle le savait, et ne pouvait en être fière. C'est vrai, elle était sortie en, écoutant une vieille surement un peu sénile, sans même savoir si quelque chose l'attendait au bout du chemin. Elle avait cru un homme arrogant et effrayant, ne s'était même pas méfié. Elle avait failli mourir, sur la route et dans la forêt. Elle ignorait où aller, quoi faire. De nouveau, ses larmes grimpèrent, elle expia toute ses hontes, tous ses pleurs, sanglotait, criait parfois.

Tout perdu.

Stupide !!

     Mais elle pleura, pleura jusqu'à s'en vider les yeux. La femme ne dit rien, elle attendait patiemment que Lysa se calme. Ses malheurs coulèrent de ses yeux sous forme d'un liquide miroitant la lueur du soleil.

Lentement, ses peines s'atténuèrent avec ses pleurs, elle respira profondément et parvint enfin à prononcer quelque chose.

- Et vous, vous êtes Abi ?

Celle-ci n'eut pas l'air très surprise, mais demanda néanmoins.

- Comment le sais-tu ?

- C'est l'homme du marché, il a d'abord dit que vous étiez folle, et après il m'a dit de vous trouver.

       Abi se pencha dans son fauteuil, jusqu'à effleurer le nez de Lysa, celle-ci resta bouche-bée, mais n'osa pas reculer. Les traits d'Abi étaient plus fins que nature, ses cheveux quelle croyait crépus étaient soudainement devenues soyeux et chatoyants. Une chevelure de flammes brulait sa peau de neiges, magnifique brasier sur la glace de ses yeux. La femme grisonnante et crasseuse de toute à l'heure était devenue une sublime jeune femme sans même que Lysa ne s'en aperçoive.

- Comment était cet homme ? Etait-il excentrique, arrogant et avait une horrible manie de parler à un public imaginaire ?

- Euh...Oui, c'est exactement ça, vous le connaissez ?

- Malheureusement oui.

A ses mots, elle recula et s'assit à nouveau dans son fauteuil. Flamboyante et sublime.

- Il s'appelle Jefferson. C'est arnaqueur. Il affirme avoir des pouvoirs alors que le seul qu'il possède est celui de soutirer de l'argent à n'importe qui en lui racontant le baratin habituel. C'est un parfait escroc. Il trichait aux cartes alors je l'ai dénoncé, ainsi que tout le reste. Il n'a pas supporté cette humiliation. Quant à toi, il t'en a voulu de ne pas avoir payé. Alors pour se venger de toi, il t'a envoyé ici pour que tu me subisses ; je déteste les gosses. Et moi, c'est en te ramenant ici qu'il s'est vengée, en me forçant à te supporter.

- Oh...

C'est vrai qu'il paraissait vicieux. Cet affreux cafard, il l'avait trompée ! Ce qu'il ne pouvait signifier qu'une seule chose. Elle se dirigeait dans une mauvaise direction !

- Ne dramatise pas, tu vas trouver un moyen ! dit Abi en apercevant sa mine déconfite, je vais même t'y aider.

- Vraiment ?? Mais comment ?

- Tu dois d'abord me promettre de ne pas poser de question, ok ?

- Euh...d'accord.

- Bien, alors je vais t'expliquer. Il y a quelque chose que tu ne m'a pas dit parce que tu l'as toi – même oublié.

- Ah bon ? Mais je...

- Je t'ai dit de ne pas poser de question !! Bon. Es – tu certaine de ne pas avoir fait de rêve étrange ?

Lysa ne répondit pas, elle ne voulait se le faire reprocher à nouveau !

- Hé ho, tu m'entends ? Je t'ai posé de question !!

- Mais vous avez dut de ne pas parler !

- De ne pas poser de question ! Nuance ! Alors, je t'écoute ?

- Je...

        Alors que Lysa allait répondre que rien ne s'était produit, une image apparue dans son esprit de nul part. Une image familière mais impossible d'obtenir de souvenir précis. Une douleur lui tirailla le crâne. Les images défilaient dans son esprit. Une femme dorée, une voix cristalline tintant dans la nuit, une magie émanant de sa peau, une phrase.

...Jeune et insouciante...seule... nuit de Noël, tout le monde peut trouver le bonheur...comblée, ma chère Lysa...tes nuits soient peuplées...rêve ...amour ... prouver ta force... Trouver ...ce monde... inconnu ... se cache ton vœu.

