CHAPITRE 96
Alors que je referme la porte d'entrée, je ne peux enlever ce sourire aux lèvres qui est scotché sur mon visage.
J'ai passé le meilleur après-midi de ma vie.
J'aurais peut-être espéré que Leith ose quelque chose dans la voiture mais j'ai été la première à lui affirmer que notre précédent baiser n'avait aucune importance et que c'était une erreur.
« — Ca s'est bien passé ? » Me demande mon père qui est assis à la même place que tout à l'heure.
« — Oui, on est allés faire de l'escalade. » Lui dis-je.
« — Ca fait longtemps que tu en avais fait. » Constate mon père.
Je hoche la tête et commence à monter les marches des escaliers.
Mon portable vibre alors que j'ouvre la porte de ma chambre.
Le prénom de Paris s'affiche.
Je fronce les sourcils.
Cela fait longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles, hormis pendant les cours.
Elle vient de m'envoyer un message.
Je m'installe sur mon lit pour lire le message en question.
« Désolé de te déranger, je voulais savoir si tu pouvais venir me chercher ? »
Je relis le message à plusieurs reprises pour être sûre que je ne me suis pas trompée.
Elle a sûrement confondu mon nom avec celui d'une autre personne. Pourquoi voudrait-elle que je vienne la chercher ?
« Je pense que tu t'es trompée » Lui répondais-je.
Sa réponse est immédiate.
« Tu n'es pas Hailey Pears ? » Me demande-t-elle.
« Si mais pourquoi veux-tu que je vienne te chercher ? » Lui demandais-je curieuse.
« J'ai loupé la dernière navette chez ma grand-mère et la prochaine n'est que demain. » M'explique-t-elle.
« Oui je veux bien te chercher, tu m'envoies l'adresse ? » Proposais-je.
Je reçois l'adresse quelques secondes plus tard et je redescends pour attraper les clés de ma voiture.
« — Tu vas où ? » Me demande mon père qui baisse son journal pour me regarder.
« — Je dois aller chercher une amie, elle a loupé le dernier bus. » Lui dis-je.
« — Et cette amie ne peut pas marcher ? » Me demande-t-il.
« — Ce n'est pas ici, c'est chez sa grand-mère. » Lui expliquais-je.
Il ne me répond pas puis d'un signe de tête m'autorise à partir.
J'ouvre la porte d'entrée et déverrouille à distance ma voiture alors que mon téléphone vibre à nouveau.
C'est un message de Leith mais je ne prends pas le temps de le lire, j'entre l'adresse que m'a envoyé Paris dans le gps de la voiture et écoute la voix qui me dirige rapidement jusqu'à elle.
Je ne pensais pas que Paris allait me demander de l'aide mais je suis contente que même si je ne passe pas énormément de temps, elle ne m'ait pas rayée de la liste.
C'est juste un peu malheureux qu'il faut qu'elle loupe sa navette pour que nous passions du temps en dehors du lycée.
Enfin de toute façon, je ne lui ai jamais rien proposé dans tous les cas.
La musique envahit l'habitacle et j'oublie tout pour me concentrer sur la route goudronnée qui défile sous mes yeux.
Le soleil commence à se coucher quand j'atteins enfin le petit village dans lequel semble habiter la grand-mère de Paris.
Lorsque je m'arrête sous l'ordre du gps, je remarque que je suis juste devant une magnifique maison.
Même si les petits villages sont peu peuplés, je dois avouer qu'ils ont les plus belles maisons.
Une vaste étendu d'herbe entoure cette maison qui semble être taillée dans la pierre tant les détails sont impressionnant.
Je sors de la voiture pour remonter le chemin construit par des dalles difformes et peu symétriques.
Ne voyant aucun moyen de signaler ma présence, je frappe mon poing contre la porte en bois qui me sépare de l'intérieur de la maison.
Paris m'ouvre presque immédiatement, comme si elle m'attendait assise de l'autre côté de cette porte d'entrée.
Elle sourit en voyant que c'est moi.
« — Je suis vraiment désolée, je n'avais que toi à appeler et ma grand-mère est partie chez son frère en pensant que j'avais réussi à prendre la navette donc je suis un peu bloquée ici. » Me dit-elle.
