CHAPITRE 95

Nous redescendons pour arriver à nouveau devant la cabane.

L'homme est à nouveau sur sa rocking chair et nous regarde, une clope à la bouche.

« — On a fini. » L'avertit Leith en lui tendant nos équipements.

L'homme se redresse d'un air agacé et nous prévient qu'il va chercher la caution.

Alors qu'il entre dans sa cabane, je me tourne vers Leith qui me sourit comme toujours.

« — Il n'a pas l'air très commode. » Lui dis-je.

« — C'est pas le métier le plus passionnant du monde de toute façon. » Me répond-il en haussant les épaules.

L'homme nous rejoint et tend la caution à Leith qui le remercie puis nous reprenons notre marche en direction de la voiture.

C'était vraiment génial, je baisse mon regard sur mes mains égratignées.

J'avais l'impression d'être dans un autre monde, cela faisait longtemps que je n'avais pas fait de l'escalade mais en faire avec Leith était bien au dessus du minimum requis.

Nous avons grimpé, nous avons glissé et nous avons bien ri.

Je suis encore un peu choquée de voir qu'il ait vraiment pris la peine d'organiser ça pour moi, d'y avoir pensé.

Je ne sais même pas si Perla aurait eu l'idée de m'organiser une surprise comme celle-ci ou même de m'organiser une surprise tout court.

« — Ca t'as plu ? T'es toute silencieuse ? » Me demande-t-il curieux.

Je relève ma tête pour le regarder.

« — C'était trop bien, vraiment merci. » Lui répondais-je sincèrement.

Quand nous sommes arrivés en haut et que nous arrivions à distinguer la voiture garée au loin et que la forêt sous nos pieds n'étaient plus aussi impressionnante qu'elle l'était avant, j'avais cette impression que tous mes problèmes étaient en bas, le vent faisait danser mes cheveux et le soleil nous caressait la peau en recouvrant notre peau d'une pellicule de sueur pour tous nos efforts.

Quand j'ai regardé en bas les personnes qui enfilaient leurs équipements avec l'aide de ce qui semblait être le frère de l'homme sur la rocking chair, je me sentais supérieur, comme s'ils étaient vulnérables.

Leith claque ses doigts devant mes yeux pour me faire sortir de ma rêverie.

« — Désolé. » Lâchais-je.

« — Non au moins je sais que t'as passé une bonne après-midi. » Me répond-il en riant.

« — Mais c'était tellement impressionnant de voir toutes ses personnes si ridicule à nos yeux, si petites. » Lui expliquais-je.

« — Oui tu as raison, puis c'était le vrai silence, il n'y avait aucun bruit. » Ajoute-t-il en déverrouillant sa voiture.

Nous montons dans son véhicule et il démarre rapidement pour rejoindre l'autoroute en direction de nos maisons respectives.

« — Je t'en dois une. » Lui dis-je subitement.

Il se tourne brièvement vers moi, ne comprenant pas ce que je veux dire.

« — T'as payé pour ça et j'ai envie aussi de te payer un truc. » Lui expliquais-je.

Même si c'était une belle intention, je me sens un peu mal qu'il ait payé tout de sa poche, je n'aime pas ce sentiment d'impuissance comme si je profitais de la personne.

« — Ca me fait plaisir, j'ai bien le droit de t'offrir quelque chose. Je t'ai fait poireauter des mois avant que tu découvres que c'était moi donc je te dois bien ça. » Me répond-il en essayant de me rassurer.

« — Je sais mais ce n'est pas égale. » Lui dis-je.

« — Et si je n'étais pas ton ami j'en aurais profité mais vu que je suis ton ami je ne compte pas le moindre billet que je dépense pour toi, ton sourire et le fait que ça te fasse plaisir sont déjà une compensation qui me suffit. Puis en plus je passe du temps avec toi. » Me rétorque-t-il.

Je m'apprête à lui répondre mais son portable sonne.

Il le sort de sa poche et me le tend.

« — Tu peux me lire le message ? » Me demande-t-il.

« — C'est ta mère qui te demande de prendre la liste de courses qu'elle a laissé dans l'entrée. » Lui dis-je.

« — Ca te dérange si on passe chez moi avant ? Vu que tu habites près du supermarché ça m'arrangerais. » Me demande-t-il.

« — Oh non pas de problème. » Lui dis-je.

