12

« Je continue à croire que nous aurions du essayer d'escalader la pente. »

Je me retournai vers le brun en soupirant pour lui expliquer une énième fois la situation.

« C'était beaucoup trop abrupt! m'énervai-je. Par ailleurs, si tu n'étais pas un aussi mauvais comédien et que je n'étais pas au courant de ta jambe blessé, peut-être aurions-nous pu tenter notre chance. Autrement dit, tu es blessé donc fermes-la et marches, c'est clair? »

Il me fusilla du regard et, non pas à ma plus grande surprise, haussa le ton en me rétorquant:

« Combien de fois dois-je te répéter que je me porte à merveille!
— Et moi combien de fois dois-je te répéter que nous ne ferons pas demi-tour? Je ne prendrai pas le risque que tu te blesses d'avantage!
— Mais tu es prêt à prendre le risque de nous faire tuer en nous aventurant dans cette forêt maudite! Je n'aurais pas du te suivre!
— Personne ne t'a obligé! répliquai-je hors de moi.
— Tu sais quoi? Continues de suivre ton foutu itinéraire de merde, moi je retourne sur nos pas.
— Seth, ne fais pas ça, lui ordonnai-je spontanément en baissant le ton d'un cran.
— Si non quoi? Tu vas te mettre à pleurnicher comme un gamin? » se moqua-t-il méchamment en me tournant le dos.

C'est alors qu'une atroce douleur me serra la poitrine, comme jamais auparavant. Ma respiration devin irrégulière tandis que je le regardais s'éloigner en boitant. Je me retournais brusquement en frappant dans le tronc d'un vieil arbre en pleine dégradation, tandis que des larmes se mirent à couler sur mes joues instantanément.

J'aurais pu le suivre. J'aurais du le suivre. Mais tout ce que je pouvais faire maintenant était de m'inquiéter et d'espérer. Il n'était pas armé et blessé. J'étais complètement irresponsable de l'avoir laissé partir seul. Il avait une formation de Ramencheurs, malgré ça, j'avais peur.

L'obscurité s'était installé à travers les vieilles souches de conifères. J'étais seul, épuisé et gelé. Je n'avais croisé aucun animal, à mon plus grand soulagement. Par contre, je ne pouvais pas me permettre de fermer l'œil de la nuit. Je n'étais pas aussi exceptionnel qu'Erwin, je ne pouvais pas me déplacer si agilement la nuit, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez dans la noirceur.

J'étais plus fort que la moyenne des gens, plus rapide aussi, probablement. Je pouvais revenir à la vie, ce qui était plutôt extraordinaire, du moins aux yeux des autres. Mais c'était tout. Pas de vision de nuit, pas de sens sur-développés, pas d'endurance ahurissante, pas de réflexe hors normes. J'étais comme la version banale d'Erwin.

Même si cela pouvait sembler invraisemblable, mon frère était quelqu'un de bien, si on lui laissait la chance de le prouver. Il jouait un personnage, quelqu'un de cruel, sans-coeur. Pourtant il pouvait être si attentionné envers les gens !

Enfin bref, je m'allumai un petit feu discret, à l'aide d'un briquet que je gardais toujours dans l'une de mes bottes, pour me tenir au chaud et m'éclairer un peu, sans pour autant attirer les créatures qui rôdaient dans les alentours. J'aimais bien le proverbe qu'Erwin avait balancé une fois: « Ce qui ne tue pas, nous arrache le coeur. »

Soudainement, j'entendis de vieilles branches secs craquées derrière moi. Lentement, je posais ma main sur la crosse de mon pistolet, l'index sur la détente.

***

Le soleil avait disparu derrière les montages depuis bientôt 2h environ. Aël et Seth avaient disparus tout les deux depuis déjà 5h. Nous n'avions aucune nouvelle d'eux.

Osar était assit près de moi, à regarder la pluie qui s'était mise à tomber.

« Aël est un garçon brillant. Ils se sont peut-être réfugiés quelque part lorsqu'il a vu que le ciel se couvrait au loin, tu ne crois pas ? »

J'hochai la tête, même si j'angoissais terriblement à l'idée de leur disparition. Nous étions entouré de forêts denses étendus sur des kilomètres. Malgré la fait qu'il y avait d'avantage d'endroit où se terrer que sur les plaines de là où nous venions, je ne craignais pas pour leurs sécurités seulement à cause du violent orage qui venait d'éclater. Ce biome renfermait une multitude d'espèces probablement plus dangereuses les une que les autres.  Ils n'avaient apportés aucunes armes. J'étais peut-être la seule à l'avoir remarqué.

L'aîné nous avait préparé, à Aiko et moi, un plat plutôt douteux, qui ne gouttait à rien de ce que je connaissais. Il appelait ça, sa "recette secrète". Et il pouvait la garder pour lui. J'offrais mon assiette à l'inconnue, puisque celle-ci semblait trouver ce repas savoureux. Tout en laissant son gibier à plumes terminer la bouillie étrange, elle s'empressa de faire ses compliments au chef. Le jeune homme aux cheveux gris se mit à sourire, ce que, moi, je n'arrivais pas à faire. Pas tant qu'un membre de ma famille pouvait être dans moindre danger potentiel.

