Chaptire 8


Les bras sur les épaule de l'ainé, les yeux plissés malicieusement, Liam réfléchissait à toutes vitesse à son idée un peu folle. Il pesait le pour et le contre, le pourcentage de chance qu'il avait d'échouer, à pourquoi le ferait-il, et la réaction du châtain qui se trouvait face à lui. Il finit par se jeter à l'eau, se remémorant le dicton : de toutes façons, qui ne tente rien n'a rien.

- Hum... Par contre... Commença-t'il.

- Oui ? Fit Louis, légèrement inquiété par l'air du brun.

- Faudrait peut être changer deux ou trois trucs. Il désigna le mécheux du menton. Histoire que tu sois moins reconnaissable, et puis aussi parce que je peux pas rester ici éternellement.

- Ah... Et... T-tu repars quand ?

- Bah... J'avais prévu en fin de semaine...

- Oh. Laissa échapper le Tomlinson, détournant les yeux.

- Bon, viens ! On va t'arranger !

- Euh... Ok... ?

Il entraîna Louis à sa suite, dans sa chambre pour récupérer quelque chose, puis ils se dirigèrent dans la pièce adjacente : la salle de bain. Liam fouilla un peu partout et sortit tout un tas de matériel, il amena aussi un tabouret, et fit s'asseoir dessus un jeune homme pas très rassuré, dos au miroir. Il finit par brandir une paire de ciseaux devant l'air perplexe de son ainé qui s'exclama :

- Eh ! J'veux pas finir chauve moi !

- Détends-toi ! Tu vas être tout beau !

- Parce que je suis tout moche peut être ?

- Pff... Tu veux qu'on te reconnaisse du premier coup d'œil ou bien ?

- Non, mais...

- Laisse-moi faire alors !

- Mais je veux pouvoir me reconnaitre alors !

- Oui, mais pas trop !

- Mouais...

- Roh, chut, tu préfère que je te dise qu'on dirait que tu sors d'une grotte ?

Ils chahutèrent une seconde, puis Louis se mit à bouder, les bras croisés, tandis que Liam passait à la pratique. Celui-ci coupait une mèche par ci, une autre par là ; puis enlevant toute trace de barbe sur le bas du visage de son aîné qui le regardait faire d'un œil un peu plus noir que voulu.

- Voilà ! S'écria finalement Liam, fière de lui. Oh, non attends !

Le coiffeur improvisé fronça les sourcils, passa une main dans les cheveux de son cobaye, réfléchit un instant puis attrapa un pot derrière le plus vieux qui faisait toujours la tête.

- Là ! Ça fait mieux, enfin, ça change quoi.

- J'ai peur... Fit Louis d'une voix rauque, en regardant la quantité de cheveux tombés sur le sol en carrelage beige.

- Mais non, tu es magnifique !

Le cœur du Tomlinson se serra un instant, et tandis qu'il se relevait et se tournait, Liam lui cacha les yeux. Il grogna.

- J'suis pas un gosse laisse moi voir !

- C'est bon... Râla à son tour le brun. Arrête de t'énerver.

Il enleva sa main, et Louis vit enfin son reflet. Il ne dit rien cependant ; se détaillant dans le miroir. Abasourdit par le changement. Oui, il se reconnaissait toujours -et ça n'était probablement pas ça qui lui permettrait de se promener tranquillement dans la rue- mais il paraissait plus vieux, plus mature, moins détraqué aussi. Ses cheveux d'ordinaire rangés en lignes et plutôt lisses et assez longs se retrouvaient maintenant complètement désordonnés et légèrement relevés sur son crâne, gardant tout de même cette mèche vers la droite. Il porta sa main à son menton, Liam devait être barbier dans une autre vie, parce qu'ils n'y avait aucune trace de coupure et qu'il n'avait de toute façon rien senti. L'absence de barbe néanmoins le rajeunissait, si bien qu'il y avait un équilibre entre sa coupe et son visage. Ca lui rappelait un peu le temps où sa sœur voulait à tout prix le coiffer, sauf que cette fois-ci, c'était plutôt réussi. Il fronça les sourcils et se retourna vers le Payne.

