18
Je montais les escaliers 4 à 4, la main sur mon colt à ma ceinture. Les gardes s'écartèrent à ma vue, tout en ouvrant les portes.
« Bonsoir Commandant.
— Kavendar est là ?
— Au deuxième, monsieur. »
Je poussais la dernière porte et tombais sur Kavendar et ses femmes.
« Amos! se réjouit-il à ma vue. Déjà de retour? Les affaires vont toujours?
— J'ai du nouveau, mais peut-être pas ce que tu aimerais entendre. »
Son visage s'assombrit. Il se redressa sur sa chaise et but le reste de son verre, cul sec. Il se racla ensuite la gorge bruyament et ajouta sur un ton dur:
« Bon les filles, nous avons besoin de parler entre hommes. »
Les 7 femmes soupirèrent à l'unisson et saluèrent leur époux, l'embrassant à tour de rôle. Les Meretricis lui firent finalement signe de la main, disparaissant l'une après l'autre derrière la porte.
« L'unité 47 on supposément éliminé un numéro 5, mais j'ai le pressentiment qu'il a survécu. Le corps est tombé de la falaise de Feardeedan, à la suite de 13 flèches. Nous n'avons pas pu confirmer son décès.
— Treize? C'est impossible. Tu n'en supporte pas plus de 4. Les archers ont du le rater plusieurs fois. »
Je serrai les dents face à cette remarque. Cette unité n'était pas au même niveau que tout les gamins qu'il envoyait en mission suicide.
« Il était très fort. Différent des autres cobayes. J'avais de la difficulté à le maîtriser, avouai-je.
— Je vois, tu as peut-être trouvé ton égal, mais quel est le problème? »
Je fermais les poings durement, tentant de garder mon sang froid. Ce n'était pas du tout ce que je voulais dire. Un idiot de paysan qui savait se servir d'une arme, mon égal? Bon sang c'était presque vexant.
« J'y arrive. Une fille l'accompagnait...
— Une putain, et alors ? me coupa-t-il.
— Une des nôtres. » spécifiai-je, agacé.
Son visage se crispa, ses points se serrèrent.
« Loki Mendax, lâcha-t-il les dents serrés.
— Pas qu'il me fasse peur, je crains seulement qu'un homme aussi puissant obtiennent des informations par le biais d'une traite. Ça pourrait mettre la capitale en jeu.
— Elle n'oserait jamais.
— Je tenais à t'en informer, Kavendar. »
Il se grata la barbe, d'un air à la fois agité et pensif. Puis il se leva d'un bon.
« Je vais rassembler le conseil. Et toi, rassemble les meilleurs mercenaires de la capitale. Je veux sa tête.
— Et la fille?
— Ramènes-la moi.
— Entendu. »
Je lui fis signe de la main et sorti de la pièce.
Je descendis les escaliers plus lentement cette fois, sortant mon pistolet pour examiner le nombre de bal qu'il me restait pour ensuite ranger à nouveau mon arme dans son fourreau.
Je decidais de rejoindre l'unité 47 qui était revenue à la capitale le même jour. Ils se trouvaient à la taverne, célébrant leurs retours avec quelques prostitués. J'attrapai alors Kasir par le bras et lui demandai où se trouvait le gamin. Il ne m'avait répondu que par un simple haussement d'épaule, en terminant sa chope de bière.
Il ne pouvait pas avoir filer bien loin. Il n'aurait pas osé.
Je le vis alors au loin, dans la cours, assit près de la fontaine asséché.
Quand il m'aperçut, il me se leva et fit le salut militaire.
« Monsieur.
— Milor! Je te cherchais! J'aurais quelques questions à te poser, si tu ni vois aucun inconvénient. »
Il hocha la tête sans broncher, mais son regard le trahissait: il était terrorisé.
« Si on parlait de cette mauvaise semaine, et de ce que tu sais. » commençai-je en glissant mon bras sur ses épaules.
***
J'avais figé, ne ressentant aucun plaisir à la brutaliser à cet instant. Elle pleurait toute les larmes de son corps et avant abandonnée toute forme de résistance. Je relâchai rapidement son cou et enlevai ma main que j'avais glissé sur sa taille, sous son t-shirt. Je reculais de quelques pas, de peur qu'il y ait des représailles, mais elle ne fit rien. Je m'approchai avec vigilance, incertain de ce que je devais faire à cet instant.
« Loki? » murmurai-je en dégageant une mèche de cheveux devant ses yeux clos.
Elle n'était plus là. Elle pleurait et n'avait plus aucun contrôle. Je pouvais la frapper, l'embrasser ou même seulement la laisser là, elle était complètement déconnectée. Je la pris dans mes bras et décidais de la rapporter à la maison et laisser quelqu'un d'autre réparer ce que j'avais fait.
J'étais rentré assez rapidement, devant les yeux de tout le monde, qui étaient remplis de mille et une questions.
Je déposais l'adolescente, qui s'était endormie dans mes bras, dans les couvertures et je lui enlevais ses chaussures.
J'étais resté une ou deux minutes, peut-être trois, à regarder la belle dormir. Inutile de cacher que je culpabilisais.
« Pardonnes-moi, je fais de mon mieux. » marmonnai-je, agacé.
Je déposais un léger baiser sur son front et quittais la pièce sans m'attarder d'avantage.
Encore une fois, inutile de préciser que son frère attendait dans l'ouverture de la porte et me regardait, méfiant, avec une touche de colère.
« Qu'est-ce qui s'est passé?
— Rien qui peut te concerner.