Trouve-le et il te trouvera.

Trouve ton vœu dans ce monde

Il te trouvera.

Donnez-moi ma mère.

S'il vous plait

Nuit de magie.

Prouve ta force

C'était donc ça ?

- Oui... Je me souviens maintenant... Une femme est venue, elle m'a dit que... que je devais sortir et...trouver mon vœu.

- Et quel est ce vœu ?

- Je ne sais pas...

- Bien sûr que tu si tu le sais, Abi lâcha un rire moqueur, tu m'as toi-même dit que ton vœu était que ta mère prenne vie. Tu m'as parlé des pains d'épices qui sont l'un des pouvoirs de ta mère. Que te faut-il de plus ?

Lysa resta sans voix, depuis tout ce temps, la solution était sous son nez, il avait fallu qu'on lui parle de cette nuit pour qu'elle se souvienne, si Abi n'avait pas posé la question, elle n'y aurait même pas songé.

- Mais alors, où est –elle ? Où est ma mère, comment je la trouve ?

Elle sentait un bulle de joie immense grandir en elle, mais elle devait la trouver, elle devait trouver sa mère pour l'aimer.

- Bien, sourit Abi, maintenant laisse-moi finir, il faut que tu comprennes pour la retrouver, que tu comprennes vraiment. L'étoile s'est inspirée de ton imagination, de ce que tu lui racontais chaque soir pour créer ta mère sur mesure. Elle ne peut la faire vivre que pendant Noël. La magie de Noël permet de donner de l'énergie à l'étoile, elle est alimentée par les joies, les rires, la convivialité, tout ce que l'on nomme la magie de Noël. Et c'est grâce à cette magie que l'étoile à put venir cette nuit-là, grâce à cette magie que ta mère attend que tu la trouve et tente de te protéger. Il faut à tout prix que tu la retrouve avant minuit, car Noël sera terminé, et la magie avec.

- Mais je ne sais même pas comment la trouver !

Un sourire malicieux ce dessina sur les lèvres pales d'Abi.

- Là-dessus, je peux t'aider. Même si la logique le peut également.

- La logique ?

- Les pains d'épices sont apparus à l'orphelinat. Il n'y a pas eu d'autres traces de magies ?

- Non...

- Alors c'est qu'elle se trouve à l'orphelinat.

- Mais alors pourquoi Nadya m'a-t-elle dit de partir ? Elle voudrait m'empêcher de retrouver ma mère ?

- Je n'en sais rien, mais...

      Soudain, un coup frappa à la porte. Régulier comme un battement de tambour, quelqu'un souhaitait entrer. Abi, fit signe de se taire à Lysa et courut ouvrir la porte. La petite fille tenta de voir qui se présentait ici, mais Abi n'ouvrait pas la porte en grand, elle resta au milieu, barrant la vue. Des minutes tapées à une horloge s'écoulèrent, elles semblaient durer des siècles. Abi parlait d'une voix trop basse. Un glaçon prit le cœur de Lysa, qui cela pouvait bien être ? Qui serait assez fou pour s'aventurer seul dans cette forêt ? A part Lysa, personne ne serait assez inconscient pour cela. Abi referma brusquement la porte et se tourna vers Lysa. Son regard perdu dans les ténèbres et son visage formant une expression paniquée, ses cheveux étaient de nouveau crépus et se peau blafarde. Elle adressa un signe de tête à Lysa.

- Partons d'ici tout de suite, ordonna –t-elle

- Pourquoi, Qui était- ce ?

- Viens, c'est tout.

- Non !! Lysa se posta devant elle, bloquant le passage sur une porte.

- Lysa, ne fais pas l'idiote, réfléchis une fois dans ta vie !! Laisse-moi passer, nous avons du chemin.

- J'en ai assez qu'on me cache tout ! Qui était ce ?

- Tu vas nous faire perdre du temps, je te préviens, tu vas le regretter !

- Je veux savoir ! Hurla Lysa sur un ton de défi.

- Tu vas nous faire tuer ! Tu...