- Quoi ?

- Rien.

- T'as fini de faire la gueule ?

- Hm... Je sais pas.

Le cadet soupira, puis il s'appuya -ou plutôt se vautra- contre Louis, et déposa un petit baiser sur ses lèvres, appréciant la nouvelle douceur de leur contour.

- T'aimes ou pas ? Murmura-t'il en levant les yeux vers son ainé.

- Je...

Sa voix resta en suspend, puis il serra à son tour le brun contre lui, et enfouit sa tête dans son cou.

- Oui. Répondit-il, sa voix étouffée par le sweat qu'avait revêtit son coiffeur personnel. Merci Liam...

Ils restèrent ainsi un long instant, sans que rien ne vienne troubler le silence, si ce n'est que leur respirations rythmées, légèrement décalées.

- Liam ?

- Mmh ?

- Je peux prendre une douche s'il te plait ?

- Oui, bien sur.

Liam laissa Louis sur place, et partit dans sa chambre. Il s'affala sur son lit après l'avoir refait proprement, puis, après de longues minutes à écouter l'eau éclater sur le sol, résonnant à travers le mur, il s'adossa à celui-ci. Il était là, lisant et relisant la lettre qui avait tout déclenché. En trois jour, sa vie avait clairement changée. Il regarda encore l'écriture soignée, avec les lettres bien formées de la calligraphie de Louis. Tout le contraire de la sienne pour tout dire. Et tout en se plongeant une énième fois dans le texte, il se demanda comment tout pouvait basculer si vite. Comment, il y a quelques heures encore, il vivait une simple vie d'étudiant et puis qu'à cette heure, il était carrément complice d'un criminel. Pourquoi son destin avait été changé, comment tout cela avait il pu se jouer sur quelques mots griffonnés rapidement sur une feuille. Pourquoi la lettre lui était-elle parvenue à lui, et pas à un autre ?

Mais aussi et surtout, comment ses sentiments avaient-ils pu évoluer du néant au tsunami ? Il tenta de faire le point sur ceux-ci ; il était sorti avec deux filles, puis se rendant compte que ça n'était pas réellement cela qui l'attirait il avait tenté avec un garçon également, mais ça n'avait pas réellement marché et leur relation n'avait pas durée plus de deux semaines. Sauf que tout ce qu'il ressentait aujourd'hui était énorme comparé aux sensations du passé. Alors comment était-ce possible que tout cela lui tombe dessus en trois jours ? Il leva les yeux et les laissa vagabonder sur la pièce devant lui. Devait-il douter de ses sentiments pour Louis ? En était il certain ?

Pourtant, quelles sensations avait-il ressenti en mêlant ses doigts aux siens, en gouttant à ses lèvres, en dormant avec lui -ou plutôt, sous lui- et puis il se rappela ce matin même. Au réveil, il aurait voulu rester ainsi longtemps, même dans cette position plus qu'inconfortable ; mais il avait eu peur de lui même. De la suite. De ce qui se produisait dans son ventre, et qui s'était accentué quelques secondes plus tard, quand lui et Louis avaient maladroitement fait ce geste gauche : le châtain voulant se relever était tombé et, avec son articulation il avait frôlé d'un peu trop près sa partie sensible.

Bien sur qu'il n'avait pas eu mal, mais sa gêne mêlée à son excitation soudainement réveillée lui avait fait perdre les pédale. Totalement. Alors, ne contrôlant plus rien, et comme il n'en avait pas l'habitude, il avait fuit. Il voulait cerner tout cela correctement, mettre tout au clair, parce qu'il avait horreur de l'instabilité, de l'incertitude. Il voulait savoir si oui ou non, celui qu'il avait sauvé - d'une certaine façon - ressentait cette chose comme il la ressentait lui même. Il voulait savoir si lui aussi avait peur. Il voulait savoir si lui aussi...

Il fut coupé dans ses réflexions par l'arrivée du châtain qui, sans le savoir, s'ancrait toujours plus profondément dans ses pensées. Ce dernier lui sourit, ses lèvres s'étirèrent joyeusement, illuminant son visage.

