CHAPITRE 9

J'essaye de ne pas paraître étrange avec mes regards insistants dans sa direction mais je n'arrive pas à y croire. Il est juste là, à mes côtés et le fait de ne pas l'avoir vu pendant des mois m'a montré à quel point j'ai besoin de lui. Je suis heureuse, mais je ne saurais comment décrire réellement ma joie, c'est incompréhensible et pourtant c'est agréable. J'étais heureuse avant ne vous détromper pas, seulement je n'arrivais pas à l'être complètement et c'est comme si le simple fait de sa présence à combler ce vide qui m'empêchait de m'épanouir.

Je vois qu'il essaye de ne pas tenir compte de mes coups d'œil à répétition dans sa direction mais j'ai l'impression d'être comme un gosse qui rencontre le père noël.

Je n'en crois simplement pas mes yeux et en même temps je n'arrive pas à comprendre comment une simple personne peut me combler à ce point.

« — Donc c'est ton lycée, c'est ça ? » Me demande-t-il en tournant sa tête vers moi.

J'acquiesce et sens mon téléphone qui vibre dans la poche de mon jean.

Je l'extirpe et constate que c'est à nouveau mes parents qui m'appellent.

Je sais bien que je vais me prendre une raclée à mon retour et une fois de plus mon père aura raison en disant que fréquenter Leith n'est pas une bonne chose mais c'est sûrement la seule et unique fois que j'aurais la chance de passer un moment aussi paisible avec lui.

Je décide néanmoins de leur envoyer un message pour les rassurer sans pour autant justifier le fait que je suis toujours dehors à presque 11 heures du soir.

« Je vais bien, n'essayez pas de me contacter, je rentrerai quand je rentre »

J'éteins mon portable après m'être assurée que le message s'est envoyé puis me focalise entièrement sur la personne à mes côtés.

« — J'aimerai bien te montrer un endroit, suis-moi. » Lui dis-je avant de faire volte face pour ensuite retourner à la voiture.

J'entends ses pas derrière moi et peu importe à quel point je peux paraitre sereine et complètement à l'aise, intérieurement mon rythme cardiaque est au bord d'un AVC et j'essaye de maitriser ce stress qui ne fait qu'aller crescendo.

Je nous conduis silencieusement jusqu'à une jetée, on peut voir la mer qui s'écrase contre les murs de pierre et les mouettes qui virevoltent et se laissent entrainer par le vent.

« — D'habitude j'aime bien aller jusqu'au bout à pied mais il fait beaucoup trop froid, donc c'est mieux qu'on reste dans la voiture. » Lui expliquais-je.

Il hoche la tête alors que ses yeux scannent le panorama qui se dresse sous nos yeux.

« — Comment tu m'as retrouvée ? » Lui demandais-je soudainement.

Il se tourne vers moi et son regard me perturbe, je préfère donc détourner le regard et me pencher pour augmenter le chauffage dans la voiture.

« — Je pensais que tu n'allais jamais me le demander. » Plaisante-t-il.

Je souris discrètement.

« — Matthew était tellement déchirée lors d'une soirée que j'ai réussi à lui soutirer des informations dont ton adresse. J'avais un plan B mais je n'en ai pas eu besoin. » Reprend-il.

« — Et pourquoi tu as soudainement eu envie de venir me voir ? » Le questionnais-je.

« — J'ai toujours eu envie de te voir Hailey, seulement je n'ai jamais eu le courage de le faire puis quand j'ai appris que Matthew t'avait vu, j'ai réalisé que ce n'était pas en restant coincé dans cette ville que j'allais pouvoir te retrouver. » Me répond-il sincèrement.

J'essaye de masquer le sourire qui se dessine sur mes lèvres et je remercie le fait que la lumière dans la voiture soit très basse, masquant ainsi mes joues qui ont sûrement rosi.

« — A moi de poser les questions maintenant ! » Déclare-t-il en souriant.

J'acquiesce.

« — Mais d'abord, je tenais à te dire quelque chose avant. » M'indique-t-il.

Je fronce les sourcils et essaye de masquer mes mains devenues moites.

Pourquoi mon corps réagit-il ainsi ?

« — Je suis désolée pour tout ce que tu as du subir par ma faute, c'était égoïste de ma part. » S'excuse-t-il.

« — Leith je t'ai excusé il y a bien longtemps. » Lui avouais-je.

