14
« C'est incroyable que tu sois sain et sauf. Tu crois que cette bête rôde toujours? » s'inquiéta Loki.
J'haussai les épaules tout en mangeant ce qui ressemblait à une épaisse pâte sans goût cuite sur le feu. Je n'avais pas recroiser Seth depuis la veille, comme s'il s'était évaporé suite à l'épisode d'hier. Personne n'était au courant d'ailleurs.
« Tout vas bien Aël? »
J'hochai la tête en lui souriant, quand pourtant une dizaine de chose me tourmentait depuis plusieurs semaines et ne cessaient de s'accumuler au fil des jours.
« Pourquoi vous restez, ton frère et toi? Vous savez, Erwin va bientôt se rétablir et vos chances de pouvoir partir seront quasi inexistante.
— Pourquoi cet air soudainement déprimé? s'empressa de demander Osar.
— Déprimé? Je ne fais que présenter les faits et demander. Aiko aussi devrait partir. Qui sait ce que mon frère lui réserve, continuai-je.
— Pourquoi nous dire ça maintenant?
— Je ne sais pas ! » m'énervai-je soudainement en me levant et en fracassant mon poing sur la table, prenant au dépourvu tout ceux assit autour de celle-ci.
Mon coeur palpitait déjà, mais la cadence redoubla d'ardeur quand j'aperçu le brun dans la porte, figé.
« S-Salut Seth » bégayai-je directement, complètement instable.
Il m'adressa un timide sourire, peut-être face à la scène qui venait de produire ou peut-être à la nuit inattendue qui nous avait tout les deux marqués. Sans attendre une seconde de plus, je m'éclipsais rapidement, tentant de calmer ces pulsions de plus en plus fréquentes.
***
« Ça ne me dit rien qui vaille, affirma alors l'aîné du groupe, Aël perd tout son sang froid, Erwin doit se remettre sur pied. Si tout bascule, il est le seul qui pourra l'arrêter.
— Qu'est-ce que tu racontes... Aël est quelqu'un de bienveillant et...
— Tu ne sais donc rien sur ces deux frères, pas vrai? Tu crois qu'un est seulement un détraqué, tandis que l'autre est un être pur et bienfaisant? Tout le monde a des secrets enfouis, du sang sur les mains dans ce monde, regarde la vérité en face, petite, si tu ne veux pas finir six pieds sous terre. » termina l'ex-barman.
J'hochai la tête, sachant très bien qu'il n'avait pas tord. Je regardais alors mon frère, qui observait toujours dans quel direction son ami était parti, les joues drôlement empourpré.
Il tourna alors la tête lentement en se mordillant la lèvre inférieure. Lorsqu'il remarqua alors que 3 paires d'yeux étaient posés sur lui et son drôle de comportement, il écarquilla et lâcha un faible rire nerveux.
« Oh, euh... Bonjour, commença-t-il avant de prendre une courte pause. C'est moi où il fait chaud ici..? » continua-t-il en tirant le collet de son t-shirt.
Il vint ensuite s'assoir près de moi et attrapa un restant de notre petit déjeuner peu ragoûtant.
« Je meurs de faim... » marmonna-t-il la bouche pleine.
Je le trouvais... étrange. Vraiment. Mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur le pourquoi de la chose.
« Que sais-tu à propos d'Aël ? » questionnai-je alors curieusement l'aîné de la maisonnée, en avançant légèrement ma chaise vers lui, en faisant craqué le sol au passage.
Il posa alors sa tasse, remplie d'un chaud liquide brunâtre à l'odeur corsée, et me dit seulement:
« Tu devrais demander à Erwin. »
Lui demander à lui? Pourquoi lui demander à lui, si Osar était bien au courant de certaines choses? Pourquoi demander à un être inconscient, plutôt qu'Osar qui se trouvait devant moi? Je soufflai, agacée. Puisque c'était comme ça.
J'examinais tout les traits de son visage abîmé... il respirait paisiblement, quand pourtant j'étais prête à y mettre ma main à couper qu'il souffrait affreusement.
