CHAPITRE 94

Je regarde mon téléphone toutes les deux secondes pour voir si Leith m'a envoyé un message.

J'espère que cela va bien se passer surtout que je suis un peu angoissée avec l'attitude de Jane et Perla.

Toute la semaine, elles n'ont fait aucune remarque sur mon dérapage avec Leith et je crois que j'aurais préféré une bonne engueulade plutôt qu'un silence radio.

Je pense que c'est la première fois que je ne me sens pas à l'aise avec Jane, elle avait l'air si énervé mardi en apprenant la nouvelle et je n'ai vraiment pas envie de me disputer avec elle donc je n'ose même plus lui parler. En fait, je ne me sens pas à ma place, je suis la conversation et ajoute quelques remarques de temps en temps mais cette situation m'effraie plus qu'autre chose.

J'ai essayé une fois de ramener le sujet avec Perla mais elle me répond un simple « C'est de l'histoire ancienne, de toute façon. Il n'y a aucune raison que l'on s'inquiète, c'est terminé de toute façon, n'est-ce pas ? » et je hoche la tête sans oser la contredire.

Elles sont tellement convaincues que c'est du passé, que maintenant Leith et moi n'avons plus rien à faire ensemble qu'elles ne réagissent pas.

Moi qui pensais que si je leur annonçais ce qu'il s'était passé elles allaient soit me crier dessus, soit envisager une potentielle relation entre Leith et moi. Mais à vrai dire, j'ai l'impression que j'ai rendu la situation encore plus compliquée.

Je pourrais simplement attraper Leith par le col et l'embrasser sous les yeux de mes amies mais je ne crois pas avoir l'audace de faire quelque chose comme ça.

Mon portable qui vibre dans ma main me signale que j'ai un message.

C'est Leith qui me prévient qu'il arrive dans quelques minutes, il y avait un accident sur la route.

Je vais dans le salon où mon père est installé avec son journal et son café, pour ne pas changer les bonnes vieilles habitudes.

Il lève la tête en me voyant arriver et me questionne du regard.

« — Elle arrive dans bientôt, donc j'y vais. » Lui dis-je.

Il hoche la tête.

« — Vous allez où ? » Me demande-t-il.

Je hausse les épaules.

« — C'est une surprise. » Lui expliquais-je.

Je retourne dans l'entrée et enfile une paire de basket.

Je n'ai pas voulu dire à mes parents que c'était un garçon.

A vrai dire, nous n'avons jamais abordé le sujet garçon, Nate était toujours là pour me protéger avant et de toute manière la seule personne avec qui je trainais était Perla.

Alors que j'enfile mon manteau, Leith toque à la porte.

Je lui ouvre et il porte son inconditionnel sourire.

« — T'es prête ? » Me demande-t-il.

Je hoche la tête et referme la porte derrière moi pour le suivre.

Il rejoint rapidement l'autoroute et je suis obligée de poser la question qui me démange même si je sais que je ne vais pas avoir la réponse.

« — On va où ? » Le questionnais-je.

Pour toute réponse, il augmente le volume de la radio et son sourire s'agrandit.

« — Aller, vas-y dis-moi. » Insistais-je.

« — Non. » Répond-il en me regardant.

« — C'est loin ? » Demandais-je.

« — Une demi-heure de route, je pense. » Me répond-il.

« — Tu n'y es jamais allé ? » Dis-je.

« — Je ne répondrais pas à cette question. » Me dit-il, déterminé à garder le mystère jusqu'au bout.

Je lève les yeux au ciel et m'enfonce dans mon siège.

« — Sinon ça va mieux avec Jane et Perla ? » Me demande-t-il.

« — Je ne sais pas, elles sont bizarres, elles ne m'ont rien dit du tout. » Lui expliquais-je.

« — Peut-être qu'elles ont comprises que je n'étais pas un violeur. Surtout Jane je ne comprends pas pourquoi elle a agit comme ça. » Me répond-il.

« — Oui puis quand elle a appris pour ce qu'il s'était passé, elle était vraiment énervée. » Ajoutais-je.

« — Elle a peut-être le syndrome de la sœur jalouse qui ne veut pas que son frère s'intéresse à quelqu'un d'autre. » Propose-t-il.

« — Oui mais pourtant elle n'a jamais voulu ruiner ta relation avec Tracey. » Lui fais-je remarquer.

« — C'est vrai, mais je pense qu'elle avait compris que Tracey et moi avions une relation purement charnel alors que avec toi ce n'est pas du tout la même chose. » M'explique-t-il.

« — J'avais plutôt l'impression qu'elle voulait me protéger. Tu te rappelles quand je vous avais aidés à préparer la fête de Jane. Elle avait presque fait une scène en apprenant que j'étais allée au supermarché avec vous et elle m'a répété je ne sais combien de fois que tu n'étais pas une personne avec de bonne intention. » Lui dis-je.

« — Ou alors elle me déteste. » Propose Leith.

« — Il va falloir que l'on éclaircisse ce mystère. » Lui annonçais-je.

Il hoche la tête.