« — Mais alors pourquoi es-tu partie ? » Me demande-t-il en plantant son regard dans le mien.

L'intensité qui émane de ses yeux me fait perdre le fil du temps pendant quelques secondes avant que je ne me reprenne.

« — J'ai agi sur un coup de tête, je le regrette tous les jours mais en même temps ma mère est beaucoup plus heureuse, mon père rentre à la maison, il n'a plus besoin de prendre de train chaque week-end pour la Californie et finalement je me dis que je pourrais t'oublier mais je ne peux pas. » Lui expliquais-je en essayant de masquer cette honte qui se propage en moi.

« — Donc si tu as fait tout ça, c'était pour m'oublier. » Constate-t-il.

Je baisse ma tête, honteuse de mon agissement, peu importe notre passé, je n'aurais jamais dû prendre une telle décision sous le coup de la colère.

« — J'avais reçu une vidéo, c'est Paris qui me l'a envoyé et tu parlais de moi avec Travis, j'étais énervée et j'ai décidé de partir, je ne pouvais juste plus supporter l'importance que tu avais pris dans ma vie et en voyant que ce n'était pas réciproque, c'était insoutenable, invivable pour moi. Ma fierté avait pris un coup Leith. » Lui expliquais-je en dévoilant mes sentiments les plus profonds.

Il fronce les sourcils et me dévisage, perdu.

« — De quel vidéo tu parles ? »

Je sors mon téléphone, le rallume puis lui tends mon portable pour qu'il visionne la vidéo.

Après l'avoir fait, je me tourne vers lui pour voir sa réaction mais je ne peux lire que de l'incompréhension puis une vague de soulagement.

Un sourire finit par se dessiner sur ses lèvres et je suis dans une confusion totale.

« — Tu pensais qu'on parlait de toi ? » Demande-t-il en réprimant son envie de rire.

Je hoche la tête ne comprenant pas pourquoi il est de soudaine bonne humeur.

« — On parlait d'Eva, une fille que j'ai fait virer, elle essayait de me faire virer depuis des années et je me suis débarrassée d'elle. » M'explique-t-il.

J'écarquille les yeux et n'ose répondre, tellement je suis embarrassée.

« — Comment tu as pu penser une seule seconde que je puisse dire de telle chose sur toi ! » S'exclame-t-il en attrapant l'une de mes mains.

Je frissonne lorsque sa peau touche la mienne et son pouce commence à caresser le dos de ma main délicatement provoquant des frissons incontrôlables dans tout mon corps.

« — Tu m'avais trahi Leith, tu as admis que toute notre relation était basée sur un pari et je n'arrivais plus à discerner le vrai du faux donc quand j'ai vu cette vidéo, je n'ai pas une seule seconde pensé que cela pourrait être quelqu'un d'autre. Tu m'avais tellement déçue que je n'arrivais plus à savoir qui tu étais Leith. » Lui avouais-je en lui livrant ce que j'ai sur le cœur.

« — Tu marques un point. » Plaisante-t-il.

Il lâche ma main et son visage devient plus sérieux.

« — Je n'ai pas été totalement honnête avec toi à propos du pari. » Me dit-il.

« — Mais je sais que tu ne voulais pas me faire de mal. » Lui dis-je pour le réconforter.

Il secoue sa tête et me regarde comme si j'étais naïve.

« — Ce n'est pas ça Hailey, je t'ai menti. » M'avoue-t-il.

Je le dévisage.

« — Comment ça ? »

« — Si j'ai fait ce pari ce n'est pas juste pour le fun ou je ne sais quoi, je l'ai fait pour Jane. » M'explique-t-il.

Je reste silencieuse pour le pousser à continuer son récit.

« — La personne avec qui j'ai fait le pari, c'est l'ancien petit ami de Jane, il s'appelait Preston. » Commence-t-il.

« — Celui qui l'a frappé ? » Demandais-je.

Il acquiesce.

« — Il avait en sa possession une vidéo compromettante de Jane et on a passé un marché, je devais briser le cœur d'une fille pour que cela nuise à ma réputation et en échange il supprimerait la vidéo de Jane. » M'explique-t-il.

Je déglutis en assimilant toutes ces informations.