Après avoir quitté l'autoroute, nous arrivons rapidement devant chez lui, ça fait longtemps que je n'y suis pas allée.

« — Je viens avec toi ou je reste dans la voiture ? » Lui demandais-je.

« — T'as qu'a venir, je t'offre un truc à boire. » Me répond-il en sortant de la voiture.

Nous entrons dans sa maison et une paire de yeux me stoppe.

C'est Jane qui est juste en face de moi, elle est sur la dernière marche des escaliers en face de moi et sont regard va de Leith à moi puis elle lève les yeux au ciel.

Leith remarque que sa sœur nous regarde et m'attrape le bras pour m'entraîner dans la cuisine.

Je ne sais pas si elle me fait la tête mais une chose est sûre, elle ne s'attendait pas à me voir avec son frère.

« — Tu veux quoi à boire ? » Me demande-t-il en ouvrant le réfrigérateur.

« — Hum, comme toi. » Lui dis-je trop préoccupée par Jane.

« — Une bière ? » Me propose-t-il.

« — Non je vais prendre de l'eau finalement, j'essaye d'arrêter de boire comme un trou. » Lui expliquais-je.

Alors que je vide mon verre, Jane fait son apparition et s'approche de moi.

« — On peut parler ? » Me demande-t-elle discrètement.

Je tourne ma tête vers Leith.

« — Je vais chercher la liste de courses. » M'avertit-il en sortant de la pièce.

Je regarde Jane qui fixe son frère jusqu'à ce qu'il sorte pour me dévisager.

« — Depuis quand tu traines avec mon frère ? » Me demande-t-elle en fronçant les sourcils.

« — Depuis qu'on a les mêmes amis. » Lui dis-je n'appréciant pas le ton qu'elle utilise.

« — Mais je t'ai déjà dit que... » Commence-t-elle mais je la coupe directement.

« — Ecoute, j'ai compris mais je ne vois pas de raison de repousser une personne qui semble m'apprécier sur le simple fait que tu ne l'aimes pas. Et je te rappelle qu'on parle de ton frère. Tu es au courant pour ce qu'il s'est passé entre lui et moi et pourtant tu n'as rien dit. Il faut savoir choisir au bout d'un moment. » Lui dis-je en essayant de ne pas montrer l'agacement dans ma voix.

Elle prend une grande inspiration.

« — La seule raison pour laquelle je n'ai rien dit à propos du baiser c'est parce que je pensais que c'était un accident pas que le début d'une amitié ! » S'exclame-t-elle.

« — Mais explique-moi pourquoi tu ne veux absolument pas qu'il se passe quelque chose. Je n'attends que la vraie raison, tu es sa sœur, et j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout. » Lui dis-je.

« — C'est parce que... » Commence-t-elle.

« — On y va ? » Demande Leith en se penchant dans la cuisine.

Je hoche la tête et lance un dernier regard à Jane.

Il m'attrape la main et nous sortons de sa maison.

« — Alors tu as réussi à régler les choses avec ma sœur ? » Me demande-t-il.

Je secoue la tête négativement.

|Point de vue de Leith|

Je me gare devant chez elle et elle se tourne vers moi.

Un sourire se dessine sur ses lèvres et je me fais violence pour ne pas goûter au fruit interdit en l'embrassant.

« — Merci encore, c'était vraiment génial. » Me dit-elle et je peux voir dans son regard qu'elle est vraiment sincère.

J'avais peur que l'idée lui déplaise mais je suis plutôt content de ne pas avoir fait fausse route.

Mon regard se pose à nouveau sur sa bouche qui me nargue inconsciemment.

Je peux sentir mon cœur battre plus fort et sans m'en rendre compte ma main se dépose sur sa joue.

Son souffle frappe mon bras, m'envoyant une vague de frisson dans tous le corps.

J'ai l'impression que seules nos respirations résonnent dans l'habitacle.

Mon regard se relève sur ses deux yeux bleus.

Je peux voir la flamme de désir s'élever et danser sous mes yeux, la tentation m'encerclant la gorge pour me faire céder.

Soudain je me rappelle d'une chose et je finis par retirer ma main de sa joue puis je me recule sous son regard incompris.

« — A lundi. » Lui dis-je en essayant de garder mon ton amical.

Elle hoche la tête et sort de la voiture.

