CHAPITRE 8

J'arpente les rues à la recherche d'un visage familier, ralentis la voiture lorsque j'aperçois une personne. De l'extérieur j'ai tout l'air d'une psychopathe qui recherche une proie alors qu'intérieurement je veux simplement le retrouver.

Je suis énervée contre lui mais aussi contre moi-même.

Il m'a répondu mais ce n'est pas la réponse que j'attendais.

Je n'arrive pas à croire qu'il a fait faux bond à tous ces amis pour venir me voir au lieu de fêter son anniversaire et de profiter.

Je me rabats sur le côté de la route et reprends mon portable pour voir si j'ai de ces nouvelles mais aucun signe de ce côté.

Je relis son message pour essayer de trouver une idée pour le retrouver mais rien de ne me vient à l'esprit.

« Je n'aurais pas dû venir, je suis désolé, c'était une mauvaise idée »

Ce message me reste en travers de la gorge et malgré mes nombreuses tentatives pour le contacter, il ne répond pas.

J'espère sincèrement qu'il n'est pas reparti.

Je décide d'aller voir à la gare pour voir quand part le prochain train pour la Californie.

J'appelle en même temps Jane pour voir si elle a des nouvelles de Leith.

Quand elle décroche, j'ai l'impression de l'avoir réveillé.

« — Je te dérange ? » Lui demandais-je.

Je fais attention qu'il n'y ait pas de policiers pour me réprimander d'appeler en conduisant.

« — Non, non, je faisais une petite sieste en attendant Leith. » Me répond-elle.

Je décide de ne pas lui expliquer la totalité de l'histoire de feindre de ne pas savoir ce qu'il se passe.

« — Il n'est toujours pas rentré ? » Demandais-je en jetant un coup d'œil à l'heure.

Il est presque 21h.

« — Non, toujours pas. Il m'a dit qu'il arriverait vers minuit, je n'ai pas vraiment compris pourquoi. » Me dit-elle.

« — Il t'a appelé quand ? » La questionnais-je.

« — Il y a une demi-heure je pense, pourquoi ? » Me demande-t-elle à son tour.

« — Non simplement pour savoir, bon je dois te laisser mais tu me dis si tu as du nouveau. » Lui dis-je.

« — J'en connais une qui n'a pas encore tourné la page. » Glousse-t-elle.

« — Non ce n'est pas ça, je m'inquiète juste un peu. Il n'est pas du genre à louper une soirée, surtout quand c'est la sienne. » Me justifiais-je.

« — Mais oui bien sûr. » Me dit-elle peu convaincue.

Je la salue et raccroche alors que j'aperçois le panneau qui m'indique le parking de la gare.

Après m'être stationnée, je rejoins pratiquement en courant les panneaux d'affichage.

Je cherche du regard un train qui arrive aux alentours de minuit et je trouve enfin ce que je cherchais mais quand je regarde à quel il part, je constate avec horreur que c'est affiché « Départ imminent ».

Je tourne ma tête dans tous les sens pour trouver un accès au quai alors que j'essaye de joindre Leith par téléphone.

Mon cœur bat à toute allure et j'ai l'impression que mes poumons ne sont plus alimentés en oxygène.

J'aperçois enfin l'accès au quai alors que j'accède à la messagerie de Leith.

Je commence à courir et me rappelle que je dois laisser un message.

« — Leith, je... ne pars pas, je suis à la gare, ne monte pas dans ce train, je... j'ai besoin de toi. » Lâchais-je avant de raccrocher.

Des hommes de la sécurité s'assurent que personne ne vient troubler le départ du train.

Je prends mon courage à deux mains et commence à sprinter en baissant la tête alors que les hommes de la sécurité m'ordonnent de m'arrêter.

Je consulte mon téléphone mais je n'ai pas de réponses de Leith, de toute façon s'il est dans le train, c'est trop tard.