« — C'est tombé sur toi, je ne pouvais pas me permettre de mettre en danger le futur de Jane mais je n'avais pas prévu que cela marche si bien entre nous, je pensais que cela serait une simple amourette pour toi et puis de mon côté je n'avais aucunement l'intention de m'impliquer à ce point dans notre relation. » Me confie-t-il.

« — Mais pourquoi il a voulu que tu ruines ta réputation, je ne comprends pas. » Lui dis-je.

« — Preston était jaloux de moi, et c'est aussi quelqu'un de très immature qui se dispute avec tout le monde pour passer le temps. En soi, il est perdu et cherche un moyen de se retrouver, j'ai juste pitié de lui, je ne me rabaisserais pas à dire que je suis en colère contre lui parce que tout ce que je t'ai fait subir, c'est de ma faute, pas de la sienne. » Me dit-il sérieusement.

Je reste sans voix face à cette vérité. Je n'arrive pas à démêler mes sentiments et à peser le pour et le contre de ces nouvelles informations.

« — Hailey, je suis conscient d'avoir été le dernier des enculés et je ne peux pas t'en vouloir d'avoir voulu partir et t'éloigner de moi mais je tiens sincèrement à m'excuser, je ne sais pas si tu pourras réellement me pardonner un jour, je ne sais même pas comment t'expliquer à quel point je regrette tout cela, enfin toutes mes erreurs pas notre relation. » M'explique-t-il.

Je le fixe alors qu'il se confond en excuse.

Son téléphone se met à sonner et il soupire avant de décrocher.

« — Oui Jane, j'aurais du retard finalement. Allez bye. » Dit-il d'une traite avant de raccrocher.

Je hausse un sourcil alors qu'il range son portable dans sa poche pour reposer son attention sur moi.

Sans que je m'en rende compte, j'ai l'impression qu'il fait plus chaud et des frissons me parcourent l'échine.

J'essaye tant bien que mal de détourner mon regard du sien mais c'est juste impossible.

« — Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai rêvé de pouvoir passer un moment comme ça avec toi. » Me murmure-t-il alors qu'il se rapproche jusqu'à ce que son souffle me caresse le nez.

Je ferme brièvement les yeux alors que tout mon corps frémit.

« — Je ne pensais pas pouvoir un jour avoir la chance de faire ça. » Me chuchote-t-il avant que ses lèvres fondent sur mon cou.

Je ferme les yeux alors que mon ventre se contracte sous ce contact.

Je sens ses lèvres chaudes contre ma peau qui l'aspirent, l'embrasse.

Mes mains viennent se glisser dans ses cheveux alors que je perds la raison, seul ce contact compte et j'en frissonne de tous mes membres.

Il quitte mon cou pour déposer de simples baisers sur ma mâchoire puis se recule pour me regarder quelques instants et constater l'état dans lequel il m'a mis.

Il tend sa main puis caresse du bout des doigts ma joue.

J'attrape sa main, le souffle court et le regard brûlant.

« — J'avais une chance sur deux pour que tu me donnes une claque. » Me dit-il avec un sourire mesquin.

Je lève les yeux au ciel et attrape le col de son haut pour le rapprocher comme pousser par un instinct plus direct, moins délicat.

Mon cœur frappe à toute allure contre ma cage thoracique pour témoigner de l'état second dans lequel il m'a mis.

Tout mon corps le réclame, mes désirs les plus enfouies se réveillent et je constate à quel point il est encré dans mes veines, dans ma peau et qu'il fait partie intégrante de ma vie, de ce dont j'ai besoin.

Nous nous engageons dans une lutte, nos bouches se frôlent mais aucun de nous ne fait le premier pas.

Des images de nos précédents baisers m'envoient une vague de chaleur et je frémis d'impatience à l'idée de pouvoir ressentir à nouveau la douceur de ses lèvres.

Je plonge mon regard dans le sien, essayant de distinguer la moindre faille mais je ne vois rien, seules nos deux respirations résonnent dans l'habitacle et je suis à deux doigts de me jeter sur lui.

« — Putain, c'est insoutenable. » Lâche-t-il avant de glisser sa main sur ma nuque et de capturer mes lèvres, me coupant le souffle et faisant vibrer tous mon corps.

Je ressens à nouveaux ses sensations familières et glisse mes deux mains sur ses épaules pour me stabiliser alors qu'il m'embrasse avec plus de fougue.

Je n'arrive pas à croire que j'ai attendu aussi longtemps.

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