15

2 jours déjà. 2 jours depuis l'événement. Pendant le restant de cette journée, j'avais pensé à ce que j'avais vu. Le regard d'Erwin. J'avais cru voir une autre personne, mais non. Il avait le même regard blessé mais doux, du garçon que j'avais vu à quelques reprises dans ses souvenirs.

Il ne parlait plus. Pourtant, il était bien réveillé. Chaque fois que j'entrais dans la pièce il levait les yeux vers moi quelques petites secondes et reportait son attention sur le morceau de bois qu'il sculptait.

Aël, lui, évitait tout le monde. Il était difficile de savoir où il se trouvait et ce qu'il faisait.

Osar lui, s'était drôlement rapproché de la nouvelle, même s'il refusait de l'avouer. Une petite touche d'amour, venant de ces deux tourtereaux, me faisait sourire. Rare était le nombre de fois que j'avais vu deux êtres s'aimer autant, sans être forcer à ce côtoyer et à s'aimer, comme on le voyait régulièrement dans les mariages forcés chez les gens importants.

Puis mon frère, Seth, parlait peu. Ce qui n'était pas rare chez lui. Solitaire de nature, parler n'était pas une nécessité pour lui.

Mais moi je n'en pouvais plus. Je n'en pouvais plus de manger de vieilles galettes en me morfondant devant la fenêtre, sous les regards bref d'Erwin. Je n'en pouvais plus de ne plus pouvoir vivre. Je voulais vivre!

« Pourrai-je quitté ce trou à rat un jour? Sans que personne ne m'en empêche? » murmurai-je à moi même.

Étrangement, je sentais un lourd regard posé sur moi. J'étais prête à parier qu'Erwin m'avait entendu. Je tournais doucement la tête et comme je l'avais deviné, deux yeux verts me fixaient.

« Pourquoi ne pas m'avoir achevé quand tu en avais l'occasion? Ou même m'avoir laissé mourrir ? » lâcha-t-il d'une voix rouillée.

Je me levais, presque énervée qu'il ne prononce quelque chose que maintenant.

« Eh bien... Parce que... Je... Eh... Et si... Et si tu...
— Et si quoi?! s'impatienta-t-il.
— Tu étais si différent. J'ai l'impression que quelque chose a changé.
— Ah oui? Quoi? Je t'écoute, fais-moi rire, j'en ai bien besoin.
— Pourquoi joues-tu à être cet être si condescendent?!
— Ha ha.
— Pourquoi es-tu si immonde?! Qu'est-ce qui ne va pas chez toi? C'est à force de crever aussi fréquemment qui te rend aussi stupide?!
— Insulte moi encore une fois, je sens que ça vient, le rire est coincé juste ici. » continua-il en pointant sa trachée.

Je m'approchai dangereusement et son regard changea du tout au tout, un brin de peur dansait dans ses yeux et la lame de son poignard, entre ses mains tremblantes, pointait subtilement vers moi.

« Ne me fait pas de mal. »

Il avait peur. De moi, non. De toute la douleur qu'il ressentait depuis plusieurs jours, oui. Lorsqu'il comprît que je m'étais arrêté, il lâcha son couteau et soupira en fermant les yeux.

« Qu'est-ce que nous ne savons pas à propos d'Aël et toi? demandai-je alors directement.
— Qu'est-ce que vous savez de nous? »

Je m'approchai en silence et m'assise près de lui, à ses pieds.

« Je t'ai déjà demandé il y a de ça un moment, mais... Pourrai-je savoir ce qui te déplait tant chez moi?
— N'ai-je pas déjà tout dit il y de ça quelques secondes à l'exception que tu tues les gens pour le plaisir, que tu nous tortures, nous garde prisonnier, et que tu es tout simplement un connard et...
— Il y a cette voix qui ne me laisse jamais en paix.
— Tu es fous alors. Une double personnalité peut-être? La liste commence à être longue. Tant de défauts et si peux de qualités. ajoutai-je sur le ton qu'il aurait l'habitude d'utiliser.
— Je suis fou, oui. Désolé, je ne pourrai jamais fonctionner normalement. Faisons plus simple... qu'aimes-tu, ou du moins, supportes, chez moi? »

Il ne me regardait même pas, il ne regardait que la pluie par la fenêtre.