Le brun du se faire violence pour ne pas se ruer sur lui, et son cœur lui en faisait presque mal, se contractant dans sa poitrine. Il finit par lui rendre son sourire dans un petit soupire, perdant tout le courage de lui parler de la situation qui le taraudait. Je suis un gros dégonflé, pensa-il, souriant là, comme un con, un con heureux, et totalement niais.

Voyant celui qu'il avait coiffé sur le pas de la porte, sans esquisser le moindre geste, il lui fit un signe presque indiscernable pour que celui-ci le rejoigne, signe que les yeux du mécheux aperçurent presque immédiatement étant donné qu'ils scrutaient déjà le corps de Liam. L'ainé s'approcha lentement, d'un pas hésitant, mais encouragé par le Payne il s'assit sur le bord du lit.

Et ils restèrent là sans bouger, sans bruit, un moment. Un long moment. Le regard du cadet posé sur l'épaule de son compère, sans vraiment le fixer, et les yeux de l'ainé dans le vide eux aussi. Tout deux plongés dans leurs pensées, appréciant ce silence apaisant. Le châtain ouvrit la bouche en se tournant face à Liam pour s'exprimer, mais se ravisa au dernier moment, ne souhaitant pas gâcher ce calme. Il vit le plus jeune lever les yeux vers lui, pour finalement caler sa tête sur son épaule. Le Tomlinson détourna la tête, la penchant un peu sur le coté, s'appuyant sur celle du brun, pour reposer son regard sur le siège devant le bureau.

Une question lui brûlait la langue, et il avait peur de la réponse. Tout dépendait de cette réponse. Son destin en dépendait. Sa vie en dépendait.

Dans l'esprit de Liam aussi trottait une question, et pourtant, presque étrangement, pas la même que celle de son ainé.

Ce dernier, prit par un soudain accent d'inquiétude, exprima tout haut ce qu'il pensait tout bas.

- Liam, tu repars quand alors ?

Question similaire à celle posée quelques heures plus tôt, mais qui avait tellement d'importance aux yeux de Louis qu'il avait besoin d'une vraie réponse. Et le plus jeune put entendre le voix du mécheux trembler légèrement ; lui aussi avait pensé à cela, mais il ne s'y était pas attardé, alors il prit son temps pour répondre. Il releva la tête et regarda son ainé.

- Je ne sais pas... Probablement... Dans deux jours ; ou demain soir.

Il lut une sorte de déceptions dans les orbes grises de son interlocuteur, puis une sorte de peur, que le plus vieux s'empressa de justifier.

- Non... C'est juste que... J'ai passé les quelques plus beaux jours de l'année, et peut être même de ma vie ici... Et...

- Chht...

- Et je... Je voulais... Continua-t'il en se tordant les doigts.

- Tais-toi.

- Non ! Je voulais te...

Le brun approcha son visage de celui du châtain, comme un signe de petite menace, ce qui troubla le plus vieux qui bégaya en reprenant sa phrase.

- J-je voulais... Oui... Te remerc-...

Il ne finit jamais son mot, les lèvres de son cadet s'écrasant sur les siennes pour le faire taire. Agréablement surpris, il soupira joyeusement. Il allait répondre à ce baiser lorsque Liam s'écarta à ce moment précis, laissant Louis dans le questionnement le plus total. Il n'eut pas le temps de s'offusquer : son coiffeur improvisé avait déjà pris la parole.

- Qui a dit que je t'abandonnais ?

- Qu-quoi ?! S'étrangla l'ainé à demi voix.

- Je vais pas te foutre à la porte, et puis, je t'ai pas coiffé pour rien, je vais pas te jeter après tout ça ! Répondit Liam en agitant ses mains. Je ne suis pas un sans cœur !

Louis, encore sous le choc, ne réagit pas. Il n'arrivait pas à réaliser. Non seulement son cadet lui avait offert un toit, à manger, et plus d'amour qu'il n'en avait eu ces derniers mois, mais à présent, il voulait l'aider un peu plus. Alors il y avait encore des gens bien sur cette planète ?

