09

Il me tirait douloureusement par le bras jusqu'au  campement, là où les autres dormaient toujours, sans personne pour faire  le guet. Faut-il préciser qu'Erwin ne réveilla pas le groupe avec délicatesse.

« Tout le monde debout, nous devons partir, maintenant. » Lâcha-t-il énergiquement.

Il me lâcha et alla parler à son frère qui venait tout juste d'ouvrir les yeux. Tandis que moi, je rejoignis mon idiot de frère et Milor. Seth se leva, déboussolé, et me sourit au même moment où je le frappai dans le ventre « amicalement ».

« Ça s'est mal passé ? en déduit-il.
— Tu ne peux pas savoir ce que j'ai endurée !
— Pourtant, ça semble avoir fonctionné. » ajouta le Rouquin pour soutenir mon frère, en désignant les autres garçons qui remballaient le camp.

Je soufflai d'agacement, Milor n'avait pas tort, le « plan » de mon frère avait fonctionné. Erwin m'avait écouté et nous pouvions maintenant nous éloigner à nouveau des Ramencheurs, qui venaient lentement dans notre direction sans le savoir. Par contre, je trouvais que Seth s'amusait beaucoup trop avec mes « visions ». Pourquoi n'était-il tout simplement pas allez parler avec Aël ?

Avant de repartir, Erwin prit le soin de nous distribuer un peu d'eau à chacun pour la route. Une fois à mon niveau, lorsqu'il frôla ma main en me redonnant la gourde, il se crispa en me regardant dans les yeux. Je lui dis merci faiblement et celui-ci repartit rapidement d'un air agacé.

Je marchai, perdue dans mes sombres pensées. Le soleil s'était pointé quelques heures après notre départ et la chaleur était maintenant suffocante. Aucun nuage, aucun arbre. Le paysage était complètement désertique, sans aucune trace d'un quelconque être vivant. Le sable était rouge et s'étendait jusqu'à la ligne d'horizon. J'avais des haut-le-cœur, d'énormes bouffées de chaleur... Je me mise à ralentir, voir même à m'arrêter complètement. J'étais laissée derrière, les autres ne m'avaient pas vue. Je tombais à genoux, le sable me brûlait la peau découverte. Je voyais des points noirs. J'étais drôlement faible...

J'ouvris les paupières et me fis accueillir par un doux sourire et de beaux yeux verts.

« J'ai cru que mon jouet s'était cassé. »

Je soufflai, désenchanté par la personne plantée devant moi. Il me tendit la main pour m'aider à me relever, mais aucun muscle de mon corps ne réagit. Il s'accroupit alors près de moi. Il prit un peu d'eau dans ses mains et rafraîchit mon visage et ma nuque avec celle-ci. Erwin me fit ensuite boire un peu d'eau et sans m'y attendre, il me souleva de terre. Je m'agrippai rapidement à son cou pour ne pas tomber, ce qu'il le fit rire faiblement.

« Les autres sont déjà loin. Ils nous attendent. »

Je hochai la tête et me blottis dans son cou, à la recherche d'un peu d'ombre.

« Ne t'endors pas, Princesse. C'est une mauvaise idée avec toute cette chaleur. »

Je marmonnai quelque chose d'incompréhensible, même pour moi. Je tentais de réfléchir, de penser, de garder mon esprit occupé pour ne pas m'endormir, mais c'était plutôt difficile.

Je me trouvais au beau milieu de gigantesques arbres, des plantes, de l'herbe... Du jamais vue, pour moi. Tout était paisible, magnifique. Où étais-je ?

Je marchai, regardant tout autour de moi. J'atterris alors sur un garçon de mon âge, couché dans l'herbe, étendu au milieu d'une petite clairière. Un souvenir, voilà où je me trouvais.

« Erwin ! Viens voir ce que j'ai trouvé ! »

L'adolescent dans l'herbe se leva doucement et se dirigea instinctivement vers l'endroit d'où la voix d'Aël semblait venir. Bien sûr, je le suivis.

Je crus que ma mâchoire allait se décrocher. Aël attendait son frère fièrement, les bras croisés. Derrière lui se dressait une falaise surmontée d'une chute d'eau qui atterrissait dans un petit lac, puis une maison couverte de verdure était installée tout près de l'eau. L'aîné se mit à rire. Il s'accroupit, incapable de rester debout plus longtemps. Il se prit la tête, ébahi par ce qui s'offrait à lui.

« Wow. » fut la seule chose qu'il réussit à dire.

Aël s'approcha un peu et...

Je me réveillai brusquement en sentant les lèvres de mon « héros » se poser sur ma joue.

« Merci pour cette chouette idée, j'avais complètement oublié cet endroit. »

Je le frappai aussitôt dans le thorax et il me relâcha, me laissant tomber durement sur le sol. Il m'adressa un petit sourire malicieux, puis me tendit tout de même la main. Me sentant toujours faible, j'acceptai son aide. Une fois debout, mes jambes ne supportèrent  mon poids qu'à peine quelques secondes, je m'effondrai, mais Erwin me  rattrapa nerveusement en resserrant son étreinte pour ne pas me laisser  tomber.