— C'est ma soeur! s'énerva-t-il.
— Ne me mets pas en colère, je ne suis vraiment d'humeurs à me disputer avec un gamin comme toi. Allez, pousse-toi.
— Pas avant que tu ne me répondes! continua-t-il en me poussant.
— Ce n'est pas à toi de me dire quoi faire, ça pourrait mal tourner. »
Il hocha la tête et vint pour faire demi-tour et partir, mais se retourna rapidement et me colla une droite en plein visage.
« Mais vous en avez pas marre de vous en prendre à moi! me lamentai-je, le nez à nouveau entre les mains.
Il recommença à saigner abondamment, quand pourtant les anciens saignements n'avaient cessé que quelques minutes au paravant.
« Vous le faites exprès, de me pousser à bout? »
J'essayai de le contourner, en me concentrant sur ma respiration, mais il me bouscula à nouveau.
« Je t'ai posé une question!
— Et moi je t'ai dit de me laisser tranquille. » répondis-je brusquement en pointant mon arme sur lui.
Son air supérieur et tout son semblant de courage s'envola en une fraction de seconde.
« Je n'ai besoin qu'un seul de vous deux, qu'Aël se soit amouraché de toi ne te sauvera pas si tu fais le con. » lui lançai-je froidement.
Il avala de travers et ses joues s'empourprèrent aussitôt. Il me laissa passer et je rangeai mon arme vide.
À peine le pied posé sur la dernière marche, un brun me sauta au cou en me serrant de toute ses forces.
« Erwin, je suis si désolé. Pardonne-moi, je t'en pris. »
Je le repoussais doucement, grimaçant de douleur. Il fronça les sourcils et me regarda de la tête aux pieds. Il souleva même mon pull pour m'examiner correctement.
« Mais pourquoi es-tu si mal en point? » s'étonna-t-il.
Je le regardais en retour, lui qui n'avait plus rien.
« C'est toi Aël.
— Mais... pourquoi je n'ai plus rien, moi? Tu ne guéris plus très bien? Je... Attends, je sais! Je vais t'aider! Il suffit juste que... » commença-t-il énergique en retirant son gant.
Il courait partout à l'étage, à la recherche de quelque chose, ce qui me fit décrocher un faible sourire.
« Tu vas mieux, toi. Dis moi, qu'est-ce qui t'a rendu si joyeux? »
Il s'arrêta et je le vis rougir. Son bref regard vers les escaliers le trahit et me fit comprendre.
« Oh non, pitié. Vous deux, sérieusement ? soupirai-je. Puisque vous couchez ensemble, tu serais capable d'au moins prendre le soin de l'empêcher de m'énerver?
— Tu me passes ton couteau? changea-t-il directement de sujet.
— Laisse tomber Aël, je vais m'en sortir. »
Il soutenu mon regard quelques secondes pour me faire changer d'avis, mais abandonna facilement en remettant son gants pour cacher ses cicatrices.
« Comme tu voudras. »
Je me laissais tomber lourdement sur une chaise tandis qu'Aël me regardait de loin, appuyé au mur.
« Tu te sens comment ? me demanda-t-il alors doucement.
— Je te l'ai déjà dit. »
Il hocha la tête et m'épia encore un peu.
« Tu devrais prendre un bain... Tu es couvert de sang.
— Le mien, je te rassure.
— Je vais te faire réchauffer un peu d'eau, lâcha-t-il simplement.
— Merci, Aël. »
Tandis qu'il s'éloignait, je m'appuyai sur la table et fermai les yeux, me remémorant l'expression de terreur que j'avais lu sur le visage de Loki.
Et c'était de ma faute si elle s'était retrouvée dans un état si troublant, qui m'avait ramené les deux pieds sur terre. J'aurais pu abuser d'elle. J'avais un terrible problème, que je n'arrivais pas à corriger.
Mais pourquoi le corriger? Tout le monde me considérait comme le pire connard, même lorsque j'essayais de bien faire. Alors pourquoi ne pas leurs rendre la monnaie de leurs pièce? Ils me détestaient? Alors soit. J'allais leurs donner des vingtaines de raisons de me détester réellement.
Du moins, c'est ce que je croyais fermement depuis quelques années. Mais depuis quelques jours, je remettais tout en question. Et si cette fille jouait elle aussi un rôle? Elle n'était peut-être pas aussi froide et forte qu'elle le prétendait? Peut-être ne me détestait-elle pas autant qu'elle me le disait? J'en doutais fortement, mais si c'était le cas? Tout les moments ou je pouvais voir le la compassion dans ses yeux, ou du soulagement quand j'avais passé près de la mort, mais qu'elle m'avait sauvé? Pourquoi m'avoir sauvé d'ailleurs? Pourquoi être venu me voir, après une querelle mouvementée avec mon frère? Par curiosité ou bien par inquiétude? Voulait-elle vraiment savoir ce qui s'était passé?
Voilà que je réfléchissais trop, comme jamais auparavant.
Une main se posa sur mon épaule et je sursautais brusquement.
« Dis donc, c'est que tu es tendu toi. » s'étonna mon frère.
Je lui adressai un faible sourire pour confirmer ses propos.
« Ton bain est prêt, m'informa-t-il doucement.
— Déjà?
— Je suis parti il y a déjà plusieurs minutes déjà, tu sais?
— Oh. »
Je me levais donc lentement, tout mon corps drôlement douloureux.
« Je suis content de te retrouver, petit frère. » terminai-je finalement en ébouriffant ses cheveux, sous son regard amusé.
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