Au fur et à mesure de ma course, le train avance et finit par quitter le quai lorsque les hommes m'interpellent et m'attrapent.

Je ne me débats pas, je ne suis pas le genre de personne à protester en sachant que je suis en tord, de toute façon, c'est trop tard.

J'halète alors qu'il me ramène vers leur poste de sécurité.

Je suis submergée par une déception si puissante que les reproches de deux hommes qui m'encadrent m'effleurent à peine.

« — Comment tu t'appelles ? » Me demande l'un des hommes en me secouant un peu le bras.

Je relève la tête et me tourne vers celui qui vient de me parler.

« — Hailey Pears. » Dis-je sans cacher la déception dans ma voie.

« — Qu'est ce que tu essayais de faire ? » Demande l'autre d'un ton plus cru.

Je retiens un soupire et prends mon mal en patience pour lui répondre.

De toute façon je n'ai plus de temps à rattraper, simplement des parents énervés qui m'attendant sagement à la maison. Je préfère largement rester ici plutôt que de devoir me confronter à mes parents.

« — Je n'ai pas réfléchi, je voulais rattraper un ami mais c'est trop tard. » Avouais-je sans aucune transparence.

« — Tu n'as pas vu qu'il allait partir ? » Demande le premier qui m'a adressé la parole.

« — L'espoir fait vivre comme on dit. » Tentais-je.

Ils s'échangent un regard puis me demandent de rester ici alors qu'ils s'éloignent un peu pour délibérer sûrement.

Je repense à ce qu'il vient juste de ce passé, quand il va écouter le message que je lui ai laissé il va sûrement me prendre pour une folle et en même temps je n'arrive pas à me sortir de la tête le fait qu'il est pris la peine de faire tout le trajet pour me voir.

Moi qui pensais que notre relation était au point mort et qu'il avait tourné la page, je me suis trompée sur toute la ligne.

Je pourrais être énervée contre mon père pour l'avoir foutu à la porte mais je ne peux pas, à sa place j'aurais fait de même. Il a vu ce garçon qui m'a fait disparaitre au réveillon de noël, j'ai traité mon père de pédophile pour défendre Leith, il est clair que sur le coup Leith avait une mauvaise influence mais en soit ce n'était pas lui qui m'a poussé à agir ainsi. Ce sont mes sentiments à son égard, ils sont si fort et si violent que je suis capable de sortir de mes gonds pour le défendre peu importe la personne en face de moi.

Les deux hommes reviennent et le plus gentil prend la parole.

« — On va te laisser partir mais on a noté ton nom, tu refais quelque chose comme ça, tu ne t'en sortiras pas avec un simple avertissement. » Me prévient-il.

Je hoche la tête et les remercie puis m'empresse de quitter les lieux avant qu'ils ne changent d'avis.

Mon père serait d'accord sur le fait que Leith est nocif à cet instant. C'est la première fois que je me fais arrêter, heureusement pour moi ce n'était pas la police mais cela n'empêche qu'en temps normal je n'aurais jamais osé franchir cette limite. J'aurais simplement fait demi-tour en ruminant dans ma barbe.

Peu importe si cela était mal, je n'ai pas le regret de ne pas avoir essayé, je suis déçue, extrêmement déçue de l'avoir loupé mais je repars avec la fierté d'avoir essayé.

Mon portable vibre alors que je sors enfin de la gare.

La nuit est tombée et les lampadaires éclairent à peine la rue.

Je consulte mon téléphone et perds mes moyens lorsque je constate que c'est Leith qui m'appelle.

Tout à l'heure avec l'adrénaline j'ai dit des choses irréfléchies et maintenant à tête reposée je ne suis plus aussi confiante, je brûle d'impatience de savoir ce qu'il compte me dire et en même temps j'angoisse.

Je décroche et prends une grande inspiration pour essayer de calmer mes nerfs.

« — Allô. » Lâchais-je.