          Des coups frénétiques sur la porte la coupèrent. Les deux filles jetèrent des coups d'œil dans tous les coins. Des coups et des grattements recouvrirent l maisons. Les pierres et le bois vacillèrent, des grognements résonnèrent. Lysa se retournait de tous les coté, lançait des regards interrogateurs à Abi. Celle-ci lui répondit par des yeux inquisiteurs. La porte commençait à être déchiquetée, des hurlements déchirent l'atmosphère, ni humains ni animal, un mélange de grognement et de cri de terreur. Le bruit emplis la maison entière,

- Qu'Est-ce que c'est ? Hurla Lysa

- Des loups ! Répondit Abi, mais pas ordinaire, ils sont très agressifs, même entre eux, je voulais partir avant qu'ils n'arrivent mais il a fallu que tu me bloque !

- Désolée...

         A ses mots, Lysa baissa les yeux, soudain, la porte se brisa et un museau ensanglanté empli de crocs acérés émergea. La main d'Abi saisi le bras de Lysa et la tira en face d'un mur. Avant que Lysa n'ai le temps de demander pourquoi et commet, Abi la poussa dessus. La jeune fille s'attendait à se cogner contre le mur, surprise, elle ferma les yeux et se laissa entrainer. Lorsqu'elle ouvrit les paupières, elle se tenait dans un couloir sombre aux murs de pierre, éclairé par des torches libérant un halo de lumière rougeâtre. Elle se retourna, effrayée d'être piégée ou de se trouver encore dans un de ses cauchemar. Derrière elle, un mur se dressait. Par où était-elle entrée ? Comment sortir ? Où se trouvait-elle ? Elle commençait à s'affoler, un torrent de question l'ébranla. Abi posa doucement sa main sur son épaule, d'un geste rassérénant, elle calma la tension.

- Calmes –toi, ordonna –t-elle, le mur n'était qu'une projection magique, nous sommes seulement passées de l'autre côté. Mais les loups pourraient passés aussi, ne tardons pas.

- De la...magie ?

- Oui, pourquoi ?

- Je...Je... Sa respiration se coupait, son discernement se laissait entrainer par la peur et le trouble.

- Ecoute, je comprends que tu ais peur, mais il va falloir me faire confiance si tu veux retrouver ta mère.

Oui, elle devait avancer, toujours avancer.

            Leur course dans le tunnel dura une éternité, les murs recouverts de toiles d'araignées serpentait à travers la Terre comme un réseau de galeries anciennes. Derrière elles, on pouvait entendre des échos de hurlement et de grognement sinistre, il fallait se dépêcher. Elles nageaient dans leur peur, la tension se sentait à des kilomètres. Personne ne parlait, de peur que cela brise l'élan. L'effet de fuir n'avait rien d'un film, une aura de peur émanait des corps de Lysa et Abi. Leurs pieds buttaient violemment contre la terre sèche. Malgré la sueur et les courbature, malgré l'anxiété et la peur elles continuèrent de courir jusqu'à une porte en bois sombre. Abi saisi un collier et décrocha la clé qui en pendait. Elle la tourna cinq fois dans la serrure sous le regard perplexe de Lysa et ouvrit la porte sur une immense salle. Un pas devant l'autre, Lysa s'aventura dans la pénombre. Grace à une torche du couloir, Abi alluma un feu démesuré dans l'âtre, des colonnes de flamme dansaient sous le regard ébahi de Lysa. Celle-ci put enfin voir la salle, moins grande qu'elle n'y paraissait aux premiers abords, les murs tapissés de papier en tout genre, de dessin et croquis insolites. Quatre grandes tables au pied des murs se dressaient, dessus, des tubes à essais, des alambics, des fioles contenant des liquides colorés qui scintillaient ou bougeaient tout seuls. Des livres semblants très anciens prenaient la poussière à ventre ouvert.

- Dépêche-toi, railla Abi, ils finiront par arriver !

- Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?

- Un laboratoire d'expériences magiques, je croyais que tu t'en doutais ? D'ailleurs, pourquoi tu n'as pas peur, de la magie ? Lorsque tu as traversé le mur tu n'as pas eu l'air très surprise, pourquoi ?

- Si, j'étais surprise, mais la magie a toujours fait partie de ma vie.

Abi lui adressa un sourire plein de compassion, puis lui fit signe de la rejoindre devant le feu.

- Tu vas devoir aller à l'orphelinat, je peux localiser ta mère mais pas t'y téléporter, essaie d'échapper aux loups et trouve là.

- Mais comment on sort d'ici ?

- D'abord, il faut tracer une piste pour te mener à ta mère.

