13

Je m'entaillais les poignets à force d'essayer de détacher mes liens.

Elle m'avait laissé là comme un chien.

Avec comme seule compagnie un psychopathe endormi.

Du moins, c'est ce que je pensais jusqu'à ce que je l'entende bouger. Il essayait de s'asseoir difficilement dans le lit, en gémissant de douleur. Je le regardai, le cou tordu, et réalisai quelque chose.

« Bien évidemment, c'est toi qui n'est pas attaché. » marmonnai-je.

Il ne m'adressa qu'un bref regard, avant de fermer les yeux, épuisé. Je crus pendant un instant qu'il s'était endormi adossé au mur, mais après une petite pause, il rouvrit de nouveau ses yeux cernés et regarda sa main couverte de sang séché, sur laquelle y manquait un doigt.

« Ne t'inquiètes pas, ça va repousser, non ? » me moquai-je.

Il posa son regard sur moi et je déglutis.

Il m'aurait peut-être tué, malgré ses forces réduites, s'il ne s'était pas prit d'une quinte de toux. Il suffoquait presque et ne cessait de cracher du sang. Personne ne pouvait l'aider, puisque personne ne se trouvait dans la maison, sauf moi.

Je cassai alors enfin mes "chaines" et me levai maladroitement, puisque mes jambes étaient engourdies. Le blessé, se transformant en mourant, pleurait en silence. Couvert d'une couverture, d'énormes cernes cramoisis sur celle-ci attirèrent mon attention, mais sans plus.

Je voulus sortir de cette pièce et le laisser à son sort, mais une partie de moi fit demi-tour et alla vérifier s'il s'en sortait.

Je soulevai la couverture et réalisait que son abdomen abritait deux plaies profondes ensanglantés.

Je pouvais lire sur son visage que la douleur était insupportable... Pourtant, ça ne ressemblait en rien à ce que pouvait faire les couteaux édentés des Ramencheurs. Il s'agissait d'une entaille faite avec une lame bien aiguisé. J'écarquillai les yeux en comprenant que personne ne l'avait torturé de la sorte, qu'il ne s'agissait pas d'une simple plaie mal guérie. Il s'était infligé ça lui-même.

N'étant pas formé pour soigner les gens, je l'avais malencontreusement fait tomber par terre et celui-ci avait hurlé à en faire trembler la charpente de la maison. Je l'avais ensuite traîné dans la salle de bain, pour le hisser dans celui-ci. Ici, il pourrait cesser de tacher tout les textiles que nous avions en notre possession.

***

Je marchai d'un pas pressé, profitant de la courte interruption de la pluie.

Mes plaies s'étaient déjà refermés, mais j'avais tout de même d'affreuse douleurs à la jambe et au bras. J'étais aussi frigorifié, puisque la température avait chuté.

Je me sentais drôlement faible et je ne savais gère quel chemin prendre. Mon sens de l'orientation m'avait quitté, je tournais probablement en rond depuis une éternité.

Cette chose s'étais attaqué à moi, et depuis, je me sentais suivis. Je n'avais pas réussi à l'abattre. J'avais tiré, certes, mais mes balles ne l'avaient probablement qu'égratigné.

Je n'avais jamais vue une telle chose auparavant. Une énorme bête aux dents édentées, un pelage brunâtre, des yeux perçants... Il faisait probablement deux fois la taille d'un ours, animal que l'ont pouvait observer dans les livres d'autre fois.

Je savais maintenant qu'est-ce qui retenait les gens loin de cette région. L'Ouest était peupler par ces énormes carnivores, voilà tout.

Une odeur immonde s'empara de l'un de mes 5 sens. Une odeur putride. Une odeur de cadavre.

Face à ce carnage au milieu de cette clairière, je compris. Voilà pourquoi cette créature était si agressive...

En plus d'être au beau milieu de leurs territoires de chasses, ces détraqués de Ramencheurs avait écorchés plus d'une trentaine de ces pauvres animaux. La clairière était parsemée de cadavre sans peau en putréfaction.

Seul les Ramencheurs étaient capables d'une telle atrocité.

Ce clan était une condamnation pour le reste de la population qui avait difficilement survécu à l'apocalypse nucléaire. La vie étant déjà difficile, pourquoi la rendre encore plus insoutenable?

Je comprenais mon frère de vouloir mettre fin aux activités de ces gens.

Je ne comprenais pas par contre pourquoi nos deux rescapés refusaient de nous aider. Certes Erwin avait des pratiques un peu barbare à l'occasion, mais c'était à des fins bienfaisantes.

Nous avions besoin de leurs aides et c'était bien pourquoi je souhaitais intérieurement, chaque fois qu'ils franchissaient une porte, que ce n'était pas pour la dernière fois.

J'avais contourné la boucherie, toujours traqué par le prédateur.

C'est alors qu'un éclair déchira le ciel dans un vacarme fou. La pluie allait reprendre. Instinctivement, je me mis à trotter, voir même presque courir.

À mon plus grand soulagement, sans réfléchir, j'avais retrouvé le chemin de la maison. Je l'avais retrouvé!

Mais une chose me terrifia. Aucune lampe à huile n'était allumé. La voix d'Osar, qui était plutôt forte habituellement, ne se faisait guère entendre, quand pourtant l'aîné avait l'habitude de parler toute la nuit.