Tout à coups, la porte de l'habitation s'ouvrit brusquement. Une silhouette se trouvait la, debout devant le portail. Je ne réussis pas à me réjouir en le voyant entrer en trombe, en boitant durement de la jambe, dans la pièce en enlevant la veste qui l'avait protégé de la pluie.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demandai-je spontanément.

Il me jeta un regard noir tout en me crachant au visage:

« Tu n'as qu'à demander à Aël! » s'exclama-t-il hargneusement.

Je m'approchai de lui en l'attrapant par le bras pour qu'il se calme et qu'il m'écoute.

« Seth. Aël n'est toujours pas revenu. »

Ses traits s'adoucirent et il recula rapidement en attrapant sa veste détrempée en se brûlant le bout des doigts.

« Mais qu'est-ce que tu fais?! »

Osar arriva rapidement et l'attrapa avant qu'il ne mette les pieds à l'extérieur.

« Je retourner le chercher ! Laisser moi y aller! Je vous en pris! Je dois y retourner! » hurla-t-il désemparé.

L'aîné me fit signe de le suivre, tandis que mon frère se débattait pour se déloger de l'unique bras de son assaillant.

Il le posa sur le sol au pied du lit, là où le blessé dormait paisiblement. Tandis qu'Osar l'immobilisait, je pris ma ceinture pour attacher mon frère au cadre du lit.

Il était déchaîné et se débattait comme si sa vie en dépendait. Simultanément, il pleurait et nous insultait et nous suppliais de le laisser retourner chercher le brun.

Abattus, nous ne pouvions que le regarder se vider de son énergie.

Épuisé, il abandonna.

« J'étais sortis avec Aël, il voulait me montrer quelque chose, un endroit je crois. Mais puisque je ne regardais pas où je mettais les pieds, j'ai trébuché et je l'ai entrainé dans ma chute... » commença-t-il.

Il nous expliqua tout, assez brièvement sur certains points, de quand ils avaient commencé à marcher, d'Aël qui s'inquiétait pour mon stupide frère, qu'il avait refusé le sang du brun pour estomper sa douleur à la jambe, de la dispute et de son ami qui le suppliait de revenir.

« Je l'ai ignoré, j'étais énervé contre lui. Mais... il avait raison. Monter les rochers a été épuisant et ma jambe est atrocement douloureuse maintenant. Je suis tombé des dizaines de fois, en m'écorchant les bras et le visage à plusieurs reprises. Je croyais qu'Aël avait choisi le bon chemin... Je me suis trompé. » termina-t-il la voix cassante.

Osar se leva et affirma qu'il allait retrouver le frère de son ami dès que la pluie allait cesser.

C'est alors qu'Aiko prit la parole, elle qui restait toujours dans l'ombre à "observer":

« C'est moi qu'y irait. Je connais ces montagnes, ces forêts, mieux que quiconque.
— Tu n'arrives même pas à voir la sortie... sans vouloir t'offenser. Tu ne serais pas d'une grande utilité... » lâcha mon aîné, sans mettre de gants blancs, toujours enchaîné au lit.

Elle s'approcha facilement et vint s'accroupir exactement devant lui.

« Je ne vois peut-être pas comme vous vous voyez, mais je vois et sais beaucoup de chose. Je vois même des choses que vous ne voyez jamais, comme que tu es un garçon impulsif et méprisant. »

Elle se releva et avant de sortir de la pièce elle lança :

« Oh et le blessé, que Loki a tentée de poignarder au coeur tout à l'heure, à récupérer son poignard sur la table basse puisqu'il peut déjà commencer à bouger et aimerait bien se défendre la prochaine fois. »

Puis elle sortie, tandis que mon rythme cardiaque s'accéléra sous les yeux du meilleur ami d'Erwin.

« Tu as essayé de faire quoi ? »

Un larme glissa sur ma joue.

« Je ne voulais pas... enfin... si... Mais j'en ai été incapable! Dès qu'il retrouvera entièrement ses forces, il nous empêchera de quitter cet endroit et de vivre une vie normal, comme nous l'avions planifié avant de tomber sur lui! Comprends moi! »

Il me regarda avec dédain avant de sortir à son tour de la pièce et de claquer la porte en faisant trembler toute les fondations de la maison.

Suivant cet épisode, un long silence s'était installé et sembla durer plusieurs heures.

« Tu veux bien me détacher maintenant, Sœurette..? »

Je le regardais froidement en lui disant simplement:

« Je ne te détacherai pas tant que nous n'aurons pas retrouvé Aël. »

Sa mâchoire se détacha et je vins voir Erwin avant de lui arracher la dague d'entre ses mains tandis que ses yeux vers de posais sur moi.

« M-Mais... Mais... Loki! Non attends! » hurla Seth tandis que je fus la 3ème à quitter la pièce.

Je descendis les escaliers, puis rejoint le garçon qui tentait de m'éviter et qui remplissait un sac de matériaux utiles. Je plantais alors le poignard, aux initiales "E. H." gravés, sur la table devant lui.

« Je viens avec vous, que tu le veuille ou non. »

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