« — Hailey. » Répond-il alors que tout mon corps se tend au son de sa voix.

Je ferme les yeux quelques instants, il me manque tellement.

« — Donc tu es parti. » Lui dis-je en essayant de ne pas lui montrer à quel point cela m'affecte.

« — Tu sais Hailey, je pensais être clair, tu es vraiment allée à la gare ? » Me demande-t-il curieusement.

« — Oui, je viens juste d'en ressortir. » Lui expliquais-je.

« — Hailey, ton père a raison, ce n'était pas une bonne idée. C'était une erreur, je n'aurais jamais dû essayer de revenir dans ta vie. Je suis désolé. »

Je fronce les sourcils en entendant les âneries qu'il me sort.

« — Mais pas du tout, Leith, depuis que je suis ici c'est la seule fois où je n'ai pas regretté mon départ. Et tu sais pourquoi ? » Lui demandais-je.

« — Dis-moi, je suis curieux. » Me répond-il.

« — Parce que je veux être là où tu es et rien d'autre. » Lui avouais-je en réalisant à quel point c'est plus facile de faire ce genre de confidence par téléphone qu'en face à face.

« — Tu veux dire que tu aurais préféré que je ne parte pas ? » Me demande-t-il curieux.

Je souris, pourquoi fait-il le naïf ?

« — Le truc Leith c'est que si j'écoutais mon côté égoïste, tu devrais rester à mes côtés tout le temps. » Riais-je.

« — Et ce serait mentir de dire que cela me déplairait. » Me répond-il.

Je passe une main dans mes cheveux en imaginant qu'il soit à mes côtés.

« — Hailey. » Me dit-il.

« — Oui ? » Demandais-je.

« — J'ai besoin de toi aussi. » Me confie-t-il.

Je souris bêtement et sens mes joues chauffées.

« — Et je suis désolée d'être si égoïste. » Ajoute-t-il avant de raccrocher.

Je n'ai pas le temps de réagir que je sens un souffle chaud dans mon cou.

Je frémis et me retourne rapidement pour croiser son regard de braise qui me sonde.

Je reste bouche bée alors que sa silhouette me surplombe de toute sa grandeur.

Il est si proche de moi et pourtant je n'arrive pas à réaliser qu'il est juste en face de moi.

Les battements de mon cœur s'accélèrent alors que je remarque que je retiens mon souffle.

Les lampadaires éclairent à peine son visage ce qui met en valeur les courbes délicieuses qui m'offrent un spectacle à en damner un saint.

Je n'arrive pas à croire que cette personne qui m'a rendu si instable émotionnellement parlant et m'a rendu dépendante de lui soit juste là. Je n'ai qu'à tendre le bras pour le toucher.

Un sourire se dessine sur ses lèvres et fait chavirer mon cœur.

Mon ventre se contracte alors que je plonge mon regard dans le sien.

J'ouvre la bouche et décide de briser ce silence qui me rend folle.

« — Je suis contente que tu sois égoïste. » Lui dis-je plus sur le ton de la confidence comme si mes mots flottent sur l'air sans briser l'atmosphère.

Son sourire s'agrandit et un frisson me parcourt l'échine.

« — Tout le plaisir est pour moi. » Me répond-il alors que j'ai l'impression de me liquéfier sur le sol.

Sa voix résonne dans mes oreilles comme une douce mélodie et fait vibrer mes tympans comme une simple caresse délicieusement atroce.

Il fait un pas en arrière et je reprends un peu de ma contenance.

« — Tu me fais visiter ta nouvelle ville ? » Me demande-t-il en regardant autour de lui.

« — Avec plaisir. » Lui dis-je alors que j'ai l'impression d'être dans un simple rêve et que la réalité va me frapper violemment et me ramener à ma vie monotone et morose. Mais je préfère en profiter, c'est la seule personne qui permet d'égayer ma vie et la rend plus incertaine.

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