Abi saisit aussitôt un bocal de poudre violette. Lysa, curieuse de savoir comment elle s'en servirait, ne bougea pas lorsqu'Abi souffla dessus. Absorbée dans un nuage violet, elle toussa et ferma les yeux sous la fumée. Lorsque ce fut calmé, elle aperçut Abi tracer un mot à la craie au sol. Soudain, la poussière violette devint dorée et traça une ligne scintillante, qui, tel un serpent, s'allongea jusqu'à se faufiler hors de la pièce. Elle se dirigea vers le vœu de Lysa. Vers sa mère.

- Voilà, c'est fait ! souffla Abi

- C'était si simple que ça ? J'aurais pu le faire depuis le début !

- Et comment aurais-tu fabriqué la poudre ? Comment aurais-tu trouvé l'incantation ?

- Je...

- Tu vois ? Tu ne réfléchis jamais avant de...

Des coups retentirent sur la porte et au-dessus d'elles. Soudain, un loup gigantesque, borgne à la fourrure immaculée émergea du mur en grondant sauvagement. Son œil valide traduisait une sauvagerie et une faim infinie.

- Ils nous ont rattrapés, murmura Abi d'une voix tremblante, surtout recule tout doucement.

        Trop effrayée pour parler, Lysa se contenta d'obéir et recula centimètre par centimètre. Un gout amer emplissait sa gorge sèche. Elle retint un hurlement lorsque deux autres loups entrèrent, leurs yeux jaunes brillant tels des lanternes. Crocs et griffes dehors, un grondement sinistre vibrant dans leurs gorge, leur pelage d'encre taché de sang, ils tournèrent autour des deux proies, se léchant déjà les babines. Lysa tressaillit, un cri menaçant de s'enfuir de sa gorge elle ne savait plus quoi faire, crier ? S'enfuir ? Pleurer ?

         A peine Lysa eut-elle obéi que le loup blanc se jeta sur elles, les deux autres saccagèrent le reste de la pièce. Abi bondit sur Lysa et l'écarta avant que le loup n'arrive. Lysa et Abi furent projetées contre un mur. La table gisait, en pièce là où elles se tenaient avant. Pressées contre le mur, les deux proies faisaient face à leur destin. Les bêtes se délectaient déjà de leur capture. Soudain, Abi souffla à nouveau sur la poudre et saisi un poignard de nulle part, elle se jeta sur les loups. Ce fut un carnage, Abi devait s'être entrainée longtemps, car elle résistait héroïquement aux loups. Elle parvint à blesser un loup. Le sang giclait en fontaine rouge. Dans la mêlée, impossible d'apercevoir qui avait de dessus, les loups bondissaient, griffaient, mordaient. Abi, tel une guerrière de haut rang, esquivait frappait et criait. Ce fut terrifiant, Lysa n'osait plus bouger. Les ombres dansaient sur le mur, formant un amas de ténèbres, tout était saccagé.

- Mais qu'est-ce que tu attends ? Hurla Abi parmi les grognements et les coups, va-t'en !! Suis la piste !

- Mais je ne peux pas te laisser !

- Vas-t-en !

           Une nouvelle fois, Lysa devait abandonner un être cher, une nouvelle fois, elle devait partir. Ses yeux lui piquaient, sa tête la brulait, elle profita de la diversion d'Abi pour s'enfoncer à toute vitesse dans le couloir, des larmes lui veinaient le cou. Elle passa le faux mur et, ignorant les ruines de la maison, s'aventura dans la forêt. Un hurlement de loup retentit alors qu'elle courait à s'en tuer, les loups revenaient à la charge. Tout se passa très vite, elle suivit la piste dorée vers la ville, faisant courir ses jambes le plus rapidement possible, des dizaines de pattes griffées à ses trousses. Plongée dans ses pensées, dans un océan de larmes, repensant sans arrêt à Abi qu'elle avait abandonnée chez les loups, pleurant de plus belle, se maudissant intérieurement, maudissant sa naïveté et se reprochant tout cela. Trop absorbée, elle n'aperçut pas la branche d'arbre sur son chemin. Son pied heurta de plein fouet la branche et elle tomba dans la neige, emplie de peur et de culpabilité. Elle ferma les yeux, s'attendant à ce que les crocs des oups la déchiquètent, la dévore et en finissent avec la vie. Au lieu de cela, elle perçut des coups, des bruits de chair lacérée, de combat, puis des corps s'écroulant et plus rien.