« Tu veux monter sur mon dos ? On a encore un peu de chemin à faire. »

Je hochai doucement la tête comme une enfant. Il se baissa et je montai timidement sur son dos. Je pouvais sentir son sourire victorieux sans même le regarder. Pourtant, un faible sourire s'accrocha aux coins de mes lèvres. J'enroulai mes bras dans son cou pour bien m'accrocher, puis il me souleva sans forcer. Je fermai les yeux, bercée par chacun de ses pas.

Je me réveillai, la température avait légèrement chuté, après m'être à nouveau assoupie. Nous avions rejoint les autres garçons qui marchaient toujours à un bon rythme. 

« Tu veux descendre ? demanda alors mon porteur.
— Comment sais-tu que je ne dormais plus ?
— La belle au bois dormant s'est mise à bouger.
— La qui ?
— Une princesse plongé dans un sommeil profond ? Tu ne connais pas cette histoire ? Je lisais beaucoup de livres quand j'avais 8 ans.
— Je ne sais pas lire. » répondis-je simplement.

Sans qu'il ne s'y en attende, je descendis, seule. Le paysage avait un peu changé, quelques vieilles souches d'arbres meublaient maintenant la terre. Je me mise à marcher un peu plus rapidement pour ne pas traîner derrière. Ma tête tournait toujours un peu, mais j'allais survivre. Erwin revint alors à ma hauteur, puis il ne me quittait plus des yeux, ce qui m'agaça.

« J'ai parlé à Aël de ta fabuleuse idée. Nous avons maintenant une destination fixe. »

Je hochai la tête, et regardai tout sauf lui. Il souffla et rejoignit son ami.

Le crépuscule s'installait, tandis que l'aîné s'arrêta brusquement.

« Vous entendez ? » lâcha faiblement Osar.

Erwin hocha la tête.

« Planquez-vous. » murmura-t-il.

Aël m'attrapa par les épaules et me tira jusqu'à une large pierre, où nous nous étendîmes tous sur le ventre. 3 hommes firent alors éruption derrière un arbre. Lorsqu'ils s'approchèrent un peu trop, Erwin se leva brusquement et sauta par-dessus la roche. Les Ramencheurs reculèrent subitement de quelques pas en pointant leurs armes sur lui. Il leva donc ses bras au ciel. Plus personne n'osait bouger. Nous étions cachés dans l'ombre et nous n'avions pas l'intention de nous montrer.

« Qui es-tu, étranger ? se risqua un jeune blond.
— Je pourrais vous poser la même question. » renchérit Erwin en faisant un pas vers eux.

Le blond tira impulsivement sur notre allié. Il regarda alors la nouvelle plaie, la toucha du bout des doigts, puis ricana en soufflant.

« Vous allez faire une belle erreur, je voulais simplement discuter. »

Les trois froncèrent les sourcils, mais restèrent plutôt impassible à la fois. Erwin se laissa alors tomber à genoux dans le sable et les 3 hommes se regardèrent fièrement. Un homme barbu s'approcha et vin pour le toucher, mais en un fragment de seconde, un poignard avec les initiales E. H. gravé sur la lame transperça le haut de son crâne. Un cadavre s'écroula sur le sol et le meurtrier se releva en époussetant la lame sur le rebord de son chandail.

« J'ai toujours eu un talent d'acteur. » se vanta-t-il en souriant, la tête penchée sur le côté comme un animal, comme il avait l'habitude de faire.

Aël n'arrêtait pas de s'agiter, la scène ne lui plaisait pas du tout.

« Erwin Hargreve pour vous servir ! » Dit-il en faisait la "révérence".

Les deux jeunes hommes se regardèrent en souriant.

« Nous devrions l'apporter au Ductor Kavendar. Il pourrait nous être utile, murmura le blond.
— Je suis d'accord. Ça te dit de nous suivre ?
— Alors, ça, ça m'intéresse ! » s'exclama notre allié.

Il s'approcha et s'installa entre les deux, bras sur les épaules. C'est alors qu'Aël se releva, le regard noir. J'écarquillai les yeux en le voyant sortir un fusil de nul part. 2 coups, deux balles, deux morts. Sans même viser, un trou parfait transperçait la tête des deux Ramencheurs. Aël  marchait toujours d'un pas pressé, puis synchroniser avec les cadavres  s'écroulant au sol, Erwin se retourna et les jointures du brun  s'écrasèrent sur la mâchoire de son frère, dans un effroyable bruit de  craquement d'os. Erwin chancela vers l'arrière en s'écroulant parterre. Aël lança brutalement son arme dans le visage de l'autre et se mit à hurler :

« Quel con tu peux être parfois ! Tu tues des gens pour le plaisir, ça t'amuse ! Tu aurais pu rester planqué avec nous ! Et c'est quoi cette merde de les suivre ? On a besoin de toi putain ! »

Erwin éclata de rire.

« Tu te rends compte que c'est toi qui en as tué deux et moi qu'un seul ? »

Impulsivement, Aël frappa une dernière fois son aîné et le mit KO. Il se redressa et épousseta ses vêtements, avec une humeur massacrante. Je croisai le regard de Seth qui semblait, comme moi, énormément préoccupé. Les yeux du brun croisèrent les nôtres et il haussa un sourcil, avec un faible sourire en coin.

« Croyez-moi, si je commençais vraiment à tuer des gens, il ne resterait plus aucun d'entre vous. »

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