« Comment peux-tu avoir l'air d'un être si doux et attentionné mais pourtant être un sale pervers, manipulateur et psychopathe, marmonnai-je faiblement.
— Pervers narcissique. On dit pervers narcissique. » lâcha une voix rocailleuse qui n'avait pas parlé depuis longtemps.
Ses fatigués yeux verts s'ouvrirent doucement et un faible sourire narquois s'afficha sur ses lèvres.
« Oh mon dieu, tu es réveillé, observai-je directement.
— Quelle perspicacité... »
Il se mit alors à toussoter, ce qui semblait être complètement désagréable. Puis, lorsque sa toux s'arrêta, il ne fit que poser son regard sur moi, muet. Il semblait déjà épuisé d'avoir prononcé deux petites phrases. Il ferma ses yeux cernés, en soupirant.
« Tu étais si près du but, un peu plus de force et ça y est, tu m'achevais, commença-t-il d'une petite voix imperceptible. Ce truc, ce poison a affecté quelques choses chez moi, et putain! C'est si douloureux! Je ne m'en sortirai jamais. Tu sais, si l'envie te reprend, tu peux utilisé ma dague. »
Je secouai automatiquement la tête.
« Hors de question. Je préfère te voir souffrir de la sorte que de te rendre un tel service. C'est plus satisfaisant. »
Un faible et bref petit rire rauque sortie de sa gorge.
« Bien évidemment. » finit-il par dire dans un faible murmure.
Sa respiration ralentit considérablement et son visage fut d'avantage détendu qu'au début.
« Erwin? Eh oh? »
Je m'approchai pour l'observer de plus près, puisque je ne voyais plus sa poitrine se soulever lentement.
« Ne fais pas le con s'il te plait, je devais te demander quelque chose... »
Je glissais mes doigts dans son cou, incertaine. Étrangement, j'eus une pointe de soulagement en sentant son faible pouls, très faible pouls. Cependant, je ne le voyais plus du tout respirer. Sans savoir pourquoi, je me mise à paniquer.
Je montais sur le lit près de lui et dégageais son visage de ses mèches rebelles, qui lui tombaient devant les yeux, en y passant ma main. Je me mises alors alors à frapper doucement, mais nerveusement et rapidement sa joue, comme pour le ressaisir, le réveiller. Ce qui fut un lamentable échec.
« non, non, non! Réveilles-toi! »
Mon coeur se débattait dans ma poitrine, tout mon corps tremblait et mes joues me brûlaient.
Je me levais d'un bond, avec l'envie de m'arracher les cheveux, les mains sur la tête. Une seule question me traversait la tête à cet instant: où se trouvait tout le monde à cet instant? Je voulais hurler pour demander quoi faire, mais rien de sortait suffisamment fort de ma gorge.
Pourquoi m'entêtai-je à m'inquiéter de son état? Son décès ne serait pas un avantage considérable pour mon frère et moi?
Je n'eus pas le temps de répondre à cette seconde question que je celai ma bouche sur la sienne en m'assurant que son thorax se soulevait doucement chaque fois que j'expirais. Je ne savais pas si ce que je faisais changerai quelque chose à la situation, mais une voix au fond de moi me dictait que je devais tenter le tout pour le tout pour le sauver. Je ne savais guère pourquoi, encore une fois, mais c'est ce que j'entrepris de faire, malgré tout.
Lorsque je crus que s'en était terminé, épuisée et quelque peu déçu de m'avoir acharnée aussi longtemps pour aucun résultat, comme si je l'avais exhumé, il se redressa en aspirant une grande bouffé d'air poussiéreuse et s'accrocha à moi comme à une bouée. Il me serrait si fort que je ne pouvais plus bouger. Ses bras tremblaient et lui, pleurait. De joie, peut-être?
Nous restâmes comme ça un moment, jusqu'à ce qu'Erwin se calme. Puis, il s'éloigna un peu, de la sorte à ce que nos deux visages ne soient séparés que par à peine quelques petits centimètres.
Malgré toute la confusion et le trouble que je pouvais déchiffrer sur son visage, ses yeux brillaient de reconnaissance et pendant quelques secondes j'eus l'impression de faire face à une toute autre personne.
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