- Réveille-toi, surgit une voix aigrie, aller !

Lysa leva les yeux, une femme encapuchonnée la secouait frénétiquement, lui sommant de se réveiller. Lorsqu'elle rabattit sa capuche, le sang de Lysa ne fit qu'un tour.

- Nadya ?

- Oui, ria cette dernière, tu vas te relever oui ?

- Mais comment... commença Lysa en se relevant péniblement.

- Je t'expliquerais en chemin.

Le cœur serré, sa tête douloureuse de questions, Lysa suivit la ligne en compagnie de Nadya, la vieille femme se tenait étrangement bien pour son âge.

- Nadya ? Comment m'as-tu trouvé ?

- Je t'ai suivi, que crois – tu ? Je t'observe depuis longtemps, et j'ai remarqué que tu étais très seule, je vouais t'aider mais j'ignorais comment. La nuit de Noël, j'ai vu la femme d'or te parler, j'étais alertée par du bruit alors je suis montée et je l'ai vu. J'ai attentivement écoutée ce qu'elle t'a dit et j'ai compris c'était le moment de t'aider. Bien sûr, j'y ai réfléchi, tout cela me paraissait étrangement effrayant, de la magie, tu te rends compte ? Bref, j'ai compris que si tu passais ton temps dans la chambre, tu ne risquais pas de trouver ce fameux « vœu » alors je t'ai incité à partir, l'attaque des bonhommes de pain d'épice a achevé de me convaincre. Une fois que tu étais partie, je t'ai suivi autant par curiosité que par attention, je ne voulais pas qu'il ne t'arrive malheur et trop d'ennuis en rentrant à l'orphelinat. Je t'ai suivi partout où tu es allé jusqu'à Abi. Alors que je restais à proximité, j'ai aperçu les loups se diriger vers la maison alors je suis allé prévenir Abi.

- C'était vous ?

- Et oui, mais laisse – moi terminer ! Je t'ai vue sortir en courant et suivre un chemin bien précis, mais les loups te poursuivaient. Lorsque tu es tombée, je n'ai pensé qu'à t'aider, et j'ai repoussé les loups. 

- Toute seule? Mais comment...

- Et bien, c'est vrai que tu ne connais pas grand chose aux légendes locales. De nombreuses histoires circulent sur cette forêt, certains disent qu'ici se trouvait autrefois un royaume dirigé par un rois tyrannique et deux valets sanguinaires. Pour les punir de les vices, une sorcière   à changé les trios êtres et leur peuple en loups. On dit que le roi et les deux valets sont les plus agressifs, ils n'ont rien de loups normaux, s'attaquent à tout même à leurs semblables. Ils cherchent sans arrêt à se venger de la sorcière, qui serais donc Abi, mais échoueraient à chaque fois. Ce sont ces trois loups qui l'ont attaqués , il ne restait que le reste de la meute, des loups gris ordinaires et facilement impressionnables. Il était donc simple de les vaincre, du moins, de leur faire prendre la fuite.

- Alors Abi est...

Je n'en sais rien, mais elle est très forte, je n'en doute pas. Lui assura Nadya avec une touche rassérénante.

            Le reste du trajet, Lysa suivit la ligne et guida Nadya jusqu'à l'orphelinat. Là, les adultes furent furieux contre la jeune fille d'avoir fugué, mais Nadya pris sa défense et elle put rentrer sans trop de reproches. Celle ci resta auprès d'eux pour régler l'affaire tandis que Lysa suivait la ligne. Ligne qu'elle seule pouvait voir. La tracée d'or guida Lysa jusqu'à l'endroit le plus improbable qu'elle puisse imaginer, le placard à chaussures. Elle serpentait jusqu'au fond et au delà pour continuer derrière. Lysa, l'esprit retourné, tenta de tâter le fond mais à sa grande surprise, elle passa au travers, tel un spectre. Le jeune file repensa repensa à la projection magique d'Abi et décida de passer derrière le placard. Elle fut transportée sur un escalier de pierre, s'enfonçant dans les tréfonds de la Terre. Elle les descendit hâtivement à la lueur des flambeaux. Au bout de cet escalier l'attendait un grand miroir d'argent, orné de pierre rouge et bleue, sa surface limpide scintillait tel une étoile. Lysa s'approcha le cœur serré et les yeux humides. Instinctivement, elle effleura d'une main tremblante la surface du miroir. Celle ci ne régit pas.