Quand il retrouva enfin la parole, son regard planté dans celui de son sauveur, il bredouilla :

- Je... Je sais pas quoi dire... Je sais pas quoi faire pour te remercier... Avoua-t'il honteusement en baissant légèrement la tête.

- C'est pourtant simple.

Louis arqua un sourcil. Simple ?

- Embrasse-moi. Lui répondit le brun, le plus sérieusement du monde.

Le châtain tiqua. Avait-il bien entendu ? Était-ce une blague ? Un simple baiser ne valait en rien tout ce qu'avait fait ce garçon pour lui !

Sous l'attente d'une réaction, Liam finit par se jeter lui-même sur les lèvres du Tomlinson qui bascula sur le lit, puis à terre dans un bruit mat, entraînant le plus jeune sans sa chute. Celui-ci s'étant cogné le front contre le sol, releva la tête, un air boudeur et amusé à la fois ; ce qui fit frissonner Louis.

- T'aimes tomber toi ma parole... Ça fait mal ! S'écria le brun en portant sa main à son front pour vérifier qu'il n'y avait pas laissé la moitié de son crâne.

- La faute à qui hein ? Fit le Tomlinson en riant.

- Pff... N'importe quoi ! Continua Liam, rigolant à son tour. Puisque c'est comme ça je te laisse ici ! Ajouta-t'il en mimant une petite moue, toujours étalé sur le mécheux.

- Mais ! Protesta Louis. Bon, avec un bisou magique tu me pardonne ?

Sans attendre de réponse, il colla un gros bisou bien humide sur le front de Liam qui le regarda, ébêté.

- Tu vois, ça marche à tout les coups !

- Gamin !

- T'es plus jeune que moi ! Répondit le châtain en lui tirant la langue.

- Connard.

La face de Louis se décomposa en une seconde.

- Eh, c'est une blague hein ! Louis ?

- Hmm...

- Lou' ?

Le concerné regarda vivement Liam.

- Lou' ? Répéta le brun.

Pour toute réponse, un sourire étira les lèvres du plus vieux.

- Non mais sans rire ?

- Quoi ? T'aimes pas mon petit Lou' ? Répliqua le plus jeune.

Ledit Lou grommela dans sa barbe.

- Lili. Articula-t'il, un air vainqueur sur le visage.

- Pff.

- Bon, on devrait peut être se lever non ? Parce que le sol est bien gentil, mais toujours pas confortable. J'ai le dos pété en deux et j'ai la tête en bas alors ça serait vraiment une bonne idée !

- Ah ! Tu le reconnais au moins ! Mais je suis bien, là, affalé sur toi...

- Moque-toi !

- Avec plaisir haha !

- Allez, bouges tes fesses ! Tu me fais mal ugh !

- Tu veux un bisou magique ? Rit le brun.

Louis lui jeta un regard noir qui fit comprendre à Liam qu'il ne rigolait plus.

- Roh c'est bon, je me lève. Mais fait pas n'importe quel geste comme la dernière fois !

Cette phrase décocha un sourire à l'ainé qui fit regretter de suite ses mots au cadet. Enfin, était-il certain de regretter ? Alors en un instant, le Payne se redressa pour se lever, esquivant le croche-patte du mécheux, ainsi que sa nouvelle tentative d'attaque s'y étant préparé. Il se jeta sur le lit en arrière.

- T'es pas drôle ! S'écria Louis.

- J'ai pas tellement envie de m'éclater par terre si tu veux...

- Rooh...

Louis tel un ressort se mit debout et contourna le lit. Pire que des enfants, l'un s'avançant, l'autre reculant, l'un à terre, l'autre sur son matelas. Bien sur, l'espace de la pièce n'étant pas sans fin, le plus jeune ne tarda pas à être adossé au mur, et voyant le châtain se rapprochant, puis posant son genoux sur la couchette, il se réfugia dans le coin, se barricadant avec son oreiller et sa couverture.

Louis grimpa sur le lit à la suite de Liam et déposa ses mains à plat sur le tas de literie qui protégeait le plus jeune.

Quoi que, protéger était un bien grand mot.

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