« — Non ne t'en fais pas, ça me fait plaisir puis ça nous permettra de passer un peu de temps ensemble. » Lui répondais-je pour la rassurer.
« — Oui c'est vrai, je vais chercher mes affaires, j'arrive. »
Elle disparait et j'attends devant l'entrée sans rien dire.
« — Rentre, qu'est ce que je suis mal polie. » Me dit-elle en faisant passer sa tête dans le couloir pour quelques secondes.
Je hoche la tête et entre à l'intérieur sans vraiment osée m'imposer.
Le fond du couloir est un peu sombre mais j'arrive à discerner une silhouette qui traverse ce couloir sans faire attention à moi.
Je fronce les sourcils à m'apprête à aller voir mais Paris surgit d'une des pièces à ma droite, son sac à la main.
« — On peut y aller. » Me dit-elle et je sors de la maison pour remonter dans ma voiture.
Paris s'installe sur le siège passager et j'allume la radio alors qu'elle met sa ceinture de sécurité.
Je quitte rapidement le village, reprenant la même route que tout à l'heure mais en sens inverse.
« — Encore merci, je n'avais pas vraiment envie de passer ma nuit chez ma grand-mère sans elle. » Me confie-t-elle.
« — Pas de problème. » Lui dis-je en souriant.
« — J'espère que je ne t'ai pas dérangé. » Me dit-elle.
Je secoue la tête négativement.
« — J'ai vu quelqu'un tout à l'heure dans la maison. » Lui dis-je.
« — C'est mon cousin mais je n'aime pas trop trainer avec lui donc c'est pour ça que j'ai préféré rentrer ce soir plutôt que d'attendre la navette de demain. » M'explique-t-elle.
« — Sinon tu as des frères et sœurs ? » Lui demandais-je.
« — Non et toi ? » Me retourne-t-elle la question.
« — J'ai un frère, un grand frère. » Lui répondais-je.
« — Et ça va, il n'est pas trop protecteur ? » Me demande-t-elle.
« — Je le vois rarement, il est dans l'armée. » Lui expliquais-je.
« — Oh je comprends, tu sais j'avais peur que tu refuses. » M'avoue-t-elle.
Je me tourne vers elle, surprise par son aveu.
« — Pourquoi ? » Lui demandais-je curieuse.
« — Parce que maintenant tu traines avec Tracey, avec des personnes plus importantes. » Me dit-elle.
S'il y a une chose que j'ai réussi à comprendre chez Paris, c'est son manque de confiance en elle et la solitude qui l'a ronge de l'intérieur.
Chez certaine personne, être seule n'a aucun effet mais je pense qu'à toujours être seule, elle se dévalorise, comme si elle n'était pas aussi importante que n'importe quel être humain.
« — Tracey n'a rien de plus que toi et même si je me suis fait quelques amis cela ne veut rien dire. Il n'y a personne qui sera plus important qu'une autre. Il ne faut pas les mettre sur un piédestal juste par popularité ou connerie comme ça. Ils n'ont rien de plus que toi. » Lui dis-je.
J'ai horreur quand quelqu'un commence à se dévaloriser par rapport à la renommer de quelqu'un.
J'ai moi-même été impressionné au début quand Leith m'a parlé mais ce n'était pas réellement parce que tout le monde le connaissait mais plus parce qu'il était plus vieux que moi et que je parlais à peine aux garçons de ma classe.
Je suis sûre que Paris vaut mieux que n'importe quelles filles de ce lycée mais elle manque tellement de confiance en soi qu'elle ne réalise pas à quel point c'est une personne formidable enfin pour le peu que je la connaisse.
« — Je sais bien mais ils sont impressionnants. » M'avoue-t-elle.
« — Parce que tu les laisse être impressionnants à tes yeux. » Lui dis-je.
Elle ne me répond pas mais je peux voir qu'il faudra beaucoup plus que des mots pour qu'elle réalise que ce n'est pas son avis faussé qu'elle doit croire.
« — La prochaine fête que l'on fait, la prochaine soirée ou je ne sais quoi, tu viendras avec moi pour que tu vois que j'ai raison. » Lui annonçais-je.
Elle me regarde surprise par ma promesse mais finit par accepter.
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