- Maman ? appela Lysa, pleine d'espoir.

- Je suis là, répondit une voix de femme plus douce que la Lune. Dans le miroir se formèrent les contours flous d'une femme svelte et athlétique, entourée de lueur colorées illuminant son corps, seul ses contours demeuraient cependant visibles. Des perlent de joies goutèrent sur les joues de Lysa.

- Enfin, murmura-t-elle, vient !

Mais rien ne se produit, la silhouette ne bougea pas, seul la voix désincarnée continuait de parler.

- Ma chérie, l'étoile m'a créée à partir de toi, de ton imagination et de tes rêves, accepte moi, et je viendrais. Tu as prouvé que tu savais vivre et me trouver, je serais ton cadeau de Noël. Donne moi un nom, un nom qui me reflète, donne moi un cadeau plus précieux que la Lune, une identité.

            Oui, elle accepterait sa mère, quelle fasse vivre le pain d'épice, qu'elle soit aussi naïve que sa fille, née d'une étoile. Elle avait rêvé à sa fenêtre d'une mère, failli mourir pour la trouver, perdu des proches, trouvé des amis, elle était prête à accepter sa mère, à croire que bien qu'elle soit issue de magie, elle serait toujours là. Son cœur débordait de joie, vibrait de musique festive et et d'odeur sucrée. Le monde l'attendait, sa mère serait là. Son bonheur coula sur ses joues, larmes de joie et de magie. Une nouvelle vie lui tendait les bras, l'oiseau avait à nouveau des ailes, encore fallait-il savoir s'en servir. 

          Sa mère reflétait ses rêves, elle l'imaginait chaleureuse et vive, magique et majestueuse. Dans ses rêves, sa peau s'illuminait sous les étoiles, ses yeux s'emplissaient d'étincelles, une douce odeur de cannelle et d'épice émanait de ses gestes. Mais surtout, une femme d'or était venue, l'avait rendue réelle, chaque soir, c'était son étoile qu'elle priait, elle lui devait tout.

Nuit de magie, je te remercie.

Grâce à toi la solitude n'est plus, la vie d'une enfant pure est revenue.

- Je t'appellerai Etoile, car c'est celle du Berger qui m'a guidé jusqu'à Akhela, Jefferson et Abi, afin que je te retrouve, que la  trave d'or me mène jusqu'à toi. Sans Nadya, je ne serais pas sortie. Si je n'étais pas sortie, je n'aurais jamais vécue ce jour si magique de Noël, je n'aurais jamais eu d'amis ni rencontré la sorcière qui m'a permis de te retrouver. Je t'appellerai Etoile car c'est elle qui t'a donné la vie.

       Soudain, la surface de miroir se mit vaciller, comme les ondes dans l'eau. Il fondit, se disloqua, disparut pour ne laisser place qu'à la mère de Lysa, exactement tel qu'elle l'avait voulue. Etoile, la fille de Noël. Bras dans les bras, mère et fille, elles s'étreignirent si fort que la respiration manqua, le sourire de sa mère, délicieuse vision accompagnée de fossettes, resta gravé dans la mémoire de Lysa. Une étincelle, un brasier, une magie puissante, l'amour d'une mère, la magie de Noël, l'amour d'une vraie famille.

- Joyeux Noël, souffla sa mère.

- Joyeux Noël, maman.

            L'adoption fut conclue le lendemain, Lysa et sa mère déménagèrent en ville, près de chez Akhela qui devint une amie un peu envahissante. Lysa ne sut jamais ce qu'il était advenu d'Abi, mais elle gardait dans son cœur une trace de son aventure, de bonheur et de vie. Elles fêtèrent autour de sapin, de cadeaux, d'amis et de repas. Tout fut tel que Lysa l'avait toujours souhaité. Et si un jour des pains d'épices prennent mystérieusement vie, si le monde change et devient plus sombre qu'un jour d'orage, gardez en tête cette idée, à Noël, tout est possible, la magie inonde les cœurs. 

       Croyez en vos rêves, car qui sais, un jour, peut–être qu'une femme d'or viendra vous voir. Les rêves deviendront alors réalité. L'étincelle s'allumera, et donnera vie au brasier.

Fin

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Nina-214

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