« Le rare petit côté de toi qui retrouve la raison de temps à autre.
— Comme là, maintenant? »

J'haussai les épaules lorsqu'il me regarda doucement de ses yeux verts.

« Mais j'adore tes yeux, là maintenant. » répondis-je franchement.

Il eu l'air surpris, mais sourit faiblement. Je vins pour me lever et partir mais il m'attrapa le bras.

« Attends. »

Il relâcha mon poignet qu'il serrait beaucoup trop fortement.

« Un souvenir contre une question? »

Insistant du regard, je revins. Ce marché m'intéressait toujours.

« Je peux te poser la question d'abord?
— Tu peux toujours essayer.
— Pourquoi avez-vous si peur de trahir les Ramencheurs? Si vous partez le plus loin possible et que...
— Ils nous retrouveront et... le coupai-je.
— As-tu déjà entendu parlé de la résistance? » m'interrompit alors Erwin à son tour.

Je le regardai alors perplexe. La résistance? Il comprit alors que je ne savais pas ce dont il parlait. Mollement, il me prit les mains. Incertaine, je le laissais faire. Puis doucement, il glissa mes mains jusqu'à son cou et frissonna au contact de mes mains froides sur sa peau brûlante de fièvre.

« Si je veux te montrer quelques choses, tu peux le voir facilement ? »

J'hochai la tête, légèrement craintive. Je n'étais pas une experte. Mes techniques n'était pas fiable à 100%.

Il appuya alors son front brûlant contre le mien et ferma les yeux, connaissant maintenant la marche à suivre. Aussitôt je me mise à me concentrer, à me vider l'esprit. 

Un camp. Voilà où j'étais. De nombreux hommes marchaient entre les tentes, fusils sur l'épaule. Je vis alors un jeune garçon d'environs 17 ans courir en bousculant le petit groupe et s'excusant brièvement.

« Muriel!»

C'est alors qu'une femme à la peau basané, vêtue d'un long manteau brun, un pistolet à la ceinture, sortie d'une grande tente. Ses longs cheveux bruns volaient avec le vent. Son visage était marqué les années, malgré son jeune âge. Lorsqu'elle aperçut l'adolescent, un grand sourire attendrit illumina son visage.

« Erwin. Qu'as-tu appris aujourd'hui? »

Lorsque la soldate vit le visage ravagé d'Erwin, son visage se décomposa.

« Qui a-t-il?
— Ils ont eu Théo! Ils sont tout près! Je n'ai rien pu faire! paniqua-t-il.
— Comment ?! Comment ont-ils fait ?!
— Les chiens! Ils ont des chiens! Ils ont trouvés le camps ! Ils savent ou nous sommes ! Il ne sont qu'à 2 jours de marchent !
— Des chiens? Depuis quand sont-il capable de nous repérer... Nous devons nous préparer.
— À partir ?
— À nous battre. Nous connaissons ce territoire mieux que tout les Ramencheurs réunis.
— Mais...
— Toi et ton frère partez avec les enfants. Eux ne pourront pas se défendre.
— Quoi?! Attends, je veux aider!
— Ça ne se discute pas. Je t'aime comme mon propre fils, je ne mettrai pas ta vie en danger !
— Je ne peux pas mourir! s'énerva-t-il. Je sais me battre! Je compte pour 10 hommes! Aël peux s'occuper des autres! Je reste avec vous !
— Ça ne se discute pas. »

L'adolescent respirait bruyamment, les poings serrés, tandis que la femme s'éloignait en ordonnant un rassemblement dans le campement de mercenaires.

C'est alors qu'un jeune blond à l'air hautain s'approcha d'Erwin.