J'attends qu'elle rentre chez elle pour redémarrer la voiture.

Je me dépêche d'aller faire les courses, une seule chose me préoccupe l'esprit et j'ai besoin de m'en débarrasser au plus vite.

A peine la caissière me tend mon ticket que je lui arrache des mains, prends ce que j'ai acheté puis cours jusqu'à la voiture.

Je démarre au plus vite et m'apprête à tourner pour aller chez moi mais je prends une autre direction.

Je tape nerveusement sur le volant au rythme de la musique qui résonne mais mon esprit n'est pas présent.

Je me gare maladroitement devant la maison et claque la porte de ma voiture.

Je salue le jardinier qui me connait bien après toutes ses années puis entre dans la maison sans toquer.

« — Oh c'est toi Leith, ça fait longtemps. » Me dit la mère de Travis en tournant sa tête vers moi.

Je lui souris.

« — Il est dans sa chambre. » M'indique-t-elle et je la remercie avant de monter les marches quatre à quatre.

J'ouvre la porte de sa chambre et il me regarde surpris.

« — J'ai plus l'habitude que tu débarques ici. » Me dit Travis en me tendant une manette de console.

Je refuse et m'assois à côté de lui alors qu'il continue sa partie.

« — Ca s'est bien passé avec Hailey ? » Me demande-t-il pour essayer de comprendre ce qui ne va pas.

« — Non c'était parfait. » Lui dis-je.

Il fronce les sourcils.

« — Alors c'est quoi le problème ? » Me demande-t-il perdu.

« — Mardi on est le 8 Janvier. » Lui rappelais-je.

Il me dévisage ne comprenant pas la raison de ce rappel.

« — J'ai demandé une rallonge à l'autre idiot, tu t'en rappelles ? » Lui demandais-je.

Ses yeux s'écarquillent et il hoche la tête.

« — Mais oui je m'en rappelle maintenant ! Et donc tu vas faire quoi ? Ca se passe comment avec elle ? » Me questionne-t-il.

« — Je ne sais pas et tout à l'heure je voulais l'embrasser mais je n'ai pas pu. » Lui avouais-je.

« — Tu n'as pas pu ? Tu as perdu ton courage ? » Me demande-t-il d'un air moqueur.

« — Non, mais en sachant ce qu'il risque de se passer par la suite, je n'avais pas envie de le faire. » Lui dis-je.

Il pose sa manette à côté de lui et se tourne complètement vers moi.

« — Je pense qu'elle n'attend que tu fasses le premier pas, ensuite tout s'enchainera. En ce qui concerne l'autre idiot, tant que tu n'as pas de nouvelles de lui, vit ta vie. Et ne dis rien à Hailey, peut-être qu'elle ne le saura jamais. Surtout si tu as vraiment envie d'être avec elle alors ne gâche pas tout avec ce détail. » Me conseille-t-il.

Travis a de très bon conseil mais ne pas lui dire la vérité n'est pas vraiment ce que je comptais faire. Au début je comptais simplement accomplir ma mission et lui dire la vérité puis partir sans regarder derrière moi mais je ne veux même plus envisager l'idée de lui faire du mal.

Mais je ne peux pas prendre le risque de perdre, je ne peux tout simplement pas.

Il faut que j'accélère les choses mais je ne veux vraiment pas lui faire de mal.

Je sais que la moindre seconde passé avec elle ne fait que renforcer mes sentiments pour elle mais peu importe à quel point mes sentiments sont réels, cela n'aura aucun effet quand elle saura toute la vérité.

« — Il faut que j'accélère les choses. » Lui dis-je.

« — Mais tu viens à peine de la récupérer. » Me répond-il.

« — Je sais mais je ne peux pas prendre le risque et tu devrais être d'accord avec moi sur ce point. » Lui expliquais-je.

« — Fais ce que tu veux mais de toute façon tu savais dès le début que tu ne pourras pas la récupérer. » Me rappelle-t-il.

Je hoche la tête.

« — Je sais, j'ai essayé du mieux que j'ai pu de faire en sorte que la chute ne soit pas si haute mais je pense que je n'ai pas le choix. » Déclarais-je.

« — Tu as jusqu'à mardi. » Me rappelle-t-il alors que je me relève.

Je hoche la tête et quitte sa chambre pour retourner dans ma voiture.

Je suis tellement désolé Hailey.

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