Je poussais la porte, incertain.

« Il y a quelqu'un? » tentai-je.

Aucune voix, fait ou geste se fit entendre.

D'un seul coup, la pluie recommença à tomber.

Je grimpais les escaliers et couru jusqu'à la chambre d'Erwin pour finalement n'y trouver personne. Les draps, en batailles sur le lit, étaient couvert de tâches de sang brunâtre. Je me jetai ensuite sur la lampe dans la pièce pour l'allumer et finalement apercevoir de longues traînées de sang sur le plancher. Je les suivais en marchants silencieux, accompagné du bruit de l'orage et des grincements de la charpente. Je vis alors la première lumière allumée depuis mon arrivée, éclairer sous la porte de la chambre de bain.

« Je te jures, peut-être que ton cas va s'être empiré. Mais t'as déjà de la chance que je t'ai transporté jusqu'ici ici. »

Seth. Seth était là. Seth était rentré! Seth semblait en pleine forme ! Mais de quoi parlait-il? En pleine jubilation, j'ouvris brusquement la porte.

Une scène un peu moins joyeuse s'offrit alors à moi. Erwin dans la baignoire, l'abdomen cousu grossièrement et beaucoup de sang.

Seth se trouvait assit au coin du bain en s'essuyant les mains avec un vieux torchon.

Ses vêtements, son visage et ses mains étaient tachés de liquide rouge qui n'était pas le sien.

Lorsque qu'il m'aperçus, il se leva difficilement et sa mâchoire se décrocha.

« Aël? Oh mon dieu, Aël! »

Il se jeta sur moi maladroitement et me serra dans ses bras de toute ses forces.

« J-je suis tellement désolé, je n'aurais pas du t-te laisser seul... bégaya-t-il.
— Je m'inquiétais aussi pour toi...
— Les autres vont bien ? se renseigna-t-il.
— Les autres?
— Tu n'es pas rentré avec eux?
— Non, je suis rentré seul. »

Il m'expliqua alors que les autres étaient parti à ma recherche en le laissant ici. Il m'informa aussi de l'état d'Erwin qui s'était poignardé et entaillé le ventre, probablement pour mettre fin à toute la douleur.

Je m'avançai vers mon frère pour l'examiner. Je le vis alors, pour la première fois depuis son retour, éveillé. Il évitait mon regard et respirait tout aussi bruyamment que difficilement.

« Tu vas t'en sortir ? »

Il tourna la tête vers moi mais ne répondit rien. Par contre, Je pouvais lire dans ses yeux qu'il soufrait atrocement. Peut-être à cause de ses nombreuses blessures ou bien seulement à cause de son opération récente.

Il avait succombé à la douleur et avait perdu connaissance. Pendant ce temps, j'avais pansé sa blessure avec l'aide de Seth. Je lui avais parler du danger que les autres couraient à l'extérieur, de l'animal qui m'avait traqué jusqu'ici.

J'étais adossé au mur, assis sur le sol, dans l'obscurité presque total.

Pour la première fois depuis quelques heures je pouvais enfin me reposer quelques secondes. Les yeux clos, je sentis mon ami se laisser tomber lourdement à mes côtés.

« Et toi, tu vas bien ? » murmura-t-il.

J'hochai la tête, ne sachant pas s'il pouvait le voir.

« Tu as l'air... Mal en point. Même si pourtant t'as n'a rien physiquement et...
— Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai mal... » soufflai-je.

Je sentis soudainement sa main se poser sur la mienne accidentellement se retirer tout aussi rapidement. Il regardait droit devant lui, mais je pouvais presque sentir la chaleur qui brûlait sur ses joues. Ses cheveux était ébouriffé et je n'arrivais pas à me retirer de la tête l'image de ses beaux yeux brun et son sourire timide et craquant.

« Oh et puis merde.
— Quoi? ... »

J'agrippai son t-shirt et posai mes lèvres violemment sur les siennes. Aussitôt, il m'attrapa les poignets vigoureusement, mais après quelques secondes sa poigne s'adoucit jusqu'à me relâcher complètement. Je me décalai d'à peine un petit centimètre et voyant qu'il ne s'éloignait pas, je recommençai à l'embrasser fougueusement tandis qu'il répondit lentement à ce baiser. Plus les secondes  s'écoulaient, plus sa timidité s'estompait. Je vins alors pour m'éloigner, à bout de souffle, mais il m'attrapa et en redemanda d'avantage, avide de ce moment. Je glissai mes mains sous son t-shirt, tandis qu'il frissonna de tout son être.

Seth vint alors se mettre à califourchon sur moi et lorsque je vins pour bouger de quelques centimètres, il me plaqua doucement sur le mur en recommencent à m'embrasser farouchement dans le cou.

Je n'arrivais plus à réfléchir et un affreux goût de sang avait fait apparition dans ma bouche suite à ma lèvre que j'avais mordu trop fortement.

Incapable de le laisser continuer, je posai alors ma main sur sa joue habillée d'une petite barbe de 2 jours pour remonter son visage vers le miens et décidai de reprendre les reines en approfondissant le baiser, ce qui le déstabilisa.

Front à front nous respirions à l'unisson, ne sachant ni un ni l'autre ce qui s'était réellement passé dans les 5 dernière minutes.

« Seth, tu es là? » résonna alors la voix de sa soeur de l'autre côté de la porte.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top