« — Mais franchement je n'arrive pas à croire que je te confiais tout, surtout mes doutes à propos de toi sans savoir que je te parlais. » Lui dis-je en me rappelant des conversations avec You.

« — Ca m'a permis de mieux te déchiffrer, parce que par moment tu n'étais pas facile à comprendre. » M'avoue-t-il.

« — Et si j'avais su que tu étais la même personne j'aurais dit que tu étais schizophrène. Dire que tu parlais de toi à la troisième personne. » Lui dis-je.

« — Tu sais que en te parlant, en faisant ressortir ce côté You de moi, j'ai fini par laisser plus de place à ce caractère de ma personnalité. » Me dit-il.

Je le regarde, surprise par sa confession.

« — C'est vrai que je te trouve plus mature qu'au début. Je crois que mon pire souvenir de toi c'était à la fête de Jane, on avait joué à Action ou Vérité. » Lui rappelais-je.

« — Je t'avais fait un suçon c'est ça ? » Me demande-t-il.

« — Oui mais en soit ce n'était pas ça. Juste ton attitude, tu étais un gros macho, dragueur de supermarché et je crois que le contraste Miss Pâtes et me faire peloter par toi pour un stupide jeu m'a un peu secoué. » Lui expliquais-je.

« — Ah oui, on va dire que je ne savais pas vraiment comment me rapprocher de toi sans passer pour un psychopathe. Puis j'ai eu la mauvaise idée d'impliquer mes amis et Fred s'est un peu emballé on va dire. » Admet-il.

« — Donc tu avoues enfin que t'avais bien manigancé ça avec eux ! » M'exclamais-je.

« — Oui c'est vrai. » Marmonne-t-il.

« — Finalement je pense que tu es un vrai psychopathe pour faire des trucs comme ça. » Le taquinais-je.

Il se tourne vers moi, offensé par ce que je viens de dire.

« — Pardon ! Mais attend vous les filles vous faites pire que ça. » Se justifie-t-il.

« — Ah bon, comme quoi ? » Lui demandais-je curieuse.

« — Une fille, une fois avait pris option athlétisme pour être avec moi. » Me raconte-t-il.

« — Mais c'est peut-être une coïncidence. » Lui dis-je.

Il secoue la tête négativement.

« — Elle avait de l'asthme, qui ferait ce genre d'option avec un problème comme ça ! » S'exclame-t-il.

« — C'est peut-être sa passion. » Ajoutais-je.

« — Elle est venue me voir personnellement pour me dire qu'elle était prête à tout pour me voir, même avoir crise d'asthme. » Précise-t-il.

« — Que veux-tu, les psychopathes attirent les psychopathes. » Lui dis-je en haussant les épaules.

« — La jalousie fait mauvais ménage chez toi. » Me taquine-t-il.

« — Ton narcissisme te fait gonfler les chevilles. » Lui dis-je.

« — Fais-moi penser de t'apprendre à avoir de meilleur réparti. » Me répond-il, un sourire en coin.

J'ouvre la bouche, choqué par son attitude et lui frappe le bras pour me défendre ce qui engendre un fou rire de sa part.

Quand il se calme enfin, il tourne à nouveau sa tête vers moi et me dit :

« — Non sérieusement, je suis content que tu passes la journée avec moi. »

« — Ca me fait plaisir. » Lui répondais-je.

Il repose son regard sur la route et se concentre à nouveau sur sa conduite.

Au cours du trajet je vois sa main se déplacer doucement pour venir finalement attraper la mienne.

Et c'est donc main dans la main que nous arrivons enfin au fameux endroit.

Quand il relâche ma main pour se détacher et sortir de la voiture, j'ai l'impression d'avoir reçu un choc électrique.

J'étais habituée à sentir la chaleur de sa main dans la mienne et si je n'avais pas dansé avec lui avant j'aurais pu dire que c'est la meilleure sensation du monde.

Je regarde autour de moi mais je ne vois rien à part quelques voitures garées et des arbres.

« — Tu viens ? » Me demande-t-il, me coupant dans mes recherches.

Je hoche la tête et le rejoins.

Nous suivons un sentier de terre qui nous amène tout droit sur une cabane en bois.

Il y a un homme qui fume sa cigarette sur une rocking chair devant la cabane et qui se relève en nous voyant.

J'ai envie de lui dire de ne pas fumer ici à cause des arbres qui nous entourent mais je m'abstiens.

Il nous ouvre la porte de sa cabane et je reconnais immédiatement les équipements qui sont accrochés sur le mur.

Je regarde Leith, stupéfaite.

« — Tu t'en souviens. » Lui dis-je, impressionnée.

Il hoche la tête, fier de son coup.

« — On avait dit que l'on irait faire de l'escalade ensemble, promesse tenu. » Me rappelle-t-il.

Je me rappelle que nous en avions parlé quand je lui avais dit que j'adorais l'escalade.

Je suis vraiment touchée par ce qu'il vient de faire, cela me montre que toutes nos discussions par message n'étaient pas du vent mais que c'était réel et sincère.

« — Merci beaucoup, franchement je ne m'y attendais pas. » Lui avouais-je.

Il me fait un clin d'œil et tend un billet à l'homme qui prépare les équipements.

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