« Alors monsieur est trop faible pour participer?
— Calum...
— Tu n'es qu'un raté, même Muriel le sait? Tu risquerais de tous nous faire tuer, tu n'es bon qu'à détruire tout ce que tu touches, une vrai malédiction moi j'dis! » se moqua son intimidateur.

Le brun se retourna brusquement et le frappa violemment au visage. Le coup fut accompagné d'un sourd bruit de craquement. L'autre se mit à ricaner tandis qu'Erwin regarda sa main cassé. Le blond n'avait rien et souriait fièrement.

« On ne te t'apprivoisera donc jamais ? »

Il lui cracha au visage, avant de repartir fièrement avec un air de supériorité. Il fit demi-tour et Erwin le regarda partir avec haine.

« Ne le tue pas. Ne le tue pas. Ne le tue pas. » marmonnait-t-il.

Il se laissa tomber par terre. Assis, la main droite cassée, il se mit à poignarder le sol en serrant le manche de son poignard favori avec sa main gauche.

« Sale salopard de merde. Tu peux te contrôler. Je peux... »

Le blond se retourna alors plus loin et prononça quelques choses qu'Erwin seul comprit directement qui mit le feu aux poudres et eu l'effet d'une bombe. Il se leva d'un seul bond et se mit à marcher rapidement vers sont interlocuteurs, l'arme blanche toujours entre les mains. Je savais ce qui allait se produire.

« Qu'est-ce que tu comptes faire ? Me poignarder ? Ma peau est plus solide que la pi... »

Le salaud figea et baissa les yeux et vit la lame aux initiales, enfoncées dans sa poitrine. On pouvais y voir la surprise dans les yeux de la victime et le soulagement dans ceux de l'assaillant.

« Je.. »

Il se mit alors à cracher du sang, perplexe. Inutile de préciser qu'Erwin ne l'avait pas raté.

« Ne jamais me provoquer. Mais je crois qu'il est trop tard pour te donner un conseil maintenant? »

Il tomba à genoux, avec une grande quantité de sang coulant sur son corps.

« Muriel, j'ai fait une bêtise. » lâcha-t-il fortement pour signaler l'erreur qu'il venait de commettre.

Il lâcha son poignard ensanglanté quand deux hommes appuyèrent le canon de leurs fusils dans son dos.

« Je suis désolé.
— Tu avais juré que tu pouvais contrôler ces pulsions!
— Je n'y arriverais jamais! » hurla-t-il en s'écroulant, le visage noyé par les larmes.

Tout semblait s'être figé jusqu'au moment où la femme sortie d'une foule presque hystérique.

« Kyle, Emmett! Baissez vos armes! »

Ils baissèrent leurs armes, le visage toujours aussi dur.

« Je suis désolé... je suis désolé... je suis désolé... » continua-t-il machinalement en murmurant.

La prénommée Muriel ordonna à ses alliés de débarrasser le cadavre de la vu des autres qui discutaient en évoquant les Ramencheurs. Ça ne faisait ni chaud ni froid aux mercenaires qu'un adolescent venait de perdre la vie. Mais dans ce monde, une vie ne valait presque rien.

« Erwin! Erwin! Reprends-toi! » Insista-t-elle en lui attrapant les poignets pour qu'il cesse de se prendre la tête et l'obliger à la regarder.

En un claquement de doigt, il cessa de bouger. Son regard devint aussi froid et distant que lorsque je l'avais rencontré. La femme le relâcha et se distança légèrement.

« Ne fais pas ça. Ne laisse pas cette partie gagner. Tu sais que ce n'est pas la meilleure chose à faire. »

L'adolescent se leva et parti sans dire un mot, sous les regards interrogateurs des deux jeunes hommes.

« Un adolescent aussi perturbé et instable n'a sa place nul part. »

Muriel les regarda furieusement avant de retourner poursuivre sa réunion urgente.

Je me réveillais, confuse.

« Ce n'était pas ce que je devais te montrer. » affirma alors celui qui me faisait face.

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